mardi 26 octobre 2010

Nord-Kivu: Assassinats, braquages, incursions armées, etc.


-          Vendredi 22 octobre : Assassinat de l’Enseignant du Secondaire très connu à Kirumba sous le nom du Professeur Kamate Kamundu Socrate. Des militaires en uniforme Fardc étaient venus l’abattre chez lui à Mbughavinywa sans motif. Peut-être parce qu’il était célèbre dans la région. Que son âme repose en paix. 
-          Dimanche 24 octobre : Attaque d’un minibus en partance pour Kampala à Karuruma, en Territoire de Beni. Bilan 13 blessés graves. Les survivants attribuent l'attaque aux hommes en armes et en uniforme militaire. 
-          Dimanche 24 octobre à 1h du matin et Lundi 25 octobre à partir de 21h00, la cité de Kiwanja est sous le choc des tirs à l’arme lourde dont on ne sait pas la provenance. Ces tirs provoquent cependant une psychose au sein la population qui est privée de son sommeil ne sachant pas ce qui lui arrive. 
-          Lundi 25 octobre 2010 : Une Pétition récolte des signatures à Butembo contre les collabos des clandestins armés qui achètent des maisons et des terres à leurs noms pour les donner ensuite aux clandestins armés, entreposent chez eux d’autres biens pour faciliter l’installation des clandestins armés ( A suivre). 
La situation sécuritaire du Nord-Kivu ne fait que s’empirer sous les regards complaisants de ceux qui ont le pouvoir d’empêcher l’escalade de la violence dont les acteurs principaux sont les militaires issus du CNDP. Avec l’intégration des rebelles du CNDP dans l’armée nationale, les congolais s’attendaient à la pacification de la Province. Mais plus d’une année après, la violence contre les populations civiles s’est intensifiée. De temps à temps, les membres du CNDP attribuent ce regain de violence au non respect des accords (secrets) signés avec Kinshasa mais sans dire exactement quelle part du contrat Kinshasa ne veut pas honorer. Lors du dernier passage du Président Joseph Kabila au Nord-Kivu, on l’a entendu monter de ton contre les militaires déployés au Nord-Kivu et qui ne veulent pas servir ailleurs au pays. Le Chef d’Etat Major Didier Etumba donna aussi une mise en garde allant dans le même sens à partir de son salon huppé de la capitale. Ces deux annonces restent jusqu’aujourd’hui sans effet sur le terrain où les militaires issus du CNDP font la loi, avec pouvoir de vie et de mort sur les populations civiles. Comme Kinshasa ne dénonce pas ces crimes, on se demande si les crimes contre les populations congolaises font partis de l’accord avec le CNDP ? 
Et que dire des Mai-Mai, FDLR, etc. ? L’existence des Faux Mai-Mai et des Faux FDLR dans la région (c’est-à-dire des Mai-Mai et des FDLR créés pour servir de cause aux attaques des populations civiles et des localités ciblées comme lieu d’accueil des refugiés congolais en provenance du Rwanda) ne permet pas aux observateurs de faire la part des choses. Les vrais Mai-Mai de la région ont déjà été démobilisés et intégrés dans les Fardc avec leurs commandants. Qui sont les Mai-Mai dont on parle aujourd’hui et qui vont jusqu'à attaquer une base de la Monusco avec 4 AK47 et des machettes ? 
Les observateurs attirent cependant l’attention sur des propos tendancieux qui tendent à coller tout ce qui est Mai-Mai aux Nande en donnant à leurs chefs présumés des noms Nande. Le fait de s’appeler Paluku ou Kambale et de parler Kinande ne veut pas dire que quelqu’un est Nande ou Mai-Mai. Comme les congolais qui parlent Français et portent des noms Français ne sont pas forcement des Français. La preuve est que le Président Sarkozy les refoule du territoire français quand ils n'ont pas leurs documents d'immigration en ordre. L’existence des écoles de Kinande au Rwanda et en Ouganda met en lumière cette supercherie de la politique identitaire que certains voudraient utiliser pour incriminer des innocents ou alors pour usurper les droits des Nande authentiques. Après les Faux Mai-Mai et les Faux FDLR, on s'achemine ainsi vers une nouvelle identité de "Faux Nande".
Un homme de Dieu qui prêchait dimanche 24 octobre dans une église de Butembo, n’avait pas manqué de mettre en garde les parents de Beni-Lubero qui n’apprennent que le Swahili et le Français à leurs enfants en ironisant de la sorte : « Pendant que les écoles du Kinande sont ouvertes dans les pays voisins où plusieurs personnes voudraient être des Nande et vivre à Beni-Lubero, vous n’apprenez que le Français à vos enfants. Si vos enfants ne connaissent pas le Kinande, quelqu’un pourra les prendre demain pour étrangers! ». 
Plusieurs autorités administratives qui s’expriment sous le seau de l’anonymat disent sans ambages que leurs efforts d’administration de la cité sont contrecarrés par les militaires issus du CNDP. De fois ces derniers libèrent de force des prisonniers coupables d’assassinats, vols à mains armées, viols, etc. Les commandants militaires qui agissent de la sorte sont aussi ceux qui refusent de quitter le Nord-Kivu.
Les membres de la société civile rapportent aussi que dans plusieurs coins du Nord-Kivu, les radios locales sont interdites de diffuser sous peine de mort pour les animateurs,  les nouvelles relatives à l’insécurité perpétrée des militaires issus du CNDP. N’est-ce pas là un signe d’une dictature militaire qui s’installe au Nord-Kivu ?
Seuls les agents des multinationales qui exploitent les ressources minières de la région ne sont pas touchées par cette recrudescence de la violence. Les cas des pilotes pris en otage puis libérés avec ou sans rançon ne contredit pas le bon traitement dont jouit les agents des multinationales. A Nyakakoma, par exemple, où plusieurs congolais ont fui les violations de droits humains, les agents qui font les prospections du pétrole ne sont pas en insécurité. D’où la question de savoir pourquoi l’insécurité ne vise que les populations civiles congolaises ? 
©Beni-Lubero Online

La série noire continue au sein des FARDC

F L A S H 

Le Général NDENGE, alias MUFU3,
retrouvé mort ce mardi matin dans sa résidence à Kinshasa.

Général Ndenge, alias Mufu3 pour les intimes, chargé du Social au sein des FARDC, a été retrouvé inanimé ce mardi 26 octobre 2010 à 6 heures du matin dans sa résidence. Une mort autant mystérieuse que suspecte de plus, car l’homme était en très bonne santé, nous confie un de ses proches. Cet officier général des FARDC fut un ex-tigre qui a fait ses armes en Angola, comme général Munene. Suivez donc mon regard! L’oeil du Patriote qui fouine toujours un peu plus en profondeur a appris que le climat des relations entre le général Ndenge et Kanambe a toujours été électrique et teinté de méfiance depuis que « Mufu3 » avait publiquement contesté la nationalité congolaise du «commandant hypo» dès le début de l’AFDL en 1996. Katangais authentique, le général Ndenge avait crié publiquement à la face de Kanambe devant témoins: «tu n’es pas des nôtres!».

Aujourd’hui, une source très proche de «Joseph Kabila » nous confie, choqué par la mort mystérieuse du général Ndenge, que quelques jours avant son récent voyage en Europe, Kanambe avait ordonné une enquête discrète pour savoir si le général Ndenge n’était pas en liaison avec le général Munene en fuite. Sa colère était très perceptible, nous a dit la source. La peur et la suspicion dominent au sein des FARDC.

Après la mise aux arrêts du général Numbi sous forme de « résidence surveillée » où il subit chaque jour un interrogatoire serré par l’ANR, nous venons d’apprendre que le Colonel KYUNGU est lui aussi en fuite. Il serait soupçonné lui aussi d’être en liaison avec les « ennemis du pouvoir ». La mort suspecte de cet officier général de notre armée ne peut que réveiller ceux qui dorment. Elle vient allonger la série déjà longue des victimes congolaises du « raïs » rwandais qui veut épurer l’Armée de la RD Congo de ses fils pour les remplacer par ses frères. Nous ne le dirons jamais assez !

L’APARECO lance donc une fois de plus un appel solennel à tous les officiers congolais authentiques, partout où ils se trouvent, à se mobiliser comme un seul homme pour qu’ensemble nous mettions fin à la dictature sanguinaire d’occupation, devenue de plus en plus dangereuse parce que acculée le dos au mur. L’heure de la délivrance est là ! Car le serpent traqué qui circule sous les meubles de notre maison-Congo peut surprendre et mordre n’importe qui et n’importe quand. N’attendez donc pas qu’il vous morde pour réagir. Nous devons le traquer de partout et ne pas lui donner un seul instant du repos.

La haute hiérarchie de l’APARECO attire l’attention des patriotes congolais sur la délicatesse de la situation actuelle du combat de résistance dans notre pays. Elle invite par conséquent tout patriote engagé sincèrement pour la cause de la libération de notre pays de s’abstenir de toute communication publique concernant la situation politique, sécuritaire ou autre concernant les leaders et leurs mouvements, notamment le général Félix Munene. Tout le monde, y compris l’ennemi, sait qu’il est en fuite et qu’il est en sécurité. Et cela suffit! Tout autre commentaire pourrait plutôt nuire à sa sécurité. Cette annonce est faite à la demande expresse de l’intéressé qui n’a autorisé personne à parler en son nom. Nous comptons sur la bonne compréhension de tous!
Paris, le 27 Octobre 2010
Candide OKEKE

Togo, Guinée, Rdc | A quand la fin de la passivité ?

Un militaire s’en prend violemment à un manifestant lors de la présidentielle de 2005 au Togo (Ph : D.R.)
(AfriSCOOP Analyse) —Le 13ème Sommet de l’Oif (Organisation internationale de la Francophonie) vient de clôturer ses travaux en terre suisse. Cette année qui marque le dixième anniversaire de la « Déclaration de Bamako » qui constitue le bréviaire des Francophones en matière de droits humains et de bonne gouvernance ne va pas symboliser une grande rupture en matière de “répression” des violations des droits de l’Homme dans les pays francophones de l’Afrique…

La Guinée en 2009 (à travers le massacre dans le stade du 28 septembre) ou encore le Togo en 2005 (pendant les violences avant, pendant et après la présidentielle d’avril 2005) auront négativement marqué les esprits des Africains en matière de violation patente des droits humains au cours de la décennie qui s’achève. Pourtant, c’est pour éviter et surtout prévenir la survenance de ces drames humains que les Etats membre de l’Oif ont donné naissance en 2000 à la « Déclaration de Bamako » censée être dès cette époque leur phare en matière de gouvernance politique.
A la faveur du 13ème Sommet de la Francophonie les 23 et 24 octobre 2010 à Montreux (en Suisse), une référence a encore été faite à cette fameuse Déclaration, sans aucune perspective de corseter son ou ses arsenaux juridiques. En clair, les Etats membres de l’Oif et qui se montreront violateurs des droits humains pourront toujours essuyer des blâmes (sévères ou légères) de leurs pairs, sans aucune crainte de faire face à des sanctions lourdes. Au sein de la Francophonie, on aime généralement innover. Dans tous les domaines. C’est donc l’occasion de coller à cette donne, en promouvant autrement le respect des droits humains dans l’espace francophone.
Les violateurs des droits élémentaires (reconnus à tout être humain) en 2005 au Togo, et en 2009 en Guinée n’auraient pas perpétré leurs forfaitures respectives si l’Oif était à même de leur opposer des sanctions lourdes !!! Comme des restrictions drastiques de déplacement à l’étranger ou encore des peines privatives de liberté hyper dissuasives. Une faiblesse qui continue de faire le lit à des insultes à l’intelligence humaine ; c’est le cas en Rdc où ces derniers mois des hommes en armes ont impunément violé près de 15.000 femmes. Et dire que Kinshasa va abriter le 14ème Sommet de l’Oif en 2012…
Ainsi donc, pour rompre avec ce passé trouble, la Francophonie peut mettre en place des mécanismes qui valoriseraient autrement le respect des droits humains en son sein. C’est-à-dire mieux travailler en amont de la violation des droits de l’Homme. En consacrant à titre d’exemple une dotation financière sans équivalent au « meilleur Etat promoteur des droits de l’Homme » tous les deux ans. Un peu dans l’esprit du « Prix Mo Ibrahim » ou encore des « Prix Nobel ». 40 ans après la naissance de l’Oif et 50 ans après les « indépendances africaines », l’ensemble francophone gagnerait donc du crédit auprès des peuples africains quand il mettra autrement en valeur la promotion des droits humains. Le développement et le rayonnement du français dans le reste du monde sont aussi à ce prix…

EXPULSIONS DE CONGOLAIS D’ANGOLA : L’intégration, une chimère















Il y a vraiment de quoi croire que l’intégration africaine est une chimère. En effet, une fois de plus, mais sans doute de trop, des centaines de Congolais ont été expulsés de l’Angola. Parmi eux, des morts et des femmes violées. Et, ces indésirables venus de la République démocratique du Congo (RDC), le pouvoir angolais les range dans le paradigme de "migrants clandestins" pour leur infliger des traitements pires que ceux que subissent les immigrants clandestins africains sur les côtes espagnoles. Pour ainsi dire, un Congolais est pour l’Angola ce qu’est un Rom ou un Africain pour la France. Certes, l’on ne peut légitimement s’en prendre à José Eduardo Dos Santos d’exiger des papiers qui légalisent la présence des étrangers sur son sol. C’est d’ailleurs la pratique en vigueur dans tout Etat qui se veut moderne. Cela lui permet de prospecter, d’anticiper. Mais encore faut-il que les conditions à remplir pour l’obtention de ces papiers soient favorables. En d’autres termes, les conditions posées, comme si cela était sciemment fait, rendent inutiles les voies légales et favorisent par là même la clandestinité. Tout compte fait, ces expulsions de Congolais montrent deux défaillances not e.
D’abord de la part de l’Etat congolais. Au fait, que manque-t-il à ce pays pour que ses ressortissants traversent ses frontières à la recherche de la pitance quotidienne au risque souvent de leur vie ? Le diamant, il y en a à gogo. Le coltan, l’or, la cassitérite, on en trouve à suffisance. Que Joseph Kabila et toute la classe politique congolaise cessent donc d’en vouloir à Santos pour ne s’en prendre qu’à eux-mêmes ! La fuite des populations de leur pays n’est rien d’autre que la conséquence de la gabégie, de la corruption ; en un mot, de la malgouvernance politique mais aussi et surtout économique qui caractérise le pouvoir en place. La nation angolaise, du fait qu’elle ait connu la guerre civile, est excusable. D’ailleurs, ses dirigeants ont su, malgré tout, bâtir une économie pour le moins prospère. Un exemple que la RDC devrait plutôt suivre.
Ensuite, ces expulsions montrent une SADC (Communauté pour le développement de l’Afrique australe) et une CEEAC (Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale) incapables de s’entendre sur les principes de l’intégration africaine. En tout cas, ces deux organisations donnent tort aux gradualistes, c’est-à-dire ceux qui pensent qu’il ne peut y avoir d’Union africaine sans des intégrations sous-régionales réussies. Ainsi, entre les discours porteurs d’espoir d’une Union africaine que l’on entend lors des sommets et les réalités sur le terrain, il y a un grand pas à franchir. Enfin, ces expulsions des Congolais d’Angola suscitent une inquiétude quant aux relations entre les deux Etats. L’on se souvient qu’en réaction aux traques de ses concitoyens en Angola, Kabila avait, en 2008, eu recours au principe de réciprocité pour faire partir des Angolais de la RDC. En tout état de cause, il est à souhaiter que les deux Etats favorisent l’intégration des peuples plutôt que de donner à voir au reste du monde des images qui n’honorent pas l’Afrique.
Boulkindi COULIDIATI — LE PAYS

RDC: Contrebande dans les mines de l’Est


Par  Le Potentiel

Les objectifs poursuivis par la mesure présidentielle du 9 septembre 2010 à Goma (Nord-Kivu) relative à l’interdiction de toute exploitation minière dans la partie Est du pays ont-ils été atteints ? Le constat est qu’en lieu et place de l’assainissement du secteur, c’est plutôt la contrebande qui s’est installée, confortablement installée. D’où la nécessité de lever ladite mesure afin de réduire le manque à gagner.
Le 9 septembre 2010, le président de la République prenait, à partir de Goma, au Nord-Kivu, la mesure portant interdiction de l’exploitation minière sur l’ensemble de l’espace de l’ancien Kivu, à savoir le Maniema, le Nord-Kivu et le Sud-Kivu. Cette mesure visait au départ l’assainissement du secteur minier de la partie Est de la République de façon à lui permettre de servir de levier aux efforts de paix, de sécurité et de développement.
Une dizaine de jours plus tard, soit le 20 septembre 2010, le ministre national des Mines est revenu à la charge pour fixer le cadre d’exécution. Curieusement, il a restreint la mesure au seul secteur artisanal, épargnant ainsi le secteur structuré. Du coup, les exploitants artisanaux se sont sentis durement frappés.
Or, c’est dans cette dernière catégorie que l’on enregistre des ex-soldats ayant combattu au sein des groupes armés, notamment les FDLR. En réalité, c’est un fourre-tout où sont également répertoriés des éléments des FARDC, particulièrement ceux issus des rangs du CNDP et des Maï-Maï.
Conséquence : le chaos, que l’on comptait combattre, sévit sur le terrain. Les efforts d’assainissement du secteur ont donné lieu à l’émergence d’une économie souterraine où la contrebande règne en maître. Qu’est-ce à dire ? Les réalités, ou encore des contraintes du terrain se sont érigées en obstacle.
ANARCHIE ET CONTREBANDE
Un mois après, il est difficile d’affirmer que tous les contours pour garantir l’applicabilité de la mesure sur le terrain ont été cernés au préalable. Au contraire, cela s’est révélé une épée dans l’eau dans un secteur livré à la prédation.
Le plus évident est que les nouvelles en provenance des zones où la mesure est d’application depuis son annonce ne rassurent pas. Les éléments des FARDC se mêlent à ceux dits non contrôlés dans l’exploitation et l’exportation illégale des minerais. L’anarchie gagne du terrain là où l’ordre devait régner au regard des motivations contenues dans la mesure du 9 septembre 2010. Sans garde-fous, la mesure d’interdiction a consacré le règne de l’arbitraire dans un secteur qui avait plus que besoin des mesures coercitives de contrôle pour mieux s’épanouir.
L’autre inquiétude, est la conversion des anciens artisanaux. Démobilisés pour la plupart, ils risquent de quitter les zones d’exploitation (notamment Walikale) pour rejoindre les bandes armées et réapprendre à vivre de leur kalachnikov dans les périphéries de grandes villes (Bukavu, Goma, Kindu).
Est-on passé à côté de la plaque ? C’est le moins que l’on puisse dire. Car, la mesure d’interdiction n’a fait qu’accroître l’élan de progression du secteur informel dans le secteur minier de l’Est. Aujourd’hui, l’économie de « survie » des zones où s’exerce une intense activité minière – quoiqu’artisanale – est véritablement en panne.
DES MILLIONS USD DE MANQUE A GAGNER
Plusieurs analystes ont présenté la mesure d’interdiction comme suicidaire pour l’économie de rente de cette partie de la RDC. « Pour un secteur économique connu pour son importance au regard de recettes à l’exportation des produits miniers qui représentent les 2/3 de revenus officiels de la province du Nord-Kivu, l’arrêt des activités minières à l’Est du Congo serait comparable à la situation d’un malade du système respiratoire à qui on retirerait sa bouteille d’oxygène », notent-ils.
Selon eux, les minerais constituent l’artère principale de l’économie formelle et informelle ainsi que l’économie de survie des milliers de ménages à l’Est du Congo. La vague déferlante de fermeture qui s’est abattue dans la plupart des comptoirs – pourtant agréés – n’a pas été bien digérée.
Des comptoirs se retrouvent dans l’incapacité d’exporter leurs minerais enfûtés ou stockés bien avant la mesure du 9 septembre 2010.
Pour la seule province du Nord-Kivu, la Division des Mines a évalué, selon des sources concordantes, le stock des minerais non encore écoulés à 1.019 936 kg de cassitérite, 68.794 kg de coltan, 13.010 kg de wolframite, et 27.730 kg de scories. Une belle manne qui devait faire l’affaire des finances provinciales et nationales. Le manque à gagner lié aux taxes perçues au transport aérien des minerais, aux droits de sortie à l’exportation ainsi que les diverses taxes payées aux services spécialisés pour le gouvernement tant central que provincial se chiffre en millions USD.
Ceux des comptoirs, qui n’arrivent plus à honorer leurs dettes auprès de leurs partenaires extérieurs, ont été obligés de mettre la clé sous le paillasson. Dans un mémorandum de la Fédération des entreprises du Congo, branche du Nord-Kivu, adressé au président de la République, les opérateurs ont estimé à 1.892.240 USD le montant des taxes qu’ils paient par mois au Trésor public. En ajoutant les chiffres non disponibles des provinces du Sud-Kivu et du Maniema, ils sont arrivés au cumul net d’au moins 3 à 4 millions USD par mois payés aux différents services de l’administration locale. Un manque à gagner substantiel qui échappe à l’Etat par le fait de la mesure d’interdiction.
Assouplir la mesure sinon la rapporter aiderait les trois provinces à percevoir librement les impôts, droits et taxes sur les produits miniers qui, malgré la mesure, sont encore exploités par des groupes commis par l’Etat pour le contrôle des mines fermées. Un paradoxe à dissiper.
Aux dernières nouvelles, il nous revient que le gouvernement, par la bouche du ministre des Mines, serait disposé à lever incessamment la mesure d’interdiction. Bonne nouvelle avant que la situation ne dégénère.
Droits de reproduction et de diffusion  Le Potentiel

Le professeur Tshakudia parle du RAPPORT DE L'ONU SUR LES MASSACRES AU C...

Africa ... States of Independence - DR Congo

Le reportage de la télévision Qatarie Al Jazeera sur le cinquantenaire de la République démocratique du Congo fait jaser !

Le reportage sur le cinquantenaire de la République démocratique du Congo a été mis sur le site d'Al Jazeera, le 6 octobre 2010. Al Jazeera est une chaîne de télévision qatarie de langue arabe devenue en très peu de temps un média mondial très écouté, au point d'être surnommée la « CNN arabe ». En octobre 2001, le président égyptien Hosni Moubarak en visite dans ses modestes locaux aurait dit : « C'est donc de cette petite boîte d'allumettes que vient tout ce vacarme ». En 2008, la chaîne compte entre 35 millions et 40 millions de téléspectateurs quotidiens dans le monde. Le reportage sur la République démocratique du Congo est bourré de faussetés historiques, mais cela passe pour ceux qui ne parlent pas anglais et ne connaissent pas les dessous de cartes du Grand Congo, ce géant endormi en Afrique.
Nicoletta Fagiolo, réalisatrice de documentaires.

S'il y a des Congolais, surtout ceux de la diaspora mieux informés que les compatriotes restés au pays refusent le naufrage du Congo avec ses 60 millions d'habitants; il y a aussi les amis du Congo, qui sont de toutes les nationalités à travers le monde, humanistes et de manière désintéressé, veuillent et refusent par leur silence d'être complice du désastre au Congo de Simon Kimbangu. Nicoletta Fagiolo, réalisatrice de documentaires, travaille pour plusieurs chaines de télévisions dans le monde. Depuis quelques années, elle suit l'histoire du Congo, elle est parfois mieux informée sur certains aspects de notre pays qu'une bonne partie de nos compatriotes.
Au delà de la présentation basique par Al Jazeera, il faut bien suivre la voix-off et les commentaires qui sont trompeurs: "La République démocratique du Congo est connu comme une nation avec de grandes quantités de ressources naturelles: or, argent, bois, cuivre, étain - des ressources qui ont changé la face du monde Westen, mais n'ont apporté que le chaos à la plupart des Congolais - la guerre de ravitaillement, de la corruption , la dictature et la violence.
Le Juin 30, 2010, Kinshasa, la capitale de la RD Congo, a célébré le 50e anniversaire du pays à l'indépendance de la Belgique. Joseph Kabila, le président du pays, a tenu à mettre sur un spectacle impressionnant - des milliers de personnes sont venues.
Toute la région a reçu un relooking complet: Des routes ont été réparées et de nouveaux lampadaires ont été mis en place. Le monde a vu l'image d'une capitale progresser et prospère.
"Lentement mais sûrement Congo se redresse, comme un géant qui se réveille après un long sommeil," a dit Kabila.
Mais la RD Congo de sommeil que l'on appelle long a été rien de moins qu'un cauchemar pour la population assiégée. Le salaire annuel moyen est de 300 $ - en termes réels de moins de ce qu'il était à l'indépendance - ce qui en fait le pays le plus pauvre du monde.
L'économie formelle, s'est pratiquement effondrée, les infrastructures sont dans un état de délabrement total et il a été dit avec ironie qu'il est plus facile de commencer une rébellion à une entreprise en RD Congo.
Et dans l'est du pays, un long conflit a coûté la vie à plus de cinq millions de personnes et établi dans les pays voisins du Rwanda et l'Ouganda, alimenté par des groupes rebelles et des minerais du conflit.
Le "grand pays de nouvelles" Patrice Lumumba, le leader indépendantiste congolais et la RD Congo le premier premier ministre, envisagé sur le point de se réveiller, ou est le maléfique géant endormi?"
La réaction de Nicoletta Fagiolo, qui parle plusieurs langues, est sans appel et la pertinence de sa réflexion, nous incite à avoir toujours du recul par rapport à la volonté de formater nos esprits par les médias puissants et des puissants:
"Le court métrage est loin de permettre une compréhension plus profonde des questions politiques en jeu dans le pays. Les informations de la voix-off sont trompeuses. Patrice Emery Lumumba et ses amis ne sont jamais allés en exil. Le coup d'Etat de 1961 n'a pas été seulement "approuvé" par la CIA. Le reportage prétend que le coup d'Etat a été seulement pris en charge par la CIA mais c'est la CIA qui a financé ce coup tordu, cela est historiquement prouvé. C'est plus qu'une nuance, il ya une différence.
Le reportage est expliqué comme si en 1997 pour évincer Mobutu du pouvoir le mouvement apparaissait à l'improviste. Pourtant, il existe suffisamment de preuves historiques que la société politico-militaire, l'American Mineral Fields International (AMFI) basée en Arkansas, aux Etats-Unis, était derrière l'agression contre le Zaïre, aujourd'hui République démocratique du Congo, masquée en rébellion. Quel est le lien de l' administration Bill Clinton à ce coup? (Rappelez-vous la question étrange posée par un étudiant congolais en août 2009 lors la visite de Mme Clinton, secrétaire d'Etat américain à Kinshasa? La question était sur la participation de son mari Bill Clinton dans les malheurs que subissent les Congolais? Elle a des implications beaucoup plus larges que d'une "question sexiste» que NBC et superficielle couverture médiatique conveniantley signalé à l'époque de Mme Clinton perdre pendant une minute. Deeper questions doivent être soulevées aussi sur cet incident.)
Pourquoi l'anglais, et non plus le français, voulait être imposé comme une langue officielle en 1997par Laurent Désiré Kabila une fois a Kinshasa ? Jusqu'à ce qu'il soit constaté que ce n'était pas viable!
Pourquoi Laurent Désiré Kabila était-il éliminé une fois qu'il s'interrogeait sur la traite d'entreprise signé pendant la guerre (d'un facteur en soi illégale) ou sa volonté de réduire l'influence du FMI et la Banque mondiale sur les politiques économiques du pays? Même Wrong Michael écrit que la Banque mondiale est extrêmement responsable de la chute économique de la République démocratique du Congo .
Pourquoi ne pas reconnaître et chercher dans le fait qu'il existe aujourd'hui même un procès contre la Banque mondiale aux activités illégales d'exploitation forestière en République démocratique du Congo? Ces faits sont un point de départ de toute analyse sérieuse du Congo d'aujourd'hui. Lire "Noir Canada" par Alain Deneault, Écosociété, Montréal Pour plus de détails sur les implications multinationales dans la guerre à l'Est de la République démocratique du Congo. Il fournit de l'information du public sur Barrick Gold qui souhaite stimuler une rébellion une fois que leur contrat a été rompu par Laurent Désiré Kabila, bien sûr, par peur pour sa vie, Joseph Kabila a rétabli le contrat lucratif. Le rapport d'Al Jazeera minimise le rôle des sociétés multinationales qui sont derrière les rébellions et utilise l'expression plutôt trompeuse: "il est plus facile à mettre en place une rébellion au Congo, q'une entreprise», il doit se lire "les entreprises d'affaires, principalement aux intérêts étrangers, poussent les rébellions au Congo ".... un fait largement documenté par le Groupe d'experts sur l'exploitation illégale des ressources naturelles et autres formes de richesse de la République démocratique du Congo.
Et plutôt que de chercher dans lesquelles les fonds du règne de Mobutu ont disparu, serait-il pas plus pertinent de se demander pourquoi l'Ouganda, qui a été condamnée par la Cour internationale de Justice, n'est pas à rembourser les 8 milliards de dollars qu'il doit le pays du pillage au cours la guerre, ce qui pourrait éliminer sa dette extérieure. Pourquoi cela, il faut se demander?
Il existe une déclinaison anglaise de la chaîne panarabe dénommée Al Jazeera English, destinée principalement aux non-arabophones, plus particulièrement aux téléspectateurs d'Amérique du Nord et d'Asie du Sud-Est. La chaîne projetterait le lancement d'une déclinaison en français.La chaîne Al Jazeera, dont le nom signifie littéralement « l'Île », a été lancée le 1er novembre 1996, par le cheikh Hamad bin Khalifa Al Thani, émir du Qatar, et est basée à Doha au Qatar.
Sa création par le cheikh Al Thani qui vient d'arriver au pouvoir en renversant son père vise à rompre la mainmise des Saoudiens sur le paysage médiatique international arabe, à briser le contrôle des gouvernements arabes sur l'information nationale et donc à libéraliser le paysage médiatique arabe.
Pour représenter au mieux son public arabe, Al Jazeera ne prend pas seulement des journalistes libanais3 mais des journalistes de tous les pays arabophones. Le noyau dur de l'équipe éditoriale d'Al Jazeera provient de BBC Arabic Television.
Elle émet 24 heures sur 24 depuis 1998, et elle est diffusée dans 35 pays, principalement du Proche-Orient, mais aussi en Europe. En France, elle est diffusée dans les bouquets Numéricâble, Canalsat et l'offre de Free et de Neuf. Néanmoins, on peut recevoir Al Jazeera gratuitement puisqu'elle diffuse en clair sur les satellites Hot Bird et Astra. En Angleterre, elle emploie soixante journalistes et disposait, en 2001, d'un budget de 30 millions USD.

Affaire Zoe Kabila et réponse à un mauvais procès

| le carnet de Colette Braeckman

L’ « affaire Zoe Kabila » qui avait commencé lorsque les membres de la garde républicaine, chargés d’assurer la sécurité du frère du chef de l’Etat, s’en étaient pris mardi dernier à des agents de police, qui réglaient la circulation à la hauteur du rond point Socimat, s’est terminée par la mise aux arrêts des militaires et l’ouverture d’une enquête. Quant aux policiers, ils récupèrent des coups et blessures et, d’après les médecins, leur état s’améliore.
La conclusion judiciaire qui sera donnée à cette affaire suffira-t-elle à dissiper le malaise ?
Beaucoup de questions restent posées à Kinshasa : pourquoi le frère du chef de l’Etat, qui n’occupe pas de position officielle, est il considéré et traité comme une personnalité importante ? Pourquoi la garde républicaine, sorte de corps d’élite affecté à la sécurité du président et des institutions, peut elle se permettre de rosser d’importance des agents de police, dont le seul tort était d’avoir tenté de maîtriser la circulation sur le boulevard du 30 juin ? Pourquoi les véhicules officiels, qui traversent la ville à toute vitesse, doivent ils obliger automobilistes et piétons à se ranger en hâte sur les bas côtés, au risque d’être bousculés sinon pire encore ?
Tout cela fait mauvais effet, rappelle les heures sombres du mobutisme, où les Hiboux de sinistre mémoire et les sbires de la DSP (division spéciale présidentielle) n’hésitaient pas à terroriser les opposants et agissaient comme si les lois de la république ne s’adressaient pas à eux.
Tout cela nous ramène aussi à l’affaire Tungulu, cet opposant venu de Bruxelles, qui lança ou des cailloux sur le véhicule conduit par le chef de l’Etat et fut retrouvé ensuite « suicidé » dans sa cellule du camp Tshatshi, où il avait été emmené manu militari par la garde républicaine. Depuis lors, la famille, qui réside à Bruxelles, réclame en vain le corps de Tungulu et l’opposition, qui a manifesté samedi à Bruxelles, fait de lui un martyr.
Dans la première relation que nous avions donnée de ces faits malheureux, nous avions mis en doute la version du suicide, en soulignant à quel point il était invraisemblable que dans une prison congolaise un détenu se serve de son oreiller pour se donner la mort. Tout simplement parce que draps et oreillers sont des luxes inconnus là bas. C’est ce que nous appelions une « mort non suspecte », sa version officielle n’étant pas crédible.
Mais surtout, dans un bref commentaire, nous avions esquissé une analyse politique de l’évènement, soulignant que l’échauffement des esprits démontrait que la campagne électorale était ouverte, et qu’elle s’accompagnerait probablement de provocations, destinées à pousser à la faute les forces de sécurité.
L’enquête doit encore établir si Armand Tungulu avait agi sous le coup d’une impulsion spontanée, ou dans une volonté de provocation. Mais ce qui est certain, avions nous relevé « c’est que les soldats de la garde républicaine sont nerveux et répondent brutalement à la moindre provocation » Une appréciation qui vient encore d’être confirmée par l’affaire des policiers du rond point Socimat.
Au moment de la mort d’Armand Tungulu, après avoir répercuté l’opinion de membres de la diaspora congolaise proches du disparu, nous avions ajouté, dans notre commentaire, que le régime risquait de suivre le « modèle rwandais » qui consiste à tenter de développer le pays, mais aussi « se montrer intolérant face à la contestation et ne pas craindre de tuer, plus pour l’exemple et la dissuasion que par goût de la répression. »
A moins de ne pas maîtriser le français, ou d’être de mauvaise foi au point de confondre une analyse critique avec un souhait ou une incitation au meurtre, ( !) on ne pouvait comprendre cette phrase que d’une seule manière. Face à la contestation ou la provocation, le régime Kabila risque, dans les temps qui vont précéder les élections, de mener une double politique : mettre l’accent sur les réalisations en termes de développement (les cinq chantiers) mais en même temps, mener une politique répressive face à l’opposition, afin de faire taire ceux qui seraient considérés comme des ennemis du régime. Une répression qui pourrait aller jusqu’à la violence et au meurtre…
Comment interpréter ces lignes autrement que comme une inquiétude face à des risques de dérive et de recours à la violence ? Lorsque des esprits malveillants donnent à ces considérations une interprétation exactement opposée et créent un « buzz » sur Internet, il s’agît, pour le moins, d’une violence intellectuelle…Elle indique qu’une certaine opposition congolaise, ne reculera, elle non plus, devant aucun moyen lorsqu’il s’agira, entre autres, de tenter de discréditer les journalistes indépendants, afin de les intimider, de les dissuader de faire usage de leur liberté d’opinion et de leur faculté de jugement.

Les amis des Nazis Tutsi au Parlement Européen


Mayoyo Bitumba Tipo-Tipo

Le 30 septembre 2010, Louis Michel, parlementaire européen et ministre d’Etat belge, lançait à Bruxelles le cercle dénommé ‘‘Les amis du Rwanda’’ au Parlement européen, avec l’ambition de faire de ce cercle ‘‘le premier interlocuteur du Rwanda" devant ‘‘supporter, valoriser et promouvoir les intérêts du Rwanda à travers les différentes institutions de l’Union Européenne’’ tout en se chargeant ‘‘d’informer sur les progrès engrangés par le Rwanda dans les différents domaines : le développent économique, les avancées sociales et la démocratie’’. L’initiative intervenait au moment où le mot génocide était utilisé dans un rapport de l’ONU pour qualifier les massacres commis par l’Armée Patriotique Rwandaise (APR) lors de l’offensive des ‘‘rebelles’’ de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre (AFDL) entre 1996 et 1997.

Pour comprendre le projet de Louis Michel, qui, à la veille des élections congolaises de 2006, saluait en ‘‘Joseph Kabila’’ l’espoir pour le Congo, aujourd’hui devenu le cauchemar des Congolais, il convient de se rappeler comment se positionne ce démocrate belge face aux violations des droits de l’homme et à l’impunité à travers le monde. Qu’on se souvienne de la décision prise le 25 novembre 1998 par les magistrats de la Chambre des Lords en Angleterre contre l’ex-dictateur chilien Augusto Pinochet. Partout en Occident, elle fut saluée comme une avancée pour la justice internationale, la carapace diplomatique protégeant les criminels politiques de haut niveau étant considérée comme une insulte pour la dignité humaine. Evoquant l’attitude de la Belgique dans ce cas, Louis Michel, alors ministre belge des Affaires étrangères, affirmait qu’elle présentait «l’énorme avantage de forcer un débat au Chili sur la nature et le contexte de la démocratisation de ce pays. Car, la réconciliation nationale ne peut pas consacrer l’impunité de ceux qui furent les tortionnaires. Politiquement et moralement, les démocrates chiliens sont obligés de se poser la question de la légitimité de la politique de l’oubli» (Le Matin, 15 mars 2000).

En créant le cercle ‘‘Les amis du Rwanda’’ au Parlement européen, Louis Michel se lance politiquement et moralement dans la promotion du pouvoir rwandais actuel. Dessinons le portrait de ce régime, comparons ses exploits dans les domaines du respect des droits de l’homme et de la justice à ceux du régime Pinochet, et voyons si ‘‘Les amis du Rwanda’’ est un cercle qui vaut la peine de naître et d’être respecté et soutenu au sein d’une institution aussi prestigieuse et donneuse de leçons de démocratie, de justice et de respect des droits de l’homme au reste de l’humanité. Comme Pinochet, l’actuel maître du Rwanda, Paul Kagamé, a accédé au pouvoir par un coup d’éclat. De la même manière qu’ils avaient applaudi le coup d’Etat de Pinochet, les puissances occidentales font la part trop belle au cliché de ‘‘Kagamé investi du rôle de libérateur’’. Mais la vérité n’y trouve pas son compte et oblige à regarder le régime rwandais tel qu’il est.

Le régime Kagamé est l’émanation du Front Patriotique Rwandais (FPR), mouvement rebelle parti d’Ouganda et accusé par plusieurs organisations de défense des droits de l’homme d’avoir commis de nombreux massacres à caractère génocidaire tout au long de la rébellion. Arrivé dans la capitale Kigali à la faveur des accords de paix d’Arusha, le FPR fut accusé d’avoir abattu l’avion présidentiel le 6 avril 1994. Un attentat sans précédent en Afrique dans lequel périrent le président Juvénal Habyarimana et son homologue burundais, Cyprien Ntariamira. Mouvement de la minorité tutsi (14% de la population contre 85% d’Hutu), le FPR n’avait aucun intérêt à aller aux élections, objectif final de la période de transition qui se profilait à l’horizon. En attentant à la vie du président hutu, il avait déclenché le génocide de 500.000 Tutsi et Hutu modérés auquel il s’est toujours félicité d’avoir mis fin.

Par la suite, le FPR, métamorphosé en Armée Patriotique Rwandaise (APR), fut accusé de plusieurs grands massacres à titre de vengeance : les massacres de plus de 6.000 personnes à Kibeho, dans le sud du Rwanda en 1994, attestés par un rapport des Nations Unies ; les massacres de 50.000 Hutu, dans le sud-est du Rwanda toujours en 1994, dénoncés dans le rapport du consultant américain Robert Gersony ; et les massacres de 200.000 réfugiés hutu, entre 1996 et 1997 au Congo, rapportés par le juge chilien Roberto Garreton. Toujours au Congo, la dictature de Kagamé a commis bien d’autres violations flagrantes du droit international et des droits de l’homme : agression caractérisée contre ce pays, pillage systématique de ses ressources naturelles et surtout holocauste oublié de plus ou moins 6.000.000 de Congolais, la plus grande tragédie humaine depuis la Deuxième Guerre mondiale. En plus du long chapelet de crimes égrenés ci-dessus, Kagamé impose aux Rwandais, Hutu et Tutsi confondus, un régime de terreur où la délation est institutionnalisée en système judiciaire. Il mène une politique criminelle systématique de se débarrasser de ses opposants qui sont loin des ses griffes. Alors qu’il affirme construire une nation dans laquelle il n’y aurait ni Hutu ni Tutsi, des membres de son ethnie minoritaire monopolisent les postes du sommet de l’Etat à la base de la pyramide sociale. Quant au droit des Rwandais d’élire librement leurs dirigeants, il est verrouillé par un système électoral dont le secret de l’isoloir n’est qu’apparent, car en y laissant ses empreintes digitales, une exclusivité mondiale, tout Rwandais sait que voter contre Kagamé serait signer son arrêt de mort.

Le régime militaire d’Augusto Pinochet, qui renversa par un coup d’État le gouvernement du président démocratiquement élu Salvador Allende avec la ‘‘bénédiction’’ des Etats-Unis, gouverna le Chili pendant 17 ans (1973-1990). Ce régime est connu à travers le monde entier pour ses multiples atteintes aux droits de l’homme : environ 3.000 morts et ‘‘disparus’’, 27.000 personnes torturées et plusieurs centaines de milliers d’exilés. On comprend dès lors que Louis Michel hausse le ton contre la politique de l’oubli. N’est-il pas un digne représentant de ce pays qui en 1990 avait suspendu la coopération avec le Zaïre de Mobutu où les troupes d’élite de la Division spéciale présidentielle avaient massacré un étudiant à l’Université de Lubumbashi ? N’est-il pas issu de ce grand pays dont les parlementaires avaient eu le courage de voter une loi dite de compétence universelle pour châtier les responsables des crimes contre l’humanité à travers le monde ? Quant au régime militaire de Paul Kagamé, qui renversa par un acte terroriste le gouvernement du dictateur modéré Juvénal Habyarimana également avec la ‘‘bénédiction’’ des Etats-Unis, il gouverne le Rwanda depuis 16 ans (1994-2010) et, avec des scores électoraux staliniens, il a toutes les chances de battre le record de longévité mondiale. Face à Paul Kagamé, le plus grand criminel de l’histoire encore en vie (dixit le professeur belge Filip Reyntjens), force est de constater qu’Augusto Pinochet fut un enfant de chœur. Louis Michel souffrirait-il tout d’un coup d’amnésie en soutenant ouvertement un régime mille et une fois plus criminel que celui de Pinochet ?

Non, Louis Michel est un homme qui respire la bonne santé si bien répandue dans le monde occidental. A travers son soutien au régime criminel de Paul Kagamé, il démontre simplement combien l’Occident est un accident dans l’histoire de l’humanité, tellement qu’il a l’habitude de se disqualifier comme donneur de leçons à travers son éternelle indignation sélective. A la lumière du portrait du Rwanda actuel, il serait plus judicieux pour Louis Michel de baptiser son cercle ‘‘Les amis des Nazis Tutsi’’ au Parlement européen. En effet, en servant de relais au discours des autorités de Kigali sur tous les massacres et autres violations du droit international et des droits de l’homme dont elles sont accusées, le cercle ‘‘Les amis du Rwanda’’ fait preuve d’un parti pris pro-Kagamé flagrant, qui est incompatible avec la mission et la déontologie de toute association sérieuse de promotion des droits de la personne et du développement. Quand on lit les objectifs de ce cercle, on comprend que ses membres européens s’égarent volontairement dans une vision manichéenne des causes et des effets du conflit rwandais, qu’ils exonèrent la rébellion tutsi du FPR de sa grande part de responsabilité dans l’engrenage implacable qui transforma le Rwanda et l’est du Congo en annexe de l’enfer, qu’ils minimisent ou excusent les crimes commis par l’APR dans toute la région des Grands Lacs, et qu’ils offrent, comble d’immoralité, une prime aux tueurs, agresseurs et pilleurs tutsi gravitant autour de Kagamé.

Le cercle ‘‘Les amis du Rwanda’’ au Parlement européen est un véritable scandale qu’un démocrate occidental ne peut se permettre que s’agissant de l’Afrique, continent faible qu’on peut piétiner en toute impunité. On peut même se demander si le véritable objectif de ce cercle n’est pas de créer un écran de fumée appelé développement derrière lequel on cacherait les crimes des Nazis tutsi au pouvoir à Kigali. Mais pendant combien de temps ? ‘‘Les amis du Rwanda’’, qui sont en réalité les ennemis de l’écrasante majorité des peuples de la région des Grands Lacs (y compris les masses laborieuses tutsi), souffrent d’une terrible myopie politique. Pendant des décennies, les pouvoirs coloniaux avaient caché leurs crimes derrière la mission civilisatrice et la modernité. L’un de ces pouvoirs, la Belgique, se vantait même d’avoir mis au point une colonisation modèle dont les habitants étaient heureux pour l’éternité. Pourtant, la jouissance des avancées technologiques et scientifiques de la civilisation européenne par les Africains et bien d’autres peuples colonisés n’avait pas réussi à éclipser à leurs yeux les valeurs de décence et d’honneur, de liberté et de justice, de respect et de dignité. Les démocraties occidentales étant instrumentalisées depuis des décennies par les lobbies de tout genre, ‘‘Les amis du Rwanda’’ réussiront sans aucun doute dans leur mission consistant à soigner l’image d’un régime criminel auprès du Parlement européen et de l’opinion publique internationale. Mais ils auront beau multiplier les jumelages, mettre en œuvre d’événements culturels rwandais à Bruxelles et en Europe, instaurer une journée Rwanda au Parlement européen et organiser des workshops thématiques sur le Rwanda et des visites au Rwanda, ce n’est pas cela qui ramènera une paix durable dans ce pays et dans toute la région des Grands Lacs.

En protégeant et en offrant des primes aux Nazis tutsi au pouvoir à Kigali, ‘‘Les amis du Rwanda’’, de même que bon nombre de puissances occidentales dont les Etats-Unis, la Grande Bretagne, la France de Sarkozy et la Belgique, allument le feu dans les cœurs des Hutu et des Congolais. Ce feu qui couve aujourd’hui embrasera de nouveau la région tôt ou tard. Et devant l’ouragan de l’Histoire, les Nazis tutsi tomberont même s’ils auront réussi à transformer le Rwanda en un pays de cocagne, avec l’aide occidentale. ‘‘Les amis du Rwanda’’ devraient donc forcer un débat au sein de leurs pays respectifs sur la nature du développement de ce petit pays. Car, rien ne peut consacrer l’impunité de ceux qui furent les agresseurs, pilleurs et tueurs et qui continuent de l’être, même si leur ethnie fut victime d’un génocide fortement médiatisé en Occident pour des raisons racistes et stratégiques que l’on connait. Comme l’avait si bien dit le grand démocrate et ministre belge des Affaires étrangères Louis Michel au sujet du cas Pinochet, ‘‘politiquement et moralement, [Les amis du Rwanda] sont obligés de se poser la question de la légitimité de la politique de l’oubli’’.
Mayoyo Bitumba Tipo-Tipo
© Congoindépendant 2003-2010

XIIIe Sommet de la francophonie à Montreux : Me Marie-Thérèse Nlandu affronte Kabila et dénonce l’hypocrisie des organisateurs

Par Philippe Liondjo (Suisse)
www.congolegitimedefense.org

Ce dimanche 24 octobre, « Le Congo en Légitime défense » (CLD), plate-forme d’opposition, a tenu sa conférence de presse, comme annoncé, en marge du XIIIe Sommet de la francophonie se déroulant, à Montreux, en Suisse.
Tenue à l’hôtel Helvétie, cette rencontre entre la presse et la plate-forme politique présidée par Me Marie-Thérèse Nlandu s’est articulée autour des sujets suivants : la requête introduite auprès du Procureur général près la Cour pénale internationale par cette avocate des droits de l’homme, les conséquences du rapport Mapping concernant les violations les plus graves des droits de l’homme et du droit international humanitaire commises entre mars 1993 et juin 2003 sur le territoire de la RD Congo, publié par le Haut Commissariat aux droits de l’homme le 1er octobre dernier et les futurs enjeux électoraux au Congo
Dans son introduction, Dr Fweley Diangitukwa, Vice-président du CLD et éminent politologue et écrivain congolais, a mis un accent particulier sur les crimes de guerre et crimes contre l’humanité imputables aux acteurs majeurs de la région des Grands Lacs qui sont au pouvoir au Rwanda, en Ouganda et en RD Congo. Il a rappelé que Paul Kagame, l’actuel président du Rwanda, est l’un des commanditaires de la guerre contre l’ex-Zaïre et que ses deux principaux exécutants militaires à la tête de l’AFDL et de l’APR (armée patriotique rwandaise) étaient James Kabarebe et le Commandant Hyppo. Il est à rappeler que James Kabarebe, actuel Ministre de la défense au Rwanda, a été chef d’état-major de l’armée congolaise après la prise de pouvoir par Laurent-Désiré Kabila et que Joseph Kabila, aujourd’hui Président de la RD Congo, n’est autre que le commandant Hyppo, susmentionné, qui fut le bras droit de James Kabarebe pendant la guerre. Ces trois hommes dirigeaient les opérations militaires de l’AFDL/APR durant les crimes et le génocide (qui doit être établi par un Tribunal pénal) dénoncés dans le rapport Mapping du Haut Commissariat aux droits de l’homme. Ils sont, de ce fait, les principaux responsables des violations les plus graves des droits de l’homme et du droit international humanitaire commises entre mars 1993 et juin 2003 sur le territoire de la RD Congo.
Me Nlandu a pris la parole et, dans une intervention remarquable et remarquée, elle s’est attardée sur différents sujets d’actualité concernant notre pays. L’avocate des droits des opprimés a épinglé la politique de silence pratiquée par la majorité des médias internationaux sur les crimes commis en RDC. Après cela, la presse a été invitée à poser ses questions.
En premier lieu, il a été question de préciser le but principal de la requête. Me Marie-Thérèse Nlandu a souligné que cette requête n’est pas une plainte au sens juridique du terme. Elle demande l’ouverture d’enquête à charge du président Joseph Kabila, du général John Numbi et consorts, impliqués dans des assassinats de journalistes, d’activistes des droits de l’homme, comme Floribert Chebeya et tant d’autres citoyens ordinaires, parce qu’ils s’opposent ouvertement au pouvoir de M Joseph Kabila. En effet, si un individu ne peut pas porter plainte auprès de la Cour pénal internationale (CPI) conformément au statut de Rome, cependant l’article 15 le permet et c’est sur cette base juridique que la demande d’ouverture d’une enquête a été introduite. La Cour pénale internationale, créée en 2002, est compétente à l’égard des personnes physiques (article 25.1, 2.3). Dans ce cas, les immunités sont inopérantes, qu’on soit chef de l’Etat, membre du gouvernement, fonctionnaire ou élu du Parlement (article 27 SR).
Me Nlandu a informé les représentants de la presse, présents dans la salle, que la requête a été introduite en date du 05 juin 2010 et que le Bureau du Procureur a accusé réception de
cette requête. Dans sa réponse, le Bureau du Procureur a indiqué qu’une décision motivée sera envoyée à l’intéressée.
La presse a ensuite voulu connaître la position du CLD quant au choix de la République démocratique du Congo pour l’organisation du prochain sommet de la francophonie qui se tiendra en 2012. La réponse à cette question a été cinglante. Pour la présidente du CLD, « nous n’accepterons pas ce sommet à Kinshasa si les personnes incriminées dans le rapport Mapping et responsables des crimes de guerre et crimes contre l’humanités depuis l’avènement du pouvoir actuel sont encore au pouvoir, car une telle organisation sera ressentie comme une injure aux victimes des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité perpétrés sur toute l’étendue du territoire congolais ». Elle a ajouté qu’en revanche le peuple congolais sera ravi d’accueillir le XIVe somment si les auteurs des crimes cités dans le rapport Mapping de l’ONU sont écartés du pouvoir afin de rendre justice aux victimes. Le Dr Fweley Diangitukwa a précisé en disant que le Madagascar n’a pas été retenu a cause, entre autres raisons, de son manque de respect de la gouvernance. La RD Congo devra subir le même sort si les acteurs qui violent les droits de l’homme et qui n’observent pas les principes de gouvernance restent au pouvoir.
Quant aux futurs enjeux électoraux, il a été répondu qu’il est absurde de concourir avec les auteurs des crimes qui sont, en plus, habitués à tricher et à frauder. Ils n’auront pas froid aux yeux à organiser de nouvelles fraudes électorales afin de rester au pouvoir et de fuir ainsi les sanctions très lourdes qui pèsent sur eux.
Pour Le Congo en légitime défense (CLD), le sommet de la francophonie tenue à Montreux, peut paraître comme empreint d’hypocrisie car certains chefs d’État, comme le président Joseph Kabange (Kabila), sont loin des principes mis en avant par l’Organisation de la francophonie, à savoir : la démocratie, la gouvernance et l’Etat de droit.

PBL vox: La Prise de Conscience du Peuple Congolais : Facte...

PBL vox: La Prise de Conscience du Peuple Congolais : Facte...: "13/10/2010 12:43:00 KongoTimes! ..."

Chef d'orchestre ?


Le violoniste et chef d'orchestre français Charles Lamoureux.

Le chef d'orchestre américain Lorin Maazel
Un chef d'orchestre est un musicien chargé de coordonner le jeu des instrumentistes des orchestres symphoniques, de jazz, d'harmonie ou de fanfare. Sa tâche consiste, sur le volet technique, à rendre cohérent le jeu de l'ensemble des musiciens par sa gestuelle, notamment en leur imposant une pulsation commune. Il règle par ailleurs l'équilibre des diverses masses sonores de l'orchestre. Sur le volet artistique, c'est à lui que revient la tâche d'orienter l'interprétation des œuvres, un processus qui s'étend à partir du choix du répertoire, de la première répétition jusqu'à la représentation finale.
Arturo Toscanini disait en substance : "Le chef d'orchestre est un prisme, une sorte de diamant, par lequel passent les faisceaux de toutes les individualités de l'orchestre"[réf. nécessaire]. De même, si le metteur en scène est au texte théâtral un intermédiaire au service du dramaturge, le chef d'orchestre est à l'œuvre orchestrale un intermédiaire au service du compositeur.

Fonction et travail du chef d'orchestre:

Le chef d'orchestre peut être permanent ou invité. Dans le premier cas, un contrat le lie à l'orchestre avec qui il doit effectuer un certain nombre de concerts ou d'enregistrements dans l'année. Il participe également à l'administration de la phalange, aux recrutements des nouveaux membres et établit son programme. Le chef invité ne l'est que pour une courte période correspondant aux répétitions et à l'exécution d'un ou de quelques concerts.
Le travail proprement dit du chef d'orchestre se divise en trois phases : la préparation, la répétition, et le concert.

Phase de préparation:

Durant cette phase, le chef d'orchestre acquiert une grande connaissance et une grande compréhension de l'œuvre à diriger. On pourrait dire que c'est la partie « structurante » de son travail.
Le chef analyse consciencieusement la structure de la pièce musicale, sa construction harmonique et son essence musicale. Il en retire une sorte d'« axe de lecture », qu'on appelle l'« interprétation ». C'est généralement une vision personnelle, une manière de comprendre le travail d'un autre. Une bonne interprétation traduit au plus près les intentions du compositeur, en exploitant au maximum les libertés laissées aux interprètes, justement.
À partir de cette compréhension, le chef d'orchestre cherche ensuite à apprendre et à intégrer les gestes qui communiqueront au mieux aux musiciens de l'orchestre la pensée du compositeur.

Phase de répétition:

Après cette phase de préparation, le chef est prêt à faire travailler l'œuvre par les musiciens. Il est généralement l'organisateur du plan de répétition : timing, section de partition à travailler plus particulièrement, recherche de l'équilibre du son... Il peut aussi, par exemple, convoquer l'ensemble de l'orchestre, ou des pupitres séparés, comme vents d'un côté et cordes de l'autre. Si l'œuvre à interpréter comporte un soliste, il fait généralement travailler l'orchestre seul avant l'arrivée du soliste afin de rechercher un son d'ensemble et une cohérence musicale. Au bout du compte, il doit obtenir le son voulu, l'interprétation exacte qu'il désirait atteindre.
Cette phase, comme la phase suivante, requiert autant de qualités musicales que de qualités de communication avec les musiciens qui composent l'orchestre : communication gestuelle et diplomatie, bonne relation humaine afin de réduire tout stress, sensibilité musicale.

Phase de concert:


Chef d'orchestre en concert au nouvel orchestre de chambre de Rouen
En phase de concert, le chef d'orchestre a plusieurs outils pour communiquer avec ses musiciens, le principal étant ses gestes. Ses bras indiquent principalement :
Le chef d'orchestre ne néglige pas pour autant son expression faciale, qui pourra indiquer des subtilités supplémentaires : caractère du mouvement, nuance ou ambiance générale de l'œuvre.
Ainsi, on distingue dans l'action de diriger un orchestre deux catégories distinctes de gestes:
  1. un ensemble de signaux de commandement, établi selon un code conventionnel au cours des répétitions, et que l'instrumentiste déchiffre et traduit; on trouve dans cette catégorie les signes de départs, de mesure, de nuance, de nuances de jeu (amplitude du vibrato, timbre du son, etc.)
  2. un ensemble de gestes expressifs non conventionnels, qui ne traduisent aucun ordre explicite mais compréhensibles par les instrumentistes.
Ce sont souvent les gestes de la deuxième catégorie qui donnent son caractère à la direction d'un chef d'orchestre:
« Furtwaengler remplace à peu près tous les signaux impératifs et volontaires [...] par des gestes expressifs [...]. Avant de battre la mesure, il s'avise qu'il ne plaît peut-être point à la mesure d'être battue. Il renonce donc très souvent à "faire savoir" les départs aux musiciens par le geste de convention. Mais il ne le leur suggère qu'avec plus de précision. Et les musiciens partent avec une simultanéité absolue et, partant sous une impulsion directe et non pas "par ordre" [...] »
— Fred Goldbeck, La Revue Musicale n°147 juin 1934
En concert, le chef est donc capable de « corriger » l'interprétation brute émise par les musiciens, en direct et discrètement... puisqu'il tourne généralement le dos au public. Le chef pourra également rattraper un décalage — rythmique, ou concernant la justesse — au moment même où celui-ci intervient.
Les chefs d'orchestre sont généralement formés en conservatoire : la formation comprend des cours d'harmonie, de solfège, d'orchestration, de pratique devant l'orchestre et de pédagogie.
Le bâton de direction, utilisé pendant l'époque baroque, a laissé la place à la baguette, dont l'usage n'est plus du tout systématique. Le bâton de direction servait surtout à taper la pulsation commune à l'ensemble des musiciens (Jean-Baptiste Lully en est mort après s'en être donné un violent coup sur le pied). Cet usage s'est perdu à l'époque classique et les musiciens ont été dirigés soit par le claveciniste (quand il y avait un continuo), soit par le premier violon. Ce dernier donnait des indications avec son archet : respirations, coups d'archet, phrasé, attaques, etc... La partie la plus visible de l'archet était la mêche de par la couleur blanche des crins. Quand les fonctions de premier violon et de chef se sont séparées, cette ligne blanche de direction s'est matérialisée par une baguette dont la couleur est aujourd'hui celle du matériau la composant : fibre, carbone, bois ou autre.

Un orchestre sans chef ? 

Cette situation est courante dans les petits ensembles (orchestre de chambre) mais n'est pas concevable pour de plus grandes formations. En revanche, le rôle de chef d'orchestre peut être cumulé avec celui de soliste (pour un concerto typiquement), voire avec le premier instrumentiste d'un pupitre (cas fréquent pour la musique baroque).
Durant plusieurs années, un orchestre sans chef a existé en URSS de 1922 à 1932, le Persimfans (l'abréviation du russe "Perviy Simfonicheskiy Ansambl bez Dirizhora" - Premier ensemble symphonique sans chef). Sa disposition était particulière : les musiciens se réunissaient de sorte à former un cercle de musiciens, certains devant tourner le dos au public. Les plus grands musiciens de l'époque ont collaboré avec eux, et cet ensemble réclamait énormément de répétitions.

Citations

  • « C'est le public qui doit transpirer, pas le chef... » (Richard Strauss)
  • « Un chef (d'orchestre) doit avoir la partition dans la tête et non pas la tête dans la partition » (Igor Markevitch)
Source: L'encyclopédie libre

    Patrimoine des présidents Africains : décision le 9 novembre


    La Cour de cassation dira le 9 novembre si un juge français a le droit ou non d'enquêter sur l'affaire dite des «biens mal acquis», concernant le patrimoine en des présidents du Gabon, du Congo et de Guinée équatoriale et de leur entourage.
    Le ministère public s'est opposé mardi, lors de l'audience devant la chambre criminelle de la Cour de cassation, à la tenue d'une telle .
    En mars 2007, l'ONG Transparence International (TI), spécialisée dans la lutte contre la corruption, avait déposé plainte contre les conditions d'acquisition d'un important patrimoine et mobilier en France par trois chefs d'Etat africains - Denis Sassou Nguesso (Congo), Teodoro Obiang Nguema (Guinée équatorial)e et le défunt chef d'Etat Omar Bongo Ondimda (Gabon), et certains de leurs proches. D'après l'ONG, le patrimoine immobilier des trois chefs d'Etat en France s'élèverait à quelque 160 millions d'euros. Le clan Bongo possèderait à lui seul une trentaine de luxueux appartements ou maisons, notamment autour du magnifique parc Monceau, à Paris. Denis Sassou Nguesso détiendrait notamment une belle villa au Vésinet (Yvelines).
    A l'issue d'une enquête préliminaire approfondie, le parquet avait pourtant classé le dossier.
    En décembre 2008, TI avait déposé une seconde plainte, classée elle aussi. Elle avait alors déposé plainte avec constitution de partie civile, une procédure qui permet de contourner le parquet et de saisir directement un juge d'instruction.
    En mai 2009, une juge du pôle financier de Paris avait redonné espoir à l'ONG, en donnant son feu vert à l'ouverture d'une enquête. Le parquet avait immédiatement fait appel de cette décision, estimant que le plaignant n'avait juridiquement pas d'intérêt à agir.
    Mais le 29 octobre 2009, la cour d'appel de Paris avait donné raison au ministère public et jugé TI irrecevable. L'association s'était alors pourvue en cassation.
    Mardi, l'avocat de TI, Me Emmanuel Piwnica, a demandé à la Cour de cassation de «censurer» la décision de la cour d'appel, car «contrairement à ce qu'elle dit» dans son arrêt, «le parquet n'a pas le monopole de la défense des intérêts collectifs.»
    «Nous nous situons sur le terrain de la corruption et, qu'on le veuille ou non, selon l'article 435-6 du Code pénal, les poursuites ne peuvent être engagées qu'à l'initiative du ministère public», lui a répondu l'avocat général Gilles Lucazeau, après avoir répété que Transparence International n'avait subi aucun «préjudice direct».
    Selon lui, si le législateur a réservé les poursuites au ministère public, c'est qu'il a dû estimer que les relations diplomatiques étaient un «domaine hautement sensible». «C'est peut-être critiquable, mais c'est la loi qui le dit», a-t-il ajouté.
    La lutte contre la corruption est «une priorité de la Chancellerie», «la plus grande fermeté a été demandée au ministère public» dans cette matière, s'est insurgé Me Piwnica.
    Leparisien.fr

    USAGES ET USURES DES ELITES AFRICAINES

    Par Mamadou KOULIBALY
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    La remise en cause des accords de coopération met la FrançAfrique en accusation. Mais lorsque Jacques CHIRAC dit qu’il connaît mieux la psychologie africaine que THABO MBEKI, il ne parle que de la partie africaine de la FrançAfrique. Car la FrançAfrique est une nébuleuse, un tissu de réseaux, une toile.
    Le pacte colonial en est le texte fondateur : il trouve place dans la Constitution française de 1958 révisée en 1995. Certes, le pacte est ce qu’il est. De ce fait, il doit être solidairement dénoncé par les peuples de tous les pays africains. Mais au-delà du pacte, qu’y a-t-il donc ?
    La FrançAfrique est un pacte entre une mafia française et des "hommes d’Etat" africains. Il est connu pour sa force et sa brutalité légendaire. Mais que contient donc le côté africain de cette FrançAfrique ?
    Pour répondre à la question, regardons ce qu’il est, et comment il fonctionne. Dans ce tableau, aucune réponse n’est évidente. Il faut donc être prudent dans la qualification. Si nous soutenons l’idée selon laquelle ce réseau bloque la démocratisation de l’Afrique et hypothèque les libertés et les droits, la question se pose de savoir comment en Afrique, les différentes initiatives de la nébuleuse sont gérées par les élites africaines dans un environnement de sous-développement profond.
    Quel est donc le rôle des élites africaines dans le sous-développement africain ? Qu’est-ce que le développement dans la conscience de ces élites ?
    En fait, cette question nous entraîne au cœur du drame des pays africains et du traumatisme de leurs peuples. Elle nous demande d’expliquer comment, nous-mêmes africains, nous assumons nos responsabilités face à notre propre histoire faite de rendez-vous manqués avec la prospérité et la liberté. Cette élite qui gère le partenariat entre la France et les populations africaines a un destin aussi étrange que celui de Wangrin.
    Cette approche trouble la conscience car elle nous révèle que nous nous sommes contentés de gérer depuis cinquante ans le destin commun des peuples africains après les indépendances. Gérer signifiant ici "tourner en rond", entretenir une rotation, en quelque sorte ronronner, roupiller.
    Pouvons-nous aborder notre conscience lorsque pendant toute cette période nous avons fermé la porte à la liberté qui pourtant est la seule valeur qui maintienne en vie la conscience de notre appartenance à la civilisation mondiale et humaine.
    Sommes-nous capables de refouler l’état de crispation qui bloque en nous toute volonté d’action, de mouvement, de développement de la modernité ? Au lieu de simplement gérer, sommes-nous capables de nous lancer à l’assaut de l’action dynamique et audacieuse ?
    Sous l’ancien régime caractérisé par le règne du parti unique, la Côte d’Ivoire a été gérée pour le compte de l’Elysée, peut-on aujourd’hui faire autre chose que de gérer cet héritage ? Au lieu de gérer, pourquoi ne pas concevoir de nouveaux cadrages susceptibles d’estomper l’entropie des institutions que nous avons eues en héritage? Au lieu de gérer une difficulté pourquoi ne pas l’attaquer ? Au lieu de gérer l’Etat, pourquoi ne pas le gouverner ?
    Posons alors la question de savoir quel a été le rôle des élites politiques africaines dans le sous-développement du continent. Elle nous ramène à interroger la conscience des élites.
    Donc ici, nous détournons un moment les regards de la France, tout en restant vigilants, pour les braquer sur nous-mêmes. Une introspection urgente.
    Les défis de l’élite politique : les usages
    En Afrique, tout le monde le sait, c’est l’élite politique qui a été le principal vecteur des politiques économiques et sociales appliquées durant ces cinquante dernières années.
    Au moment où, dans les années 60, nos élites politiques proclamaient les indépendances un peu partout, des défis majeurs les attendaient. Il leur fallait d’une part, assurer la stabilité politique du continent et des pays et d’autre part, transformer des économies rurales et archaïques en économies modernes et industrialisées. Les résultats par rapport à l’un ou l’autre des défis sont bien connus.
    En Asie, où le problème se posait dans les mêmes termes, la première préoccupation s’est résolue rapidement et la seconde a été abordée de façon franche et victorieuse. En Afrique non.
    Nous avons relativement reculé pour devenir une loque, sans âme, sans volonté. En Afrique, nous n’avons pas eu conscience de nous-mêmes en dehors de notre ethnie et de nos tribus. "Connais-toi toi-même en dehors du groupe tribal" n’a pas été une maxime d’usage des élites africaines.
    La recherche de la stabilité politique s’est vite heurtée à des conflits de tous genres et cela de tous temps. Les élites politiques ont conduit les pays à l’erreur, au désespoir, au sous-développement et donc à la pauvreté.
    Qu’est-ce qui n’a donc pas marché en Afrique ? Les usures.
    La classe dirigeante africaine a été l’une des plus gaspilleuses de ressources comparée à celles des autres continents. Pour se donner un niveau de vie et l’entretenir, cette classe politique s’est accaparée de parts importantes des ressources générées par ces pays pauvres.
    Lorsque cette élite politique a cru investir, elle a plutôt consacré les ressources de l’Etat à des biens de consommation durables comme par exemple les immeubles pour l’administration et les résidences pour elle-même ; consacrant du même coup très peu d’intérêt aux écoles, aux centres de santé, aux routes et autres commodités recherchées et attendues par les populations.
    Lorsqu’elle a cru industrialiser l’Afrique, cette élite a plutôt organisé des marchés protecteurs de rentes et des entreprises monopolistiques incapables de soutenir la concurrence.
    Lorsqu’elle a voulu battre monnaie, cette élite s’est contentée d’unités de compte, et a par ailleurs abandonné les moyens d’échange et de réserve des valeurs aux mains de ses partenaires extérieurs aussi étatistes qu’incompétents.
    Au lieu d’adopter des politiques économiques capables de renforcer la liberté économique et la libre concurrence, cette élite s’est contentée d’être une distributrice de rentes et de quotas. Elle s’est du même coup bâti une clientèle politique dont la fonction essentielle est d’être soit "chasseur de rente" soit "bétail électoral".
    Au lieu de prendre les dispositions élémentaires pour stimuler l’épargne, cette élite s’est contentée d’adopter des mesures qui ont encouragé la fuite des capitaux, et dans le même temps, elle s’est spécialisée dans la recherche de l’aide publique internationale et l’endettement massif ; construisant ainsi, naturellement, l’insolvabilité des Etats et leur mise au ban de la communauté internationale comme problème à résoudre.
    Dans cette dynamique de prédation, les élites politiques sont arrivées à arracher la complicité du FMI et de la Banque Mondiale, devenus les parrains des "élèves" des programmes de stabilisation et de relance économique issus de ce que l’on a désigné alors, avec beaucoup de pudeur, le "consensus de Washington".
    Le résultat de ces actes organisés de prédation est que l’Afrique est restée pauvre et continue de s’appauvrir, sans annoncer de perspectives de changement de tendance.
    Les pauvres d’Afrique, de par leur nombre élevé et leur dissémination partout sur le continent, n’arrivent pas à influencer la répartition des revenus.
    Les coûts de transaction qu’ils doivent affronter sont prohibitifs. La seule institution capable dans ce type de cas de répondre efficacement aux problèmes posés est incontestablement le marché hélas toujours ignoré par les élites africaines. Nous avons installé nos pays dans la trappe à pauvreté, le piège à pauvreté. Nous sommes donc des prédateurs pour nos peuples.
    Mais d’où vient cette élite politique prédatrice ?
    Les Etats africains mis en place à l’indépendance n’ont pas été créé par les élites africaines. Ces Etats sont des créations pures et simples des pouvoirs coloniaux au moment du changement de statut dans les années 60.
    Ces Etats ne sont que des excroissances des Etats colonisateurs, mis à part peut-être, l’Ethiopie, l’Egypte et le Libéria. Ce sont les pouvoirs coloniaux qui ont définis et tracé les frontières des territoires de nos Etats. Ce sont eux qui ont sélectionnés les leaders, les capitales, les noms des Etats Africains et parfois même ceux de la plupart des tribus dont nous nous réclamons souvent avec fierté.
    En 1963, réunis à Addis Abeba, les élites politiques africaines ont accepté, au nom de leurs peuples, pourtant non consultés, de ne pas remettre en cause les frontières héritées de la période coloniale. Leur responsabilité en découle, car c’est par ces frontières arbitraires que les peuples expliquent largement les conflits ethniques, les violences tribales, les charniers, les guerres de successions de dictateurs trop longtemps restés au pouvoir, les génocides, les purifications ethniques, les famines, les déplacements de réfugiés, et toutes les formes de migration vers le reste du monde et essentiellement vers l’Europe.
    Cette déstabilisation congénitale est inscrite dans la nature de l’Etat africain et consubstantielle au pacte colonial, écrit ou non, qui organise d’une façon ou d’une autre le pillage des ressources et des potentialités des systèmes économiques africains étatisés.
    Dès lors, les systèmes économiques eux aussi vont s’éloigner encore plus vite du marché libre et de la propriété privée des moyens de production. Les Etats africains deviennent ainsi prédateurs vis-à-vis des populations dont ils ont pourtant la responsabilité. Le système fiscal discriminatoire et complexe étouffe l’esprit d’entreprise et les droits de propriété par ailleurs non reconnus aux populations. Tout est propriété de l’Etat et l’Etat est aux mains des élites qui s’organisent pour le piller au grand malheur des citoyens.
    A partir de 1960, le pouvoir politique devient la principale source d’enrichissement de l’élite africaine. Alors que le colon était loyal à sa patrie, l’élite africaine à l’indépendance n’a pas compris que lorsque l’on lui montre la lune ce n’est pas le doigt qu’il lui faut regarder. Elle aussi, par mécanique pure, est restée loyale à l’ancienne puissance coloniale.
    Sa patrie ne lui sert qu’à s’enrichir personnellement et ne lui impose aucune loyauté vis-à-vis d’elle. L’élite ne s’est à aucun moment sentie loyale vis-à-vis du peuple. Au mieux, elle l’a fait quand le peuple signifiait pour elle le groupe ethnique, le clan, le parti politique mais rarement l’ensemble des populations et leurs institutions au nom desquelles elle était supposée gouverner.
    L’exclusion des adversaires politiques par la prison, les coups d’Etat, les assassinats ont été l’œuvre des partis uniques mis en place à l’époque par l’élite. Cette élite refuse encore la démocratie et la liberté économique qu’elle n’a pas pu promouvoir parce qu’elle ne les connaissait pas, ou en avait une véritable peur panique.
    Les élites des indépendances ont ainsi refusé le droit et la justice dans les processus de production et de répartition des richesses sur le continent. Les conflits nés du partage de ces ressources, après que le système colonial s’est servi, tournent toujours en affrontements ethniques ou religieux.
    L’élite est au centre des conflits identitaires constatés à l’intérieur des Etats, puisqu’elle se prostitue à différents marionnettistes. L’élite politique africaine perd ainsi son âme, sa conscience. Car une marionnette n’a pas de vie propre. Sa vie est celle que lui offre le marionnettiste.
    Depuis les indépendances, l’on a enregistré très peu de conflits entre Etats. Très souvent, les conflits ont lieu à l’intérieur des Etats. Et presque toujours, un Etat voisin sert de sanctuaire aux rebelles, qui l’utilisent comme base arrière. Les actes de prédation des élites sont internationaux et étatiques.
    Quelle solution : 1789 ou 1989 ?
    Les élites africaines, celles des pays francophones, se sont laissées berner. Elles ont cru à la parole de la France alors que celle-ci n’a pas de parole et pour cause :
    elle ne respecte pas ses engagements internationaux vis-à-vis des Etats africains ;
    elle a un mépris du peuple et de la démocratie en France comme en Afrique ;
    elle s’offre des interlocuteurs dits crédibles alors que les peuples concernés ne sont en aucun moment consultés à ce sujet ;
    elle a la hantise de la paix car sa survie semble dépendre des menaces perpétuelles de coups d’Etat ;
    elle a une approche négationniste des droits individuels. Cette France-là, c’est celle de Charles DE GAULLE, de Georges POMPIDOU, de Valérie Giscard d’ESTAING de François MITTERAND de Jacques CHIRAC et de Nicolas SARKOZY.
    Il s’agit d’une forme de totalitarisme qui n’a rien à envier à celui qui pendant plus de 45 ans s’est imposé aux pays du pacte de Varsovie.
    Dans notre cas, le pacte est colonial. A l’époque du pacte de Varsovie, le pouvoir central du totalitarisme se trouvait au Kremlin. Dans notre cas, il se trouve à l’Elysée.
    Le changement révolutionnaire qui a eu lieu à l’Est en 1989 éclaire d’un autre jour nos démarches en Afrique. Pour plusieurs d’entre nous, nous aimons nous référer à la déclaration universelle des droits de l’homme de 1789. Toutefois, nous devons admettre que les révolutionnaires français n’étaient pas les premiers à déclarer les droits de l’homme.
    Quelques années avant, en 1776, d’autres déclarations avaient eu lieu en Amérique. Déclarations qui vont influencer celle de 1789. En Angleterre, il faut aussi savoir que bien longtemps avant, en 1679, l’Habeas Corpus avait été promulgué pour garantir la liberté individuelle et protéger contre l’arbitraire judiciaire. Dans le cas ivoirien, la déclaration qui sied le plus n’est pas celle des droits de l’homme, mais celle de l’indépendance.
    Les déclarations précédentes des droits de l’homme sont devenues des propriétés universelles mais chaque peuple, pour se libérer du joug d’un dominateur, se donne une déclaration de rupture, de son refus du totalitarisme des marionnettes comme de celui des marionnettistes. Il nous faut donc une déclaration claire d’indépendance. Le sommet de l’OUA de 1963 aurait dû en faire une. Ça été une occasion ratée et nous en payons depuis le prix.
    Notre cas est plus proche de 1989 que de 1789. Les indépendances fondées sur la déclaration de 1789 ont très vite tourné au totalitarisme comme 1789 avait tourné à la dictature. Notre révolution se doit d’être une quête de liberté comme celle qui animait les populations d’Europe de l’Est en 1989. Comme celle qui animait le 4 Juillet 1776 à Boston, les Représentants de l’ensemble des colonies américaines en révolte contre la domination anglaise.
    Le pacte colonial comme le pacte de Varsovie n’a plus de raison d’être si les élites africaines le désirent.
    Que substituer au pacte colonial ?
    Il nous faut simplement développer la liberté économique, stimuler le secteur privé et préciser les droits de propriété sur nos terres actuellement propriété monopoliste de nos Etats. L’enrichissement personnel ne peut pas être le monopole des élites politiques en Afrique, et l’Etatisme ne peut pas en être le vecteur sinon nous retrouvons les vestiges du pacte colonial.
    Les élites doivent maintenant s’accorder sur le fait établi par l’histoire et par la pensée, et que partagent MARX et LENINE avec HAYEK, Friedman et KIRZNER, à savoir que l’économie de marché et la propriété privée des moyens de production sont les meilleurs moyens d’enrichissement des pays et des individus à la fois.
    Pour s’enrichir, il faut épargner et réintégrer cette épargne dans le processus de production sous la forme d’innovations et d’inventions par la technique et la technologie. Le développement d’un pays n’est possible que lorsque les populations sont mises dans les conditions qui les rendent aptes à s’enrichir.
    Dans ce processus, et pour une économie située dans la trappe à pauvreté, ce qui compte pour l’enrichissement est moins le produit ou le revenu par tête que le capital par tête. Or, pour augmenter le capital par tête, nous n’avons que deux choix. Le capital par tête est un rapport, une fraction avec le stock de capital détenu dans une économie au numérateur et le nombre d’habitants au dénominateur. Pour que cette fraction augmente, il faut soit augmenter le numérateur (le capital) soit réduire le dénominateur (la pression démographique).
    Or, une des grandes caractéristiques des économies africaines est leur incapacité à contrôler la poussée démographique. Certes, le continent est sous peuplé mais le taux de croissance de la population est très élevé et stable. Ce qui, en conséquence, donne aux familles africaines des tailles moyennes parmi les plus élevées de la planète, et cela dans des conditions incompatibles avec le niveau de revenu par tête.
    A moins de considérer que les maladies, les guerres, les génocides, la famine, les conflits armés de toutes sortes soient des méthodes de régulation de la démographie en Afrique, il ne nous reste que la solution de l’accroissement du stock de capital. Et pour augmenter le stock de capital, un réel défi attend les élites politiques africaines, celui de transformer un capital qui dort en capital vivant : la terre.
    La terre en Afrique ne porte aucun titre foncier pour les populations qui pourtant en sont les propriétaires. Les Etats ont confisqué les terres et dépouillé les populations de leurs droits de propriété. La terre est proclamée propriété des Etats, et lorsque ce n’est pas le cas, ceux-ci ne reconnaissent aucun propriétaire à ces éléments de patrimoine.
    Nous avons besoin d’accumulation primitive du capital, mais nous ne pouvons piller personne comme les conquistadors de l’époque. Nous ne pouvons coloniser aucune terre nouvelle comme les Français. Nous devons trouver sur place, dans nos pays, les instruments nécessaires à cette accumulation du capital.
    Il ne s’agit pas des billets de banque que nous pouvons détenir sur nos comptes en banque. Il s’agit de ce que nous pouvons investir sur la part de notre revenu que nous épargnons. L’accumulation part de là.
    Si nous consommons nos revenus dans les grandes cérémonies de mariages, de baptêmes, ou de funérailles ; si nous dépensons notre argent à des festivités, alors nous hypothéquons nos capacités financières futures.
    Epargner, c’est penser à demain. Transformer son épargne en investissement est de nature à augmenter le capital et à nous rendre aptes à laisser aux générations futures plus que nous n’aurons reçu des générations passées. Le développement en découlera avec le temps l’enrichissement de générations successives à venir.
    La terre est une épargne qui dort. Il nous faut la réveiller et lui donner la possibilité d’avoir une valeur d’échange sur un marché libre. Il a été souvent reproché à l’Afrique de ne pas avoir d’entreprises et d’entrepreneurs. Or, nos contrées foisonnent de paysans individuels ayant des terres qu’ils travaillent, et qui produisent des biens que nos Etats s’empressent de collecter et de commercialiser. C’est du servage. Pouvons-nous en finir avec ? Oui, mais pour cela, il nous faut préciser le cadastre dans nos brousses, délimiter nos départements et, à l’intérieur du département, nos sous-préfectures et dans la sous-préfecture, nos villages, et dans les villages, les propriétés familiales.
    Nous devons distribuer pour ces produits, et aux prix coûtants, les titres de propriété et peaufiner notre code civil sur la question.
    Ensuite, nous devons engager immédiatement nos banques à fournir de nouveaux produits financiers capables de financer l’agriculture ; la production agricole, et non uniquement la commercialisation des produits agricoles. Le système bancaire issu du pacte colonial mériterait d’être modernisé, et cela n’est pas possible tant que le compte d’opérations est logé au Trésor français. L’élite doit être capable d’introspection et de contestation du statu quo.
    Chaque jour, nos parents qui vont au champ combinent des facteurs de production parmi lesquels leur travail, les outils champêtres et la terre. Ce sont des entrepreneurs agricoles. Mais, comme nos pratiques et nos législations, au lieu de leur donner des occasions d’épanouissement, les étouffent, alors ces entrepreneurs se révèlent incapables d’innovation culturale. L’archaïsme des méthodes culturales est en déphasage avec le monde moderne, et les rendements le sont en conséquence.
    Dans l’agriculture, nous avons un grand secteur privé auquel nous ne donnons ni liberté de choix, ni droit de propriété. Ces privés deviennent vulnérables, et se retrouvent à la merci de n’importe quel prédateur. Nous n’avons pas le droit de considérer nos compatriotes comme du bétail justes bons pour nous donner des mandats politiques qui nous confient la gestion des ressources que nous captons aisément sur leurs activités, et très souvent à leur insu et à leurs dépens.
    Les revenus de prédation éloignent les élites politiques des populations qui deviennent de plus en plus vulnérables. A l’indépendance, les élites, soit ont créé des entreprises monopolistiques d’Etat, soit sont devenues elles-mêmes hommes d’affaires utilisant les prébendes politiques pour développer des affaires aussi onéreuses que non compétitives. La connexion se fait là.
    Lorsque les élites politiques ont alors conçu des législations, elles l’ont été pour protéger leurs propres affaires contre la concurrence libre de leurs propres concitoyens. Nous avons choisi des institutions qui ont organisé, soit la fuite des capitaux, soit l’endettement. Nous sommes tous complices. Et aujourd’hui, nous ne pouvons plus gérer le statu quo.
    Pour éviter une implosion, ne vaut-il pas mieux prendre des dispositions dès maintenant ? N’est-il pas temps de rompre les chaînes que nous nous sommes mis aux pieds et aux mains nous-mêmes ? N’est-il pas temps de rompre avec les marionnettistes et les ventriloques de tout acabit ?
    N’est-il pas temps de consolider la démocratie et de renoncer à la prédation à tous les niveaux ? En sommes-nous capables ?
    Une chose est sûre : tant que nous n’en serons pas capables, nous resterons toujours des prédateurs pour nos peuples, mais des proies faciles pour la FrançAfrique. Et il n’est pas sûr que l’esprit de 1989 permette à nos peuples de nous suivre dans cette perspective.
    Lorsque nous allons dans la même direction que nos peuples, nous faisons chemin ensemble. Mais lorsque nous dévions, ils sont libres de continuer sans nous : tel est le sens de notre volonté de changement.
    Source: http://mampouya.over-blog.com/