Les quatre passagers détenus, en plus des membres d'équipage, au même nombre, sont retenus dans un hôtel de Goma, sous la surveillance des services de sécurité. Le gouvernement du Nord-Kivu a communiqué les noms des passagers de l'avion cloué au sol, pour raison d'enquête. Il s'agit de Mary Edouard Carlos (américain), Ehinmola Adeola (Nigérian), Lawal Mukaila (Nigérian) et M'Bemba Frank (Français). L'équipage est constitué de trois sujets américains et d'un nigérian. Selon l'autorité provinciale, les enquêtes préliminaires ont révélé la présence des millions de dollars américains à bord du biréacteur maîtrisé, destinés à une transaction avec de l'or dont la quantité demeure encore imprécise. En effet, trois chiffres sont avancés, à savoir 310 kg (source gouvernementale), 435kg (source provinciale) et 456 kg (source militaire), selon un recoupement réalisé par nos confrères de l'Agence France presse (AFP).
Le coût de la transaction, conclue avant l'intervention déterminante des autorités locales, est estimé à plus de 6,5 millions de dollars américains. Reprenant les propos du ministre de la Communication et médias, Lambert Mende, l'AFP rapporte que juste 1,8 millions de dollars américains ont été récupérés sur les 6,5 millions déclarés par les présumés trafiquants. Une partie serait même de faux billets de dollars américains. « Les autorités se refusent à indiquer si des pourvoyeurs d'or ont été arrêtés alors que la transaction a effectivement eu lieu. Le porte-parole du gouvernement a indiqué à l'AFP qu'il était possible que des militaires soient impliqués dans le trafic d'or, mais a mis hors de cause Bosco Ntangada ». Pour rappel, un officier présenté comme un proche de l'intéressé a empêché la fouille d'une valise extraite de l'avion. On l'accuserait aussi d'avoir détourné l'itinéraire du cortège pour la remise de cette valise à l'administration provinciale, informée de l'arrivée d'un avion suspect. Bosco Ntaganda, général de l'armée congolaise, autrefois parmi les officiers supérieurs de l'ex-CNDP, ancien mouvement rebelle dont il était le numéro deux, a fini par intégrer, en 2009, les Fardc.
La question du commerce illégal des matières précieuses dans le Kivu est relancée d'autant plus que l'incident survient en pleine période d'interdiction décidée par le président de la République démocratique du Congo lui-même. Pour le gouvernement provincial, au moment où l'on se rapproche de plus en plus d'une reprise de l'exploitation artisanale, après tant d'efforts pour mieux organiser les activités minières, cette question ne saurait constituer une nouvelle épine dans cette voie. « Le gouvernement provincial rassure la population que toute la lumière sera faite autour de ce dossier qui dévoile ainsi l'un des réseaux de déstabilisation de la province du Nord-Kivu ».
Laurent Essolomwa
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