vendredi 29 mai 2015

Politiciens congolais : Etes-vous des éternels naïfs ?


A ma connaissance, le naïf n’est pas celui qui croit trop facilement ce qu’on lui dit, mais celui qui croit trop facilement ce qu’il dit lui-même. Cette pensée si compréhensible, ne devrait, à mon humble avis, ne souffrir aucune ambiguïté. 


Malheureusement, certains acteurs politiques congolais, sont d’une naïveté maladive, qui laisse transparaître chez eux, l’opportunisme, pourtant tellement nuisible à la société.

Il suffit que Joseph Kabila tousse et/ou propose un dialogue pour que les hommes politiques congolais le croient et prennent pour parole d’évangile ce que dit le « Chef ». 


On feint de croire que la politique est simplement une science, alors qu’elle est aussi un art de gouverner un Etat ! 

La science politique étudie les principes des relations entre les gouvernants et les gouvernés dans un environnement territorial donné : dans la RDC, par exemple.

Malencontreusement, toutes les théories professées en cette matière se meuvent entre deux extrêmes. Les uns, notamment Joseph Kabila, et les caciques de son régime exaltent à outrance l’idée de l’Etat, et lui confèrent tous les droits, lui constituent une personnalité indépendante de l’humain et vont jusqu’à disposer de la vie ou de la mort de leurs concitoyens. Bref, ils mettent un intrus à la tête de l’Etat congolais. 


Il est venu de nulle part, incapable de distinguer le principe de l’autorité de l’Etat qu’il représente et, dans la suite, quelle est la limite de ce pouvoir. 

Par ricochet, il ignore totalement, en dépit de ses 14 ans de règne, la limite de ses droits et la mesure des devoirs individuels.

En restauration de cet hiatus, les hommes politiques congolais devraient chacun, faire son autocritique culturelle, pour se fixer une ligne de départ qui devrait permettre, d’anticiper sur les événements et non de les subir. In fine, de défendre la justice et la vérité, c’est-à-dire les principes qui conditionnent « le mieux vivre ensemble ».

Actuellement, pourtant, certains hommes politiques congolais font semblant de voir, mais ils ne voient pas. Ils sont devenus des parfaits robots, des bénis « oui-oui » qui acquiescent à toute décision du « Raïs », même si celle-ci va à l’encontre du souhait de la majorité des Congolais, sérieusement angoissés. 


C’est le cas, aggravé et tout récent de l’initiative étonnante, prise par Joseph Kabila, d’organiser un dialogue avec certains partis politiques de l’opposition, pour, prétend-il, assainir l’environnement politique en ébullition et d’envisager, par cette suite, une nouvelle transition de 3 ans pour le Congo, dans laquelle tous les opportunistes et assoiffés du pouvoir, se retrouveraient, avec à leur tête, Joseph Kabila, comme titulaire d’un 3ème mandat de Présidence de la République !

Ainsi en dépit de l’interdit le frappant, il en profiterait pour postuler et s’imposer à un 3ème mandat, malgré les prescrits de la Constitution qui, ainsi, perdrait toute raison d’existence. 


Et les acteurs qui auront accepté d’organiser ce prétendu dialogue n’auront plus que leurs yeux pour pleurer. Kalev Mutond, administrateur général de l’Agence nationale de renseignements (ANR), la police politique de Joseph Kabila fut nommé par ce dernier pour entamer des pourparlers entre les leaders des partis politiques et les membres de l’opposition afin de convenir de manière consensuelle, à la gestion collégiale de la nouvelle direction du pays.

Par naïveté congénitale, il nous est rapporté, certes, que plusieurs hommes politiques, apparemment opposants, accepteraient peut-être de se noyer dans une prétendue convention avec les membres en place d’un pouvoir criminel et certains membres de la même bande, corrompus par la promesse de certains postes ministériels par Kabila. 


Personne, dans cette bouillabaisse, ne veut rater l’occasion de gagner beaucoup d’argent. Ils se bousculent donc pour se refaire la garde robe, d’où la nécessité pour eux, d’obtenir par tous les moyens, l’allégeance de ce pouvoir criminel, pourtant largement décrié, par la majorité du peuple congolais, qui veulent, en réalité se débarrasser de Joseph Kabila et de son gouvernement, le 19 décembre 2016, à minuit, afin que le cauchemar politique disparaisse pour toujours dans notre subconscient collectif. 

Ce qui signifie, en clair, qu’à cette date ultime, Kabila cesse d’être président du Congo et que son gouvernement est, comme lui, en obligation de quitter les lieux sous peine d’être poursuivi pour violation de la Constitution. 

Bref, il ne peut donc pas être question de faire un dialogue quelconque avec Joseph Kabila maintenant, pour autant, que ce dernier soit à la recherche permanente d’oxygène pour sa survie politique.

Il est dommage que devant l’argent, les politiciens congolais deviennent nuls, oubliant que la politique est avant tout, une affaire d’idéal et de dignité au service d’une nation.

Par exemple, l’épouvantable tragédie autour de la fosse commune de Maluku, la mort aux circonstances non-élucidées à ce jour, de nos vaillants et illustres concitoyens, Floribert Chebeya, Fidèle Bazana, Armand Tungulu, colonel Mamadou Ndala, général Lucien Bahuma,…. et consorts, est déjà oublié et renvoyé aux calendes grecques au détriment de ce que devait être leur vocation politique.

Eugène Diomi Ndongala, Jean-Bertrand Ewanga, Eddy Kapend, Georges Leta Mangasa et tant d’autres compatriotes innocents, qui croupissent inutilement en prison, privés pendant plusieurs années déjà, de l’affection des membres de leurs familles, et ce par la volonté d’un seul homme, qui, en contre partie, n’a jamais été bousculé par une classe politique agissante au service de ses électeurs et d’une justice véritablement indépendante et libre. C’est bien triste de supporter une telle barbarie en plein 21ème siècle.

Heureusement, la diaspora congolaise, éparpillée à travers le monde, veille au grain ; elle menace, elle dénonce, elle agit. Elle tente de prouver, à la face du monde, que les Congolais ne sont pas de perpétuels naïfs !

Cette communauté, composée de grands intellectuels et de commis de l’Etat, est prête à regagner sa mère patrie, pour sauver cette population congolaise, notamment celle de Béni-Butembo, au Nord Kivu, en danger d’être décimée !
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Bamba-di-Lelo
Docteur en Sciences Politiques de l’UCL
Analyste des Questions politiques du Congo
E.mail : jbadil@hotmail.be

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