dimanche 18 janvier 2015

RDC. Election présidentielle renvoyée à 2020 .......


Il plaît parfois à Dieu, dont les volontés sont insondables, de parler à ses créatures, les humains, par l’entremise de ses prophètes et autres « inspirés », lesquels prétendent jouir de l’exceptionnel privilège de recevoir directement de Lui des messages et confidences. 

Le président Joseph Kabila – «petit dieu ?» - s’adresse également aux Congolais, le plus souvent, par ses «saints». Particulièrement à travers son plus préféré d’entre eux, Lambert Mende, le très bavard ministre de la Communication. 

Les deux personnes, un taiseux et un pipelet, forment une bonne paire des contraires qui s’attirent. Un joli couple complémentaire. 

Ainsi, quand le chef de l’Etat congolais fait le mort au sujet de son avenir politique, son « éminent » chargé de communication rassure le monde entier, par TV5 : « Le président nous a dit qu’il y aura bel et bien une passation de pouvoir entre lui et son successeur en 2016 ».

Mais les Congolais ne le croient pas. Car, au même moment, plusieurs autres « saints » kabilistes tiennent le discours contraire. 


En effet, l’article 220 de la Constitution - qui limite à deux les mandats successifs du président de la République – a été dans leur viseur pendant toute une bonne période. 

Le refus presqu’unanime de sa révision par les Congolais - le coup de massue du gouverneur du Katanga (et kabiliste ?) 

Moïse Katumbi en est la récente et éclatante preuve - et le solennel avertissement « hollandien » de Dakar ont fini par amener les tenants de sa modification à changer leur fusil d’épaule. 

A défaut de réviser, il leur a fallu, à tout prix, envisager une possibilité de contourner l’échéance constitutionnelle de décembre 2016. L’astuce a enfin été trouvée : le préalable du recensement de la population avant toute élection.

N’ayant pas pu jusque-là prendre connaissance du contenu du projet de loi initié par le ministre de l’Intérieur Evariste Boshab, le rédacteur de ces lignes comme les nombreux autres lecteurs du journal congoindependant.com ont appris de Baudouin Amba Wetshi que « la nouvelle loi électorale en chantier stipule, dans une de ses dispositions, que les consultations politiques seront organisées à l’issue du recensement général. Une opération qui pourrait prendre trois à quatre ans ».

Le recensement de la population avait été prévu par le législateur bien avant les élections de 2006 organisées à l’époque par la CEI (Commission électorale indépendante) que présidait un certain Apollinaire Malu-Malu dit « Monsieur l’Abbé ». 


L’identification « générale » des Congolais ne lui avait pas paru être – à Joseph Kabila non plus - une condition nécessaire à l’organisation des élections.

Son successeur à la tête de l’organe, rebaptisé à l’occasion CENI - avec l’ajout d’un troisième adjectif (Commission électorale nationale indépendante), le pasteur Mulunda jugea, lui aussi, pas indispensable de lier le dénombrement des mineurs aux opérations électorales auxquelles ils ne devraient légalement pas prendre part. 


Malu-Malu en 2006 comme Mulunda en 2011 estimèrent ainsi que les consultations électorales concernaient les seuls adultes congolais qu’ils firent enrôler et dont le nombre global est connu et gardé dans des fichiers que l’on peut aisément actualiser en demandant juste aux enfants d’hier, devenus majeurs, de se faire enregistrer, de s’ajouter.

Par une sorte de jeu à la Poutine, voilà de nouveau monsieur l’abbé Apollinaire à la tête de la CENI, malgré l’opposition publiquement exprimée par la hiérarchie de l’Eglise catholique de le voir rechapeauter cette structure…politique. Malu-Malu, un prêtre rebelle. 


L’opinion a constaté là que l’indiscipline aux règlements de partis ou des autres institutions nationales n’est pas le propre des seuls hommes politiques et autres citoyens. 

Fait particulier et apparemment anodin mais qui a confirmé que la RDC est devenue une grande pétaudière. L’autorité y a disparu, s’est affaiblie. On ne respecte plus rien ni personne. Partout, dans les domaines et à tous les niveaux. 

A cause de la légèreté, de l’indignité, de la corruption des dirigeants. Et, surtout, de l’endémique laxisme, de la culture de l’impunité.

Le calendrier électoral proposé jusqu’ici par le président de la CENI se fractionne en différentes compétitions électorales et dates. D’après ce dernier, les élections locales, municipales et urbaines devraient être organisées au cours de l’année 2015. 


Et les législatives ainsi que la présidentielle « normalement » en 2016 si l’on doit se conformer à l’échéance constitutionnelle du mandat du président de la République. 

Mais les prévisions du « prêtre » ont – l’avez-vous constaté ? – toujours été accompagnées des « si » : si le parlement dote la CENI d’une nouvelle loi électorale, si le gouvernement met à sa disposition un budget conséquent et le plus tôt. Des si qui permettent de faire traîner les pieds, de tirer les choses en longueur.

Et voilà que, finalement, le parlement s’active à élaborer une nouvelle loi électorale sur base du projet qui lui a été soumis par le gouvernement. 


Pourtant, celle en vigueur ne contient pas « d’anomalies », selon plusieurs juristes et acteurs politiques, qui sont de nature à empêcher l’organisation des futures élections. 

Alors que jusque-là, le grand argument brandi par certains kabilistes pour justifier la retouche de la loi électorale est d’ordre financier, les Congolais sont surpris d’apprendre, d’après la loi en « chantier » et venant s’ajouter au problème d’argent, que l’organisation des élections devrait être conditionnée par un recensement « général » et « préalable » de la population. 

Interrogeons-nous. 


Si l’argent fait problème pour organiser certaines élections aux dates prévues, le recensement ne va-t-il rien coûter au budget de l’Etat congolais ? 

D’où va venir son financement ? 

Pourquoi trouverait-on des fonds pour le financer et bizarrement pas pour l’organisation des élections provinciales ? 

Et puisque le recensement divise déjà gravement le pays et émiette la cohésion nationale, pourquoi ne pas le renvoyer à plus tard ? Ou, du moins, ne pas en faire une condition sine qua non à l’organisation des élections et lui garder son caractère de simple travail d’identification administrative et scientifique de la population ?

Autre chose : le recensement sera-t-il un préalable à « toutes » les élections ? Dans l’affirmatif - et si, comme les spécialistes des enquêtes démographiques le disent, l’identification de tous les Congolais à travers le mammouth géographique qu’est la RDC ne peut durer pas moins de trois ans - les élections locales ne pourraient alors commencer qu’en…2018. 


Et les législatives ainsi que la présidentielle bien après, probablement en 2019 ou 2020.

Et si, par contre, le recensement ne serait nécessaire que pour l’élection des députés nationaux et du président de la République, cela voudrait dire que les élections locales seraient moins importantes que les autres. 


Et que donc, au Congo, la légitimité démocratique serait stratifiée et d’inégale valeur. Il y aurait ainsi des élus plus légitimes (du haut) et des élus moins légitimes (du bas). 

Il est évident, dans toutes ces hypothèses, que l’insertion dans la nouvelle loi en « chantier » du principe du « préalable » du recensement de la population à toute élection est, comme l’a dit quelqu’un, une subtile et maligne « légalisation » de la prolongation du mandat du président Joseph Kabila. 

Et si, par malheur, ladite loi venait à être votée – la majorité parlementaire présidentielle semble y être déterminée, à voir la mobilisation policière aux alentours du Palais du Peuple et le calme digne d’un moine bouddhiste dont le kabiliste président de l’Assemblée nationale Aubin Minaku a fait preuve devant les sifflets et les agitations des opposants députés -, l’article 220 aura ainsi été « intelligemment » contourné. 


A moindre frais ? Sans hécatombe ? Sans que les stratèges du pouvoir aient eu à marcher sur les « cadavres » de…Vital Kamerhe – défi sacrificiel lancé aux soudards du régime par ce dernier - et des autres dirigeants de l’opposition ?

Après, ce serait certainement à pas d’escargot que Adolphe Lumanu - également kabiliste bon teint - procédera au recensement des Congolais, en partant de la Capitale Kinshasa jusqu’aux hameaux et villages de forêts de l’arrière pays. Et qu’il ne pourra « techniquement » pas terminer avant quatre ans, a-t-il estimé. Tout est dit. Comprenne qui peut.

Mais le projet de loi n’a pas encore été soumis au vote car il doit suivre l’habituelle procédure législative qui ne fait que commencer. De son examen par la commission politique, administrative et judiciaire de l’Assemblée nationale, son envoi au Sénat et son retour à l’Assemblée nationale pour débats et vote en séance plénière, un petit temps va s’écouler. 


Un temps de tous les dangers. Qui, des pro ou des anti projet de loi, auront le dernier mot ? 
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Wina Lokondo

© Congoindépendant

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