lundi 25 juillet 2011

COTE D'IVOIRE: Scène de désolation à Cocody, à Abidjan



Déguerpissement des baraques à Cocody
Après avoir contraint des milliers d’étudiants à quitter les résidences universitaires, sans leur avoir accordé un temps raisonnable pour ramasser leurs affaires, au demain de la chute de Laurent Gbagbo, le gouvernement du Président Alassane a encore fait des mécontents en début de semaine dernière.

Depuis mardi, des bulldozers procèdent à des destructions de bâtiments dans le périmètre de l’université d’Abidjan-Cocody, sous la supervision d’Ibrahim Cissé Bacongo, ministre ivoirien chargé de l’Enseignement supérieur. L’espace commercial situé en face de l’ENSEA, du côté de l’école de police, a été déblayé, après le déguerpissent manu-militari des étudiants de l’UNESCI du local de l’ex-MEECI.

Les larmes et supplications des propriétaires de magasins, d’appareils de traitement de textes et autres, n’ont pas ému le ministre. Comme à l’occasion du déguerpissement des étudiants des cités universitaires, le 21 avril 2011, les absents ont eu tort. Tous les bâtiments ont été rasés par les bulldozers, détruisant tout ce qu’ils contiennent : photocopieuses, matériel informatiques,…, des biens acquis au prix de mille sacrifices. Même la clôture du stade de l’université n’a pas échappé à la destruction, mettant à découvert le terrain, cadre où des personnalités ivoiriennes se livrent à des exercices physiques chaque soir et les matins, pendant les week-ends.

Après ces deux endroits, les constructions situées à la périphérie du campus ont fait les frais de la décision gouvernementale. Ce sont des personnes meurtries que nous avons rencontrées dimanche. Aucun bâtiment n’est débout à Wassa, derrière le Forum, plus grand amphithéâtre de l’université. Appareils électroménagers, vêtements, ustensiles de cuisine, chaises, etc., tout est mis à découvert dans un décor de ″fin du monde″. Désespoir, désolation, et parfois larmes, se lisent sur les visages.

Assis à même le sol ou débout, les déguerpis ne savent pas quoi faire. Au milieu du vacarme et des gravas, une dame fait la cuisine au vu et au su de tous, vraisemblablement pour nourrir ses enfants. Certains ne manquent pas de récriminations contre le nouveau pouvoir : « On regrette Laurent Gbagbo ! », « C’est cela Ado Solutions ? », « Où devons-nous partir ? ». Pendant ce temps, le bulldozer continue sa manœuvre vers Blingué, un quartier contigu.

Les habitants disent tous la même chose : ne pas avoir reçu une mise en demeure de la part des autorités. C’est vers 5h du matin qu’ils ont été surpris par le bruit des machines venues détruire leurs maisons. Aucun recensement préalable de la population habitant dans ces zones, aucune mesure d’accompagnement. Un manque de considération qui ne laisse pas entrevoir une réparation du préjudice subi, une indemnisation. Pourtant que de biens détruits !

Même opération et même scène d’apocalypse à Chu-village, un autre bidonville en contrebas du CHU, où hier dimanche, les engins continuaient leurs démolitions. Interrogé sur cette façon de déguerpir, Cissé Ibrahim Bacongo s’est montré peu bavard, non sans balbutiements quant au sort des étudiants et de ces personnes.

Jusqu’à ce jour, les travaux de réhabilitation des résidences universitaires n’ont pas significativement commencé. C’était pourtant l’argument ayant présidé la mise à la rue forcée des étudiants, alors que les combats se poursuivaient à Abidjan. En plus, les bourses qui devaient les soulager n’ont pas été payées.

Des étudiants se demandent même si elles seront payées cette année. Si tel n’est pas le cas, ce serait une injustice pour ceux restés au pays, par rapport à ceux qui étudient paisiblement à l’étranger. Ils auront perdu triplement : fermeture des universités et année blanche.

Lilian Kesthelot, Koacinaute actif

source : Koaci.com

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