dimanche 11 janvier 2015

Il faut éviter que l’année 2015 ressemble à 2014...

28 Décembre 2014


La carte du Congo-Kinshasa sous les couleurs de l’emblème national

Mépris de la vie. Violence. Inertie. Impuissance. Incurie. Injustice. Pensée unique. Gabegie. Telle est la liste non exhaustive des maux dont souffre le Congo démocratique depuis bientôt deux décennies.

L’avènement d’une nouvelle année est généralement perçu comme un moment d’espoir. L’espoir d’un nouveau départ. L’espoir de Changement. 


Au Congo-Kinshasa, les années se suivent et se ressemblent. En cause, les Congolais croient que le changement doit tomber du ciel. "Nzambe akosala" ou "Nzambe akosunga", entend-on dire. Traduction : Dieu pourvoira.

Il y a lieu de craindre que l’année 2015 soit une "simple héritière" de celle qui s’achève. Après la "défaite" des forces de la rébellion du M23, le 5 novembre, et le massacre survenu le 30 décembre des adeptes du "prophète" Joseph Mukungubila à Kinshasa, à Kindu et à Lubumbashi, l’année 2013 s’est terminée dans une orgie sanglante. Le pouvoir kabiliste parle d’"actes insurrectionnels". 


A l’occasion de la commémoration du 1er anniversaire de ces tueries, "l’association pour les victimes du 30 décembre 2013" a prévu de manifester le mardi 30 décembre 2014, de 10h00 à 13 h00, devant l’ambassade congolaise à Bruxelles, sise 30 rue Marie de Bourgogne - 1000 Bruxelles.

Quid de l’année 2014?

Mépris de la vie et violence."Ils ont apporté la culture de la gâchette facile", disait le défenseur des droits humains Floribert Chebeya Bahizire. "Ils", ce sont les "libérateurs" du 17 mai 1997.

L’année 2014 a été, à l’instar de 2013, caractérisée par la violence. La violence d’Etat et celle des bandes armées qui fleurissent aux quatre coins du pays. 


Rarement, la vie humaine n’a été traitée avec autant de mépris à la limite de la barbarie. Des manifestations pacifiques ont été durement réprimées.

L’année 2014 a commencé, le 2 janvier, par l’assassinat, à Beni, du colonel Mamadou Moustapha Ndala. Aide de camp de celui-ci, le capitaine Moïse Banza, sera arrêté le 18 janvier par des éléments de la garde prétorienne de "Joseph Kabila". 


Selon le ministre des Médias Lambert Mende Omalanga, Banza était recherché par la justice militaire. Seulement voilà : Banza n’a plus été revu en vie. Le procès sur l’assassinat du colonel Mamadou s’est achevé sans qu’il ait été auditionné.

De novembre 2013 à février 2014, la police kinoise, commandée par le général Célestin Kanyama, a mené les opérations "Likofi" contre les jeunes délinquants dits Kuluna. 


Bien que salutaire, cette lutte contre la criminalité a été l’occasion pour des policiers à commettre des exécutions extrajudiciaires. 

Bilan : 51 morts et 33 disparitions. La polémique continue à faire rage entre les autorités congolaises et le Bureau Central des Nations Unies pour les droits de l’Homme d’une part et l’organisation non gouvernementale "Human Right Watch" de l’autre.

Le 31 août de cette même année, le général Lucien Bahuma Ambamba mourrait dans des circonstances non élucidées à ce jour au cours d’une réunion en Ouganda.

Inertie, impuissance et incurie. Le Congo-Kinshasa est dirigé par un roi fainéant. Illustration. Après la publication, le 7 décembre, de la composition du gouvernement "Matata II", "Joseph Kabila" a attendu le 23 de ce même mois pour convoquer la première réunion du Conseil des ministres. 


Sous d’autres cieux, une première réunion a lieu dès le lendemain. Celle-ci n’a duré qu’une soixantaine de minutes. Chaque membre du gouvernement devait, tel un écolier, décliner son identité et l’intitulé de son portefeuille. Le même jour, le "raïs" s’est envolé pour le Katanga. 

L’homme "se repose" dans sa ferme située dans le Parc de Kundelungu. Que dire sinon que le Congo-Kinshasa est malade de la paresse. L’exemple venant d’en haut, rien d’étonnant que ce pays ne produise plus rien.

Au cours de cette année finissante, l’Etat congolais a "brillé", une fois de plus, par son impuissance. Impuissance pour défendre les frontières nationales mais aussi pour garantir les conditions minimales de sécurité à la population du Nord Kivu, du Katanga et de la Province Orientale. 


Les massacres des habitants de Beni, attribués à des prétendus rebelles ougandais, sont tout simplement ahurissants.

Il est assez symptomatique de voir "Joseph Kabila" user des stratagèmes pour s’accrocher au pouvoir alors que l’homme a démontré depuis quatorze ans qu’il n’a jamais eu le moindre programme digne de ce nom. 


En fait de "programme", le "raïs" se contente de réciter les "bons mots" que lui rédigent ses scribes. On peut citer : les cinq chantiers, la révolution de la modernité, la nouvelle citoyenneté etc. Une seule ambition le chatouille : le pouvoir pour le pouvoir. Pendant ce temps, le pays n’est ni gouverné ni administré.

Injustice, pensée unique et gabegie. Depuis deux décennies, les cadres de l’AFDL qui dénonçaient, à raison d’ailleurs, le népotisme sous l’époque de Mobutu Sese Seko, tardent à changer la société. Le tribalisme et le régionalisme sont revenus en force. 


Bonjour les inégalités et une justice à la tête du client! 

D’autre part, les médias d’Etat restent inaccessibles à tous les courants idéologiques. La culture du débat et de la tolérance sont les grandes perdantes. C’est le retour à l’unanimisme cher au parti unique.

La corruption, elle, continue à gangrener les membres de la "noblesse d’Etat". Les membres de la famille biologique de "Joseph Kabila" sont de plus en plus riches. 


Selon des "mauvaises langues", chaque mois, le Premier ministre Matata remet au "raïs" une somme de 40 millions $ US. De l’argent tiré d’un compte secret ouvert à la BCDC (Banque commerciale du Congo).

Les mauvaises habitudes ayant la peau dure, l’année 2015 risque d’être une simple continuation de 2014. A moins que les Congolais posent des actes forts pour matérialiser leur aspiration à un autre avenir. Leur aspiration à une société d’excellence, une société plus juste, plus humaine et plus égalitaire. 


La fatalité n’existe pas. On ne peut perdre que le combat qu’on n’a pas livré...
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Baudouin Amba Wetshi
© Congoindépendant

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