Par Michel Veron, publié le 06/04/2011 à 18:26
Nicolas Sarkozy à bord du porte-avions Charles-de-Gaulle, le 10 juillet 2010.
REUTERS/Philippe Wojazer
Le socialiste Jean-Marie Le Guen accuse Nicolas Sarkozy d'utiliser la situation en Côte d'Ivoire à des fins de politique intérieure. Mais ce calcul serait-il réellement payant pour le chef de l'Etat?
Jusqu'à présent, la participation française dans l'intervention militaire en Côte d'Ivoire n'avait pas valu à Nicolas Sarkozy de critiques de la part de l'opposition. Mais mardi soir, le député socialiste Jean-Marie Le Guen a mis fin à ce silence de manière fracassante, au micro d'Europe 1.
Il a dépeint le chef de l'Etat comme un va-t-en-guerre, craignant "que demain la France devienne le petit Satan comme l'ont été pendant longtemps les Etats-Unis". Car pour lui, Nicolas Sarkozy a "une tendance à utiliser la force avant la politique, sans véritablement prendre en considération les données politiques d'aujourd'hui et de demain". D'où cette comparaison faite par Jean-Marie Le Guen: "Il y a du Bush dans Monsieur Sarkozy".
Mais surtout, le député socialiste accuse le chef de l'Etat d'utiliser l'intervention militaire en Côte d'Ivoire à des fins de politique intérieure, désirant "se servir de cette utilisation de la force en terme de posture interne à son pays".
Des critiques qu'Axel Poniatowski, le président UMP de la commission des Affaires étrangères à l'Assemblée nationale, jugent ridicules: "On est là dans la petite polémique politicienne", répond-il.
Peut-il redevenir populaire?
De prime abord, Nicolas Sarkozy pourrait être tenté d'enfiler sa casquette de gendarme du monde. Un rôle qui lui a permis en 2008 d'atteindre son record de popularité, quand la France présidait l'Europe et qu'il s'était rendu à Moscou pour demander la fin du conflit entre la Russie et la Géorgie.
D'autant que par le passé, quand un président français s'illustrait sur le plan international, sa popularité remontait automatiquement. L'exemple de Jacques Chirac sur son refus d'aller en Irak en 2003 est frappant.
De plus, deux récents sondages de l'Ifop ont montré que l'intervention militaire en Libye est majoritairement soutenue par l'opinion. En effet, 66% des Français se disent favorables à cette intervention.
A cela, il faut ajouter que dans le le dernier baromètre Ifop pour Paris-Match, Nicolas Sarkozy progresse sur le volet international. 61% des Français estiment qu'il défend bien les intérêts de la France à l'étranger, soit un gain de quatre points en un mois.
En s'engageant contre deux régimes autoritaires (en Libye et en Côte d'Ivoire), Nicolas Sarkozy espérait donc capitaliser sur ce soutien des Français. Mais, le résultat est bien différent.
Sarkozy bat son record d'impopularité
Nicolas Sarkozy vient ainsi d'atteindre un niveau d'impopularité record, selon le baromètre Ifop pour Paris Match. A la question: "Approuvez-vous ou désapprouvez-vous l'action de Nicolas Sarkozy? Seul 30% répondent se retrouver dans l'action du chef de l'Etat.
Une opinion publique qui soutient l'action internationale du chef de l'Etat, mais un même leader qui continue de plonger. Comment expliquer ce paradoxe? Fréderic Dabi avance une réponse: "Malgré cette hausse sur son bilan international, on remarque que les Français restent très critiques sur d'autres aspects, plus socio-économiques". En effet, à peine 30% estiment qu'il est sensible aux préoccupations des Français, et 30% seulement approuvent sa politique sociale.
Nicolas Sarkozy laboure un terrain, qui n'intéresse pas, ou peu les Français.
Autre raison, qui explique la plongée de l'actuel président et la remontée de son prédécesseur, Jacques Chirac: "D'une part, l'opinion était moins crispée à l'époque sur les sujets économiques et sociaux et d'autre part, les premiers ministres servaient toujours de paratonnerre aux présidents en termes d'impopularité", avance Frédéric Dabi. Jean-Pierre Raffarin protégeait le président, pas François Fillon.
Si Jean-Marie Le Guen craignait vraiment que Nicolas Sarkozy veuille récuperer politiquement la situation en Côte d'Ivoire, qu'il dorme sur ses deux oreilles, les Français ont en fait la tête ailleurs.
REUTERS/Philippe Wojazer
Le socialiste Jean-Marie Le Guen accuse Nicolas Sarkozy d'utiliser la situation en Côte d'Ivoire à des fins de politique intérieure. Mais ce calcul serait-il réellement payant pour le chef de l'Etat?
Jusqu'à présent, la participation française dans l'intervention militaire en Côte d'Ivoire n'avait pas valu à Nicolas Sarkozy de critiques de la part de l'opposition. Mais mardi soir, le député socialiste Jean-Marie Le Guen a mis fin à ce silence de manière fracassante, au micro d'Europe 1.
Il a dépeint le chef de l'Etat comme un va-t-en-guerre, craignant "que demain la France devienne le petit Satan comme l'ont été pendant longtemps les Etats-Unis". Car pour lui, Nicolas Sarkozy a "une tendance à utiliser la force avant la politique, sans véritablement prendre en considération les données politiques d'aujourd'hui et de demain". D'où cette comparaison faite par Jean-Marie Le Guen: "Il y a du Bush dans Monsieur Sarkozy".
Mais surtout, le député socialiste accuse le chef de l'Etat d'utiliser l'intervention militaire en Côte d'Ivoire à des fins de politique intérieure, désirant "se servir de cette utilisation de la force en terme de posture interne à son pays".
Des critiques qu'Axel Poniatowski, le président UMP de la commission des Affaires étrangères à l'Assemblée nationale, jugent ridicules: "On est là dans la petite polémique politicienne", répond-il.
Peut-il redevenir populaire?
De prime abord, Nicolas Sarkozy pourrait être tenté d'enfiler sa casquette de gendarme du monde. Un rôle qui lui a permis en 2008 d'atteindre son record de popularité, quand la France présidait l'Europe et qu'il s'était rendu à Moscou pour demander la fin du conflit entre la Russie et la Géorgie.
D'autant que par le passé, quand un président français s'illustrait sur le plan international, sa popularité remontait automatiquement. L'exemple de Jacques Chirac sur son refus d'aller en Irak en 2003 est frappant.
De plus, deux récents sondages de l'Ifop ont montré que l'intervention militaire en Libye est majoritairement soutenue par l'opinion. En effet, 66% des Français se disent favorables à cette intervention.
A cela, il faut ajouter que dans le le dernier baromètre Ifop pour Paris-Match, Nicolas Sarkozy progresse sur le volet international. 61% des Français estiment qu'il défend bien les intérêts de la France à l'étranger, soit un gain de quatre points en un mois.
En s'engageant contre deux régimes autoritaires (en Libye et en Côte d'Ivoire), Nicolas Sarkozy espérait donc capitaliser sur ce soutien des Français. Mais, le résultat est bien différent.
Sarkozy bat son record d'impopularité
Nicolas Sarkozy vient ainsi d'atteindre un niveau d'impopularité record, selon le baromètre Ifop pour Paris Match. A la question: "Approuvez-vous ou désapprouvez-vous l'action de Nicolas Sarkozy? Seul 30% répondent se retrouver dans l'action du chef de l'Etat.
Une opinion publique qui soutient l'action internationale du chef de l'Etat, mais un même leader qui continue de plonger. Comment expliquer ce paradoxe? Fréderic Dabi avance une réponse: "Malgré cette hausse sur son bilan international, on remarque que les Français restent très critiques sur d'autres aspects, plus socio-économiques". En effet, à peine 30% estiment qu'il est sensible aux préoccupations des Français, et 30% seulement approuvent sa politique sociale.
Nicolas Sarkozy laboure un terrain, qui n'intéresse pas, ou peu les Français.
Autre raison, qui explique la plongée de l'actuel président et la remontée de son prédécesseur, Jacques Chirac: "D'une part, l'opinion était moins crispée à l'époque sur les sujets économiques et sociaux et d'autre part, les premiers ministres servaient toujours de paratonnerre aux présidents en termes d'impopularité", avance Frédéric Dabi. Jean-Pierre Raffarin protégeait le président, pas François Fillon.
Si Jean-Marie Le Guen craignait vraiment que Nicolas Sarkozy veuille récuperer politiquement la situation en Côte d'Ivoire, qu'il dorme sur ses deux oreilles, les Français ont en fait la tête ailleurs.
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