Les assassinats politiques sont manifestement difficiles voire impossibles à maquiller. Alassane Ouattara, le nouvel homme fort de la République de Côte d’Ivoire est en train de l’apprendre à ses dépens.
Dans l’euphorie de la victoire militaire de l’armée française sur l’armée ivoirienne pour l’installer au pouvoir, les Forces républicaines (sic !) de Côte d’Ivoire (FRCI), en arrière plan, ont lâchement assassiné Désiré Tagro, secrétaire général de la Présidence, ex-ministre de l’Intérieur dans le gouvernement d’union nationale sorti de l’Accord politique de Ouagadougou, colonel-major Ahouman Nathanaël, commandant du Groupement de sécurité présidentielle (GSPR), et le sergent-chef Coulibaly Ibrahim dit IB, membre-fondateur de la rébellion armée du 19 septembre 2002 et patron du commando (armée) invisible d’Abobo, à la solde de Alassane Ouattara.
Pour tous ces morts, le président Ouattara et ses fidèles ont répondu (officiellement) pour Désiré Tagro qu’il y aura une enquête pour déterminer les circonstances de sa mort. Officieusement, au Golf hôtel où Ouattara a établi son QG, il se raconte sans pudeur aucune que Désiré Tagro s’est suicidé.
Pour Ahouman Nathanaël, ce sont les «mercenaires libériens de Gbagbo dans leur fuite» qui l’ont tué après son arrestation dans son village de Liboli, dans le département de Grand Lahou (sur le littoral, à 127km d’Abidjan) par les FRCI de Ouattara.
Pour ce qui est de Coulibaly Ibrahim, celui-là même qui fut par ailleurs, garde du corps d’Alassane Ouattara quand il était Premier ministre (1990-1993) et qui a conduit le coup d’Etat du 24 décembre 1999 qui a vu le départ de Bédié du pouvoir très fortement opposé à Ouattara à l’époque, il a été tué le mercredi 27 avril lors des «affrontements» entre les FRCI et le «commando invisible».
En somme, Ouattara et ses hommes n’ont rien à voir avec toutes ces morts. Pour eux, si on doit trouver un responsable, c’est Laurent Gbagbo. Pourtant la réalité sur ces morts est tout autre.
Scanner sur les assassinats des FRCI
Quand on prend le cas Désiré Tagro qui a été complètement défiguré car battu, des vidéos qui le prouvent abondent et montrent le collaborateur du président Laurent Gbagbo totalement transfiguré avec une mâchoire en lambeau.
Selon le site de la radio française Europe1, dans sa diffusion du 12 avril, c’est-à dire au lendemain du renversement du président Laurent Gbagbo par les forces françaises à sa résidence, Désiré Tagro, «est mort tabassé».
Mieux, le site développe pour expliquer que Désiré Tagro qui se trouvait avec le président Gbagbo au moment de l’attaque a été «(…) Légèrement blessé lors de l’assaut. Il aurait été très violemment tabassé après son transfert à l’Hôtel du Golf par des membres des Forces républicaines d’Alassane Ouattara qui l’auraient ensuite achevé d’une balle dans la poitrine.
Cet ancien magistrat aurait ensuite été transporté à la clinique de Pisam à Cocody, où son décès a finalement été constaté mardi matin. Son corps se trouvait toujours mercredi matin à la morgue».
Cette information que le site a qualifiée d’information Europe 1, c’est-à-dire une information exclusive et de première main obtenue par la radio, révèle donc que le secrétaire général de la Présidence ne s’est jamais suicidé.
Comme veut le faire croire malencontreusement le clan Ouattara. Il a bel et bien été assassiné de sang froid. Pourtant, selon plusieurs témoignages, Tagro est sorti de la résidence, un mouchoir blanc en main, signe d’une abdication pour entrevoir la paix au regard des conventions internationales.
C’est dire qu’il ne devait plus être brutalisé selon les règles de la guerre et donc être protégé par l’armée française qui l’a plutôt remis aux forces de Ouattara après sa capture. Et voilà que ivres de haine, ces forces ont froidement abattu Désiré Tagro.
Le scénario est identique pour le colonel-major Ahouman Nathanaël, commandant du Groupement de sécurité présidentielle (GSPR). Après que le président Laurent Gbagbo lui a demandé ainsi qu’à l’ensemble de l’armée ivoirienne, d’arrêter la belligérance, le colonel-major Ahouman a préféré se retirer dans son village de Liboli, à Grand Lahou.
C’est dans ce village qu’il a été pris et abattu le mercredi 4 mai dernier par des éléments des FRCI, selon plusieurs témoignages concordants de personnes sur place. Car la version officielle servie par les FRCI et reprise par le préfet du département dans Soir Info du 12 mai dernier ne saurait convaincre.
«Lorsque la crise a éclaté, cet officier s’est retranché dans son village à Liboli. Ce mercredi, comme par pure coïncidence, les FRCI, sur ordre de leur supérieur hiérarchique, devaient le conduire à Abidjan, précisément au Golf Hôtel. Il n’était nullement inquiété d’autant que sa vie n’était pas du tout menacée. Personne n’avait exercé une quelconque violence sur sa personne.
Revenant de ce village, le véhicule qui le transportait et à bord duquel se trouvaient d’autres éléments des FRCI tombe dans une embuscade tendue par les mercenaires, au niveau de la station, non loin du corridor où des combats intenses avaient lieu. Le véhicule est pilonné à la roquette, tuant presque tous les occupants y compris le colonel Ahouman.
Sa mort a plongé la population dans l’émoi», a soutenu le préfet. Il parle d’embuscade tendue au niveau de la station alors qu’il affirme dans le même temps que des combats «intenses» se déroulaient au corridor qui est non loin de la station.
C’est impossible que des militaires qui savent qu’il y a des combats dans une localité (car les combats intenses à l’arme lourde font forcément des bruits intenses et assourdissants) s’y aventurent sans aucune précaution.
Considérant que les éléments des FRCI en question sont sensés- instinct de conservation oblige- ils ne peuvent pas foncer comme des moutons là où il y a des combats intenses au risque de se faire liquider comme l’affirme le préfet.
Non, le Colonel-major n’a pas été tué dans des combats entre les FRCI et un imaginaire groupe de mercenaires. Il a été assassiné froidement.
Des crimes qui risquent de plonger Ouattara
Que dire du cas du sergent-chef Coulibaly Ibrahim dit IB ? Selon le capitaine Allah Kouakou Léon, porte-parole du ministre de la Défense Guillaume Soro, IB avait pris en otage une famille dans une cour où il s’était réfugié avec ses hommes.
Repéré par les FRCI qui ont procédé à des tirs de sommation à deux reprises pour qu’ils se rendent, IB et ses hommes ont réagi par des tirs nourris. «Les FRCI n’ont eu d’autre choix que de riposter, et la riposte lui a été fatale», a-t-il soutenu dans un communiqué lu sur TCI, le mercredi 27 avril vers 22h. Voilà la version du clan Ouattara.
Pourtant, à l’analyse de la photo du corps d’IB rendue publique le lendemain de sa mort par les journaux pro-Ouattara, on constate que «le beau gosse qu’était IB est méconnaissable». Il a, en effet, sur la photo, le visage complètement tuméfié. Comme quelqu’un qui a été d’abord capturé et ensuite bastonné violemment comme Désiré Tagro et enfin mis à mort.
Cette thèse est d’autant fondée que ce mercredi 27 avril, une dépêche de l’AFP tombée vers 16h, affirme que IB a été arrêté. Et c’est deux heures plus tard qu’une autre dépêche est venue infirmer la première information. On s’aperçoit là qu’il y a de la manipulation de l’information par ceux qui l’ont donnée à l’AFP.
Finalement, vers 22h, le capitaine Allah annonce qu’IB a été tué dans des affrontements qui ont eu lieu selon lui, vers 20h. Pourtant, depuis 17h, un confrère d’un journal pro-Ouattara nous a affirmé qu’IB a été tué et sa base d’Abobo PK18 contrôlée par les FRCI.
Cette information circulait déjà vers 18h dans les milieux des éléments FRCI présents dans toutes les rues d’Abidjan. Comme s’ils célébraient leur victoire sur leur ennemi juré.
Voilà les faits et la vérité que Ouattara et ses hommes tentent vainement de cacher aux Ivoiriens. Cette purge qui a commencé avec Tagro Désiré se poursuit malheureusement dans les quartiers, les villes et villages supposés favorables au président Laurent Gbagbo malgré la prestation de serment, l’investiture de celui pour qui la France a fait une guerre meurtrière et dévastatrice aux fils et filles de ce pays et la mise sur pied d’un gouvernement.
Mais, analyse Europe1, ces crimes risquent fort bien de fragiliser le pouvoir Ouattara.
Coulibaly Zié Oumar
Source: Notre voie
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