samedi 21 février 2015

"Joseph Kabila" lâché par ses "amis occidentaux"


Une accolade qu’on ne verra plus entre Louis Michel et "Joseph Kabila". C’était lors de l’investiture de ce dernier le 6 décembre 2006

Depuis son monologue du lundi 5 janvier dans sa ferme de Kashamata avec des "notables du Katanga", "Joseph Kabila" n’a plus exercé le ministère de la parole. 

Et pourtant, les occasions n’ont pas manqué : les manifestations des 19, 20 et 21 janvier (42 morts), la promulgation de la loi électorale et la publication du calendrier électoral. 

Le "raïs" est resté fidèle à sa conception seigneuriale du pouvoir. Qu’il vente ou qu’il pleuve, tant pis. Pas un mot pour rassurer ceux-là qui lui ont donné mandat pour gérer le destin collectif. 

L’absence du président de la Ceni (Commission électorale nationale indépendante) lors de la présentation de ce chronogramme est au centre de toutes les spéculations. On le dit "malade". 

Il semble que le PPRD Francis Kalombo aurait été opéré. L’homme a récemment avoué sa "double loyauté" vis-à-vis de deux hommes qui ont manifestement cessé d’être les meilleurs amis du monde. Il s’agit de "Joseph Kabila" et du gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi. 

La récente brouille avec la Monusco en présence d’une vingtaine de diplomates - suite au refus de la Mission onusienne de participer aux opérations de désarmement des miliciens des FDLR (Forces démocratiques pour la libération du Rwanda) aux côtés de deux généraux véreux -, la "campagne anti-Kabila" que mène l’eurodéputé belge Louis Michel au niveau du Parlement européen font dire aux observateurs que "Joseph Kabila" est lâché par ses anciens "amis".

Analyse

"La force est une condition nécessaire d’un pouvoir authentique. Mais la force seule n’est pas la condition suffisante pour conférer la légitimité à un pouvoir. En cette année 2015, le pouvoir de Joseph Kabila ne tient plus que par la force des armes. 

Comme le président Mobutu durant la transition de la première moitié des années 90, Kabila est vomi par l’opinion congolaise et lâché par ses soutiens occidentaux. 

Si j’étais dans l’entourage de Joseph Kabila Kabange, je lui déconseillerais de fomenter des troubles de nature à perturber le processus électoral à venir. Il doit jouer le jeu démocratique. Dans le cas contraire, il sera chassé du pouvoir avant la fin de son mandat. 

La communauté internationale le tient à l’œil". Ces propos recueillis par l’auteur de ces lignes émanent d’un haut diplomate d’un pays occidental. L’homme a naturellement requis l’anonymat.

Après avoir exhorté "Joseph Kabila" à respecter la Constitution dont l’article 70 qui interdit au président actuellement en exercice de briguer un troisième mandat, l’Administration Obama, via le département d’Etat, s’est félicitée mercredi 18 février de l’annonce selon laquelle l’élection présidentielle au Congo-Kinshasa est fixée en novembre 2016.

L’hyperpuissance américaine considère les consultations politiques à venir "comme une occasion pour le gouvernement congolais et son peuple de poursuivre la démocratisation du pays grâce à des élections organisées dans les délais et ce qui devrait être la première transition pacifique du pouvoir dans le pays".

Comme pour reconnaître que le "Congo démocratique" n’a pas réussi son entrée dans le petit cercle des nations démocratiques, Washington dit sa disponibilité à aider le pays tout en espérant que le processus électoral à venir permettra à l’ex-Zaïre d’atteindre une réelle libéralisation de la vie politique avant de plaider pour le "dialogue entre toutes les parties prenantes".

De passage à Kinshasa, le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank Walter Steinmeier, a déclaré que les autorités congolaises devraient introduire toute demande de contribution financière au budget électoral à la Commission de l’Union européenne à Bruxelles. 

On rappelle que le coût de ces élections est estimé à 1.145.408.608 $US.

Un "Observatoire" des droits humains

A Bruxelles, l’eurodéputé libéral belge Louis Michel est en passe de prendre la tête d’une "campagne anti-Joseph Kabila" au niveau du Parlement européen. 

L’homme qui louait jadis la "grande capacité d’écoute" du successeur de Mzee a adopté la posture d’un imprécateur. Les violations des droits et libertés, les arrestations arbitraires au Congo-Kinshasa sont devenues ses thèmes de prédilection. 

Dans une récente intervention, il a proposé ni plus ni moins que la mise sur pied d’un « Observatoire » des droits humains pour surveiller l’état des droits et libertés en prévision des élections. Il va sans dire que «Joseph Kabila» est lâché par ses anciens soutiens occidentaux.

Dans la capitale belge, certains milieux diplomatiques restent sceptiques en ce qui concerne "l’engagement ferme et résolu" du chef de l’Etat congolais à jouer le jeu démocratique. 

A tort ou à raison, d’aucuns suspectent le "raïs" d’avoir fait publier le "calendrier électoral global" pour "endormir" la "communauté internationale". 

Et que l’homme et les "durs de son régime" seraient entrain d’échafauder un "plan machiavélique" pour mettre le feu dans certaines parties du pays. But : obtenir le report des scrutins.

Inverser l’ordre des élections

Des observateurs suspectent "Kabila" de continuer de rêver d’un gouvernement de transition avec l’UDPS d’Etienne Tshisekedi wa Mulumba. Le but est d’obtenir le "glissement" des délais constitutionnels.

Il n’est pas exclu que l’Union européenne "conseille" aux autorités congolaises d’engager un "dialogue franc" avec les représentants des forces politiques et sociales. 

Non pas pour parvenir à un partage équitable et équilibré du pouvoir mais plutôt pour trouver un consensus autour de l’idée d’inverser l’ordre des élections dans le sens : présidentielle, législatives, provinciales, sénatoriales, locales.

Dans un communiqué publié lundi 16 février, le chef de la diplomatie belge semble aller dans cette direction. Il y espère que la tenue des élections provinciales, urbaines, municipales et locales n’aura "pas une incidence sur le respect du calendrier des échéances présidentielle et législatives de 2016".

Sur le plan régional, des diplomates occidentaux seront très prochainement dépêchés au Rwanda ainsi qu’en Ouganda, assure une source diplomatique. 

Objectif : inviter les potentats de ces deux pays à s’abstenir de "toute immixtion" dans les affaires congolaises au moment où les ex-Zaïrois s’apprêtent à aller aux urnes.

On rappelle que ce sont des soldats ougandais et rwandais - principalement - qui avaient porté Laurent-Désiré Kabila au pouvoir le 17 mai 1997 sous la bannière de l’AFDL (Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo). 

A travers "Joseph", Kampala et Kigali se sont souvent réjouis de l’existence d’un "pouvoir ami". "La perspective d’un changement de régime à Kinshasa sans Joseph Kabila serait suivie avec appréhension dans ces deux pays voisins, souligne cette source.

Kin-la-rumeur

Sur un plan congolo-congolais, le mutisme du "raïs" provoque des supputations sur le patronyme du futur "dauphin" appelé à défendre les couleurs de la mouvance kabiliste à l’élection présidentielle. 

Deux noms sont cités sans que l’un prenne un avantage décisif sur l’autre. Il s’agit d’Aubin Minaku (président de l’Assemblée nationale et secrétaire exécutif de la majorité présidentielle) et l’actuel "Premier" Augustin Matata. 

En attendant, "Joseph Kabila" fait retarder la désignation de "son" candidat à la présidentielle de peur que la "Majorité présidentielle" se vide à l’image du MPR-Parti Etat au lendemain du discours du 24 avril 1990.

Notons que l’absence du président da la Céni lors de la publication du calendrier électoral global est au centre de toutes les rumeurs. 

"Apollinaire Malumalu a été opéré dans un hôpital de Johannesburg", entend-on dire. D’aucuns n’hésitent pas de parler d’empoisonnement. Il semble que le député national PPRD Francis Kalombo aurait subi une seconde intervention chirurgicale à Paris. 

Selon des sources bien informées, l’homme serait à Kin. Décidément, qui croire? Moralité : la rumeur n’existe que là où la "bonne information" est bâillonnée.

Les semaines et mois à venir seront riches en rebondissement dans le nouveau bras de fer Louis Michel-"Joseph Kabila". 

L'Ancien chef de la diplomate belge et commissaire européen, "Papa Michel" détiendrait, dit-on, un important carnet d’adresses.... 
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Baudouin Amba Wetshi
© Congoindépendant

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