mardi 2 août 2011

Election en RDC: Quand Mulunda Ngoy joue avec le feu



Carte de la RD Congo aux couleurs de l’emblème national.

«Conseiller spirituel» du président sortant «Joseph Kabila» avant d’être le président de la très mal nommée «Commission électorale nationale indépendante» (Ceni), Daniel Mulunda Ngoy Nyanga se croit tout permis. Vendredi 29 juillet, ce «pasteur» pas très protestant a créé l’événement en mettant le Parlement congolais en demeure de statuer illico presto sur l’annexe de la loi électorale promulguée fin juin. Il donne une date butoir : le 10 août prochain. Passé ce délai, le président de la Ceni - qui adore utiliser la première personne du pronom personnel - s’est dit prêt à organiser la seule élection présidentielle à la date fixée, soit le 28 novembre. Les législatives, elles, pourraient avoir lieu «plus tard». Mulunda venait de déposer la fameuse annexe entre les mains du ministre de l’Intérieur. «Si les élus du peuple décident de ne pas me donner l’annexe avant le 10 du mois (d’août) prochain, j’annonce un nouveau calendrier, celui du découplage: je vais commencer par la présidentielle, et puis la députation nationale viendra quand les députés le voudront» déclarait-il.

Selon le calendrier initial élaboré par cette Commission, l’annexe de la loi électorale devait être votée par les deux Chambres du Parlement entre le 23 et le 27 juillet. C’est sans compter le retard pris par la révision du fichier électoral. Celle-ci a pris fin le 17 juillet au lieu du 30 juin. Trente-deux millions d’électeurs ont été enregistrés, contre vingt-cinq millions en 2006.

Inutile de dire qu’une crise de confiance oppose la Ceni non seulement aux représentants des forces de l’opposition mais aussi aux parlementaires sortants. Il est reproché à cette «institution d’appui à la démocratie», présidée par un proche parmi les proches du président sortant "Joseph Kabila", notamment un manque de transparence dans la gestion du fichier électoral. Des voix se sont élevées pour inviter la Ceni à publier les listes électorales tant au niveau de chaque circonscription que sur son site Internet pour permettre une «certification» des identités et du nombre d’électeurs inscrits. En vain.

Il est demandé par ailleurs à la Ceni d’expliquer pourquoi telle circonscription se voit attribuer plus ou moins de sièges qu’une autre. A titre d’exemple, la ville de Kinshasa avec près de dix millions d’habitants se voit «déposséder» de sept sièges de députés par rapport à 2006. Pourquoi ? Toute la question est là. Le cas de la capitale n’est pas unique en son genre. La province Orientale, le Sud Kivu, le Bas-Congo perdent respectivement deux, deux et un siège. En revanche les provinces de l’Equateur, le Kasaï Oriental, le Kasaï Occidental font un gain en sièges. A l’exception du Sud-Kivu.

La Ceni n’ayant pas encore satisfaits à toutes ces exigences, on se demande bien quelle mouche a pu piquer le fameux pasteur Mulunda au point de confondre vitesse et précipitation. Quelle est la motivation de cette subite impatience alors que le scrutin présidentiel a été réduit à un seul tour, disait-on, pour des «raisons économiques»? Par quel tour de passe-passe le trésor public se trouve-t-il en mesure de faire face au découplage des deux consultations politiques majeures ?

Le Parlement devrait dans les jours à venir tenir une session extraordinaire pour voter la fameuse annexe. N’empêche. Où va-t-on lorsque le président de la Ceni, au nom des intérêts particuliers – pour ne pas dire maffieux - dont il est le dépositaire, se croit en droit d’attenter à la souveraineté du Pouvoir législatif en usant d’un ton comminatoire alors que les deux Chambres auront bien besoin d’au moins un mois pour abattre le travail attendu?

Mulunda Ngoy serait-il tenté par un passage en force en organisant envers et contre tous «son» élection présidentielle? C’est un pari risqué. Cet homme ne joue-t-il pas, en définitive, avec le feu en maniant avec légèreté une matière aussi sensible?
Baudouin Amba Wetshi
© Congoindépendant 2003-2011

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