dimanche 10 juillet 2011

Renvoi d’Habré au Tchad : l’ONU appelle le Sénégal à revoir sa décision

 
L'ex-président tchadien Hissène Habré quitte le tribunal de Dakar escorté par des gardes, le 25 novembre 2005 ©AFP
GENEVE (AFP) - (AFP)

La Haut commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Navi Pillay, a "exhorté" dimanche le Sénégal à "revoir sa décision" de renvoyer l’ex-président tchadien Hissène Habré dans son pays, prévenant que cette extradition pourrait constituer "une violation du droit international".

"J’exhorte le gouvernement du Sénégal à revoir sa décision", a expliqué Pillay dans un communiqué.

"En tant que partie à la Convention contre la torture, le Sénégal ne peut extrader une personne vers un État où il y a des motifs sérieux de croire qu’il serait en danger d’être soumis à la torture", a-t-elle rappelé.

"En tout état de cause, le Sénégal devrait obtenir des garanties d’un procès équitable par les autorités tchadiennes avant toute extradition", a-t-elle ajouté. Mais "dans les circonstances actuelles, dans lesquelles ces garanties ne sont pas encore en place, l’extradition de Hissène Habré pourrait constituer une violation du droit international", a insisté la chef des droits de l’homme de l’ONU.

En 2006, répondant à une demande de l’Union Africaine, le Sénégal avait accepté, "au nom de l’Afrique", de juger sur son territoire l’ancien président tchadien pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et actes de torture commis pendant ses huit ans de règne (1982-1990).

Après avoir tergiversé pendant de longues années, Dakar il a finalement décidé vendredi de renvoyer à N’Djaména l’ancien président, exilé à Dakar depuis sa chute du pouvoir en 1990.
Le gouvernement sénégalais a justifié ce renvoi par la nécessité de se conformer à la demande de l’UA qui prévoyait de "le juger ou l’extrader". 

Hissène Habré doit être ainsi renvoyé dans son pays d’origine lundi 11 juillet par un vol spécial pour y être jugé. Mais plusieurs organisations de défense des droits de l’Homme ont critiqué cette décision, doutant que M. Habré, 69 ans, puisse bénéficier d’un procès équitable au Tchad.

Cette décision a été également jugée "profondément préoccupante" par Mme Pillay, rappelant qu’Hissène Habré avait déjà été condamné à mort par contumace dans son pays. Mme Pillay a souligné qu’il était essentiel que M. Habré bénéficie de procédures régulières et ait le droit à un procès équitable.

"La justice et la responsabilité sont primordiales et ne peuvent être réalisées que dans le cadre d’un processus équitable, conforme aux droits", a martelé l’ancienne juge sud-africaine.

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