jeudi 31 janvier 2013

Brigade Spéciale de la MONUSCO pour pacifier le Nord-Kivu

L’Afrique du Sud bloque l’initiative de Ban Ki-Moon

Kinshasa, le 31/01/2013


L’usage de la force pour pacifier le Nord-Kivu occupé par procuration par les rebelles du M23 risque de ne jamais devenir réalité.

Ceux-ci, pourtant catégorisés par le Conseil de sécurité de l’Onu comme une force négative au même titre que les jihadistes d’Ansar Dine, Aqmi et Moujao du Nord-Mali, bénéficient des faveurs du lobbying anti-Rdc opérationnel dans les grandes places diplomatiques.

Ce lobby est constitué d’Ougandais, de Rwandais et de Congolais qui sont à la manœuvre pour le blanchiment du M23 et la diabolisation du Gouvernement congolais.

Il n’y a plus de doute possible que c’est bel et bien ce lobby qui était entré en action pour tenter d’étouffer dans l’oeuf la création de la Brigade spéciale d’intervention de 2.5000 hommes à intégrer à la Monusco tel que préconisé par Ban Ki-Moon, le secrétaire général de l’ONU.

Du coup, la Brigade risque de n’être qu’un mort-né. Alors que sa mission était louable : pacifier le Nord-Kivu par la force, c’est-à-dire par l’opération armée pour chasser le M23 de tous ses bastions. La Brigade ne verra très probablement pas.

Selon des informations fiables, c’est l’Afrique du Sud (RSA) qui s’est opposée avec virulence à la constitution de cette Brigade dont pourtant le commandement lu a été proposé avec comme adjoint la Tanzanie.

Des explications données par la RSA sont très alambiquées. Mais, on sait que Pretoria exige que toutes les revendications du M23 soient examinées avant la constitution d’une telle force.

A ce titre, la RSA semble dans la même intelligence que le Président ougandais, médiateur de la CIRGL, Yoweri Museveni qui est de mettre sur la table des négociations toutes les revendications du M23.

Mais, ce n’est pas par hasard que Pretoria a adhéré à cette opinion. C’est plutôt après avoir reçu la visite de deux leaders de l’Opposition congolaise qui ont leurs deux pieds dans la rébellion pro-rwandaise du M23.

Il s’agit de Roger Lumbala Tshitenga et Antipas Mbusa Nyamwisi, tous deux des élus du peuple.

Leur lobbying auprès des autorités de Pretoria a porté amenant ces autorités à analyser la crise de l’Est de la Rdc avec d’autres binocles. Ce qui les a poussées à un réajustement de leur position initiale et, par voie de conséquence, à battre en brèche la Brigade spéciale de Ban Ki-Moon.

Ce revirement de la RSA semble avoir mis une croix sur cette Brigade dont la mise en œuvre allait rendre sans objet les pourparlers actuels à Kampala étant donné que le M23 allait être démantelé par la force, ramené à sa réalité de force négative.

A Kampala même, cette position de la RSA qui a réservé une fin de non-recevoir à Ban Ki-Moon sur la constitution de la Brigade d’intervention a donné du tonus à Kaguta Museveni et ses ouailles du M23 qui ont passé des moments difficiles.

Ils vont reprendre du poil de la bête, l’unité dont ils redoutaient la création n’étant plus que vaudeville.

Ce travail de sape contre les intérêts de la Rdc auprès de Pretoria était aussi le fait du Président ougandais Museveni, médiateur de la CIRGL.

A tous les responsables qu’il a rencontrés à l’UA à Addis-Abeba, il a fait savoir que c’est le Gouvernement congolais qui est à la base de toutes les guerres qui se déroulent au Kivu et actuellement au Nord-Kivu.

Pour l’Ougandais, la Rdc entretient une campagne de stigmatisation contre la communauté tutsi du Nord-Kivu qui ne peut que conduire à des guerres comme connu par le passé.

Museveni prétend aussi que le Gouvernement congolais entretient des groupes armés étrangers qu’il lance à l’assaut de leurs pays respectifs en l’occurrence le Rwanda et l’Ouganda.

Egalement, le Président ougandais s’inscrit en faux contre les sanctions de l’Onu qui frappent les dirigeants du M23 estimant qu’elles introduisent la politique de deux poids dues mesures, surtout en ce qui concerne des poursuites devant les juridictions internationales dans la mesure où’ il y a du côté du Gouvernement des acteurs qui ont fait pire que ceux du M23 en termes de violations des droits de l’homme. Une rhétorique victimiste vielle comme l’histoire des rébellions proRwanda et Ouganda.

Pourtant, quand on prend par exemple la question de la campagne de diabolisation contre les Tutsi du Nord-Kivu, ceux-ci ne sont inquiétés par aucune autre communauté, la partie mise en cause étant occupée par les rebelles du M23.

Ailleurs, dans les grandes villes comme Kinshasa, les Tutsis congolais vaquent librement à leurs occupations. Bien plus, ils sont dans toutes les instances de l’appareil d’Etat et de l’Armée.

Il en est de même des autres points du plaidoyer de Museveni au profit du M23 pour que celui-ci échappe aux sanctions de l’Onu qu’il estime injustifiées, qu’il fasse prévaloir ses prétentions aux négociations et se tailler la part du lion ayant déjà sensibilisé les puissances qui comptent en Afrique pour cette cause.

Dommage que, de la part du Gouvernement, on ne sent pas la réplique appropriée à toutes ces questions qui sont en train de faire pencher la balance du côté des rebelles au détriment du peuple congolais dans le microcosme international.

A Kampala, à Pretoria, à Addis-Abeba ou à New York, la diplomatie congolaise manque aux avant-postes. Il est question d’y remédier dans le plus bref délai si on tient à ne pas subir les événements.

Comme, par exemple, celui du renvoi aux calendres grecques de la Brigade d’intervention de Ban Ki-Moon qui doit être considéré comme un deuil en Rdc.

Kandolo M.
Forum

Les djihadistes, ces horribles créations des dictatures

Pour le chroniqueur algérien Kamel Daoud, ce ne sont pas les révolutions arabes qui ont provoqué l'essor des djihadistes, bien au contraire.


un membre du groupe égyptien Tawhid wal Jihad, novembre 2006. ©REUTERS/Nasser Nuri

«Ceci est le résultat du printemps arabe», a résumé, sous couvert d'anonymat, un responsable algérien au New York Times, rapporte le site d'information en ligne TSA.

C'est la nouvelle équation, épilogue de longs glissements sémantiques entre le sens de démocratie, chaos, révolution, désordre, islamistes, etc.

En Algérie, le régime a joué sur la peur du chaos et le traumatisme des années 90 (décennie noire), pour stopper net les demandes de changements et faire passer la démocratie pour l'ennemi du bien.

Avec la prise d'otages d'In Amenas, cette équation est désormais revendue aux opinions de l'Occident: les djihadistes sont la conséquence du printemps arabe. Est-ce vrai? Non.

Echecs des nationalismes

Les révolutions en Tunisie, en Egypte ou, surtout en Libye, ont permis aux islamistes de prendre le pouvoir et aux djihadistes de prendre de nouvelles armes.

Mais les islamistes et les djihadistes ne sont pas nés des révolutions. Ils sont nés avant, des dictatures, des échecs idéologiques des nationalismes et de l'injustice.

Les islamistes sont d'abord les fils légitimes et aînés des régimes qui sont tombés et du wahabisme internationalisé par le livre et le satellite.

On ne semble retenir, aujourd'hui, de ces dictatures que leur vertu policière de «stabilité» et d'ordre. On oublie, avec une criminelle facilité, les tortures, les dénis de droits, les spoliations de richesses, les viols, les fraudes, les corruptions, le mal, les disparitions forcées, les vols, les assassinats.

On oublie la guerre faite aux progressistes, les universités vassalisées, les élites soumises aux chantages par la violence, la chasse aux intellectuels et au savoir. On oublie que ces régimes ont justement encouragé les islamistes comme alibi (si ce n'est pas moi, ce sont eux!), pourchassé la modernité, et verrouillé les cultures sous la serre des mosquées et des «services».

On oublie aussi que, faute d'alternative idéologique aux nationalismes menteurs, les gens n'ont trouvé que le wahabisme et l'islamisme comme refuge et comme solution, parce qu'on n'a rien laissé émerger d'autres.

Opium des peuples

On ne fabrique pas un islamiste et un djihadiste lorsqu'on se révolte contre un régime. On fabrique des djihadistes quand on construit la plus grande mosquée de l'Afrique, quand on pourchasse les couples et les libertés, quand on encourage le bigotisme et les fatwas et quand on «talibanise» les écoles et les écoliers, au lieu de les encourager à s'interroger sur le monde et à créer la richesse et la valeur.

L'équation moderne est d'«afghaniser» les peuples par les écoles et de «pakistaniser» les régimes par la global-war. Cela mène au mur.

Les islamistes sont donc les enfants directs des dictatures. Kadhafi n'avait pas six enfants, mais des milliers, de Benghazi à Gao. Autant que Moubarak. Ce ne sont pas les enfants des révolutions.

On en fabrique quand on infantilise un peuple pendant des décennies, quand on le dé-cultive, le réduit à l'ignorance et au Moyen-Âge: la dictature peut tomber mais ses effets seront durables, pendant longtemps: les islamistes, le non-vote, le désengagement, le fatalisme, la violence comme institution primaire, l'intolérance, en sont les produits dérivés.

Et si les peuples «arabes» se sont révoltés, c'est à cause de trois grand maux: les polices politiques alias les «Moukhabarates» qui gangrènent la vie des nations, la justice à la dérive et les fils des dictateurs. Cela est la vérité crue et évidente pour celui qui ne veut pas s'illusionner ni mentir.

Dire aujourd'hui que le printemps arabe a enfanté des djihadistes est une manœuvre, un mensonge, un raccourci et une ruse. Ce n'est pas vrai.

Demander la démocratie n'est pas un crime

Dans ce monde arabe, aujourd'hui centre du monde par l'obscurité et pas par l'avant-garde et la lumière, les islamistes et les djihadistes sont venus au monde parce que pendant le demi-siècle passé, on a tout fait pour détruire ce qui peut assurer une relève, une réflexion, une liberté.

On les a encouragés, dopés et on a surveillé et emprisonné ce qui pouvait offrir un autre choix que le Moyen-Âge. On a détruit les libertés et les libérations acquises après le départ des colons.

Demander la démocratie n'est pas un crime, ni la cause du chaos actuel. Le chaos et la violence sont le crime des régimes qui ne savent fabriquer que des prisons ou des islamistes ou des Trabelsi prédateurs.

Dire aujourd'hui, que les djihadistes sont une menace contre le pays est une vérité mais il faut aussi admettre qu'à long terme, on fabrique des islamistes quand on refuse la liberté aux siens, le savoir, les écoles modernes, l'entreprise, la créativité et la création et lorsqu'on encourage la prière au lieu du travail et le conservatisme au lieu de la citoyenneté ou la fatwa au lieu de la loi.

Lorsqu'on prive un peuple de sa liberté, il s'habitue aussi à ne pas en avoir, au nom de Dieu, à la place du «au nom du dictateur».

Kamel Daoud Le Quotidien d'Oran

Ray Lema : 'En Afrique, les intrumentistes n'ont pas encore vraiment de reconnaissance'

Ray Lema : 'En Afrique, les intrumentistes n'ont pas encore vraiment de reconnaissance'

Le Rwanda, pays sans potentiel économique significatif implante une bourse de matières précieuses à Kigali - Le gouvernement de la RDC doit ouvrir l’œil et le bon !

Jeudi, 31 Janvier 2013


Les assises sur les mines à Lubumbashi sauteront-elles sur l’occasion pour dénoncer cette initiative du pays de mille collines qui prépare l’accélération du pillage de richesses nationales?

Se trouvant personnellement à la tête d’une importante délégation de son pays au quatrième forum écologique tenu il y a quelques jours à Davos dans la confédération helvétique(Suisse), le Président Paul Kagame a annoncé en fanfare la création, à Kigali d’une bourse de matières premières dont celles identifiées comme précieuses et semi-précieuses minérales !

Etaient assis comme par hasard, aux côtés du Chef de l’Etat rwandais Madame Jandayi Frazer, ancienne sous-secrétaire d’Etat américaine aux affaires africaines sous l’autorité du Président George Walter Bush, et Monsieur Nicolas Berggruen, Président d’un important Holding qui porte son nom.

Si à Davos Nicolas Berggruen représentait sa propre entreprise, Jendayi frazer représentait quant elle les intérêts d’un consortium international qui l’employait, à savoir la Fifty Ventures.

S’agissant de la bourse elle-même qui opérera sous l’anonymat, ses éminents fondateurs l’ont appelée East Africa Exchange, en abrégé EAX.

Appelée à être la première partie d’une bourse régionale dont l’ambition est d’accroître la transparence (sic !) de marchés de produits de la région de Grands lacs (africains) selon ses créateurs, EAE portera ses efforts sur la création d’un centre de vente aux enchères et le négoce au comptant pour l’agriculture et les produits non agricoles.

Ouvrir le bon œil !

Au-delà de ces initiatives, EAE aura également à développer des marchés à terme en Afrique orientale.

Les principaux bailleurs de fonds de l’EAE sont Berggruen Holding, une société d’investissement panafricaine, la Fondation Tony Elumelu, 50 Ventures et Rwandan Led Ngali Holdings.

Sur le plan strictement théorique, la bourse de matières premières de Kigali fait partie intégrante de dispositifs d’intégration prévus dans l’accord créant la Communauté économique de l’Afrique de l’Est dont fait partie le Rwanda à l’origine pays francophone devenu anglophone depuis l’avènement de Paul Kagame dont les accointances avec les Etats anglo-saxons ne sont plus à démontrer !

Mais comment le Rwanda, pays sans potentiel économique significatif peut-il implanter une bourse de matières premières dont celles identifiées comme précieuses et semi-précieuses minérales à l’intérieur du périmètre de son territoire ?

Sans forêts, sans gisements miniers, sans nappes pétrolifères, sans produits agricoles de rapport en dehors du thé et du café  cultivés sur espace aux dimensions comparables à celles d’un mouchoir de poche le Rwanda peut-il offrir au monde et à des prix concurrentiels du bois d’oeuvre, des diamants industriels et de joaillerie, du cuivre, de l’or, du colombo Tanalite (Coltan), de la cassitérite (Etain), le Nobium, I Wolfram et autres terres rares?

Or, depuis de longues années le Rwanda s’est ingénié à s’associer avec plusieurs sociétés écran d’origine étrangère pour développer la contrebande autour des ressources naturelles de la RDC.

A ce jour on peut facilement imaginer la provenance de matières premières que le gouvernement de Kigali se propose d’exporter à ciel ouvert à travers sa bourse de création récente à Kigali !

A l’occasion de la tenue à Lubumbashi des assises sur les mines congolaises le gouvernement a intérêt à ouvrir l’oeil et le bon sur nouvelle invention de Paul Kagame.

Pourrait-il sauter sur l’occasion ainsi offerte pour dénoncer à la face du monde cette initiative qui prépare l’accélération du pillage de richesses de la République?

KAMBALE MUTOGHERWA

Ces dirigeants qui font encore rêver l'Afrique

De nombreux chefs d'Etat ont su marquer l'histoire du continent. Par leur charisme et leur sens de l'intérêt général. Portraits.


Un manifestant congolais tenant une image de Patrice Lumumba. Le 30 juin 2006. Reuters/ François Lenoir

L’un des maux de l’Afrique réside dans l’incapacité de ses dirigeants à se montrer à la hauteur des espoirs de leurs peuples.

Un manque de leadership qui concilie les impondérables du pouvoir avec son corollaire d’ambitions personnelles et l’adhésion de ceux qu’on dirige, tout en gardant toujours en vue leurs intérêts et la nécessité impérieuse de ne jamais rompre les incontournables équilibres sociopolitiques.

Mais, jusque-là, l’Afrique n’a pas que des chefs d’Etat sans charisme ni intelligence. Certains ont su marquer l’histoire du continent.

Thomas Sankara, le capitaine-peuple

Le capitaine Thomas Sankara est né le 21 décembre 1949 à Yako. 25 ans après son assassinat, le 15 octobre 1987, il reste pour beaucoup le plus populaire des dirigeants africains. Même les générations qui ne l’ont pas connu, le considèrent comme tel.

Point n’est question de succomber à la tentation de croire au président parfait. Pas plus qu’aux nombreux montages burlesques et aux arguties mal ficelées qui ont tenté de faire de lui un idéaliste aux idées loufoques.
L’ancien président du Burkina Faso, pendant la période révolutionnaire de 1983 à 1987, était plus qu’un militaire. Il dérangeait de par son intelligence et son langage de vérité, savait être en phase avec les aspirations profondes de son peuple qui se reconnaissait en lui comme son porte-voix.

Au-delà du Burkina, beaucoup de citoyens des pays d’Afrique le voyaient comme le président qu’ils auraient tant aimé avoir.

La force de «Thom-Sank» ou le «capitaine-peuple» comme on l’appelait affectueusement résidait dans ce qu’on qualifierait du «courage de dire et l’intelligence de faire» dans l’intérêt du peuple, et cela quoi qu’il advienne.

Son discours du 4 octobre 1984 devant l’Assemblée générale des Nations unies reste d’actualité. Un seul passage suffit à résumer l’homme et son œuvre, lorsqu’il dit:

«Nous avons choisi de risquer de nouvelles voies pour être plus heureux. Nous avons choisi de mettre en place de nouvelles techniques. Nous avons choisi de rechercher des formes d’organisation mieux adaptées à notre civilisation, rejetant de manière abrupte et définitive toutes sortes de diktats extérieurs, pour créer ainsi les conditions d’une dignité à la hauteur de nos ambitions. Refuser l’état de survie, desserrer les pressions, libérer nos campagnes d’un immobilisme moyenâgeux ou d’une régression, démocratiser notre société, ouvrir les esprits sur un univers de responsabilité collective pour oser inventer l’avenir. Briser et reconstruire l’administration, à travers une autre image du fonctionnaire, plonger notre armée dans le peuple par le travail productif et lui rappeler incessamment que sans formation patriotique, un militaire n’est qu’un criminel en puissance. Tel est notre programme politique. Au plan de la gestion économique, nous apprenons à vivre simplement, à accepter et à nous imposer l’austérité afin d’être à même de réaliser de grands desseins.»

Avec Thomas Sankara, ce n’était pas que des beaux discours. Il vivait simplement comme le peuple et ne pillait pas les ressources de l’Etat. Bien au contraire. Il voulait amener les Burkinabè à respecter le bien public, à travailler dur, à consommer d’abord les produits de leur travail, à compter sur eux-mêmes, à être fiers et confiants.

De toute évidence, ce qu’il voulait pour son peuple n’avait pas l’heur de plaire à l’intérieur comme à l’extérieur du Burkina Faso. Malgré les avertissements, il a tenu à payer de sa vie pour léguer à toute l’Afrique l’impérieuse et incontournable nécessité d’oser inventer, si tant est que l’Afrique veut se construire son propre développement. La question est toujours d’actualité.

Nelson Mandela, un leader d'exception

L’ancien président d’Afrique du Sud de 1994 à 1999, Nelson Mandela, est né le 18 juillet 1918 à Mvezo. Dans le contexte d’apartheid qui sévissait en Afrique du Sud, il fallait être un homme exceptionnel pour refuser de troquer sa liberté contre de petits arrangements avec l’histoire.

De nombreux exemples sont là au quotidien pour rappeler aux Africains qu’il faut bien moins que 27 ans de prison, même dans des conditions moins pénibles que celles de Nelson Mandela à Robben Island, pour faire plier beaucoup de ceux qui prétendent défendre les intérêts de leurs peuples aujourd’hui en Afrique.

La foi et la détermination de Nelson Mandela en la justesse du combat qu’il menait dans l’intérêt de son peuple ont finalement eu raison du système ignominieux de l’apartheid. Mais bien plus, son intelligence et son charisme lui ont permis de se tourner résolument vers l’avenir.

En pardonnant à ses anciens bourreaux et en faisant admettre à ses compatriotes noirs que le temps était désormais venu d’essayer de construire une nouvelle nation multiraciale, la nation dite «arc-en-ciel».

De débarrasser l’Afrique du Sud des scories du racisme et de l’apartheid. Cela n’allait pas de soi comme on pourrait le penser a priori. Tout comme les négociations qui ont sous-tendu la fin de l’apartheid.

En bon passeur de messages, l’on retrouvera la marque personnelle de l’intelligence du vieux leader de l’Umkhonto we Sizwe, la branche militaire de l’African National Congress (ANC), lorsqu’il décida de ne pas s’accrocher au pouvoir en briguant un deuxième, voire un troisième et un énième mandat comme on sait si bien le faire en Afrique.

Gamal Abdel Nasser, fondateur de l'Egypte moderne

Il a vu le jour le 15 janvier 1918 à Alexandrie. Si l’Egypte n’est pas actuellement sous la coupe réglée d’une monarchie, les Egyptiens le doivent au Lieutenant colonel Gamal Abdel Nasser. C’est lui qui, en effet, à la tête du Mouvement des officiers libres a renversé le roi Farouk le 23 juillet 1952.

Il peut être considéré comme le fondateur de l’Egypte moderne. A son actif, il convient de mentionner les grands chantiers précurseurs de l’éducation pour tous, des infrastructures telles que le barrage d’Assouan.

Au-delà de son pays, Gamal Abdel Nasser s’est aussi évertué tant bien que mal à unir le monde arabe, à travers l’affirmation et la mise en œuvre d’une politique panarabe. S’il n’a pas réussi à faire reconnaître le droit à la souveraineté du peuple palestinien, il n’en demeure pas moins qu’il l’a porté et placé au cœur de la diplomatie internationale. Grâce à lui, le monde entier ne peut plus feindre d’ignorer le problème de la Palestine.

Ironie du sort, les Egyptiens et plus généralement le monde arabe n’a souvent tendance qu’à retenir de lui, son cuisant revers dans la guerre des six jours contre Israël. Gamal Abdel Nasser est décédé d’une crise cardiaque le 28 septembre 1970, mais il a laissé derrière lui un héritage de poids qu’aucun leader du monde arabe n’a encore réussi à porter.

Patrice Lumumba, héros de l'indépendance

Né le 2 juillet 1925 à Onalua, Patrice Emery Lumumba, le premier Premier ministre de l'actuelle République démocratique du Congo est un héros national dans son pays, mais aussi pour bon nombre d’Africains.

D’abord héros de l’indépendance, Patrice Lumumba, doit être en train de se retourner continuellement dans sa tombe, au regard de ce qui se passe actuellement dans son pays. A l’occasion de la proclamation de l’indépendance, il déclarait devant Baudoin Ier, le roi des Belges:

«(…) Cette indépendance du Congo, si elle est proclamée aujourd’hui dans l’entente avec la Belgique, pays ami avec qui nous traitons d’égal à égal, nul Congolais digne de ce nom ne pourra jamais oublier cependant que c’est par la lutte qu’elle a été conquise, une lutte de tous les jours, une lutte ardente et idéaliste, une lutte dans laquelle nous n’avons ménagé ni nos forces, ni nos privations, ni nos souffrances, ni notre sang. C’est une lutte qui fut de larmes, de feu et de sang, nous en sommes fiers jusqu’au plus profond de nous-mêmes, car ce fut une lutte noble et juste, une lutte indispensable pour mettre fin à l’humiliant esclavage, qui nous était imposé par la force.»

Hélas, aux anciens colons blancs qu’il a combattus se sont quasiment substitués de nouveaux colons noirs qui ne sont pas plus honorables d’ailleurs.

L’ancien employé de bureau d’une société minière, s’était en effet forgé une âme de combattant au contact des injustices faites aux travailleurs sur le terrain et du pillage des ressources du pays par les multinationales coloniales.

Cet homme à l’éducation rudimentaire, a dû s’éduquer et s’élever par lui-même. Puis, son combat politique, lui a permis de mener son pays à l’indépendance. Patrice Lumumba sera trahi. Il est arrêté, torturé et fusillé avec deux de ses partisans Maurice Mpolo et Joseph Okito sous le commandement d’un officier belge le 17 janvier 1961. Mais au-delà de sa personne et de ses idéaux, c’est le pays qui a été trahi.

Kwame NKrumah, chantre du panafricanisme

Kwame Nkrumah, le premier président du Ghana, a vu le jour le 21 septembre 1909 à Nkroful. Cet activiste de la première heure contre l’administration coloniale britannique a connu la prison. Mais sa ténacité, de désobéissance civile en désobéissance civile, va la contraindre à lui concéder l’indépendance de son pays.

L’auteur d’Africa must unite (l’Afrique doit s’unir), fait déjà partie à l’époque des rares chefs d’Etat à avoir effectué de hautes études au début des indépendances africaines.

Il sait que les micro-Etats du continent n’ont aucun avenir devant les appétits voraces des ex-puissances coloniales et des nouvelles puissances émergentes. Face à la recomposition géopolitique du monde, l’Afrique n’as pas d’autre choix que de s’unir.

Cette conviction fait de Kwame Nkrumah, le plus ardent défenseur du panafricanisme. Malheureusement, la situation sociopolitique à laquelle il se trouve confronté à l’intérieur du Ghana où il est accusé de dérives dictatoriales, mettra un coup d’arrêt à son régime. Il est renversé par un coup d’Etat le 24 février 1966. Contraint à l’exil en Guinée, il meurt en Roumanie le 27 avril 1972.

Le panafricanisme que Kwame Nkrumah et ses autres compagnons ont porté pour l’Afrique reste l’un des projets politiques les plus ambitieux de l’histoire du continent.

Hélas, l’Afrique n’a plus des Thomas Sankara, des Nelson Mandela, des Gamal Abdel Nasser, des Patrice Lumumba et des Kwame Nkrumah. Qui pour leur succéder?

Au lieu d’une Union africaine impotente telle qu’on la connaît maintenant, la réalisation des Etats-Unis d’Afrique n’est plus dorénavant un idéal, mais un impératif pour le développement de l’Afrique.

Même si elle semble hors de portée des capacités des dirigeants actuels.

«L’Afrique doit s’unir ou disparaître», un message qui pour beaucoup d’intellectuels africains reste plus que jamais d’actualité.

Pierre Cherruau et Marcus Boni Teiga
SlateAfrique

Au nom des experts de l’ONU, Steve Hege se défend

30 janvier 2013


Le chercheur américain Steve Hege a dirigé le groupe d’experts nommés par l’ONU pour enquêter sur l’implication de pays étrangers, nommément le Rwanda et l’Ouganda, dans la politique de soutien au M23, le mouvement militaire qui a pris Goma en novembre puis s’en est retiré moyennant l’ouverture de négociations actuellement en cours à Kampala.

Les trois rapports publiés par le groupe d’experts ont jeté une lumière crue sur les soutiens extérieurs dont ont bénéficié les soldats rebelles. Ils ont aussi exposé les experts et en particulier le chef de leur groupe, à de vives critiques, tant à Kampala qu’à Kigali.

Aujourd’hui que le groupe a terminé son travail et qu’une autre équipe va reprendre le flambeau, Steve Hege, avec l’approbation de ses collègues, a accepté de répondre aux questions du Soir.

Quelle est la qualification des experts membres du Groupe?

Le Groupe d’experts est composé de 6 membres, chacun nommé par le Secrétaire Général de l’ONU après une évaluation par le Secrétariat ainsi que les quinze pays membres du Conseil de sécurité.

Les membres sont des enquêteurs et chercheurs indépendants avec une expérience technique dans les différents domaines spécifiques du mandat, c’est-à-dire les enquêtes sur l’approvisionnement en armes, le financement des groupes armés, le commerce des ressources naturelles, les violations graves des droits de l’homme, et les problématiques transfrontalières.

Basée à l’est de la RDC pendant son mandat, l’équipe dispose d’une connaissance approfondie de la région des Grands lacs, notamment des dynamiques régionales concernant les groupes armés étrangers ainsi que nationaux.

Durant notre mandat de 2011-2012, nous avons bénéficié d’une plus grande expérience, étant donné que cinq des six membres faisaient déjà partie du Groupe précédent.

Dans mon cas par exemple, c’était mon troisième mandat. Ceux qui contestent aujourd’hui l’objectivité et la crédibilité du Groupe en 2012 doivent garder à l’esprit qu’à une exception près, il s’agit de la même équipe que l’année précédente, où de telles critiques n’avaient jamais été exprimées.

Quelle fut votre méthodologie pour enquêter sur l’implication des pays voisins, dont le Rwanda, dans le soutien du M23 (visites sur le terrain, entretiens, témoignages de première main etc…)

Comme il est expliqué dans l’annexe 2 de notre rapport final, nous avons adopté une méthodologie très rigoureuse et approuvée par le Conseil de sécurité.

Avant tout, nous avons privilégié les informations recueillies auprès des témoins directs des évènements, qui sont le plus souvent des ex-combattants des groupes armés.

Pour le cas du M23, nous avons notamment interrogé individuellement plus de cent anciens combattants du mouvement rebelle, dont 57 qui ont déclaré être des citoyens rwandais. Tous ont donné des témoignages détaillés sur le soutien du Rwanda aux rebelles.

Nous avons corroboré ces informations avec un réseau de plus d’une centaine d’autres sources notamment des leaders locaux, de commerçants, de simples paysans, d’ex-officiers de l’armée rwandaise, ainsi que des anciens officiers du CNDP qui maintiennent de nombreux contacts avec leurs amis et membres de leurs familles qui ont adhéré au M23.

Nous avons aussi suivi de très près des réunions entre les différents groupes armés et mobilisateurs qui ont eu lieu au Rwanda (annexe 41), enquêté sur les transferts d’argent (annexe 34), les relevés d’appels effectués par des individus liés aux groupes armés (annexe 59), des enregistrements de communications radio entre les rebelles et des officiers de l’armée rwandaise (annexe 26), des déclarations officielles des détenus comme Roger Lumbala (annexe 45), des communications par emails et messages sms (annexe 42), des documents d’identification de soldats décédés au combat (annexe 18 &37) ainsi que des images satellitaires montrant très clairement les pistes reliant les quartiers généraux du M23 à des bases militaires rwandaises, ce qui corroborait parfaitement les témoignages des ex-combattants (annexe 6).

En plus, comme complément aux informations recueillies sur le ravitaillement en armes par le Rwanda, nous avons documenté l’utilisation quotidienne par le M23 d’armes et équipements traditionnellement utilisés par l’armée rwandaise — notamment certaines armes lourdes et munitions qui ne peuvent pas provenir d’un détournement des stocks officiels de l’armée congolaises, parce qu’elles n’y figurent pas (annexe 17) — ainsi que des tenues militaires rwandaises fabriquées à Kigali (annexe 15).

En plus, à travers nos descentes fréquentes sur le terrain dans des zones contrôlées par les groupes armés nous avons été témoins nous-mêmes d’une coopération étroite entre les rebelles et les forces spéciales de l’armée rwandaise et de livraisons d’équipement militaire en provenance de l’extérieur.

Nous avons également développé nos propres sources actives au sein du M23 qui ont eux-mêmes reconnu le soutien du Rwanda à leur mouvement. En dépit des menaces physiques proférées contre nous et contre nos collaborateurs, nous avons effectué sept visites au Rwanda, souvent dans des localités importantes dans le cadre du recrutement de civils pour le M23, afin de corroborer les détails fournis par les ex-combattants notamment pour l’hôtel Bushokoro à Kinigi, qui non seulement correspondait parfaitement aux descriptions qui nous avaient été données mais qui a aussi été encerclé par des soldats de l’armée rwandaise pour la protection de ce site tellement important pour le M23 (annexe 19).

Finalement, nous avons confirmé nos informations avec des services de renseignements comme ceux de l’Ouganda, du Burundi, de pays occidentaux (annexe 22) ainsi que du gouvernement congolais, même si ce dernier a officiellement refusé de collaborer avec nos enquêtes dans l’élaboration de l’addendum du rapport intérimaire.

Le gouvernement rwandais vous accuse d’être un sympathisant des FDLR et un négationniste du génocide avec un agenda anti-Rwanda, Quelle est votre réponse sur ce point?

Le gouvernement rwandais a d’abord tenté de répondre à notre addendum sur ces violations de l’embargo sur les armes pour que nous le modifions. Ayant échoué, faute d’explications crédibles et convaincantes, le gouvernement a choisi de mener une campagne médiatique, diplomatique et juridique à notre encontre, pour discréditer les conclusions de nos enquêtes.

Nos détracteurs se sont principalement concentrés sur un document de discussion interne, où j’ai été cité comme le point de contact,-ce document a été mis sur internet par inadvertance-, et qui avait pour butd’analyser les réactions éventuelles des FDLR contre la population civile lors des opérations militaires prévuesau début de 2009, ainsi que de réfléchir aux modalités de démobilisation et de rapatriement définitifs des membres de ce groupe dans le contexte politique et historique de la région, y compris les massacres documentés par le rapport « mapping » de l’ONU, qui sont très importants pour comprendre l’idéologie interne des FDLR.

Il n’y a rien dans ce document qui nie en aucune façon le génocide rwandais. En revanche, il se réfère directement à l’implication des certains commandants des FDLR dans le génocide.

Cet exercice d’analyse prospective ne concernait d’ailleurs pas uniquement les FDLR, mais aussi d’autres groupes armés à l’Est de la RDC, y compris le CNDP à l’époque, mais cela non plus ne veut pas dire que je défends leurs perspectives.

Tout au début des attaques contre moi, j’ai personnellement demandé que ce document soit retiré d’internet car, en tant que simple document de discussion interne, il n’avait pas vocation à être rendu public et les autres analyses sur les autres groupes armés n’ont d’ailleurs pas été publiées.

Le gouvernement rwandais est parfaitement au courant de mon objectivité en tant qu’enquêteur sur les groupes armés, notamment sur les FDLR. Lors des mandats précédents du Groupe d’experts auxquels j’ai participé en 2010 et 2011, nous avions d’ailleurs établi une bonne coopération avec les services de renseignements rwandais.

Ces derniers nous ont fourni de nombreux éléments d’information que nous avons par la suite tenté de confirmer avec d’autres sources indépendantes, surtout des ex-combattants des FDLR.

Même si nos partenaires rwandais n’ont pas été tout-à-fait satisfaits de nos conclusions à propos de liens entre les FDLR et l’opposant Kayumba Nyamwasa en 2011, ils ont, à l’époque, respecté notre approche objective et impartiale qui s’appuie strictement sur les standards de preuve exigés par le Conseil de sécurité.
Par ailleurs, le Groupe d’experts, et moi-même en particulier, avons également coopéré avec les procureurs allemands dans les procès en cours contre l’ancien Président et vice-président des FDLR.

En fait c’est dans une large mesure grâce aux efforts du Groupe d’experts pour exposer et documenter les réseaux d’appui externe aux FDLR que le mouvement rebelle se retrouve plus isolé et affaibli aujourd’hui que jamais, malgré ses efforts récents pour renaître dans le contexte actuel de la rébellion du M23.

De plus, avant de rejoindre le Groupe d’experts, en 2006 et 2007, j’ai travaillé comme officier de démobilisation de la MONUC, un poste pour lequel j’ai parcouru à pied à maintes reprises le fin fond des forêts des deux Kivu pour rencontrer des centaines de FDLR et tenter de les convaincre, avec un certain succès, de déposer les armes et de rentrer pacifiquement chez eux.

Le gouvernement rwandais a pourtant utilisé ces accusations à mon égard comme un élément clé de sa défense et il a même payé certains officiers FDLR pour qu’ils donnent de faux témoignages, assurant que je leur aurais fourni des armes depuis quatre ans !

Bien que le gouvernement rwandais ait régulièrement exigé ma démission, aucun des membres du Comité de sanctions du Conseil de sécurité ne m’a posé la moindre question à propos de ma soi-disant « partialité ».

Le Rwanda nie absolument toute implication et affirme que vous ne lui avez pas donné un droit de réponse, ni considéré les explications et critiques de vos enquêtes rendues publiques en juillet. Que répondez vous à ces accusations ?

En réalité, nous avons donné au gouvernement rwandais plusieurs opportunités de répondre aux résultats de nos enquêtes. Ils ont refusé une première fois de nous recevoir lors d’une visite officielle à Kigali au mois de mai, en disant que notre présence au Rwanda n’avait rien à voir avec l’embargo sur les armes, un argument assez faible étant donné que l’embargo est la raison d’être-même du Groupe d’experts.

Ensuite, lorsque le Comité des sanctions nous a demandé expressément de retarder la soumission de notre addendum au rapport intérimaire sur les violations rwandaises de l’embargo, la ministre rwandaise des affaires étrangères a refusé de me donner la moindre réponse quand je lui ai exposé nos conclusions.

Quelques heures après notre rencontre, la ministre a pourtant déclaré, lors d’une conférence de presse, que personne n’avait partagé avec le Rwanda les résultats de nos enquêtes.

En ce qui concerne le démenti officiel écrit par le gouvernement rwandais, c’est un document que nous avons bien étudié et auquel nous avons répondu exhaustivement dans l’annexe 3 de notre rapport final.

Nous avons eu l’occasion, lors d’une deuxième visite officielle à Kigali au mois de juillet, d’écouter les remarques du gouvernement rwandais, mais il nous a semblé que nos interlocuteurs cherchaient plus que toute autre chose à nous interroger pour connaître nos sources – qui doivent pourtant rester confidentielles selon la méthodologie du Groupe d’Experts.

Pour l’essentiel, les officiels du gouvernement ont essayé de nous convaincre que nous avions été en fait les victimes d’un grand complot ourdi par le gouvernement congolais et plus particulièrement par ses services de renseignement.

En réalité, au début de nos enquêtes, c’est-à-dire entre février et début juin, les autorités congolaises ont tenté de nous bloquer l’accès à des informations sensibles sur l’implication du Rwanda, car elles cherchaient alors à résoudre le problème discrètement avec Kigali.

Il n’est d’ailleurs pas non plus très logique que le gouvernement rwandais maintienne d’un côté que le Congo est un Etat en faillite, « un trou noir », et qu’il avance par ailleurs l’argument que ce même gouvernement serait efficace au point de pouvoir fabriquer les faux témoignages de plus d’une centaine d’ex-combattants du M23, sans compter également les centaines de sources locales et témoins directs de l’implication du Rwanda, tous éparpillés entre l’Ituri, le Nord Kivu et le Sud Kivu.

Après le mois de juin, nous avons effectivement observé plus de coopération de la part du gouvernement congolais, mais les informations de source congolaise n’ont jamais été la base de nos enquêtes.
Concernant certains détails de l’explication fournie par le gouvernement rwandais, notamment sur les questions d’armement du M23 lors de notre visite à Kigali en juillet, le gouvernement nous a présenté de vieux AK-47 détruits comme la preuve qu’ils n’avaient pas fourni d’armes aux rebelles, y compris des obus de 75 mm.

Lorsque que j’ai exprimé mon manque de compréhension à ce propos, le chef des renseignements militaires a répondu que les obus de 75 mm en question avaient été détruits depuis un certain temps, mais qu’ils n’étaient pas visibles car ils se trouvaient par hasard « en-dessous » des AK-47.

Un mois plus tard, nous avons appris que le Rwanda a sollicité un appui technique pour détruire des obus de 75 mm etde 120 mm, du même type que ceux que les rebelles ont utilisé pour attaquer Goma.

Même après la reconnaissance officielle par le gouvernement rwandais du fait qu’il pourrait en effet y avoir eu des recrues du M23 en provenance du Rwanda, le gouvernement n’a pas effectué la moindre enquête à ce sujet.

Lorsqu’aucune de nos conclusions n’a pu être réfutée, ils sont passés aux attaques personnelles contre nous.

Depuis août, ils ont tout simplement refusé de nous rencontrer et de coopérer à nos enquêtes. Pendant cette période, nous n’avons fait qu’observer une augmentation du soutien et de l’emprise directe du gouvernement rwandais sur le M23, culminant avec la prise de Goma en novembre.

Quand est-ce que cette guerre du M23 a commencé à être préparée ? Et quels ont été les premiers signes de l’implication du Rwanda?

Dans notre rapport final de 2011, nous avions souligné le fait que des commandants ex-CNDP se préparaient déjà à un retour à la guerre, car ils s’attendaient à ce que les élections présidentielles soient très contestées.

Non seulement Bosco Ntaganda plaçait ses hommes à des postes stratégiques au Nord et au Sud Kivu et contribuait à la manipulation des élections dans le territoire de Masisi, mais Sultani Makenga, de son côté, avait déjà commencé à accumuler de très importantes quantités d’armes grâce à ses réseaux d’appui déjà établis au Rwanda et en Ouganda.

En janvier 2012, Makenga a échoué dans une première tentative de mutinerie à Bukavu, essayant de mobiliser les sympathisants de Vital Kamehre contre la proclamation des résultats des élections présidentielles.

Tout en appuyant officiellement la campagne du Président Kabila, les autorités rwandaises avaient aussi contacté des membres de l’opposition à Kinshasa pour leur dire que Kabila s’apprêtait à tricher et les inciter à mobiliser leur base pour l’en empêcher.

Néanmoins, l’implication directe du Rwanda n’a jamais a été aussi évidente que lors que les forces gouvernementales ont mis en débandade les mutins de l’ex-CNDP fin avril.

C’est à ce moment-là quand le Rwanda a envoyé des éléments de son armée pour faciliter l’arrivée de Makenga et de Ntaganda à Runyoni, à moins de 7 km de leur frontière, en vue d’y établir le M23 comme un plan B.

A partir de ce moment, l’armée rwandaise a déployé ses troupes d’une manière permanente aux côtés des rebelles congolais du M23 et renforcé chaque opération importante au Congo avec des unités entières en provenance des bases militaires de Ruhengeri et Kinigi au Rwanda.

Dans l’interview accordée au Soir par James Kabarebe, le Ministre rwandais de la Défense, y a-t-il des points que vous contestez ?

Lors de notre entretien avec lui en juillet, le Général Kabarebe nous a raconté la même histoire détaillée sur les réunions auxquelles le Rwanda a participé dès le début de la mutinerie de l’ex-CNDP en avril, comme preuve de sa bonne volonté.

Effectivement, le gouvernement rwandais a tenté de se positionner comme médiateur et pacificateur de la situation en appui au gouvernement congolais, mais, les faits accablants établis par nos enquêtes permettent de remettre en cause la stratégie du Rwanda.

En se positionnant à la fois comme juge et partie, cela leur garantissait, quoi qu’il arrive, l’imposition d’une solution convenant à leurs intérêts à l’est de la RDC.

Kabarebe n’a fait que justifier toutes les revendications du M23 et sa raison d’être, en nous affirmant notamment que tous les groupes armés congolais, y compris les groupes Mai-Mai – lesquels sont d’ailleurs impliqués dans des violations du droit international humanitaire très graves- constituaient avec le M23 une seule et même résistance crédible face au gouvernement congolais.

Nous avons trouvé ce discours assez surprenant de la part d’un ministre essayant par ailleurs de se distancer des accusations sur son implication dans le soutien au M23.

Mais dans son interview publiée dans le journal Le Soir, Kabarebe a oublié de mentionner que les leaders congolais du M23 étaient eux-mêmes parmi les pires responsables des travers de l’armée congolaise.

Le Groupe d’experts a documenté à maintes reprises les exactions de l’ex-CNDP, les mafias que le mouvement contrôlait au sein de l’armée nationale, notamment pour le trafic illicite des ressources naturelles, le détournement des soldes, les actes de pillage, les viols, l’imposition du travail forcé, ainsi que les assassinats directs de tous ceux qui s’opposaient à leur domination de l’armée.

Il n’a également pas mentionné que les évènements déclencheurs de la mutinerie en avril étaient justement les séminaires tenus à Kinshasa sur la réforme de l’armée. Ntaganda, Makenga et Baudoin Ngaruye qui exerçaient déjà un contrôle quasi-total sur l’armée à l’est de la RDC, ont tout fait pour faire échouer les tentatives de réforme et maintenir l’impunité dans les rangs des FARDC.

Dans ses efforts pour décrire le M23 en termes positifs, comme étant un groupe rassembleur composé de toutes les ethnies à l’est de la RDC, Kabarebe a aussi oublié de mentionner le fait que de nombreux groupes ethniques ont refusé d’adhérer au M23, justement parce qu’ils voient très clair dans l’implication et le contrôle direct de ce mouvement par le Rwanda.

Ceci est notamment le cas de deux communautés rwandophones très importantes, celle des Banyamulenge, qui sont des Tutsis Congolais vivant Sud Kivu,et celle des Hutus des territoires de Masisi, de Rutshuru, et de Kalehe.

En plus, Kabarebe vous a dit que pour rejoindre le territoire rwandais depuis le quartier général du M23 à Runyoni, il fallait onze heures de marche car il n’y a pas de routes. Cela n’est absolument pas vrai, car il n’y a en réalité que sept kilomètres entre Runyoni et la frontière rwandaise via des pistes en forêt, dont nous avons des photos satellite (annexe 6).

Celles-ci ont été établies par l’armée rwandaise en vue de ravitailler les rebelles, ce qui réduit e voyage à une heure et demie de marche maximum. Kabarebe vous a également affirmé que les ex-CNDP ont amené leurs armes et équipements du Masisi vers Runyoni, mais il est impossible de transporter des armes lourdes — comme celles que le M23 a commencé à utiliser une semaine après – à travers deux volcans sans piste, au cœur du parc national des Virunga.

Finalement, Kabarebe vous a aussi affirmé que « les grosses ambassades au Rwanda » n’avaient pas confirmé l’implication du Rwanda en RDC, mais cela est aussi faux.

La réalité des relations internationales est telle que des pays ne prennent jamais des décisions comme la suspension de l’aide à un partenaire aussi important comme le Rwanda sans avoir leurs propres confirmations.

Un rapport du Groupe d’experts ne sera jamais perçu par ces ambassades de la même façon que des rapports de leurs propres services diplomatiques et de renseignements. L’organigramme dans l’annexe 22 de notre rapport final qui situe Kabarebe comme commandant suprême du M23 n’est qu’un simple exemple illustratif des informations dont les pays occidentaux disposent eux-mêmes.

Dans votre rapport final, vous avez conclu que l’Ouganda est également impliqué dans le soutien au M23. Quel est la différence entre leur appui aux rebelles et celui du Rwanda ?

En fait, nous avons conclu que le gouvernement du Rwanda a créé, équipé, entrainé, et commandé le M23, mais que les rebelles bénéficiaient d’un soutien aussi très important de la part des réseaux composés d’individus au sein du gouvernement ougandais.

L’un des faits les plus palpables, c’est la présence de troupes ougandaises venues renforcer les rebelles lors de la prise de Kiwanja et de Rutshuru fin juillet 2012.

Cette présence a été confirmée par des dizaines d’ex-combattants, y compris deux Ougandais, des cartouches de l’armée ougandaise trouvées sur les champs de bataille (annexe 28), ainsi que par beaucoup de témoins directs dans les localités où ils ont été déployés.

En outre, nous avons établi grâce à de nombreuses sources, y compris au sein du M23, que les rebelles ont bénéficié d’un appui direct d’officiers de l’armée ougandaise dans leur ravitaillement en armes, logistiques, et recrues.

Quand il a fait défection de l’armée congolaise pour rejoindre le M23, Makenga a laissé dans sa résidence à Bukavu des boites vides d’armes lourdes qui appartenaient au Ministère de la défense ougandais (annexe 27). En établissant leur bureau politique à Kampala les rebelles ont bénéficié de conseils techniques de responsables ougandais sur leur stratégie militaire et politique.

Au niveau régional, au sud-ouest de l’Ouganda, nous avons constaté une coopération très étroite entre des officiers de l’armée ougandaise et leurs homologues rwandais dans la coordination du soutien aux rebelles déployés au niveau des frontières des deux pays avec le Congo.

En outre, des interceptions de communications radio du M23 ont confirmé l’implication d’officiers ougandais (annexe 26).

Même si ce soutien aux rebelles n’est pas le fait d’une politique officielle de l’Etat, nous avons constaté que le gouvernement avait eu une politique de « laissez-faire » vis-à-vis des activités du M23 en Ouganda, en leur laissant notamment un libre passage aux frontières, selon des agents des services de l’immigration ougandais.

Nous avons été, nous-mêmes, les témoins directs de la réception d’une cargaison de bottes en plastique à destination des rebelles dans la localité de Bunagana, à la frontière avec l’Ouganda.

Plusieurs sources crédibles au sein du gouvernement ougandais ont confirmé ce soutien aux rebelles à partir de l’Ouganda.

Même un haut officier de la police ougandaise, désigné par le gouvernement comme notre interlocuteur officiel pour les questions relatives au M23, nous a avoué qu’en effet, il y avait des individus au sein du gouvernement qui soutenaient les rebelles en leur fournissant des armes, des financements, et en facilitant leur recrutement, mais que le gouvernement allait enquêter et arrêter tous ceux qui étaient impliqués.

Plus tard, officiellement, le gouvernement ougandais a changé de position en nous disant que cet officier n’était pas autorisé à parler au nom du gouvernement, et que les rebelles étaient seulement présents à Kampala à la demande du président congolais dans le cadre des initiatives régionales de paix.

Cependant nous avons établi que certains officiers rebelles étaient déjà à Kampala en juillet, et collaboraient avec des officiers militaires ougandais avant même que Kabila en soit informé.

Quel est l’impact des rapports auprès du Comité des sanctions de l’ONU?

Le rôle principal du Groupe d’experts est d’informer le Comité de sanctions sur les violations de l’embargo sur les armes et du régime des sanctions le plus rapidement et fréquemment possible. Il n’a pas en tant que tel à se préoccuper des conséquences de ses rapports.

Il nous est également demandé de soumettre une annexe confidentielle d’individus et entités que nous recommandons pour inclusion sur la liste des sanctions, qui consistent en un gel des avoirs et une interdiction de voyager. Il est de la prérogative des membres du Comité de sanctions d’examiner nos recommandations.et de mettre à jour la liste officielle.

Il n’est pas possible qu’un candidat proposé par le Groupe d’experts soit inclus sur cette liste sans que plusieurs pays membres du Comité de sanctions aient eux-mêmes vérifié et confirmé les conclusions du Groupe.

Le Comité a récemment désigné pour sanctions plusieurs hauts commandants et dirigeants du M23, ainsi que le mouvement entier –de même que les FDLR– et le Conseil de sécurité a réitéré son intention de sanctionner ceux qui apportent un appui externe aux groupes armés en RDC.

Certains diplomates estiment qu’il ne faut pas, dans le cadre de la recherche en cours d’une solution pacifique, accuser ni le Rwanda ni certains officiers ougandaises, mais ces questions ne sont pas de notre ressort.

Le Groupe a un mandat très clair et nous n’avons fait que l’accomplir en identifiant les responsables des violations de l’embargo et apolitique.

Pour le groupe des experts, quelles seront les conséquences de l’accession du Rwanda au Conseil de sécurité ?

Le Rwanda est devenu membre du Conseil de sécurité cette année, mais le mandat du Groupe d’experts avait déjà été renouvelé à travers la résolution 2078 et une nouvelle équipe est en train de se mettre en place. Après déjà trois mandats d’un travail très intensif et ardu, je n’ai pas présenté ma candidature pour pouvoir passer plus de temps avec ma famille.

Le Groupe d’experts est un mécanisme ad hoc du Comité de sanctions du Conseil de sécurité qui doit, tout en conservant son indépendance dans ses enquêtes et ses conclusions, prendre en considération les avis de tous les pays membres du Comité de sanctions dans l’exercice de ses fonctions.

En faisant partie du Conseil de sécurité, le Rwanda sera obligé de dialoguer et de coopérer avec le Groupe d’experts, ce qu’ils ont refusé de faire l’année passée à partir du mois d’août.

Néanmoins, les réticences du Rwanda à propos de l’utilisation de drones en RDC pour que les Nations Unies puissent prévenir et vérifier les violations de l’embargo sur les armes constitue déjà en soi un exemple des défis qui se présenteront dans le cadre de la nouvelle composition du Conseil de sécurité.

En plus, étant donné que le Comité travaille sur la base du consensus, un pays membre pourrait bloquer des candidats proposés pour des sanctions, ainsi que des membres du Groupe d’experts pour des prochains mandats.

Le carnet de Colette Braeckman

La Chine, la nouvelle géopolitique mondiale et la RDC

Jeudi, 31 Janvier 2013



Pour tout observateur averti de la vie politique congolaise, les relations sino-congolaises ont été marquées par deux événements passés presqu’inaperçus.

Le premier, c’est l’absence de visites officielles à haut niveau à Kinshasa. Ni le Président Hu Jintao ni le Premier Ministre Wen Jiabao n’ont jamais été en RDC alors qu’ils ont effectué des visites en Angola, au Congo-Brazza et au Cameroun.

Le deuxième événement est le tollé général soulevé dans le monde occidental par les contrats commerciaux signés entre la RDC et la Chine connus sous ‘contrats chinois’ alors d’autres pays africains ont reçu des investissements chinois sans que l’Occident proteste.

Pour comprendre les attitudes occidentales face à cette question de la Rdc, il faut d’abord analyser la place de la Chine dans ce monde en mutations, ensuite décrypter les enjeux de la présence chinoise en RDC.

LA CHINE DANS LES MUTATIONS MONDIALES

Le monde est entré dans une période de mutations sans précédent dans l’histoire. Le Général Scowcroft et Zbigniew Brzezinski l’expliquent très bien dans leur livre sur la politique étrangère américaine : c’est la première fois dans l’histoire du monde que tous les peuples sont politiquement actifs.

Cela remet en cause le rôle de timonier joué par les Européens depuis le XVIème siècle et les Américains au XXème siècle.

Mentalement les occidentaux ne sont pas prêts à assumer cette remise en cause.

Les forces néoconservatrices sont prêtes à mettre le monde à feu et à sang pour imposer partout les valeurs occidentales, souligne Hubert Védrine, ancien ministre des affaires étrangères de la France dans ouvrage « Dans la mêlée mondiale 2009-2012 ».

Pour sa part, Alexandre Kateb, dans son ouvrage intitulé les nouvelles puissances mondiales, pourquoi les bric changent le monde, révèle que ce qui s’est joué dans la crise financière de 2008, c’est un basculement du centre de gravité économique de la planète. Mettant ainsi fin à deux siècles de domination occidentale sur le monde.

Il s’observe un mouvement contraire : le centre du monde est en train de basculer de l’Occident vers l’Asie. L’Inde et, surtout, la Chine créditée d’une croissance économique record, bouleversent le rapport de force dans le monde.

A ce jour, la région de l’Océan indien se trouve au cœur de cette tempête géopolitique. Cette région va devenir le centre de gravité stratégique mondial du 21ème siècle, prédisait le proche conseiller d’Obama, Robert D. Kaplan.

Non seulement cet océan constitue un passage vital pour le commerce et les ressources énergétiques entre le moyen Orient, l’Asie de l’Est, mais il est aussi au cœur de l’Axe économique qui se développe entre la Chine, l’Afrique et l’Amérique du Sud.

Derrière ce basculement se profile l’affrontement entre deux grandes puissances économiques : la Chine, puissance émergente et les Usa, puissance régnante. Les Usa tentent par tous les moyens, y compris militaire, d’empêcher la Chine d’accéder à la suprématie mondiale ; en revanche, celle-ci cherche par d’autres moyens, d’une part à élargir sa zone naturelle d’influence, d’autre part à s’infiltrer partout où ses intérêts sont en cause.

D’ici 2016, selon toutes les prévisions, la Chine deviendra la première économie mondiale, devant les Etats-Unis d’Amérique. Cette émergence est présentée comme une menace pour le monde occidental.

Selon l’écrivain français, Eric de la Maisonneuve, dans son essai ‘ Chine, l’envers et l’Endroit’, cette menace est une réalité.

D’abord, dans le domaine économique où les entreprises chinoises ont arraché des parts de marché substantielles aux multinationales occidentales et entamé sérieusement leur suprématie planétaire.

Ensuite, sur le plan financier où les réserves monétaires de la banque de Chine pèsent lourdement sur la conjoncture et paraissent incontournables pour régler la crise d’endettement des occidentaux. Cela donne à la Chine un pouvoir d’arbitrage mal ressenti par les anciens « maîtres du monde ».

La Banque de Chine détiendrait pour 1.600 milliards de dollars de bons du trésor américain et pour environ 600 milliards d’euro de la dette européenne. La Chine a racheté les dettes de l’Espagne, du Portugal et de la Grèce.

En dehors de sa puissance économique, la Chine propose une nouvelle doctrine en matière de politique étrangère : les concepts de « développement pacifique » et de « monde harmonieux » lesquels privilégient la coopération internationale et le règlement pacifique des différends.

Cela relève de principes essentiellement multilatéraux, mais en même temps servent les intérêts nationaux de la Chine.

En d’autres termes, la politique extérieure de la Chine se résume en trois principes : non à l’expansion (ne pas suivre la voie des puissances coloniales) ; non à l’hégémonie (pas de domination mondiale) et non aux alliances avec une ou des puissances afin d’éviter de provoquer une nouvelle guerre froide.

Par ailleurs, la Chine a proposé un autre modèle dans la politique de développement : consensus de Pékin. Cela signifie que l’aide au développement se fait sans conditionnalités et toutes les parties doivent être gagnantes, d’où la célèbre expression « win win », en antipode au modèle américain (consensus de Washington) assorti de conditionnalités, notamment la démocratie, le respect des droits de l’homme, la bonne gouvernance et le libéralisme économique.

En tout état de cause, la Chine, fidèle aux grands principes qui commandent ses relations extérieures, se montre réticente à intervenir dans les affaires intérieures des États, au nom du respect de la souveraineté nationale et du refus du droit d’ingérence.

Face à cette montée en puissance de la Chine et surtout à sa nouvelle puissance militaire, le Département d’Etat américain combine trois lignes de conduite : la coopération entre les Usa et la Chine dans plusieurs domaines ; l’endiguement, en rassurant les voisins de la Chine et la guerre idéologique polie mais instante contre le régime du Parti communiste chinois, souligne Edward N. Luttwak dans son ouvrage ‘La montée en puissance de la Chine et la logique de la stratégie’.

Cependant ces trois lignes de conduite ne sont pas efficaces. Pour l’auteur américain, les seuls moyens de résistance seraient alors géoéconomiques : ils consisteraient à appliquer la logique de la stratégie à la grammaire du commerce : réduire les importations chinoises, refuser autant que possible d’exporter des matières premières et cesser les transferts de technologies nécessaires à la Chine.

Il est évident que si le développement militaire de la Chine ne pourrait plus être contré, la seule alternative possible à la soumission serait d’entraver sa croissance économique à un degré suffisant pour préserver l’équilibre des forces.

Voila ce qui explique les guerres entretenues par les Usa et leurs partenaires en Afrique et dans le Moyen-Orient. Couper la Chine du reste monde en la confinant dans la région des océans Indien et Pacifique contrôlés par l’armée américaine reste leur objectif principal.

A cette logique de la stratégie à la grammaire du commerce, le professeur et ancien secrétaire d’Etat américain Henry Kissinger, dans son ouvrage « De la Chine », tire la sonnette d’alarme. Un dessein explicite de l’Amérique qui viserait à organiser l’Asie à partir de l’endiguement de la Chine ou de la création d’un bloc d’Etats démocratiques en vue d’une croisade idéologique, court à l’échec. En partie parce que la Chine représente un partenaire commercial indispensable.

Et au prof de conclure : les Usa et la Chine doivent à leur peuple et au bien-être du monde d’y travailler. Chacun de ces pays est trop immense pour qu’un rapport de domination sur l’autre s’établisse. C’est pourquoi ni l’un ni l’autre n’est en mesure de définir les termes de la victoire dans une guerre ou dans un conflit de guerre froide.

ENJEUX DE LA PRESENCE CHINOISE EN RDC

Le gouvernement congolais n’ayant pas eu le soutien financier qu’il attendait des institutions financières internationales pour financer le développement du pays sorti de la guerre d’agression déclenchée par le Rwanda, l’Ouganda soutenue par les puissances occidentales, va solliciter à la Chine un emprunt de 9 milliards de dollars.

Au lieu de suivre la voie classique, celle de passer par les institutions financières internationales, le Congo et la Chine ont fait le choix du système de troc, c’est-à-dire, les minerais contre des infrastructures, hôpitaux et autres…

Cette nouvelle manière de procéder n’est pas du goût de l’Occident qui estime que la dette du Congo va s’alourdir alors qu’il est en programme avec le Fmi, consistant à aider le gouvernement à réduire sa dette extérieure.

C’est ainsi qu’à la veille de l’effacement de plus du tiers du stock de la dette extérieure, les institutions internationales ont fait pression sur Kinshasa pour qu’il ne s’engage pas avec la Chine.

Pour le FMI, neuf milliards de dollars représentaient plus de 70% du produit intérieur brut. Pour cette raison, la RDC ne devrait pas s’endetter au-delà de ses capacités réelles.

Des discussions engagées, il s’est dégagé un compromis pour rendre ces contrats soutenables par la RDC. Les trois milliards USD qui représentaient la part privée ayant bénéficié de la garantie de l’Etat congolais ont été élagués.

Au final, ce sont six milliards USD qui ont été retenus. Les six milliards USD ont comme contrepartie la construction des infrastructures dont le pays a besoin (routes, hôpitaux,...).

Les trois autres milliards constituaient la quote-part destinée à l’investissement dans le cadre de la joint-venture avec la Gécamines appelée Sicomines. Cette société a pour vocation d’exploiter les mines en vue d’opérer le remboursement des ressources financières engagées pour la construction des infrastructures.

Selon certaines informations, jusqu’à ces jours, la partie chinoise n’a pas encore commencé à exploiter les mines en contrepartie de la construction des infrastructures.

Alors pourquoi les puissances occidentales se sont-elles levées contre la signature des accords commerciaux entre Kinshasa et Beijing ?

La réponse à cette question se trouve d’abord dans l’histoire des relations de la Rdc avec les puissances occidentales depuis 1885 à la conférence de Berlin. Pour l’Occident, le Congo reste le réservoir de matières premières pour ses industries.

Dans cette logique, aucune autre puissance ne peut mettre ses pieds sur sa platebande. A cet égard, les propos de l’ancien ministre belge des affaires étrangères, Karel de Gucht – actuellement commissaire européen - devant les journalistes au plus fort désaccord avec le président Kabila, illustre l’état d’esprit des élites occidentales. « Nous n’allons pas quand même lâcher notre Congo à ces chinetoques (chinois)’, déclarait Karel.

En outre, la présence des industriels et commerçants chinois mettent en difficulté les Occidentaux qui perdent le monopole du marché congolais. Les mines et les infrastructures qui étaient la chasse gardée des Occidentaux sont aujourd’hui disputées par les Chinois.

Enfin, l’accès aux matières stratégiques pose problème. Le Congo regorge des terres rares, et surtout le coltan de la région du Kivu qui représente 60 à 80 % des réserves mondiales de tantale (métal extrait du coltan).

Les Usa et l’Europe sont totalement dépendant des réserves étrangères en coltan. L’enjeu pour les Etats aux systèmes de défense de haute technologie est que le coltan est indispensable à l’industrie aéronautique, aérospatiale et de défense (réacteurs, missiles, satellites, etc.).

Puissance émergente, la Chine a grandement besoin des matières premières, en particulier du coltan pour le développement de son industrie. Pour les occidentaux, il faut à tout prix l’empêcher d’accéder au coltan congolais et la contraindre de passer par leurs multinationales pour mieux la contrôler. Déjà, la Chine est premier producteur des terres rares et garderait 97 % de la production mondiale. C’est qui inquiète l’Occident.

Voila pourquoi malgré les rapports des Nations unies sur les pillages des ressources naturelles du Congo, aucun pays, aucune société occidentale, aucun individu n’est condamné par la justice internationale.

Et surtout ces pillages ont occasionné le génocide de 6 millions de Congolais. Donc contrairement à l’Occident qui nous fait la guerre pour piller nos ressources, la Chine, elle, achète nos matières premières.

RDC : Traité de Nice, une affaire de famille ?

28/01/2013


Collabos

L’onde de choc du « Matebagate » ou de l’affaire du traité de Nice ne cesse de se propager au sein de la communauté congolaise dans la diaspora surtout, mais petit à petit en RDC aussi.

Même si on s’étonne un peu du mutisme presque suspect de la presse congolaise à kinshasa, il est fort à parier que cette affaire n’a pas fini de livrer ses secrets et de provoquer des remous.

Le silence du gouvernement aussi est un peu étonnant, mais en même temps étant donné qu’ils travaillent pour la balkanisation de la RDC ça ne doit pas trop les déranger que d’autres travaillent pour la balkanisation à l’Ouest, enfin…

Piqué par la curiosité et toujours dans le cadre de notre chasse aux collabos de tous bords qui mettent en péril sans scrupules notre beau pays, votre humble serviteur s’est à nouveau lancé à la pêche aux infos autour de cette passionnante et non moins explosive affaire. Et au vu de ce que nous avons pu découvrir autant dire que la « pêche » a été particulièrement intéressante.

Des frères pas si hospitaliers…

D’abord concernant les véritables objectifs de ceux qui veulent créer un nouvel état sur l’île de Mateba , un vent favorable nous a relayé le contenu exact d’un échange qu’a eu avec un combattant l’un des « recruteurs » de cette nébuleuse organisation, un certain Chessie Kanyanga +1 438 402 7141 ( Montréal).

Et voici comment ce dernier a au moins en partie présenté leur projet :

« Voilà notre organisation est une organisation supra-nationale qui est en train de mettre sur pieds un nouveau système économique qui va remplacer le système actuel dans peu. »

« L’organisation planétaire dont je fais partie, a un programme de développement pour l’Afrique qui devrait commencer par le Congo pour s’étendre au reste de l’Afrique entière. Mon petit-frère étant membre du Conseil d’administration dans cette entité qui va être opérationnel avant la fin de cette année (2011 ndlr) a été désigné comme le gestionnaire de ce programme de développement. Il aura préséance sur tous les chefs d’État africain tellement ce programme est pharaonique et unique »

« À la tête de ce programme Afrique, c’est mon frère qui a été désigné comme le gestionnaire (il est actuellement résident à Nice où se trouve le conseil d’administration de l’organisation dont il est l’un des membres en tant que seul Africain). C’est la raison pour laquelle nous nous étions intéressés aux élections de la RDC et nous caressions l’espoir de voir le vieux remporter ces élections. Mais étant donné le dysfonctionnement de notre appareil étatique, nous avons trouvé comme solution faire table rase de tout ce qui s’est passé depuis CNS 1992 et à partir de là refonder une nouvelle nation congolaise »

« Un conseil national est en formation à la tête duquel la présidence sera assumé par le vieux. Ce conseil après la signature de la charte se transformera en gouvernement de transition »

Mais malgré un emballage qui a pu paraitre suffisamment alléchant au malheureux groupe de congolais qui se sont jetés dans les bras de ces « frères » très particuliers dans un pacte dont on se demande s’ils en mesurent les implications, force est de constater que leur démarche prônant soi-disant le respect des droits des congolais se bute tout de suite à leur propre tentative de mettre ces mêmes congolais devant un fait accompli.

En effet, NULLE PART dans les accords qu’ils ont signé il n’est écrit que ce texte doit être soumis à la décision ni du peuple congolais ni des autres membres de l’UDPS comme ces derniers le laisse entendre pourtant, prenant les congolais pour des parfaits idiots.

Parce que si tel était la volonté de leur leader cela aurait pu être fait depuis longtemps le texte ayant été signé depuis presque un an. La seule chose dite explicitement est que le CNC (Conseil National Congolais) s’engage à faire inscrire cet accord dans la constitution congolaise.

Ainsi, peut-on à juste titre en déduire que la bande de petits malins qui se sont rendus à Nice ont sans doute déjà prévu d’aller jusqu’à la falsification des résultats d’un referendum si jamais les congolais étaient sollicités pour s’exprimer au sujet des exigences des frères hospitaliers.

Sinon, ils n’auraient pas pu signer un tel engagement puisque ne pouvant quand même pas décider à l’avance de ce que sera la réponse des congolais à ce moment-là.

Un tel acte , venant de ceux qui bassinent les oreilles du monde entier avec la sacro-sainte vérité des urnes de Tshisekedi, avouons que cela surprend et déçoit.

Pourquoi leurs fameux partenaires qu’on nous présente comme des philanthropes, humanitaires s’accommodent aussi facilement du fait de déposséder les habitants de Mateba de leurs terres sans aucun état d’âme ?

Pourquoi ces personnes s’intéressent-elles particulièrement à Gbadolité et ses alentours, ainsi qu’à cette partie du Katanga qu’ils souhaitent exploiter à leur guise ? Non , décidemment cette histoire est loin d’être claire.

Affaire de Famille

Après avoir pris connaissance du contenu du Traité de Nice et de l’ échange de Chessie Kanyanga et la personne qu’il invitait à rejoindre leur projet, on comprend bien que ce traité n’est qu’une porte ouverte à une mainmise de la gestion de la RDC par un réseau obscure dont la majorité des congolais ne savent absolument rien .

Et autant on a appris par différentes indiscrétions du côté de Limete que effectivement les représentants des frères hospitaliers se sont directement entretenus avec Tshisekedi lui-même (d’où aussi leur engagement dans le projet) et qu’il nous a été confirmé que Félix Tshisekedi qui est chargé des relations extérieures de l’UDPS a fait lui-même le déplacement à Nice bien que le Dr Tshipamba Mpuila (0032-485-270-866) aie décidé de taire jusqu’à présent ce détail , autant notre enquête nous a permis de découvrir clairement que l’ancien secrétaire Général de l’APARECO s’est engagé dans ce projet pour son propre compte constatant la farouche hostilité de son président au projet de constitution d’un gouvernement en exil avec des partenaires pour le moins peu fiable à ses yeux. D’ailleurs Faustin Shungu (00 33 6 76 75 77 34) avait des raisons bien plus privées pour ne pas résister à ce chant de sirènes.

Le cerveau moteur du traité de Nice n’est autre que Monsieur Marcel Kanyanga Tshitebu le petit frère de Chessie Kanyanga, tous deux frères de la femme de Moella Kalala Omer (signataire du Traité).

Monsieur Moella Kalala Omer n’est autre que le beau-frère du Pasteur Faustin Shungu. Ceci expliquant cela …

Le coordinateur des frères hospilatiers Monsieur Marcel Kanyanga Tshitebu (+ 33 6 78 52 83 22 Nice) est le fils de l’Ambassadeur Kanyanga Fwadi Fortunat né à Bakwa-Tshinga le 15.09.1930. Il a occupé respectivement les fonctions de 1er Conseiller d’Ambassade à Tokyo de 1970 à 1973 et il a occupé les mêmes fonctions auprès de l’Ambassade du Zaïre à Bujumbura de 1976 à 1980. Il sera permuté à Kampala avant d’être confirmé Ambassadeur du Zaïre à Karthoum.

Cette promotion fut facilitée par le coup de pouce du Minaffet Umba-di-Lutete grâce au rôle très efficace joué par sa fille, donc l’actuelle épouse du Pasteur Shungu. Vous comprenez la suite…Et comment le Papa a pu être promu…

Bref, tout ce beau monde qui s’est empressé d’aller signer ce traité de la honte en vendant en premier les contrées des autres compatriotes tout en prônant avoir agi pour le bien de tous les congolais, a fait de ce projet une entreprise purement familiale.

Voilà une preuve supplémentaire que malgré les explications maladroits de Mpuila et le silence gené de l’UDPS qui n’ose pas sortir de communiqué réfutant officiellement ce qui s’est fait à Nice, leur démarche ne visait qu’ à assouvir les propres appétits de quelques-uns .

De plusieurs sources différentes il apparait que plusieurs hauts cadres de l’UDPS comme le président de leur parti , étaient au courant de ce qui se tramait à Nice et cela depuis de nombreux mois.

Quant à Mpuila le fameux stratège du Parti qui vient d’affirmer dans une émission radio en Belgique que suite à son engagement politique il ne travaille plus depuis belle lurette ni en tant que médecin, ni en tant que Professeur , il faudrait qu’il dise aux congolais avec quel argent vit-il aujourd’hui puisque d’après certaines indiscrétions son train de vie ne correspond pas forcement à celui d’un bénéficiaire de CPAS ?

Pourquoi cache-t-on que Felix Tshisekedi (le député que Kabila paie à ne rien faire) s’est également rendu à Nice ?

Combien la famille Tshisekedi a-t-il déjà touché de la part de ces « partenaires » très spéciaux comme on nous le laisse entendre ?

On comprend que l’UDPS aie choisie en parti de se taire puisque ayant Kabila à zéro mètre ils ne peuvent pas non plus crier sur tous les toits qu’ils s’apprêtaient à le renverser par des moyens pas très pacifistes mais de là à utiliser la journaliste de Congomikili comme porte- parole comme on a pu le voir dernièrement alors qu’il suffirait de sortir un communiqué officiel de l’UDPS , il y a de quoi se poser des questions, drôle de méthode.

Les frères Kanyanga et L’Udps ne devraient-ils pas dire la vérité aux congolais plutôt que de diaboliser systématiquement tous ceux qui sont en désaccord avec le traité maudit de Nice, car cette affaire n’est absolument pas claire et les congolais n’ont pas fini de poser des questions à ce sujet…

[Georges Mbata/collabordc.com]
© KongoTimes

Avec la complicité de la police de «KABILA» : Les shegués sont devenus maître d'eux-mêmes et du milieu qu'ils occupent

29/01/2013


Shegués de Kinshasa

Il y a des cas face auxquels, l'autorité publique affiche une indifférence, par ignorance du danger qu'il représente ou par un déficit d'autorité mais, qui s'avèrent pourtant dans le fond, des pathologies pour la société, aussi dangereuses que le serait le cancer dans l'organisme humain.

Du lot de ces pathologies, figure entre autres le phénomène shegué tant de fois décrié, sans toutefois qu'une thérapie soit trouvée. C'est inquiétant de voir cette catégorie sociale continuer à se comporter en électron libre.

Conscients de cette liberté du mouvement et d'action, ces shegués ne redoutent plus ni Dieu ni le diable. Ils sont devenus maître d'eux-mêmes et du milieu qu'ils occupent.

Et c'est ici l'occasion pour nous de tirer la sonnette d'alarme face à la liberté qu'ils se sont octroyés, de transformer la plupart des marchés urbains en leur lieux d'hébergement.

Dans une moindre mesure, ils considèrent ces espaces comme leur territoire. Et au propre comme au figuré, dans la mesure où ils y mènent une existence normale comme le commun des mortels à son domicile avec cette possibilité d'entretenir un foyer en couple, et tout le reste que l'on peut deviner.

Aussi, comme il leur faudra se loger, ils ne trouvent pas mieux que de se rabattre sur l'ambiant, en terrorisant les marchands sommés de pourvoir à leur vécu quotidien ou pire, en volant aux étals.

Gare à celui qui lèvera son petit doigt, pour ce faire. Il risque d'en avoir pour son compte, dans la plus grande indifférence du public.

Tout récemment, notre journal s'est fait l'écho du cas de l'évènement qui avait eu lieu au marché Ngandu, de la commune de Kimbanseke où les shegués du marché de quarter 6 de N'Djili ont affronté leurs frères-ennemis de Kimbanseke, pour une banalité.

Selon des témoins, ils auraient fait usage de toutes sortes d'armes blanches, au cours de cette bagarre, au mépris de leur vie. Cette rixe s'est déroulée la nuit, à un pas de la gendarmerie sans qu'aucun agent ne réagisse.

Et, la bagarre se serait terminée, telle qu'elle avait commencé en laissant sur le carreau des blessés graves de part et d'autre. Un comportement digne de barbares, d'une certaine époque.

Du feuilleton de ces shegués, nous pouvons aussi rappeler l'occupation, il y a quelques années du marché Central, lorsqu'ils avaient donné du fil à retordre, à la fameuse et redoutable Garde Civile, qu'ils avaient tenu en respect. A l'époque, il avait fallu négocier avec eux, pour qu'ils lâchent prise.

Des indices pareils, comme on peut s'en rendre compte, devraient en principe interpeller, les autorités compétentes, sur le degré de nuisance de cette catégorie sociale.

Avec ce type de délinquance on devra toujours se méfier. Il n'est pas à douter qu'un jour le diable les pousse, pour une raison ou une autre à mettre le feu à l'un de ces marchés qu'ils occupent.

On peut imaginer l'ampleur de ce drame. C'est une hypothèse qui nous a mis la puce à l'oreille, lorsqu'il y a peu, des shegués s'étaient opposés, face à l'acte de bienfaisance posé par des personnes qui éteignaient le feu qui menaçait un magasin, le soir au croisement des avenues Kasa-Vubu est Rwakadingi.

L'intention vaut le fait dit-on. Pareille attitude laisse entrevoir que ses shegués qui n'ont rien à perdre ni à gagner seraient fort aisé de voir des capitaux des tierces personnes partir en fumée.

Nous devrions tirer des leçons de ce qui s'est passé dernièrement aux deux marchés de Lomé, au Togo et au marché Bujumbura, au Burundi.

Pour tout dire, il importe que des dispositions pratiques soient prises pour bouter ces shegués hors des marchés. Que la police commise en ces lieux fasse son travail, au lieu qu'elle soit complice.

Ce n'est qu'une sonnette d'alarme tiré avant qu'il ne soit trop tard. Il n'est pas tard pour mieux faire. Foi de…

[Maurice Bakeba]
© KongoTimes

Kagame insulte les Congolais

jeudi 31 janvier 2013

En faisant de la RDC « un problème » dans les Grands Lacs

Le passage la semaine dernière du président rwandais sur la célèbre chaîne américaine CNN alimente encore la chronique politique nationale.

S’étant investi dans un vaste travail de lobbying pour se faire blanchir après de graves accusations portées contre lui en rapport avec son soutien avéré aux rebelles du M23, Paul Kagame joue aujourd’hui à la défensive.

C’est finalement sur la RDC qu’il juge constituer un « problème » autant pour son pays que pour la région des Grands Lacs qu’il s’est déchargé.

Comparé à tous les malheurs lui attribués depuis plus d’une décennie dans la partie Est de la RDC, les déclarations du président rwandais est une insulte non seulement aux dirigeants congolais mais surtout aux Congolais eux-mêmes.

Jusques à quand le Congolais supportera-t-il que l’opprobre lui soit jeté par le même voisin ?

Lomme un diable dans un bé-nitier, le président rwandais, Paul Kagame, joue son va-tout pour rallier la communauté internationale à sa cause.

Indexé par le groupe des Nations unies pour son soutien aux rebelles du M23, Paul Kagame a déployé une impressionnante machine médiatique internationale en vue d’inverser la tendance qui tourne à sa défaveur, depuis un temps.

Rendu responsable du nouveau drame dans l’Est de la RDC, ses traditionnels soutiens, notamment la Grande-Bretagne et les Etats-Unis n’ont plus d’estime pour l’homme fort de Kigali. Ils ont, tour à tour, mis fin à leur aide au développement en faveur du Rwanda.

Pris de panique et dans un contexte de ralentissement de l’activité économique interne dans son pays, Paul Kagame est convaincu que la terre est en train de se dérober sous ses pieds.

Ce qui l’oblige à déployer ses dernières cartouches dans l’espoir de rebondir du jour au lendemain.

Sa dernière sortie médiatique internationale sur la célèbre chaîne américaine, CNN, tiendrait à cette logique. Le choix n’a pas été non plus anodin. Il a été dicté par la grande audience et surtout la forte notoriété internationale dont jouit la chaîne câblée américaine.

LE BOUC EMISSAIRE

Décidément, le gel de la coopération au développement de certains partenaires extérieurs du Rwanda a eu des effets à Kigali. Longtemps prospère, l’économie rwandaise est dans une pente descendante.

Les indicateurs virent, petit-à-petit, au rouge. L’économie rwandaise est pratiquement au bord de l’asphyxie. C’est le moment choisi par Paul Kagame pour sortir sa grande artillerie.

Comme toujours, c’est par la RDC que Paul Kagame justifie tous les malheurs qui s’abattent sur son pays. Selon lui, la RDC qui peine à se stabiliser passe à la fois pour un « problème » aussi bien pour la Rwanda que pour l’ensemble de la région des Grands Lacs.

Autrement dit, pour le président rwandais, la RDC, qui fait preuve d’une absence de vision et de leadership, travaille à contre-courant de toutes les initiatives de développement déployées dans la région.

Qu’est-ce à dire ? Difficile à décrypter pour l’instant. Le plus évident est que pour le président rwandais, la RDC en général, les Congolais, en particulier, ne méritent pas la propriété de l’espace territorial qui représente aujourd’hui la République démocratique du Congo.

Reniant ses activités belliqueuses dans la région des Grands Lacs, au micro de CNN, Kagame se dit ouvert à travailler avec la RDC en se tournant vers l’avenir en vue de trouver des solutions.

« Pour nous, la solution est de vivre ensemble comme deux pays dans la région, être tourné vers l’avenir et trouver des solutions », se défend le président Kagame.

« Le Rwanda est très active dans ce domaine et nous voulons trouver une solution positive pour sortir de là », a-t-il dit, sans pour autant reconnaître son entière responsabilité dans les différents drames qui se sont abattus dans l’Est de la RDC.

De qui se moque-t-il finalement ? Du peuple congolais et de ses dirigeants, sans doute. Comme à son habitude, Paul Kagame vient d’humilier une fois de plus la RDC.

C’est comme si toutes les défaites militaires infligées aux Forces armées de la RDC, en soutenant différentes rébellions qui ont défilé dans l’Est, n’ont pas suffi pour descendre davantage le peuple congolais.

En retournant ses déclarations, l’on se rend bien compte que Kagame se fait passer pour le maître de la RDC. Dans le fond, semble-t-il dire, le problème de la RDC ne trouvera des solutions qu’à Kigali.

Son entretien sur CNN n’a eu pour seule visée que d’amener la communauté internationale a reconnaître ce qu’il croit être une évidence. C’est-à-dire toute solution à la crise en RDC doit inévitablement intégrer la donne rwandaise voire garantir un droit de regard du Rwanda.

Passer outre ce schéma, estime Kagame, c’est créer davantage des problèmes autant pour la RDC que pour la région des Grands Lacs.

En faisant de la RDC un « problème » qui freine le développement tant du Rwanda que de la région des Grands Lacs, Paul Kagame dénonce implicitement, l’absence à la fois d’une vision et d’un leadership en RDC.

Une situation qui, selon lui, crée un « malaise » généralisé dans la région, « influe sur le progrès » de son pays, le Rwanda, tout en créant d’autres problèmes dans la région, a-t-il dit.

Ce n’est donc pas les dirigeants congolais qui sont visés par ses déclarations, mais c’est plutôt l’ensemble de la nation congolaise qui est jetée en pâture par celui-là même qui a déjà causé la mort de plus de six millions de Congolais.

SILENCE RADIO A KINSHASA

Pendant ce temps, au gouvernement, l’on ne s’en émeut pas. Même le tout bouillant porte-parole a préféré se taire, ignorant superbement les déclarations humiliantes du président rwandais.

A-t-il peur des représailles ? Nul ne le sait. Toujours est-il les déclarations du président rwandais sont tellement dures qu’il mérite une réaction vigoureuse de Kinshasa. Rien ne peut justifier le silence, au regard de la gravité des faits.

Les dirigeants rwandais ont pris l’habitude de narguer les Congolais et leurs dirigeants. La ministre Mishikiwabo se faisait un malin plaisir de toiser les dirigeants congolais jusqu’à faire des leçons à une opinion publique congolaise alerte et vigilante.

C’était ici même à Kinshasa. Comme si cela ne tourmentait pas les autorités de Kinshasa, l’interview de James Kabarebe accordée à notre consœur Collette Braeckman n’a jamais eu de réplique appropriée, point par point, du côté de Kinshasa.

Tout le monde a semblé acquiescer. « Qui ne dit mot consent », dit un adage. Curieusement, personne ne semble outré par ces propos vexatoires contre tout un peuple. Comme tétanisées, les autorités de Kinshasa ont décidé de garder le silence et de laisser passer l’orage.

Cet opprobre jeté régulièrement sur les dirigeants congolais vise beaucoup plus l’âme des Congolais que les dirigeants eux-mêmes. Le silence de Kinshasa sonne comme un aveu de la justesse des propos distillés à partir des collines rwandaises.

Serait-ce juste que tout ce venin passe sans qu’un contrepoison ne soit administré à une opinion publique congolaise visiblement abandonnée à son triste sort ?

Au gouvernement de la République de réagir de manière audible pour rétablir la fierté des Congolais blessés dans leur amour-propre.

Le Potentiel