mercredi 22 janvier 2014

Recensement en RDC : Le tri entre Congolais et non Congolais risque de poser de sérieux problèmes

22/01/2014

 

Zoe et Janet KABILA

Le processus de recensement de la population congolaise engagé depuis le 18 août 2009 connaîtra son apogée en 2015. Les préalables, notamment la cartographie du recensement étant en cours de finalisation, l’opération proprement dite s’en trouve facilitée et ne durera au maximum que trente jours. 


Plus de doute possible, l’exigence des concertations nationales sera rencontrée. Toutefois, le tri entre Congolais et non Congolais, autrement dit l’identification risque de poser de sérieux problèmes, de même que les exigences financières, en rapport avec les choix finaux, dont le processus électoral à l’horizon 2016.

Plus rien n’arrêtera le processus enclenché pour le recensement de la population vivant à l’intérieur des frontières de la République démocratique du Congo. 


Enclenché par le Premier ministre Muzito le 18 août 2009, par décret, l’opération est sur le point de prendre sa vitesse de croisière, rassure le service de communication du Bureau central du recensement, définit comme « l’organe chargé de la planification, l’exécution et le suivi de toutes les activités du RGPH2 (Recensement général de la population et de l’habitat) ».

Aux échéances de 2006 et de 2011, la classe politique était en effervescence suite à l’opacité ayant entouré la question de la population électrice. 


D’ailleurs, il était quasi-impossible de déterminer avec précision le spectre de la population appelée à choisir ses dirigeants au suffrage universel. Il s’agissait des personnes à qui confier le pouvoir d’Etat.

Dorénavant, tous les acteurs sont d’accord pour que les scrutins de 2016 ne se fassent pas sans avoir réalisé préalablement le recensement de la population. Ce consensus minimal s’est matérialisé avec le décret précité du Premier ministre Muzito. 


Un deuxième décret signé le 31 août 2011, soit plus de deux années après, a consacré cette volonté de l’ensemble de la classe politique. 

La phase d’exécution devenue inéluctable, tous les espoirs sont permis afin que le souhait formulé par la députée Jaynet Kabila du haut de la tribune de l’Assemblée nationale lors de l’investiture du gouvernement Matata devienne une réalité.

Il est clair que sans le recensement, il est difficile, voire impossible, d’entrevoir le développement et l’émergence dans des conditions optimales de réussite. Si les phases préliminaires ont pris du temps, la raison est simple : la volonté de faciliter le travail pour la suite des opérations. 


En 1984, le recensement scientifique de l’époque, manuellement exécuté, s’était déroulé sur une période relativement long. Ce ne sera pas le cas pour le recensement de 2016. « Au minimum deux semaines. Au maximum un mois », soutient-on au BCR.

En effet, avec les techniques modernes, le temps de collecte et de compilation des données est écourté. La technique adoptée en RDC est celle appliquée au Brésil avec des résultats probants à l’appui.
La cartographie en amont

Le travail de cartographie mené pendant cette période est un préalable voulu pour permettre au processus de recensement de ne pas prendre du retard. Ce travail qui se fait en amont est de nature à baliser la voie pour un atterrissage en douceur lors du sprint final. 


La cartographie du recensement est l’aboutissement des efforts entrepris en amont. 

La maîtrise de cette étape cruciale est de nature à conforter la bonne exécution du recensement dans le temps imparti.

La structure appelée à mener ces opérations sur le terrain se veut rassurante. Elle croit dur comme fer que sa tâche sera exécutée sans bavure jusqu’à son terme. 


D’ailleurs, des partenaires sont annoncés pour apporter leurs contributions respectives à la réussite de cette opération attendue depuis des lustres en RDC.

En réalité, cette cartographie segmentera le territoire national en zone opérationnelle de taille réduite en vue de faciliter la mobilité et la rapidité des agents commis à cette importante exigence sur le terrain. 


Grâce à la réalisation des préalables, le BCR martèle que le recensement connaîtra son point culminant en 2015, ouvrant la voie à un meilleur enregistrement des électeurs. 

Identification, encore des zones d’ombre

Entre le recensement et l’identification, il y a une différence de taille. La première opération consiste à faire le décompte de la population habitant dans un pays. Nationaux ou étrangers sont simplement comptés sans chercher à connaître leurs origines respectives.

Si le recensement porte un coût de 140 millions USD, les simulations pour l’opération d’identification coûteraient 450 millions USD. Cette dernière opération, ayant des implications politiques, sociologiques et autres, est appelée à attendre encore, avant d’être entamée. 


Cet arriéré fait que la RDC traîne un boulet de bagnard : toute personne vivant sur le territoire congolais pourrait se faire passer pour un Congolais et s’offrir le loisir de prendre part au processus électoral.

Les expériences malheureuses de 2006 et 2011 ne doivent pas être rééditées au risque de crucifier définitivement l’élite démissionnaire. L’identification n’étant pas encore à l’ordre du jour, suite à des difficultés de divers ordres, il est évident que les Congolais se contenteront de la carte d’électeur délivrée de la manière décriée par tous.

Ces zones d’ombre sur l’organisation de l’opération d’identification portent sur l’absence d’un calendrier consacré à cette tâche. Il en est de même de l’absence d’un arsenal juridique pouvant permettre d’entrevoir à l’horizon la matérialisation de cette exigence politique.

Le hic c’est que l’on se hâte lentement, dans une sorte d’indifférence par rapport au processus électoral en cours dont le point d’orgue intervient, constitutionnellement parlant, en 2016. 


Cela appelle que l’on s’y attarde si on veut consolider les acquis de la paix et l’atterrissage en douceur des opérations que mènent actuellement la CENI. 
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© KongoTimes

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