12/04/2014
Colonel Mamadou Moustapha Nadia - Héros et martyr national de la RDC
Alors que la capacité de nuisance du M23 et des ADF-Nalu a été sensiblement réduite, la situation sécuritaire dans l’Est du pays se régénère au jour le jour.
A la manière de l’hydre de la mythologie. L’insécurité réapparait sous une nouvelle forme et plonge le pays dans un cycle de terreur qui s’étend désormais du Nord-est au Sud-est.
La partie Est de la République démocratique du Congo serait-elle finalement une zone maudite où toutes les perspectives de paix sont vouées à l’échec ?
La situation qui prévaut sur le terrain tend à le confirmer. Les superstitieux sont tentés de croire que cette partie du territoire est poursuivie par un signe indien, tant l’enlisement s’installe durablement dans ce coin névralgique du pays.
Ventre mou du pays, l’Est de la RDC aura battu tous les records de mobilisations en termes de ressources humaines, matérielles et financières, internes comme externes, pour un retour rapide de la paix !
Toutefois, les résultats restent mitigés. La mission onusienne (Monusco), malgré ses 18 000 hommes, peine à imposer sa loi dans l’Est de la RDC. Alors que, ô ironie du sort ! C’est aussi dans l’Est du pays que la Monusco a concentré le gros de ses forces.
Mauvais présage
Comme dans un processus de régénérescence, l’insécurité semble avoir fait la mue. Cette nouvelle forme a vu le jour dans la partie nord de la province du Nord-Kivu.
Jeudi 4 avril 2014, une bombe de fabrication artisanale a explosé en plein coeur de la ville, faisant, selon les autorités locales, environ 6 blessés, dont quatre militaires.
L’attaque, rapporte radio Okapi, n’a pas été revendiquée. Les autorités locales, limitées, ont préféré plutôt en référer à Goma et à Kinshasa, pour que toute la lumière soit faite sur cet incident.
Or cette explosion du 4 avril 2014 n’est pas la première.
Depuis février 2014, le maire de cette ville dit avoir enregistré déjà quatre explosions de ce genre. Toutes ont un dénominateur commun : l’utilisation d’une bombe artisanale.
La Société civile de Beni a renchéri en rappelant que trois autres attaques à la grenade ont déjà eu lieu dans leur ville au mois de février.
La première avait fait trois blessés, tous membres d’une même famille, dans la commune de Bungulu. La deuxième avait a été lancée au quartier Mupanda, faisant sept blessés.
Selon des témoins, l’attentat du 4 mars dernier avait visé un convoi motorisé du contingent népalais de la Monusco. Six Casques bleus avaient été blessés.
S’agit-il d’actes isolés ou d’une planification meurtrière préméditée ?
A-t-on cherché entre-temps à en connaître la provenance et les commanditaires ?
Autant d’interrogations que les autorités locales et nationales se devaient d’élucider pour lever tout pan de voile sur ces explosions en série.
A Goma, tout comme à Kinshasa, personne ne s’est préoccupé de ces actes dignes d’un terrorisme urbain. Et pourtant, la répétition devait pousser les services compétents à se mettre en branle pour savoir ce qui se trame derrière ces explosions à la bombe artisanale.
Hélas, ces incidents ont été classés dans le panier des dommages collatéraux d’une situation sécuritaire en voie de stabilisation.
Or il n’y a pas longtemps, il a été fait état de la présence dans cette partie du Nord-Kivu des islamistes Shebabs repérés dans les rangs des rebelles ougandais de l’ADF-Nalu.
Les spécialistes sont d’avis que les dernières explosions de Beni s’apparentent aux méthodes par lesquelles se sont distingués ces groupes terroristes islamistes venus de la Somalie et en divagation dans la sous-région.
Et, comme dit-on un malheur ne vient jamais seul, les rebelles rwandais de Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), donnés par moment pour être sensiblement affaiblis à la suite de nombreuses opérations conjointes menées contre eux, viennent de se signaler dans une nouvelle attaque autour de Kalemie, dans la province du Katanga.
Cette attaque est tout à fait particulière, dans la mesure où elle s’est produite loin du bastion de cette force négative, à savoir les collines du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.
Voilà qu’ils signalent à Kalemie, territoire situé à des milliers de kilomètres de leurs milieux naturels. Là aussi, il y a de bonnes raisons de s’interroger sur l’efficacité des opérations militaires menées contre les FDLR.
Et dire que tout ceci se trame au moment où la CENI se bat comme un diable dans un bénitier pour réussir le cycle électoral 2014-2016. Aura-t-elle les coudées franches ? En tout cas, il s’agit d’un mauvais présage pour l’avenir.
La nébuleuse FLDR
Estimé alors par la communauté internationale à plus ou moins 7 000, le nombre de combattants FDLR est allé decrescendo grâce aux différentes opérations militaires, à savoir l’opération conjointe FARDC-Monusco (2004 – 2005) ; l’opération Kimia 1 (juin 2008) ; l’opération Umoja Wetu (2009) ; l’opération Kimia 2 (février – décembre 2009) ; l’opération Amani Leo (janvier – avril 2012).
À ces opérations menées par les troupes congolaises s’ajoutent d’autres opérations mixtes menées dans le cadre de la coopération entre les armées du Rwanda et de la RDC, avait indiqué récemment Lambert Mende, porte-parole du gouvernement.
Selon lui, le bilan de l’ensemble de ces opérations parlerait de lui-même : « 2 801 combattants FDLR ont été neutralisés (tués) lors des affrontements, 3 371 d’entre eux ont été rapatriés au Rwanda au 30 avril 2012 et 2 367 armes récupérées (tous calibres confondus) ».
Il résulte de ce bilan, a-t-il conclu, que « l’effectif des FDLR en errance est actuellement estimé sur l’ensemble de l’Est congolais à moins d’un millier de combattants. (…)
En réalité, grâce aux opérations sus-évoquées, tous les sanctuaires et QG des FDLR ont été détruits par les FARDC ».
Le constat est que les FDLR ont réussi à quitter le Kivu pour pénétrer dans la province du Katanga, sans que l’on signale leur mouvement. Du coup, l’hypothèse d’une possible jonction avec les Bakata-Katanga ne peut pas à exclure.
Car, si les FDLR ont pu paisiblement atteindre Kalemie, sans être inquiétés, ils peuvent tout aussi rejoindre le bastion de Bakata-Katanga sur le triangle Pweto-Mitwaba-Manono. Un scenario qu’il faudrait éviter à tout prix. Cette coalition pourrait précipiter le Katanga dans un chaos indescriptible.
Une guerre d’usure
A tous ces événements malheureux s’ajoute la dernière incursion sur les collines de Rutshuru des militaires ougandais. Une situation qui présage d’un regain de tensions dans la ceinture orientale de la RDC.
Cette fois-ci, la particularité est que cette ceinture part du Nord de la province du Nord-Kivu jusqu’au centre du Katanga.
La RDC risque de replonger dans un nouveau cycle de terreur. Les explosions de Beni, l’incursion des militaires ougandais à Rutshuru et l’attaque des FDLR autour de Kalemie sont un prélude à une guerre d’usure qui ne dit pas encore son nom, dans laquelle s’entremêlent les intérêts croisés de plusieurs puissances étrangères.
Au grand dam de la RDC qui en paie le plus grand tribut en termes de pertes en vies humaines et en ressources naturelles.
_________
[lePotentiel]
Colonel Mamadou Moustapha Nadia - Héros et martyr national de la RDC
Alors que la capacité de nuisance du M23 et des ADF-Nalu a été sensiblement réduite, la situation sécuritaire dans l’Est du pays se régénère au jour le jour.
A la manière de l’hydre de la mythologie. L’insécurité réapparait sous une nouvelle forme et plonge le pays dans un cycle de terreur qui s’étend désormais du Nord-est au Sud-est.
La partie Est de la République démocratique du Congo serait-elle finalement une zone maudite où toutes les perspectives de paix sont vouées à l’échec ?
La situation qui prévaut sur le terrain tend à le confirmer. Les superstitieux sont tentés de croire que cette partie du territoire est poursuivie par un signe indien, tant l’enlisement s’installe durablement dans ce coin névralgique du pays.
Ventre mou du pays, l’Est de la RDC aura battu tous les records de mobilisations en termes de ressources humaines, matérielles et financières, internes comme externes, pour un retour rapide de la paix !
Toutefois, les résultats restent mitigés. La mission onusienne (Monusco), malgré ses 18 000 hommes, peine à imposer sa loi dans l’Est de la RDC. Alors que, ô ironie du sort ! C’est aussi dans l’Est du pays que la Monusco a concentré le gros de ses forces.
Mauvais présage
Comme dans un processus de régénérescence, l’insécurité semble avoir fait la mue. Cette nouvelle forme a vu le jour dans la partie nord de la province du Nord-Kivu.
Jeudi 4 avril 2014, une bombe de fabrication artisanale a explosé en plein coeur de la ville, faisant, selon les autorités locales, environ 6 blessés, dont quatre militaires.
L’attaque, rapporte radio Okapi, n’a pas été revendiquée. Les autorités locales, limitées, ont préféré plutôt en référer à Goma et à Kinshasa, pour que toute la lumière soit faite sur cet incident.
Or cette explosion du 4 avril 2014 n’est pas la première.
Depuis février 2014, le maire de cette ville dit avoir enregistré déjà quatre explosions de ce genre. Toutes ont un dénominateur commun : l’utilisation d’une bombe artisanale.
La Société civile de Beni a renchéri en rappelant que trois autres attaques à la grenade ont déjà eu lieu dans leur ville au mois de février.
La première avait fait trois blessés, tous membres d’une même famille, dans la commune de Bungulu. La deuxième avait a été lancée au quartier Mupanda, faisant sept blessés.
Selon des témoins, l’attentat du 4 mars dernier avait visé un convoi motorisé du contingent népalais de la Monusco. Six Casques bleus avaient été blessés.
S’agit-il d’actes isolés ou d’une planification meurtrière préméditée ?
A-t-on cherché entre-temps à en connaître la provenance et les commanditaires ?
Autant d’interrogations que les autorités locales et nationales se devaient d’élucider pour lever tout pan de voile sur ces explosions en série.
A Goma, tout comme à Kinshasa, personne ne s’est préoccupé de ces actes dignes d’un terrorisme urbain. Et pourtant, la répétition devait pousser les services compétents à se mettre en branle pour savoir ce qui se trame derrière ces explosions à la bombe artisanale.
Hélas, ces incidents ont été classés dans le panier des dommages collatéraux d’une situation sécuritaire en voie de stabilisation.
Or il n’y a pas longtemps, il a été fait état de la présence dans cette partie du Nord-Kivu des islamistes Shebabs repérés dans les rangs des rebelles ougandais de l’ADF-Nalu.
Les spécialistes sont d’avis que les dernières explosions de Beni s’apparentent aux méthodes par lesquelles se sont distingués ces groupes terroristes islamistes venus de la Somalie et en divagation dans la sous-région.
Et, comme dit-on un malheur ne vient jamais seul, les rebelles rwandais de Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), donnés par moment pour être sensiblement affaiblis à la suite de nombreuses opérations conjointes menées contre eux, viennent de se signaler dans une nouvelle attaque autour de Kalemie, dans la province du Katanga.
Cette attaque est tout à fait particulière, dans la mesure où elle s’est produite loin du bastion de cette force négative, à savoir les collines du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.
Voilà qu’ils signalent à Kalemie, territoire situé à des milliers de kilomètres de leurs milieux naturels. Là aussi, il y a de bonnes raisons de s’interroger sur l’efficacité des opérations militaires menées contre les FDLR.
Et dire que tout ceci se trame au moment où la CENI se bat comme un diable dans un bénitier pour réussir le cycle électoral 2014-2016. Aura-t-elle les coudées franches ? En tout cas, il s’agit d’un mauvais présage pour l’avenir.
La nébuleuse FLDR
Estimé alors par la communauté internationale à plus ou moins 7 000, le nombre de combattants FDLR est allé decrescendo grâce aux différentes opérations militaires, à savoir l’opération conjointe FARDC-Monusco (2004 – 2005) ; l’opération Kimia 1 (juin 2008) ; l’opération Umoja Wetu (2009) ; l’opération Kimia 2 (février – décembre 2009) ; l’opération Amani Leo (janvier – avril 2012).
À ces opérations menées par les troupes congolaises s’ajoutent d’autres opérations mixtes menées dans le cadre de la coopération entre les armées du Rwanda et de la RDC, avait indiqué récemment Lambert Mende, porte-parole du gouvernement.
Selon lui, le bilan de l’ensemble de ces opérations parlerait de lui-même : « 2 801 combattants FDLR ont été neutralisés (tués) lors des affrontements, 3 371 d’entre eux ont été rapatriés au Rwanda au 30 avril 2012 et 2 367 armes récupérées (tous calibres confondus) ».
Il résulte de ce bilan, a-t-il conclu, que « l’effectif des FDLR en errance est actuellement estimé sur l’ensemble de l’Est congolais à moins d’un millier de combattants. (…)
En réalité, grâce aux opérations sus-évoquées, tous les sanctuaires et QG des FDLR ont été détruits par les FARDC ».
Le constat est que les FDLR ont réussi à quitter le Kivu pour pénétrer dans la province du Katanga, sans que l’on signale leur mouvement. Du coup, l’hypothèse d’une possible jonction avec les Bakata-Katanga ne peut pas à exclure.
Car, si les FDLR ont pu paisiblement atteindre Kalemie, sans être inquiétés, ils peuvent tout aussi rejoindre le bastion de Bakata-Katanga sur le triangle Pweto-Mitwaba-Manono. Un scenario qu’il faudrait éviter à tout prix. Cette coalition pourrait précipiter le Katanga dans un chaos indescriptible.
Une guerre d’usure
A tous ces événements malheureux s’ajoute la dernière incursion sur les collines de Rutshuru des militaires ougandais. Une situation qui présage d’un regain de tensions dans la ceinture orientale de la RDC.
Cette fois-ci, la particularité est que cette ceinture part du Nord de la province du Nord-Kivu jusqu’au centre du Katanga.
La RDC risque de replonger dans un nouveau cycle de terreur. Les explosions de Beni, l’incursion des militaires ougandais à Rutshuru et l’attaque des FDLR autour de Kalemie sont un prélude à une guerre d’usure qui ne dit pas encore son nom, dans laquelle s’entremêlent les intérêts croisés de plusieurs puissances étrangères.
Au grand dam de la RDC qui en paie le plus grand tribut en termes de pertes en vies humaines et en ressources naturelles.
_________
[lePotentiel]
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire