mardi 17 décembre 2013

Congo : arrestation du colonel Ntsourou à Brazzaville, 22 morts dans les affrontements

16/12/2013 

 

Brazzaville, la capitale congolaise. © Jomako/CC

Dans le centre de Brazzaville, des affrontements entre l'armée congolaise et la garde du colonel Marcel Ntsourou auraient fait 22 morts dans la journée de lundi. Le haut gradé, soupçonné de détenir un "important stock d'armes", a finalement été arrêté.

Mis à jour le 17/12 à 09 heures 42.

Dans la matinée du lundi 16 décembre, des tirs d'armes lourdes et légères ont été entendus dans la capitale congolaise près du domicile du colonel Marcel Ntsourou, ancien secrétaire général adjoint du Conseil national de sécurité. 


Ce dernier, qui avait été condamné en septembre à cinq ans de travaux forcés avec sursis dans l'affaire des explosions meurtrières du 4 mars 2012 à Brazzaville (près de 300 morts officiellement), s'est finalement rendu après des affrontements entre sa garde et l'armée congolaise. Selon le dernier bilan de l'AFP, annoncé mardi, 22 personnes auraient été tuées lors de l'opération.

Journées sous tension

Que s'est-il passé à Brazzaville ? En fin de journée, lundi, le camp 15-Août a retrouvé le calme après des tirs nourris entendus dans la journée autour de la résidence du colonel Marcel Ntsourou. 


La femme de ce dernier, Charlotte Ntsourou, que nous avons pu joindre au téléphone, s'est rendue aux forces de l'ordre avec "l'une de [ses] filles, [son] cuisinier et [son] chauffeur" : "Je suis à présent à la gendarmerie pour des raisons de sécurité. Mais mon mari [le colonel Marcel Ntsourou] se trouve à la maison", a-t-elle déclaré à Jeune Afrique. 

Mais selon des sources policières congolaises interrogées quelques minutes après, "le colonel Ntsourou a été arrêté à 15 heures 20 (heure locale)."

Depuis dimanche 15 décembre, la tension était progressivement montée au camp 15-Août situé dans le centre-ville de la capitale congolaise. Selon une bonne source sur place, au départ, il n'était question que de l'interpellation d'un officier de l'armée qui se trouvait à la résidence du colonel Marcel Ntsourou, ancien numéro deux du Conseil national de sécurité, aujourd'hui condamné à 5 ans de prison avec sursis et aux travaux forcés dans l'affaire des explosions du 4 mars 2012.


Ancien proche de Sassou-Nguesso, Ntsourou aurait mal vécu sa condamnation alors que son supérieur n'a lui pas été inquiété.

L'information de cette arrestation aurait fuité avant l'arrivée des forces de l'ordre à la résidence du colonel Ntsourou. Une fois sur place, les gardes de ce dernier – une dizaine d'hommes armés – ont alors ouvert le feu sur les forces de l'ordre venues mettre aux arrêts l'officier proche de leur "chef". 


L'armée se rend vite compte que le colonel Ntsourou dispose d'un "grand stock d'armes". Ancien proche de Sassou-Nguesso, qu'il a soutenu pendant la guerre civile de 1997, cet officier téké aurait, selon certaines sources, pris ses distances, depuis quelques temps déjà, avec le pouvoir. Il aurait également mal vécu sa condamnation alors que son chef direct, Jean-Dominique Okemba, conseiller spécial du chef de l'État, n'a lui pas été inquiété.

Phase 2 : arrestation du colonel Ntsourou

"La phase 2" de l'opération est alors décidée. Il ne s'agit plus seulement d'interpeller un officier qui se cacherait dans la résidence, désormais encerclée par l'armée, mais d'arrêter le colonel Ntsourou. 


"Depuis le matin [16 décembre], nous avons constaté un déploiement impressionnant des troupes au camp 15-Août. Des hélicoptères de l'armée sont également mis à contribution", raconte un témoin.

Sur les réseaux sociaux, beaucoup de Brazzavillois s'interrogent. "Peu d'information circule", se plaint un twittos. D'autres, comme @JssSONY, résidant près du lieu de l'intervention, essayent de rapporter en temps réel le déroulement de l'opération. 


De l'évacuation des habitants autour de la résidence du colonel Ntsourou – notamment le personnel onusien et autres familles congolaises habitant le camp 15-Août – à l'assaut de l'armée.

Contacté, Raymond Zéphirin Mboulou, ministre de l'Intérieur, refuse de faire tout commentaire pour l'instant. "Un communiqué officiel sera bientôt rendu public", se contente-t-il d'affirmer. Une importante réunion de sécurité a été convoquée autour de Denis Sassou Nguesso, le président de la République. 


En tout cas, l'aéroport de Maya-Maya n'a été que très faiblement affecté par la situation et n'a pas été fermé, contrairement à ce qu'avaient affirmé des rumeurs sur les réseaux sociaux. Après avoir été retardé, un vol d'Air France a finalement pu décoller en milieu d'après-midi.
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Trésor Kibangula

Jeune Afrique

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