dimanche 10 mai 2015

Le passage de l'élection présidentielle à un tour unique en 2011 freine l'alternance politique en RDC

15 avr 2015

Un parti politique plaide pour le rétablissement du scrutin à deux tours et lance une pétition


Joseph Kabila avait ramené l’élection présidentielle de deux à un seul tour en février 2011, neuf mois avant sa réélection contestée de novembre © Ch. Rigaud – Afrikarabia

Et si l’on modifiait la Constitution ? L’initiative ne vient pas de la Majorité présidentielle pour accorder un troisième mandat au président Joseph Kabila, mais bien d’un mouvement d’opposition qui souhaite le rétablissement de l’élection présidentielle à deux tours. 


Une pétition a été mis en ligne le 4 avril par le CRID (Convention pour la République, les Institutions et le Dévoloppement), un parti politique présidé par Hamuli Réty, un avocat à l’origine du projet de Tribunal pénal international pour le Congo. 

Selon lui, contrairement à ce que disent les autres partis d’opposition « il faut bien toucher à la Constitution et à l’article 71 pour imposer un scrutin à deux tours lors de la prochaine présidentielle », prévue fin 2016. 

En février 2011, soit 9 mois avant les élections générales de novembre, les députés et sénateurs de la majorité présidentielle avaient modifié l’article 71 et ramené cette élection de deux à un seul tour. Un tour de passe-passe constitutionnel qui laisse désormais peu de chance à une opposition divisée d’être élue. 

En effet, seul le candidat arrivé en tête au premier tour est élu, empêchant toute alliance et ralliement de second tour.

Un président « moins légitime » 



Maître Hamuli Réty, président du CRID © Ch. Rigaud – Afrikarabia

Hamuly Réty remarque que le scrutin unique à un seul tour « a fortement entamé la légitimité d’un président mal élu en 2011 ». « Le Congo ne peut plus se permettre une nouvelle crise post-électorale » plaide maître Réty depuis Paris. 


Il faut dire que le scrutin chaotique de 2011 avait été entaché de nombreuses irrégularités et de fraudes massives. « Les contestations sur la légitimité occupent la quasi totalité du mandat. 

Le gouvernement est devenu l’annexe des institutions financières internationales s’il ne s’exerce à la censure publique. Le bilan sécuritaire est catastrophique. On compte en quatre ans, plus de morts qu’en trente années de dictature – la justice répressive quant à elle, guette les politiquement indociles ». 

Pour cet avocat, « le maintien du scrutin à tour unique pour 2016 ne pourra qu’exacerber ce malaise ».

Que fait l’opposition ?

Nombreux sont les observateurs des élections de 2011 à regretter la présidentielle à deux tours. Son retour permettrait d’exprimer la pluralité des partis et des programmes politiques, alors que le scrutin à tour unique privilégie la majorité en place qui peut alors compter sur les multiples candidatures de l’opposition pour s’imposer. 


Hamuli Réty déplore que les principaux partis d’opposition ne se soient pas emparés du sujet qui empêche toute alternance politique à la tête de l’Etat. 

Pour le président du CRID, cela s’explique d’une part par la certitude et un certain aveuglement d’Etienne Tshisekedi d’être sûr de l’emporter en 2011 « avec deux ou un seul tour ». 

Enfin, chacun des leaders de l’opposition espère pouvoir rallier les autres opposants sous sa bannière pour devenir « le candidat unique de l’opposition » . 

Bien sûr, aucun ne s’est désisté pour l’instant en faveur d’un autre candidat… pensant être « l’opposant n°1 ». Il est donc fort à parier qu’il y aura plusieurs candidats de l’opposition à la prochaine présidentielle. Et avec un seul tour, la Majorité n’aura qu’à s’entendre sur un seul nom pour l’emporter.

100.000 signatures

Pour parvenir à ses fins, Hamuli Réty s’appuie sur l’article 218-4 de la Constitution congolaise qui autorise la révision constitutionnelle à l’initiative des citoyens, « à la seule condition de justifier 100.000 signatures adressées au président de l’une des Chambres par voie de pétition ». 


Mais la route est encore longue pour cet agitateur d’idées. Une semaine après son lancement la pétition pour le rétablissement de la présidentielle à deux tours, seules 20 personnes avaient apposées leurs signatures. 

Mais Hamuli Réty a de la ressource : pour la création d’un Tribunal pénal pour le Congo, l’initiative avait attiré plus de 50.000 signataires. La pétition est accessible sur cette page.
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Christophe RIGAUD

Afrikarabia

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