mardi 3 février 2015

Peuple congolais : Ne quittez pas la rue !

02 Février 2015



Au constat des massacres qui sont perpétrés depuis le lundi 19 janvier 2015, dans la ville de Kinshasa, engagés par la police nationale, accompagnée d’éléments étrangers en son sein, et poursuivis par des chars de combat, comme si le peuple congolais était en guerre déclarée avec le pouvoir en place, la preuve est dorénavant faite que, au Congo Kinshasa, la source, l’épicentre de tous les maux que vit la jeune nation, est bien Joseph Kabila. 

Car, on ne peut nier l’évidence, que ce dernier s’est lancé dans une situation d’illégitimité, par la mise en place simulée d’un « état d’urgence », et par suite, en ordonnant, partout où il en a eu l’occasion, de massacrer ouvertement, et à sa guise, des Congolais! 

Sans pourtant en rendre compte à qui que ce soit. La justice du pays, et le Parlement demeurent donc des institutions considérées comme acquises à la cause du dictateur.

Et pour en arriver à ses fins, cette fois, ce dernier a cru devoir recourir à des moyens de raccourci dont notamment : la distribution de dessous de table, singulièrement la corruption massive des Députés de sa propre obédience, l’intimidation, les menaces et les arrestations d’opposants politiques, le massacre de la population par sa police et sa garde rapprochée (la garde républicaine) ainsi que par des mercenaires venus du Rwanda, de l’Ouganda et de la Tanzanie). 

Après cinq jours d’affrontement avec la population non armée, le bilan des victimes, sans compter les blessés, dépasserait 45 morts, selon les chiffres avancés par les Organisations des Droits de l’Homme à Kinshasa.

Manifestement, Joseph Kabila a franchi la ligne rouge, une fois de plus. Et si le Congo Kinshasa était comparable au Burkina Faso, où Blaise Compaoré a été prié de vider le fauteuil présidentiel au bout d’une semaine, et après avoir fait sept morts, Joseph Kabila, face au nombre élevé de tués par balles réelles, devrait, aujourd’hui, être en train, enfin, d’être conduit « manu militari » à la Cour Pénale Internationale à la Haye pour crime contre l’humanité et génocide !

Ce qui démontre à suffisance que la guerre imposée au Congo et à son peuple, sous la direction de l’Alliance des Forces Démocratiques de Libération du Congo, en sigle l’AFDL, un certain 17 Mai 1997, par une maffia internationale était essentiellement de type ethnique ! 

C’est-à-dire que cette maffia internationale à la disparition politique et physique de Mobutu Sese Seko, avait donné mandat, aux Tutsi Rwandais, d’exterminer la race bantoue sur ses propres terres, en République Démocratique du Congo. 

Car, comment avons-nous pu accepter James Kabarebe comme chef d’Etat- Major de notre armée nationale ? 

Ce dernier ne s’était-t-il pas imprégné suffisamment des secrets de notre souveraineté ? 

N’est-il pas devenu, par la suite, Chef d’Etat- Major et Ministre de la Défense, après sa volte-face éclair dans son Rwanda natal ?

Malheureusement, le Congo est un pays aux enjeux à la fois planétaires et stratégiques, et de ce fait, est différent du Burkina-Faso et de tant d’autres pays du continent d’Afrique noire, au Sud du Sahara. 

D’où peut-être le silence assourdissant de la Communauté Internationale et des Grandes capitales occidentales ! Alors que la population de Kinshasa, de Goma et d’autres villes du pays sont fauchées par les balles de « A K 47 » pour avoir simplement demandé le retrait d’un article de la loi électorale jugé scélérate, ambigüe et donc inopportune.

In fine, combien de morts faudra-t-il encore par les mains du pouvoir d’occupation pour que Paris, Londres, Bruxelles, Berlin et Washington disent « Stop » à Joseph Kabila et lui indiquent le chemin de « sortie » ?

En attendant, face à la médiocrité de la classe politique congolaise, dont l’esprit reste enfermé dans un obscurantisme déroutant, la population martyre du Congo Kinshasa ne pourra compter désormais que sur elle-même, et sur son héroïsme pour braver les canons des fusils et des chars d’assaut braqué sur elle.

En réalité, jusqu’à présent, les Députés congolais, à quelques exceptions près, ont brillé par une absence incompréhensible. Ces Députés et Ministres sont au pouvoir et pourtant même pas pour un idéal, ni même pour consolider la démocratie, mais plutôt, et très simplement pour préserver les privilèges acquis.

Aux dernières nouvelles, le Sénat congolais vient pourtant de réserver une énorme surprise, en bloquant le projet de loi controversé, déposé par Evariste Boshab, Vice-Premier Ministre chargé de l’Intérieur ! 

Et, le premier à monter au créneau, pour attaquer le texte sacrilège, n’est autre que le Président du Sénat, Léon Kengo wa Dondo lui-même. C’est une grande première ! 

On se serait cru revenu en Septembre 1960 lorsque deux Institutions, à savoir la Présidence et le Gouvernement entrèrent en collision l’une contre l’autre avec pour issue fatale un coup d’Etat militaire qui mit hors-jeu et le Président Joseph Kasa-Vubu et son Premier Ministre Patrice Emery Lumumba.

Mais, c’est ici que s’arrête la comparaison entre les événements d’aujourd’hui, et ceux d’il y a 54 ans. 

C’est autant dire que la crise congolaise qui vient de rebondir en janvier 2015 comporte une dimension fondamentalement différente, parce que, contrairement à 1960, le pays vit sous un régime d’occupation militaire, et que plus de 50 armées étrangères ont, soit foulé le sol congolais, soit y opèrent encore depuis septembre 1997. 

En effet, des officiers rwandais sont placés à la tête des circonscriptions militaires afin de mieux contrôler les mouvements de troupes issues de la communauté congolaise !

Bref, au somment de l’Etat trône Joseph Kabila, un transfuge de l’AFDL et de la rébellion des Forces Patriotiques Rwandaises. Ce dernier dicte et impose sa loi à la Nation face à quelques braves Congolais qui soutiennent ce régime sanguinaire, par leur instinct de survie.

Il est triste de constater que depuis maintenant 14 ans, Joseph Kabila n’a jamais respecté sa signature, ni sa parole, et encore moins ses engagements. 

Et ceci parce qu’il répond à une certaine autre logique, celle de l’occupation du territoire et de la domination du peuple congolais, qu’il tente d’abrutir, par l’organisation, au nom de la démocratie, d’élections de façade, fondamentalement viciées, en dépit de la volonté populaire. 

Fallait-il, en dépit de cette réalité contraindre le peuple congolais à participer aux échéances électorales, à définir entre 2015 et 2016 ? La question reste ouverte ! 

Personnellement, je milite, face aux incertitudes, pour la mise en place d’un gouvernement de transition. Ce gouvernement se chargerait d’assainir d’abord l’environnement politique afin d’insuffler une dynamique nouvelle, gage essentiel de la stabilité du pays. 

C’est ainsi qu’il sera assigné à ce gouvernement la lourde tâche de constituer une armée et une police nouvelles composées des fils et des filles congolais de souche pour restaurer la sécurité et l’intégrité du territoire.

A l’évidence cette fois, pour éviter la « somalisation » du Congo, je demande au peuple congolais de réfléchir au chemin que chacun peut emprunter pour choisir et réussir sa vie. 

Il ne faut surtout pas compter sur les vendeurs d’illusions, ceux de nos compatriotes qui sont les piliers et les véritables collaborateurs de Joseph Kabila et qui ont consolidé, à quelque titre que ce soit, ce pouvoir d’occupation et de répression barbare contre notre peuple, et qui doivent être bannis, et sanctionnés par la future loi d’indignité nationale.

Plus nombreux seront ceux qui ne se résignent pas, plus profonde sera la démocratie, et plus vite seront libérées les énergies et plus vite seront créées des richesses !

Où que vous soyez, qui que vous soyez, agissez comme si rien ne vous était impossible.

Ayez le courage d’agir !

Prenez le pouvoir sur votre vie ! C’est ainsi que je vous exhorte : Peuple congolais, ne quittez pas la rue ! Prenez le destin de votre pays en mains, en chassant ces occupants qui massacrent les Congolais sous vos yeux, et hypothèquent l’avenir de toute la nation !

Un seul mot d’ordre : « ça suffit, et plus jamais ça ! »

Joseph Kabila, il serait intelligent « d’accepter » de partir !
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Bamba-di-Lelo
Docteur en Sciences Politiques de l’UCL
Analyste des questions politiques du Congo
Email : jbadil@hotmail.be
© Congoindépendant

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