Eyadèma Gnassingbé, Sylvanus Olympio et Jean-Pierre Fabre(AfriSCOOP Analyse) —La semaine dernière, le ministre Charles Madjom Kondi Agba de la Santé du Togo a dénoncé de toutes ses forces sur radio « Kanal Fm » les accusations portées contre lui par le troisième vice-président de l’Anc (Alliance nationale pour le changement), Pollongniwa Kèffèy-Kasshou Emmanuel Kakou. Au cours de sa réponse, M. Agba a défoncé une porte ouverte sur le régionalisme au Togo.
La véritable et définitive réconciliation entre tous les fils et filles du Togo, indispensable pour le développement harmonieux du Togo passera avant tout par le deuil des « egos » qui peuvent être collés à telle ou autre ethnie du Togo comme des étiquettes. Un grand travail psychologique à effectuer en somme et qui s’étendra vraisemblablement sur des années.
« Lorsque je suis arrivé à Lomé pour la première fois en 1956, j’ai tout de suite compris qu’au Sud, l’on me catégoriserait dans les « Kablèto » (Kabyè, en mina, langue parlée au Sud-Togo) », a rappelé le Professeur Agba, en se défendant des accusations portées à son encontre par le numéro 3 de l’Anc. Et l’ancien-nouveau ministre d’indiquer qu’il « fait, depuis, avec » cette catégorisation sus-mentionnée. Venant d’un ministre, un des plus anciens membres du Rpt (parti au pouvoir), ces propos devraient étonner plus d’un. D’autant plus que M. Agba n’est pas Kabyè mais un natif de Kabou (dans la préfecture de Bassar). Toutefois, replongée dans le contexte socio-politique togolais, cette partie de la dernière sortie médiatique du patron de la Santé au Togo connote ouvertement la survivance d’énormes méfiances entre Togolais du Sud et du Nord…
Dans le landerneau socio-politique togolais, c’est un secret de Polichinelle que de rappeler que les irréductibles du régionalisme ont poussé leur hystérie jusqu’à délimiter aux confins de la Région des Plateaux (vers le centre du Togo) les limites des populations du Sud !!! Une fois encore, l’ethnie de l’actuel chef de l’Etat du Togo (kabyè) se retrouve au centre de divergences sociales entre des hommes et des femmes qui se réclament citoyens d’une même République.
Le fait ethnique : une suite logique en réalité
Disparition tragique de Sylvanus Olympio (père de l’indépendance togolaise) non élucidée ; différents soubresauts du processus démocratique local depuis 1990 ; la mise à l’écart du président Grunitzsky ; l’exil forcé de l’élite du Cut (parti de S. Olympio) après le « putsch manqué » de 1968 mis sur le dos de Noé Koutoukli. Ou encore les multiples coups d’Etat manqués contre le régime Eyadèma en 1986, 1993, 1994. Voilà autant de faits et gestes politiques qui ont creusé un fossé, dans la tête et dans les esprits entre Togolais du Nord et du Sud. Des faits dont les corollaires continuent à suivre aujourd’hui quotidiennement ces Ouest-Africains dans plusieurs domaines de la vie de leur pays. Au point que même dans les démembrements des principaux groupes ethniques du Togo, on en vient à créer des « sous-méfiances ». Au cours du premier trimestre 2010, à la faveur de la candidature de Kofi Yamgnane (natif de Bandjéli), la préfecture de Bassar n’avait-elle pas été vue autrement, subitement, par les Opposants et le parti au pouvoir au Togo, au point de provoquer d’importants chamboulements militaro-politiques insoupçonnés ?
Dans leurs attitudes ou postures régionalistes qu’ils s’efforcent difficilement de dissimuler, les Togolais lambda ne s’abreuvent en réalité qu’à la fontaine de l’histoire récente et lointaine de leur Etat. Tout en copiant leurs élites les plus célèbres qui se trouvent être des hommes politiques, premiers responsables de formations pour la plupart… Comme on peut s’en rendre compte, il n’y a pas que l’Apg (Accord politique global) qui a tracé des voies pour la résolution durable des maux socio-politiques du Togo. Même les faits et gestes de tous les jours des Togolais indiquent à satiété les sujets urgents à mettre sur la table quand opposants et « mouvanciers » décideront, en toute franchise, de fumer le calumet de la vraie réconciliation.
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