mardi 3 février 2015

Coupe d’Afrique des Nations : "Joseph Kabila" à Bata. Tentative de récupération politique?


"Joseph Kabila" et l’Equato-Guinéen Téodoro Obiang Nguema

Selon des sources, "Joseph Kabila" est arrivé ce lundi 02 février à Bata, en Guinée Equatoriale, où se trouvent encore les joueurs de l’équipe nationale "Les Léopards". 

Le "raïs" prendra par la suite un avion avec les joueurs. Destination : Malabo. Après avoir créé la surprise en battant les Diables rouges du Congo d’en face par quatre buts à deux - alors qu’ils étaient menés par deux buts à zéro -, les "Léopards" rencontreront ce mercredi 04 février, en demi-finale, à Malabo, les "Eléphants" de la Côte d’Ivoire. 

Dans les milieux du pouvoir kabiliste, la tentation est forte d’attribuer au "raïs" la paternité des performances réalisées jusqu’ici par l’équipe nationale. 

Vomi par l’opinion nationale après la tentative de tripatouiller la loi électorale et la répression sanglante ayant suivi les manifestations des 19, 20 et 21 janvier, "Joseph Kabila" tente de faire feu de tout bois pourvu que ça soit bon pour le moral...

Que fait "Joseph Kabila" à Bata alors que les "Léopards" ne se trouvent encore qu’au niveau de la demi-finale de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN)? "Le chef de l’Etat est allé à Bata pour encourager les joueurs de l’équipe nationale", confie une source proche des "services".

Une anecdote. Après la victoire des "Léopards" sur les "Diables rouges" du Congo d’en face, un journaliste du média d’Etat "RTNC" a donné, samedi 31 janvier, sa version à lui sur "l’origine" de cette victoire. 

Pour mémoire, les Léopards étaient menés au marquoir par deux buts à zéro. "Après les deux buts, le chef de l’Etat a joint au téléphone le coach Florent Ibenge en lui disant d’exhorter les joueurs à se concentrer. Le résultat n’a pas tardé...".

Au cours de la même émission, on a vu Jean-Charles Okoto débouler sur le plateau de la RTNC. Ambassadeur du Congo-Kinshasa en Ouganda, Okoto a assuré avoir assisté à une liesse populaire dans les rues de la capitale. Ce qui est vrai. 

Là où le bat blesse est que sur les séquences diffusées par la télévision nationale, on retrouve le même Okoto entouré apparemment d’une cohorte de militants du CCU (Convention Congolais Unis), le parti du ministre de la Communication et des médias Lambert Mende Omalanga dont il est apparemment membre. 

Cette supercherie a attiré l’attention des observateurs avertis sur une réalité. A savoir qu’il y avait de la récupération politique dans l’air.

A Kinshasa, tous les analystes conviennent que "Joseph Kabila" est, depuis plusieurs mois, mal dans sa peau. En cause, les contreperformances politiques qu’il a enregistrées ces derniers temps dans sa volonté désespérée de briguer un troisième mandat.

Lors de sa rencontre avec des "notables katangais", le 5 janvier dernier, dans sa ferme de Kashamata près de Lubumbashi, le "raïs" avait piqué une sainte colère du fait de l’absence de deux hommes qui hantent ses nuits tels des fantômes. 

Il s’agit de Moïse Katumbi Chapwe et de Gabriel Kyungu wa Kumwanza, respectivement gouverneur et président de l’Assemblée provinciale du Katanga. Ceux-ci avaient purement et simplement boycotté cette réunion. Un affront sans précédent qui a "dévasté" le successeur de Mzee. Depuis lors, l’homme est fou de rage.

La tentative ratée de modifier la loi électorale est venue saper davantage le moral du "raïs". Les manifestations des 19 et 21 janvier ont fini par ébranler ses certitudes, lui qui clamait avec dédain qu’il n’y aura pas d’hécatombe en 2016 comme en 2006 et en 2011. 

Un défi relevé par les Kinois et les Gomatraciens. Un coup de semonce difficile à oublier.

Le moral au talon, "Joseph Kabila" fuit l’ambiance psychologique délétère qui règne dans la capitale. D’où cette évasion inattendue à Bata avant d’atteindre Malabo ce mardi. Il n’a pas tort de s’éloigner de Kin la frondeuse.

Selon une dépêche de l’AFP, plus de 600 ONG congolaises soutenues par la FIDH (Fédération internationale des droits de l’Homme) ont adressé une lettre ouverte à "Joseph Kabila". 

Elles y réclament "justice et réparations" pour "toutes les victimes" des récentes violences dans le pays. Sans oublier la libération de tous les opposants politiques. C’est le cas notamment de l’activiste des droits humains Christopher Ngoy, disparu depuis le 21 janvier à Kinshasa.

Notons que les manifestations des 19, 20 et 21 janvier avaient dégénéré en émeutes et pillages. Bilan officiel : 13 morts. Les organisations de la société civile, elles, font état de 42 morts. 

"Les ONG signataires dénoncent l’usage excessif de la force" par les forces de sécurité congolaises "qui ont causé la mort de plusieurs dizaines de personnes", indique par ailleurs la lettre ouverte.

Des centaines de personnes avaient été arrêtées, et l’ONG Human Rights Watch a dénoncé samedi 31 janvier une vague d’"arrestations arbitraires". 

Les ONG signataires du texte "réaffirment leur engagement à contribuer efficacement à l’instauration d’un Etat de droit et l’enracinement de la démocratie" au Congo-Kinshasa.

A Kinshasa, on a vu, samedi dernier, des Kinois célébrer la victoire des Léopards sur les Diables rouges tout en scandant :"Kabila, Kabila, même si on a gagné, tu vas quitter le pouvoir". 

Quelques "situationnistes" s’étaient regroupés aux abords de la résidence de "Joseph Kabila" dans le but de le "féliciter" suite à la performance réalisée par l’équipe nationale. 

"Ils ont été dispersés sans violence par la Garde républicaine et des éléments de la police antiémeutes", indique l’AFP. 
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Baudouin Amba Wetshi 
(avec AFP)
© Congoindépendant

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