C’est une population totalement sous le choc que nous avons rencontrée le dimanche 24 juillet 2011 à Nakiahio, village situé à 04 Km de la sous-préfecture de Nahio dans le département de Saïoua, après la descente musclée des éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) basées à Saïoua. Le décor que nous avons trouvé est intenable, et les quelques habitants qui sont revenus de leur fuite dans la broussaille, affichaient encore des visages de personnes traumatisées. Des coups de feu étaient encore audibles, des maisons ont été pillées, des objets de valeur, nous a t-on dit, ont été emportés et de nombreux blessés laissés par ces éléments des Frci, étaient aussi perceptibles. Même le chef de village, Digbéti Zézé Félix, n’a pas échappé à la furia des hommes en armes. Expliquant ces moments douloureux, ce chef, visiblement mal en point, a fait savoir que tout a commencé le mercredi 20 juillet 2011, aux environs de 20h, où le chef des dozos (chasseur traditionnels) de Nakiahio, Soro N’golo Coulibaly, est venu le voir avec deux convocations qui portaient le même nom, à savoir Gbohou Mabé. Ne le connaissant pas, il lui a dit qu’il ne faisait pas partie de ses administrés. Le lendemain matin, le chef Digbéti est allé voir à son tour le chef dozo pour en savoir davantage sur cette affaire. Soro N’golo Coulibaly lui a dit que la convocation en question émanait du secrétaire des Frci, mais que ce dernier l’a appelé vers 21h pour lui dire qu’effectivement, il s’était trompé sur le nom, et qu`il fallait plutôt dissocier Gbohou et Mabé. Il a ensuite expliqué au chef que les deux personnes convoquées avaient injurié des dozos de passage. C’est pourquoi les chasseurs traditionnels sont allés porter plainte auprès des Frci de Tézié (village situé à 8 Km de Nahio). Le chef Digbéti dit avoir plaidé pour ne pas impliquer les Frci dans l`affaire, et qu`il fallait plutôt adresser les convocations aux parents des deux mis en cause. « J`ai suggéré que ce problème se règle en famille comme nous en avons l’habitude au village et qu’ensemble nous donnions des conseils aux enfants afin que la cohésion sociale soit », a déclaré M. Digbéti. Mais il était trop tard, car selon le chef des dozos, l’affaire était déjà aux mains des Frci de Tézié puis de Saïoua. Le chef Digbéti tenait cependant à régler ce problème à l’amiable. Aussi ce même jeudi 21 juillet 2011, lui et quelques sages du village ont-ils entretenu les jeunes du village. Après la rencontre, il a fait appel au chef des dozos du village, qui lui a répondu au téléphone qu’il était occupé dans un autre village à recevoir un parent. Malgré son insistance, Soro N’golo Coulibaly n’est pas venu. Et c’est dans la nuit de ce jeudi que 02 éléments des Frci sont arrivés dans le village pour chercher les dénommés Gbohou et Mabé. Informé, le chef s’est précipité sur les lieux. Il parviendra à convaincre les hommes en armes qu`il trouverait une solution à l’amiable. Des soldats Frci prennent la fuite Mais, comme s`ils voulaient absolument agir dans ce village, ces éléments Frci sont revenus le vendredi 22 juillet, cette fois à trois pour selon eux prendre le président des jeunes, Kagohi Boko Abel. Ce dernier serait à l`origine de l’insubordination des jeunes du village aux éléments des Frci. Les jeunes qu`ils ont trouvé sur place ont opposé un refus catégorique. Ils ont plutôt exigé que le chef soit informé. Pendant les échanges, nous a-t-on dit, les Frci ont voulu intimider les jeunes, face à leur détermination à défendre leur cause. Une détonation s’en est suivie. Un des leurs, du nom de Lokpo Djadjié, est tombé. Les jeunes en nombre élevé, pris de colère, ont engagé une lutte avec les éléments des Frci qu’ils ont désarmés. Un des soldats a été pris en otage et deux armes ont été saisies. Quant aux autres, ils ont pris la fuite, pour appeller du renfort. « Les minutes qui ont suivi, un minicar chargé d`éléments Frci a fait son entrée dans le village. Sans explication, ces soldats se sont mis à bastonner les populations sur leur passage. Il y a eu sur le champ 13 blessés graves. Moi-même le chef du village, je n’ai pas été épargné », explique-t-il. A la suite du chef de village, une victime, dame D.B qui dit avoir accueilli les Frci avec tous les honneurs dès leur arrivée dans le village, ne décolère pas. « Quand la crise a éclaté et que les Frci sont entrées dans le village, c’est mon mari et moi qui leur faisions de la nourriture. On les recevait ici mais en retour, quand l’affaire a éclaté, ils ne nous ont même pas épargnés. L’or que j’avais, l`argent, 1 million de Frs CFA que nous a expédié notre fils pour les soins de son père, ont été emportés. Ainsi qu`une moto et bien d’autres objets de valeurs », a-t-elle expliqué en pleurs. Pour en savoir davantage, nous avons joint le commandant Dosso des Frci de Saïoua. Ce dernier nous a indiqué qu`il était en mission et qu`il nous rappellerait à son retour. Avant que nous ne quittions le village, sur 13 villageois en détention à Saïoua, 7 ont été libérés et 06 autres encore aux mains des Frci. Venance Kokora envoyé spécial à Nakiahio (Saïoua) |
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mardi 26 juillet 2011
Expédition punitive des FRCI à Nakiahio (SAIOUA) : Le chef de village et des populations bastonnés
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