lundi 10 juin 2013

Les huit plaies de l’Afrique : Cinquante ans d’errance

 « Après l'époque du désespoir, voici venir la pire époque du chagrin » 
à Malek Haddad, écrivain algérien de talent parlant de l’indépendance de l’Algérie.


L'Afrique a fêté cinquante ans d'indépendance et d'errance débutées avec l'assassinat de Patrice Lumumba et clôturée provisoirement avec le lynchage d'El Gueddafi.

Colosse aux pieds d'argile, l'Afrique est le pays des paradoxes, c'est un continent démographiquement exubérant avec 1 milliard d'individus dont près de 600 millions n'ont pas accès à l'électricité.

Souvenons-nous qu'un Somalien consomme en énergie en une année ce que consomme un Américain en une semaine. Pourtant, l'Afrique regorge de richesses, mais comme l'écrit Sarkozy, « son drame est qu'elle n'est pas encore rentrée dans l'histoire ».

Pas plus Hegel que Victor Hugo n'ont donné crédit au passé de l'Afrique. Au contraire, ils ont donné un socle à l'idéologie des races supérieures et au devoir de civilisation cher à Jules Ferry. Mieux, à la conférence de Berlin en 1885, la curée de l'Afrique a autorisé le roi des Belges à avoir un territoire pour lui, l'actuel Congo, des deux côtés du fleuve, qui se déchire ; les belligérants aidés par des puissances externes fascinées par les richesses. Nous allons, dans ce qui suit, lister les huit plaies purulentes.

La famine et le sida

Il n'est pas possible de lister tous les maux de l'Afrique, sinon d'en évoquer d'abord, les deux plus importants. La famine et le sida. Pour la famine, qui est toujours là à l'état endémique, ce sont des dizaines de milliers qui meurent chaque année de faim et qui subissent la malnutrition.

Souvenons-nous qu'un plein de 4x4 de biocarburant à base de maïs détourné peut nourrir un Sahélien pendant un an, S'agissant du sida, pendant près de vingt ans écrit Claire Brisset, le sida a été considéré comme une maladie mortelle, sans échappatoire possible. (...)

Mais ce panorama global masque des inégalités frappantes ; inégalités géographiques, puisqu'elles concernent plus particulièrement certains pays du continent noir, et générationnelles, puisqu'elles touchent plus lourdement les enfants de ces mêmes pays, malgré les progrès constatés ailleurs. C'est en Afrique francophone que la lutte contre le sida prend du retard. (...)

Selon M.Sidibé, ce retard tient notamment à l'histoire de l'épidémie qui s'est répandue à la faveur des déplacements des travailleurs des mines d'Afrique australe. (..) La violence favorise également la diffusion du virus : troubles civils, guerres, violence envers les femmes... Il faut désormais, en effet, considérer la lutte contre le sida comme une composante des combats en faveur des droits humains, et non plus seulement comme un enjeu de santé publique. » (1)

Les richesses minières et l'accaparement des terres.

Nous avons traité dans une précédente contribution du grabbing des terres. On connaît déjà le pillage des matières premières du sol et du sous-sol de l'Afrique, notamment l'énergie et les métaux rares comme le coltran que l'on utilise dans les technologie de la communication (ordinateur, téléphones mobiles...).

Ce coltran est revendu cent fois son prix par des intermédiaires sans loi ni foi à des multinationales occidentales très discrètes sur cette nouvelle traite autrement plus abjecte que la traite historique de ces mêmes civilisateurs en terre de conquête et d'évangélisation de ces peuplades barbares qui devaient obligatoirement être touchés par l'Evangile au nom de la « règle des trois C ».

Christianisation, Commerce, Colonisation. (...) L'accaparement des terres agricoles en Afrique par des Etats étrangers et des multinationales a été plusieurs fois dénoncé, notamment en février 2011, à Dakar, à l'occasion du Forum social mondial, par l'ONG Actionaid.(2)

Cinquante ans après, l'Afrique tend toujours la main. C'est le continent de toutes les calamités, à la fois naturelles, mais surtout du fait de l'homme. Paradoxalement, on n'arrête pas d'annoncer la richesse de ce pays dans une conjoncture de plus en plus marquée par la raréfaction des matières premières de toute sorte.

Mais pas seulement, c'est aussi l'énergie et les anciennes puissances coloniales (Grande-Bretagne, France, et à un degré moindre, le Portugal) ne veulent surtout pas lâcher leur proie.

De nouveaux pays et non des moindres s'intéressent, citons naturellement les Etats-Unis, qui s'imposent notamment en mettant un commandement - l'Africom - pour gérer l'Afrique à partir de bases à demeure, mais aussi la Chine qui a une stratégie de softpower, l'Inde et le Japon dont l'aide au développement avoisine les 2 milliards de dollars.

Ceci étant dit, le niveau de cette aide au développement fixé à 0,7% du PIB par les pays développés, n'a jamais été atteint. De plus, chaque pays conditionne cette aide à un achat exclusif dans ce pays tout en amalgamant différentes aumônes sous ce vocable.

On apprend dans ce cadre que le Japon sollicite « le bras armé » de la France pour ouvrir des marchés en Afrique : « (...) La France apportera dans ce domaine son expertise et ses moyens en matière de lutte contre le terrorisme. La récente prise d'otages d'In Amenas, dans laquelle ont péri des ressortissants japonais, est en effet, venue rappeler aux entreprises nippones les raisons de leurs réticences à s'implanter sur le continent.

« La France et le Japon ont des intérêts communs en Afrique : que le continent soit stable et devienne un partenaire économique fiable, doté d'une bonne gouvernance, analyse (...). Les Français ont des connaissances de terrain et sont bien intégrés dans les sociétés africaines dans certains pays francophones.

La France est une puissance dominante dans cette région, elle a des troupes sur place et des bases militaires. Le Japon, en revanche, a peu d'informations sur les groupes comme Aqmi [Al Qaîda au Maghreb islamique]. » (3)

Le refus de l'alternance et les régimes dynastiques

Avec sa lucidité particulière, Aimé Césaire a été l'un des premiers, sinon le premier à parler de l'Afrique postindépendance. Il écrivait notamment : « La lutte pour l'indépendance c'est l'épopée, l'indépendance acquise c'est la tragédie. » « Le grand succès des ennemis de l'Afrique, écrivait pour sa part, Frantz Fanon, c'est d'avoir corrompu les Africains eux-mêmes. »

L'alternance se fait en Afrique, soit par l'émeute, soit par la maladie. Justement, l'un des grands malheurs de l'Afrique est dû aussi à des dirigeants qui perpétuent l'ordre colonial à leur profit, tout en prenant la sage précaution d'être adoubés par leurs anciens maîtres.

La moyenne d'accaparement du pouvoir dépasse très souvent la dizaine d'années. Quand le potentat passe la main, c'est au profit de leur famille. C'est une nouvelle forme d'asservissement à distance où l'Africain travaille pour d'autres, mais est incapable de subvenir à ses besoins. Serait-ce une malédiction ?

Les ingérences occidentales continuelles

Qu'on se le dise ! Les pays occidentaux et même les nouveaux pays émergents n'ont aucun état d'âme à recoloniser, à distance, les anciens pays, ce qui compte est que le pillage soit permis et tous les slogans des droits de l'homme ne sont que de la poudre aux yeux.

Hervé Amani sociologue, nous décrit les malheurs de l'Afrique du fait du néocolonialisme « Le grand dessein des intérêts impérialistes est de renforcer le colonialisme et le néocolonialisme et nous nous tromperons nous-mêmes de la façon la plus cruelle, si nous devons considérer que les actions des Occidentaux sont distinctes et sont sans rapport entre elles », avait prédit N'Krumah. (...)

N'Krumah n'a pas été suivi par ses pairs. Pour le malheur des Africains, des chefs d'État dont l'idéologie était la longévité au pouvoir, ont prêché le nationalisme étriqué et ont suivi les démons de la division ». (4)
« En 2013, soit cinquante ans après le discours de N'Krumah, l'Union africaine est encore en gestation. »

Hervé Amani déroule ensuite le catalogue macabre des violences subies par l'Afrique : « Olympio au Togo, Yaméogo en Haute Volta, Ahomadégbé au Benin, Hamani Diori au Niger, Modibo Kéïta (photo) au Mali... ont subi des coups d'État ; Sankara a été assassiné...

Leur crime, après N'Krumah, avoir défendu l'intérêt de leur pays, la dignité de l'Afrique. Le colonel Kadhafi a été l'artisan acharné de la mise en oeuvre de l'Union africaine. Il avait engagé le financement de grands projets tels que préconisés par N'Krumah.

Le Guide a été assassiné par les puissances occidentales sur le mobile fallacieux de génocide du peuple. Parmi les dirigeants de l'époque qui se sont opposés à l'esprit d'Unité africaine de N'Krumah, il y a le président Houphouët- Boigny de la Côte d'Ivoire. C'est un fait. Sa longévité est certainement le fruit d'un asservissement aux puissances coloniales. (...) » (4)

« Si nous nous réjouissons de ce qui est advenu de Kadhafi, de Gbagbo, de N'Krumah, nous nous trompons de façon cruelle. Le parachutage par la force militaire de valets ne sert que les intérêts de la puissance de tutelle et d'une ploutocratie.

L'auteur conclut : « L'Afrique doit s'unir parce que notre évolution économique exige la fin de la domination colonialiste ; or chaque État sera impuissant face aux impérialistes.

Répétons le : « ...Nous nous tromperons nous-mêmes de la façon la plus cruelle, si nous devons considérer que les actes des Occidentaux sont distincts et sont sans rapport entre elles », avait prédit N'Krumah »(4).

Dans cet ordre, deux forces d'action rapides mises en place par les Occidentaux ont pour but d'asseoir le statu quo. Au plus fort de la France-Afrique, le président français François Hollande invité à la zerda, a prévenu que « ce sont les Africains qui, demain, devront assurer la sécurité de leur continent », même si « la France sera toujours à leurs côtés ».(4)

La corruption : ce mal endémique érigée en science exacte

Toute société humaine connait la corruption. Cependant l'absence de justice et de sanction font que la corruption est, en Afrique, consubstantielle de la gestion de l'Etat, mais aussi à tous les échelons de l'auorité. Chacun essaie à son niveau de monnayer son pouvoir .

Entre 1980 et 2009, 1 350 milliards de dollars de flux financiers illicites en provenance d'Afrique ont étés transférés à l'étranger. Selon un rapport de la BAD, l'Afrique du Nord totalise 415,6 milliards de dollars de transferts illicites durant cette période, Ces sorties frauduleuses d'argent ont concerné, dans la région nord-africaine, en premier lieu l'Egypte, suivie en seconde position par l'Algérie et enfin la Libye.

L'argent est le plus souvent transféré frauduleusement dans les paradis fiscaux, mais également dans de nombreux pays européens, aux Etats-Unis et dans d'autres régions du monde. « La fuite des ressources hors de l'Afrique au cours des trente dernières années, environ le PIB actuel de l'Afrique, freine le décollage du continent », selon Mthuli Ncube, économiste en chef et vice-président de la BAD.

« L'idée reçue a toujours été que l'Occident injecte de l'argent en Afrique grâce à l'aide étrangère et aux autres flux de capitaux du secteur privé, sans recevoir grand-chose en retour. Notre rapport inverse le raisonnement : l'Afrique est en situation de créancier net par rapport au reste du monde depuis des décennies », déclare Raymond Baker, directeur du centre de recherche et de défense GFI, basé à Washington. ( ;..) (5)

A titre d’exemple, la corruption en Algérie est devenue un science exacte. Plus on vole moins on risque. On l’aura compris les lampistes trinquent mais les gros poissons à l’instar des scandales dues aux « commissions » versées par les entreprises opérant en Algère, achèvent de démoraliser les algériens pour qui la règle de deux poids deux mesures est plus que jamais d’actualité

Le manque de vision de l'avenir

Devant toutes ces avanies, que pense-t-on que l'Afrique fait ? Coordonne-t-elle en vue d'une sécurité alimentaire ? En vue d'une médecine de qualité ? Etudie-t-elle un développement endogène ?

Demande-t-elle qu'on la laisse en paix en alimentant en armes des belligérants ou en soutenant des tyrans qui refusent l'alternance ? Rien de tout cela, elle décide de mettre en place une force d'action rapide !! avec les armes des occidentaux pour justement maintenir en place les tyrans adoubés et la phrase de Chirac prend toute sa signification quand il déclare : « Il faut soutenir les dictatures, sinon ils ne feraient pas d'élection » sous-entendu quel que soit le résultat, l'essentiel est qu'elles se tiennent.

Les rodomontades ont de beaux jours devant elles. L'Afrique « colosse avec un sabre nain » veut avoir sa force d'action rapide sur le modèle de la française. Souvenons-nous de la cacophonie des pays de l'Afrique de l'Ouest réunis au sein de la Cédéao organisme docilisant pour le compte de la France les présidents d'opérette.

« Les dirigeants africains réunis en sommet à Addis-Abeba ont décidé de créer une force de réaction rapide chargée d'intervenir dans les conflits sur le continent, déclare le président en exercice de l'Union africaine. » (6)

Le ridicule ne tue plus. Ce sont les damnés de la terre- conséquence d’une politique de fuite en avant, de l’obsession du pouvoir - qui meurent !

Les conflits à venir

C'est un fait durant ce cinquantenaire l'Afrique n'a jamais connu la paix du fait des interférences des anciennes puissances coloniales de la rareté des matières premières dont l'Afrique regorge et de l'apparition de nouveaux acteurs qui font à l'Afrique des propositions qu'elle ne peut pas refuser.

Parmi ces conflits du futur, notamment dus à l’errance des changements climatiques pour lesquels l’Afrique n’a aucune parade et qui fait qu’après les réfugiés politiques conséquences des guerres perpétuelles, après les réfugiés économiques conséquence d’épidémies endémiques, nous aurons de plus en plus de réfugiés climatiques qui n’auront où aller sinon à continuer à mourir à petit feu.

De plus et comme conséquence aussi de la démographie, le tarissement des ressources hydriques dans certaines régions . La prochaine guerre de l'eau se profile à l’horizon comem le montre le conflit latent autour des eaux du Nil

« L'Ethiopie, le Kenya, l'Ouganda, le Burundi, le Rwanda et la Tanzanie sont depuis 2010, signataires d'un nouveau traité du partage des eaux du Nil. Ce texte remet en cause un précédent traité qui datait de 1929, amendé en 1959 par l'Egypte et le Soudan.

Ce premier traité de partage accordait la part du lion à l'Egypte et au Soudan, qui à eux seuls jouissaient d'environ 90% des eaux du Nil. (...) L'Ethiopie a lancé en avril 2011 le chantier de son Grand barrage du Millénaire. Il produirait plus de 5000 mégawatts, retiendrait près de 63 milliards de m3 d'eau et deviendrait le premier barrage d'Afrique. (...) » (7)

Aux dernières nouvelles, le ministère des Affaires étrangères égyptien a convoqué l'ambassadeur éthiopien alors qu'aucun accord n'a encore été trouvé entre l'Egypte, l'Ethiopie et le Soudan concernant la gestion des eaux du Nil. Les travaux ont commencé mardi 28 mai.

Le barrage coûtera 3,2 mds. Sa construction nécessite d'assécher et de dévier le lit naturel du Nil Bleu. A plusieurs reprises déjà, Egypte et Ethiopie ont frôlé l'affrontement direct à cause de cette question cruciale pour les deux pays. (8)

La CPI est-elle raciste ? Les potentats africains sont inquiets : Ils craignent de finir leurs jours à La Haye La Cour pénale internationale (CPI) mène une « sorte de chasse raciale » en ne poursuivant que des Africains, a affirmé, le président en exercice de l'Union africaine (UA), le Premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn.

Ces mêmes pays qui ont pour la plupart ratifié le traité de Rome pensent qu’il y a du racisme et que ce n’est pas leur gestion calamiteuse qui est en cause. Il est vrai que cette institution mise en place par les pays occidentaux pour imposer un ordre, leur ordre est de punir ceux qui ne rentrent pas dans le moule au nom des droits de l’Homme, dont il faudra bien un jour que l’on nous donne la définition universelle…

Pour rappel d’ailleurs, les Etats-Unis n'ont toujours pas signé le traité de Rome créant la CPI du fait que la Constitution américaine interdit que les Américains soient jugés par d'autres pays.

Quant à l'Algérie, elle joue au mécène, elle vient d'annuler pour 900 millions pour assumer pleinement son engagement en faveur de la promotion économique et sociale du continent.

On l'aura compris, c'est un tonneau des Danaïdes avec en prime une ingratitude de ces pays qui fait qu'il n'y aura aucun retour sur investissement ni politique ni économique. Avec 900 millions de dollars. C'est 10 universités que l'on peut amener au top niveau....
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1. Claire Brisset http://www.monde-diplomatique.fr/2013/06/BRISSET/49201
2. Chems Eddine Chitour : http://www.legrandsoir.info/l-afriq...
3. Emilie Guyonnet, http://www.monde-diplomatique.fr/2013/06/GUYONNET/49208
4. Hervé Amani http://www.legrandsoir.info/50e-anniversaire-de-l-ua-l-unite-africaine-a-l-epreuve-des-africains.html 29 mai 2013
5. Zhor Hadjam Transfert illégal de capitaux en Afrique du Nord. L'Algérie talonne l'Egypte El Watan 30 05 2013.
6. Aniss Z. Sommet de l'Union africaine à Addis-Abeba des pays veulent une force africaine de réaction rapide El Watan le 28.05.2013
7. Gaëlle Laleix http://www.slateafrique.com/2161/te... 29 05 2011
8. http://www.econostrum.info/Le-Nil-p... Ethiopie_a14783.html

Professeur Chems Eddine Chitour
Ecole Polytechnique enp-edu.dz

CPI : Jean-Pierre BEMBA ragaillardi par des défaillances criantes du Parquet

05/06/2013


Jean-Pierre BEMBA

Jean-Pierre Bemba Gombo, qui continue à croupir injustement dans les geôles humides de Scheveningen à La Haye doit avoir sablé du champagne lundi dernier.

Et pour cause. La Cour qui était en train d’examiner si les conditions sont réunies pour l’ouverture du procès de Laurent Gbagbo, l’ancien Président de la Côte d’Ivoire incarcéré aussi à la CPI, a renvoyé l’accusé Gbagbo.

Ce qui veut dire en termes simples qu’elle n’est pas en mesure de tenir un procès équitable. La cause : ... insuffisance de preuves.

Cela signifie que l’instruction pré-juridictionnelle au niveau du Parquet était bâclée et était aléatoire. Peu convaincante. C’est l’inimaginable pour une instance dont on pense que ses hauts magistrats ont le droit dans les doigts. Ce n’est malheureusement pas le cas.

Car les instructions du Parquet près la CPI sont souvent mises en cause par la Cour elle-même comme par exemple le cas de Matthieu Gujolo, un criminel de guerre dont la notoriété ne fait l’ombre d’aucun doute mais qui avait, à la surprise générale, été libéré pour insuffisance des preuves.

Alors que pour son cas, ses victimes dans son ancien empire d’Ituri se comptent par dizaines et se rencontrent à chaque coin de rue. Mais l’Accusation avait été incapable de le prouver par des faits inattaquables et non des mirages comme au désert.

Pour Laurent Gbagbo, la Cour retient également l’insuffisance des preuves pour que se tienne son procès.

Ces preuves en question concernent les crimes contre l’humanité, crimes de guerre et appel au génocide. Mais malgré ces insuffisances, l’ancien Président ivoirien ne quittera pas Scheveningen.

Car, la Cour a donné 6 mois au Parquet pour produire ces preuves. Dans le cas contraire, elle sera obligée de libérer Laurent Gbagbo, tout simplement et sans autre forme de procès.

La moisson que la Cour demande au Parquet de ramener d’ici fin novembre est immense. L’Accusation doit entrer autres démontrer que les crimes commis en Côte d’Ivoire lors des violences qui selon l’Onu avaient fait plus de 3.000 morts, l’étaient dans le cadre d’une politique de répression orchestrée par Laurent Gbagbo et ses proches.

Ce n’est pas tout car le Parquet doit aussi dire clairement à quels groupes des forces pro-Gbagbo appartenaient les auteurs des meurtres, des viols et des persécutions commises sur le terrain.

En outre, le Parquet est aussi appelé à fournir des preuves spécifiques sur les allégations de viols et des expertises médico-légales concernant les victimes de ces actes. C’est pratiquement toute l’instruction que doit reprendre le Parquet dans les six mois.

Si depuis l’arrestation de Laurent Gbagbo jusqu’à ce jour le Parquet était incapable de réunir des faits prouvant sa culpabilité, est-ce maintenant qu’il va trouver des preuves additionnelles que la Cour lui demande ? Où va-t-il les ramasser ? Ce serait comme chercher une aiguille dans une botte des foins.

ENQUETES SOMMAIRES

Le Parquet vient encore une fois d’être renvoyé à ses études à cause de ses enquêtes sommaires, en tout point mal ficelées pour des affaires pourtant très complexes.

On ne peut plus faire confiance à la Cour avec ses procédures kilométriques dont l’objectif ne semble être que de garder des gens en détentions avec des preuves insuffisantes ou sans du tout la moindre preuve comme le cas du sénateur congolais Jean-Pierre Bemba Gombo qui était un prisonnier personnel de l’ancien Procureur près la CPI, l’Argentin Luis Moreno Ocampo.

Celui-ci a incarcéré Bemba contre vents et marées. Moreno Ocampo opérait impunément en dehors du champ de toutes les doctrines juridiques.

Comment peut-il poursuivre quelqu’un pour des crimes qu’auraient commis ses combattants qui étaient sous commandement d’un pouvoir légalement établi ?

Ces derniers avaient été mis à la disposition d’un Président élu, qui avait la légitimité du peuple centrafricain en l’occurrence feu Ange-Félix Patasse.

Celui-ci criait sur tous les toits que les troupes du MLC de Jean-Pierre Bemba Gombo en opération en Centrafrique ou elles auraient commis des crimes de guerre et crimes contre l’humanité étaient placés sous sa responsabilité.

Plusieurs fois Patasse a demandé à aller témoigner à la Cour pour décharger Bemba, mais Moreno Ocampo s’y était toujours opposé. Jusqu’à sa mort, Ange Félix Patassé n’a jamais été autorisé à aller déposer son témoignage à la CPI.

Même chose pour son ancien commandant en chef qui donnait le même argumentaire. Là ce sont des personnes évoluant en dehors de la CPI. Mais pas plus tard que l’année dernière, le général français Larris, expert militaire commis par la Cour elle-même et qui est payé par elle, a livré son rapport d’expertise qui a établi qu’il était impossible à Bemba de commander ses troupes mises à la disposition de la RCA pour contrer les assauts du rebelle François Bozize.

Larris était formel : les troupes étaient placées sous une coordination qui commandait toutes les opérations militaires. Comment Bemba pouvait-il alors avoir le commandement de ses hommes ? Impossible. Là c’est ce sont les conclusions de l’expert militaire de la CPI.

Malgré ces vérités, Jean-Pierre Bemba continue à croupir à Scheveningen pour rien. Ironie du sort : François Bozize qui avait actionné la plainte contre Bemba à la CPI et qui était soupçonné de proximité avec le Procureur Luis Moreno Ocampo pour que Jean-Pierre Bemba Gombo ne soit jamais libéré, est aujourd’hui après sa chute lui-même sous mandat d’arrêt international pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et appel au génocide.

Pour le nouveau pouvoir centrafricain, ces crimes dans le chef de François Bozize ne font que ce dernier est passible des poursuites à la CPI. Est pris qui croyait prendre.

Bozize qui est à la base de l’infortune de Jean-Pierre Bemba Gombo est lui-même sur la route de la CPI. Il va aussi expérimenter les conséquences des insuffisances de cette Cour qui n’instruit qu’à charge et non à décharge et qui détient des prévenus dont les dossiers sont quasiment vides pendant des années.

Comme le chairman du MLC, Jean-Pierre Bemba Gombo qui en est à sa cinquième année. 5 ans perdus. Pour des crimes difficiles à établir.

[KANDOLO M.
© KongoTimes

Quand «Joseph Kabila» prend les Congolais pour des imbéciles


Le tyranneau "Joseph Kabila"

«Pour diriger sa Commission électorale nationale indépendante, le Congo-Kinshasa ne peut choisir qu’entre un certain Daniel Mulunda Ngoy et Apollinaire Malu Malu, deux personnages controversés ?

Ce grand pays tombe ainsi de Charybde en Scylla ?». L’homme qui parle ainsi est un Béninois. Il se prénomme «Olivier».

Le Bénin a été le premier pays d’Afrique francophone à concevoir un mécanisme original destiné à résoudre, par le dialogue, la crise de régime à laquelle il faisait face au début des années 90. Il s’agit de la «Conférence nationale souveraine» (CNS). Une sorte "d’arbre à palabre".

Les conférenciers avaient un seul objectif : l’instauration d’un nouveau type de rapports, empreints d’écoute et de respect mutuel, entre l’Etat et les citoyens. L’Etat de droit, tenait lieu de «moyen» avec en toile de fond deux thèmes majeurs : la démocratie - impliquant notamment la séparation des Pouvoirs - et le respect des droits de l’Homme.

Le «modèle béninois» a fait tache d’huile dans plusieurs pays francophones du continent. C’est le cas notamment de l’ex-Zaïre, rebaptisé République démocratique du Congo.

C’est avec une certaine incrédulité que les Congolais de Kinshasa ont appris la désignation du très sulfureux abbé Apollinaire Malu Malu à la tête de la Commission électorale nationale indépendante (CENI).

D’aucuns n’ont pas hésité à qualifier ce retour «à la Zorro» comme une gifle que l’actuel locataire du Palais de la nation a décidé d’infliger à un peuple congolais résigné, prêt à tendre la joue gauche après avoir été frappé sur la joue droite. D’autres parlent «de démonstration, par Joseph Kabila, de son mépris à l’égard de tout un peuple».

La nomination de «Monsieur l’Abbé» Malu malu a tout l’air d’un test. Un ballon d’essai destiné à jauger jusqu’où peut aller la capacité d’indignation des citoyens congolais. On peut gager qu’à défaut d’une vive réaction populaire, le pouvoir kabiliste pourrait multiplier d’autres initiatives «audacieuses».

But : obtenir la révision de la Constitution pour permettre à l’actuel chef de l’Etat de rempiler pour un troisième mandat en 2016. Ce n’est nullement un procès d’intention.

«Joseph Kabila» a toujours considéré le pouvoir d’Etat comme un "butin de guerre". Il n’a jamais cessé de confier à des journalistes que «nous avons pris des risques pour nos vies en combattant le président Mobutu par les armes». Il est donc décidé à s’accrocher au pouvoir. Et pourquoi pas mourir au pouvoir?

Lors des élections générales de 2006, Malu Malu avait dirigé de manière chaotique - c’est un euphémisme - la défunte CEI (Commission électorale indépendante). L’homme avait démontré à l’époque son «talent» de tripatouilleur des résultats électoraux au profit du président sortant et de son clan.

Malu Malu a été littéralement chassé de la CEI sous la clameur des observateurs tant nationaux que internationaux.

"J’ai accepté l’inacceptable", déclarait Jean-Pierre Bemba, le challenger. Celui-ci sous-entendait qu’il a été soumis à des pressions insupportables pour ne pas revendiquer une victoire attribuée à "Joseph Kabila", qui était, à l’époque, le chouchou des "Occidentaux".

Malu Malu et son prédécesseur Daniel Mulunda Ngoy n’ont jamais fait mystère de leur sympathie à l’égard de «Joseph Kabila» autant que de leur appartenance à la mouvance kabiliste dite «Majorité présidentielle» (MP).

Faut-il rappeler que Mulunda est co-fondateur du parti présidentiel (Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie). Lors du dialogue intercongolais, à Sun City, en Afrique du Sud, Mulunda et Malu Malu faisaient partie de la délégation du gouvernement en tant qu’«experts».

Depuis le 9 décembre dernier, le second dirige le groupe d’experts du gouvernement aux pourparlers de Kampala avec les rebelles du M23. En dépit de ces réalités, "Abbé Apollinaire" continue à revendiquer son appartenance à la société civile. Sans doute, de la "société civilement politique", comme ironisent les Kinois.

La désignation de Malu Malu à la tête de CENI est une injure grave pour le peuple congolais. Cet acte sonne comme un immense gâchis. Un recul. C’est un mauvais signal envoyé en direction de la toute «jeune démocratie congolaise».

Cet homme - dont la corruptibilité a franchi les frontières nationales - n’est pas celui qu’il faut pour assurer une supervision impartiale d’un processus électoral. Encore moins de garantir la liberté et l’équité des élections.

La «démocratie congolaise» marche plus que jamais à reculons.

Le vote n’est pas seulement l’occasion de choisir les nouveaux gouvernants. C’est aussi un moyen, pour le citoyen, d’exiger des comptes aux "sortants" en sanctionnant ceux qui se sont révélés incapables de répondre aux aspirations de la population à un mieux-être.

Lors des «consultations nationales» initiées, de Janvier à mars 1990, par le président Mobutu Sese Seko, les Zaïrois d’alors avaient bruyamment rejeté l’arbitraire du parti-Etat. Ils avaient fustigé le népotisme, le favoritisme, le tribalisme, la corruption, la gabégie et les violations des droits humains.

Dans son discours du 24 avril 1990, le président Mobutu annonçait la restauration du pluralisme politique. Lors des travaux de la CNS (1991-1992), les «conférenciers» avaient levé l’option en faveur de l’avènement d’un nouvel ordre politique fondé sur la démocratie et le respect des droits humains.

Lors de la prise du pouvoir par l’AFDL (Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre), en mai 1997, LD Kabila et ses «amis» commettaient le «péché originel» en passant, par pertes et profits, les résolutions de la CNS.

Une incapacité de lire les signes de temps mais aussi l’Histoire immédiate du pays. Cette outrecuidance ne lui apportera pas le bonheur. La suite est connue.

Lors de la signature de l’Accord de cessez-le-feu de Lusaka, fin juillet 1999, les participants (Gouvernement, RCD et MLC) n’avaient pas manqué de réaffirmer la nécessité de promouvoir un nouvel un nouvel ordre politique ayant la démocratie et le respect des droits comme socles.

Cette résolution sera institutionnalisée lors du Dialogue intercongolais à Sun City, en Afrique du Sud. Le 18 février 2006, «Joseph Kabila» promulguait la nouvelle Constitution. Hélas, le renouveau escompté tarde à poindre à l’horizon.

Depuis 2006 à ce jour, le pluralisme politique consacré dans la nouvelle charte fondamentale reste un simple «idéal». Il en est de même des droits et libertés du citoyen. L’armée, la police et les services de renseignements se comportent en milices du régime.

Pire, les autres institutions nationales sont phagocytées par le Pouvoir exécutif en général et le Président de la République en particulier. Celui-ci exerce un pouvoir sans contrôle. Omnipotent, l’homme semble rêver d’une «présidence à vie». Plus rien ne l’arrête. Adieu donc l’alternance.

L’Accord-Cadre signé le 24 février dernier à Addis-Abeba "demande" au gouvernement congolais notamment de « promouvoir la réconciliation nationale, la tolérance et la démocratisation».

En douze années d’exercice d’un pouvoir solitaire, «Joseph Kabila» a prouvé qu’il est allergique à la démocratie ainsi qu’aux valeurs humanistes que sont notamment la justice, la liberté et l’égalité.

Chez lui, tout se résume en rapports de force. Il ne respecte que les adversaires qui lui tiennent tête.

Jusqu’à quand les Congolais vont-ils subir l’avenir au lieu de le façonner à l’instar d’autres peuples? Le retour de Malu Malu aux affaires est constitutif de provocation. Aussi, doivent-ils réagir vigoureusement en exerçant leur droit sacré à résister à l’oppression.

Il s’agit de "stopper" un tyranneau autiste, rendu fou par le pouvoir. Un tyranneau qui considère le peuple congolais comme une bande d’imbéciles...

Baudouin Amba Wetshi
© Congoindépendant

En Afrique, le manque de toilettes plombe la croissance

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Couvercles de latrine en béton, Camp de réfugiés d'Okidi à Kitgum, Ouganda10/06/2007, REUTERS/E. Denholm
Couvercles de latrine en béton, Camp de réfugiés d'Okidi à Kitgum, Ouganda10/06/2007, REUTERS/E. Denholm

Une étude de la Banque mondiale met en relief les coûts méconnus liés à l’absence ou la défaillance des infrastructures d’assainissement dans 18 pays africains. Ces coûts représentent entre 1 à 2,5% du PIB selon les pays.

L’absence d’infrastructures d’assainissement coûte près de 5,5 milliards de dollars par an à 18 pays africains, selon un rapport publié par le programme Eau et assainissement de la Banque mondiale.
«Les 18 pays africains considérés dans cette étude ont une population totale de 554 millions d’habitants, soit plus de la moitié de la population africaine», a indiqué Jaehyang So, responsable du programme Eau et assainissement.
«Ce constat rappelle aux ministres que leurs pays ne pourront pas se développer durablement sans se pencher sur ces coûts.»
Les impacts économiques liés à l’absence ou la défaillance de système d’assainissement sont lourds: la majorité de ces coûts est liée aux morts prématurées, y compris d’enfants âgés de moins de cinq ans, causées par les maladies diarrhéiques.

Près de 90% de ces morts sont directement imputables à la mauvaise qualité de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène.

Les autres coûts évalués comprennent les pertes de productivité dues à un mauvais assainissement et les pertes de temps liées à la défécation en plein air.

Le trou de la défécation en plein air

 

La défécation en plein air représente à elle seule près de 2 milliards de dollars de pertes annuelles dans ces 18 pays et concerne plus de 114 millions de personnes. Pour remédier complètement à ce problème, il faudrait construire (et utiliser) 23 millions de toilettes.

La défécation en plein air coûte plus par personne que tout autre problème d’assainissement.
Rien que le temps perdu pour trouver un endroit discret pour faire ses besoins entraîne près de 500 millions de dollars de pertes économiques.
«Les femmes représentent une proportion considérable de ce coût en raison du temps qu’elles passent à accompagner de jeunes enfants ou des proches malades ou âgés», souligne la Banque mondiale.
«Les incidences négatives d’un mauvais assainissement susceptibles d’être importantes, mais difficiles et chères à estimer, comprennent les coûts des poussées épidémiques, les pertes de revenus dans le commerce et le tourisme, l’impact sur les ressources en eau de l’évacuation des excréments, et les effets à long terme sur le développement de la petite enfance», commente la Banque mondiale.
Les études nationales montrent que le Bénin perd 104 millions de dollars chaque année à cause des mauvaises conditions sanitaires, une somme équivalente à 12 dollars par personne et par an, ou 1,5 % du PIB national.

Au Bénin, la défécation en plein air coûte au plus de 75 millions de dollars par an. Pourtant, l’élimination de cette pratique nécessiterait la construction et l’usage de moins de 1 million de latrines.

Les pires situations sont peut-être celle du Nigeria où le manque d’équipements sanitaire coûte 3 milliards de dollars par an, ce qui représente 20 dollars par personne et 1,3 % du PIB, et celle du Congo Brazzaville, qui en termes de coût par habitant atteint 35,8 dollars.

Le Rwanda fait partie des pays les mieux lotis, avec un coût de 0,9 % du PIB. Cela s’explique par le fait que seulement 3 % de la population a recours à la défécation en plein air et plus de la moitié à des installations sanitaires améliorées.

Les pauvres payent plus chers

 

L’étude montre que les coûts d’un mauvais assainissement sont inéquitablement distribués, le fardeau économique le plus lourd pesant disproportionnellement sur les plus pauvres.
«Ce constat plaide immanquablement en faveur de l’augmentation de l’investissement dans l’assainissement et de la suppression des obstacles à l’amélioration des services d’assainissement. Le moment est venu de s’attaquer sans tarder et une fois pour toutes à cette priorité de développement», précise Jamal Saghir, directeur du département développement durable dans la région africaine de la Banque mondiale.
Les investissements dans l’assainissement représentent moins de 0,1 % du PIB de la majorité des pays.
Seuls 5 sur les 18 pays africains considérés investissent entre 0,1 et 0,5 % de leur PIB dans l’assainissement.

Bien que les pays africains se soient engagés à augmenter leurs crédits budgétaires destinés à l’assainissement pour atteindre au moins 0,5 % de leur PIB (Déclaration d’eThekwini, 2008), aucun des 18 pays étudiés n’a à ce jour atteint cet objectif.

Sylvie Rantrua
Cet article a d'abord été publié sur Marchés Tropicaux & Méditerranéens.

Le frère de Bouteflika signerait des décrets à la place du président

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Saïd Bouteflika à Alger en 2012 / AFP
Saïd Bouteflika à Alger en 2012 / AFP

Saïd Bouteflika est soupçonné d'approuver des décrets présidentiels durant l'hospitalisation de son frère.

Alors que les informations sur l’état de santé d’Abdelaziz Bouteflika et sa capacité à gouverner circulent au compte-gouttes, des décrets présidentiels ont été promulgués depuis Paris, cette semaine.

Selon le quotidien algérien Le Matin, ils auraient été signés non pas par le président, mais par son frère Saïd Bouteflika.

Ces décrets nomment sept fonctionnaires de la direction de l’informatique. Deux des promus sont des militaires, mais les cinq autres nommés chefs d’études sont de «simples» fonctionnaires recrutés seulement depuis 2011, affirme Le Matin.

Leurs noms auraient été proposés par Bouabana, directeur de l’informatique de la présidence et proche de Saïd Bouteflika, juste avant l’entrée du président à l’hôpital, estime l’article.

Une source proche de la présidence confie au Matin que toutes les propositions venant des autres structures de l’Etat sont bloquées par Saïd Bouteflika. Selon le quotidien, le frère du président tente de geler l’avancement des fonctionnaires présents depuis les mandats de Chadli Bendjedi et Liamine Zeroual.

La politique de Saïd Bouteflika, en charge de la communication du président, est contestée depuis le début de l’hospitalisation de son frère en raison de la «stratégie du silence» qu’il a adoptée.

D’après le site d’information Tout Sur l’Algérie, un différend avait déjà surgi entre les deux frères à cause d’informations mettant en cause Saïd dans des affaires de corruption juste avant l’hospitalisation du président.

Mais selon l’article, si le frère a bel et bien signé à la place d'Abdelaziz Bouteflika, cela constitue une offense à la loi encore plus grave. Le Matin explique qu’en vertu de l’article 77 de la Constitution algérienne, la signature de décrets présidentiels relève uniquement de la seule autorité du président de la République et ce pouvoir ne peut en aucun cas être délégué.

Ce nouveau scandale, s’il est avéré, risque encore de relancer le débat sur la procédure «d’empêchement» du président.

Lu sur Le Matin

Les Exactions continuent contre les Congolais expulsés d’Angola



Depuis plusieurs années, l’Angola procède à des expulsions massives de Congolais installés illégalement sur son territoire. En trois semaines, 52.231 Congolais ont traversé la frontière à Kamonia en RDC.

Des expulsions souvent violentes, que dénoncent Médecins du Monde, seule ONG présente sur place et l’ACAT, Action des chrétiens contre la torture.

L’Angola accentue la pression sur les Congolais en situation irrégulière. En avril, les autorités angolaises leur ont lancé un ultimatum pour quitter le territoire. Mais selon Médecins du Monde (MDM), présent à la frontière, ces « retours« , volontaires ou non, se déroulent dans des conditions difficiles.

52.231 personnes ont en effet quitté l’Angola en seulement trois semaines.

« Un afflux massif de réfugiés » qui s’effectue souvent dans la violence, selon l’ONG internationale. C’est désormais un scénario connu pour chaque expulsion massive : dépossessions de biens, fouilles poussées, arrestations arbitraires, violences sexuelles…

Au banc des accusés : les forces de sécurité angolaises. Médecins du Monde demande d’ailleurs à l’Angola « de respecter ses engagements internationaux, à la communauté internationale de se pencher sur ces violences et aux acteurs humanitaires de se mobiliser« .

L’eldorado angolais se termine souvent mal pour les Congolais qui tente l’aventure de l’autre côté de la frontière. Ils sont en effet nombreux à venir chercher « un avenir meilleur en allant travailler dans le secteur minier« , explique Médecins du Monde (MDM).

« Leur quête se termine souvent par leur exploitation, la violence et la peur. Des milliers d’entre eux sont arrêtés pour être déportés et atterrir dans les cachots situés à la frontière angolaise. Là, ils sont souvent violentés, avant d’être expulsés vers la RDC« , s’inquiète l’ONG.

Et la situation humanitaire devient critique à la frontière. « D’avril à mai, le nombre de patients a triplé dans nos centres de santé, deux-tiers sont des expulsés« , explique Félicité Remadji, responsable du programme de MDM. « et nous avons besoin de renforcer nos capacités« .

L’ACAT-France, l’Action des chrétiens contre la torture, qui suit le dossier congolais, est également préoccupée par la recrudescence des violences chez les expulsés.

L’ACAT relaie l’inquiétude de la coordination civile du territoire de Kasongo-Lunda qui affirme que sur 5.000 congolais expulsés, entre le 8 et le 16 mai 2013, « 107 femmes et jeunes filles ont été victimes de violences sexuelles« .

Selon l’hôpital de Kapanga, 48 femmes violées se sont également présentées pour obtenir des soins depuis mai 2013. L’ACAT-France s’étonne de la persistance des exactions à l’encontre des expulsés congolais, alors que « les autorités angolaises s’étaient au contraire engagées auprès des instances des Nations-unies à améliorer les conditions d’expulsion des ressortissants congolais et à enquêter sur les allégations de violences« .

Ces événements interviennent dans un contexte particulier. Le Conseil des droits de l’homme des Nations-unies examinera prochainement lors de sa 23ième session », le dossier angolais.

L’ACAT-France a par ailleurs tenu à alerter Catherine Ashton, la Haute représentante de l’Union européenne (UE) pour les affaires étrangères, sur la situation des expulsés congolais.

Christophe RIGAUD

Kivu : La Brigade de l'ONU en ordre de bataille

09/06/2013


M23

Le M23 dit avoir trouvé un accord avec la facilitation pour que sa délégation se rende à Kampala, ce dimanche 9 juin, afin de poursuivre le dialogue et sortir de l’impasse. Bertrand Bisimwa, chef politique du mouvement rebelle affirme pince sans rire que cette prise de décision privilégie la piste politique prônée par Ban-Ki Moon en vue de la pacification de l’Est.

Pourtant, il s’agit d’une fuite en avant pour un mouvement qui voit déjà sa fin très prochaine. Le M23, en revenant à la table des négociations, ne fait que noyer ses caprices broyés dans le moule du Sg de l’ONU et donner raison à Joseph Kabila qui avait longtemps préconisé cette piste, engageant des moyens conséquent quant à ce.

Fini les caprices ! Avec le temps, même le plus versatile peut revenir à la raison. Le M23 en est une illustration. Comme une poule mouillée, la délégation des rebelles revient sur la pointe de pied à la table de négociations à Kampala, en face de Kinshasa.

Ce, au moment où ces discussions, débutées en décembre 2012, étaient au point mort depuis la scission du mouvement rebelle en février dernier.

Pris entre deux feux, c’est-à-dire les exigences de l’ONU et l’assaut de sa Brigade d’une part, le redéploiement massif des Fardc d’autre part, le mouvement rebelle trouve des alibis dans les propos de Ban Ki-Moon et Mary Robinson.

Il oublie vite que lors de son retrait des pourparlers de Kampala, il avait exigé du Gouvernement de Kinshasa un cessez-le feu. En Rd Congo, au Rwanda comme en Ouganda, ces derniers en appelaient à une solution politique dans la résolution des causes profondes de la crise à l’Est de la RDC.

Mais en réalité, rien n’est de neuf dans la pensée des ténors du M23. Kinshasa, par la bouche de Joseph Kabila avait prôné et prône encore l’aspect politique, en symbiose avec l’aspect diplomatico-militaire en vue de la résolution de ce conflit qui n’a que trop duré.

Et si le Sg de l’ONU et son Envoyée spéciale n’ont martelé qu’en ce sens, le M23 n’y comprend franchement du langage diplomatique et du déploiement de la Brigade, dont les opérations sont déjà lancées, commençant par des patrouilles mixtes.

La table de négociations bis

D’aucuns voudraient comprendre les mobiles profonds qui ont milité en faveur du revirement du M23, qui a annoncé son retour à Kampala pour reprendre langue avec le gouvernement.

Par la bouche indiquée, la rébellion du M23 annonce qu’elle enverra une délégation le dimanche 9 juin prochain à Kampala pour reprendre le dialogue avec le gouvernement congolais.

Pour Bertrand Bisimwa, chef politique du mouvement groupe rebelle, « Le M23, en accord avec la facilitation, confirme que sa délégation se rendra à Kampala ce dimanche afin de poursuivre le dialogue ».

C’est ce qu’il a déclaré dans un communiqué daté du mercredi 5 juin et dont s’est procuré l’Agence France de Presse. Une raison de plus pour saluer la délégation gouvernementale à Kampala, qui stigmatisait la facilitation.

Il a donc fallu que Crispus Kihonga dise un mot pour qu’enfin ceux qui lui sont proches se rangent une fois encore sur la bonne voie.

Le M23 justifie cette décision notamment par les propos du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, et sa représentante spéciale pour la région des Grands Lacs, Mary Robinson, lors d’une tournée fin mai en RDC, au Rwanda et en Ouganda.

Ban Ki-Moon et Mary Robinson avaient alors préconisé une « solution politique dans la résolution des causes profondes de la crise à l’Est de la RDC », résume M. Bisimwa, comme s’il s’agissait d’une nouvelle proposition.

Néanmoins, M. Ban n’avait pas gardé sa langue en poche pour leur intimer les ordres, et que ne pas obtempérer le serait à leurs risques et périls.

La Brigade en ordre de bataille

Les risques dont redoutent aussi bien le M23 que ses parrains africains et occidentaux reposent sur les 3.000 hommes de la Brigade onusienne. En mars dernier, à la suite du vote de la résolution 2098 créant la brigade d’intervention de la Monusco chargée de combattre les groupes armés dans l’Est de la RDC, Kinshasa avait demandé au M23 « de s’auto-dissoudre ».

Le M23 avait minimisé la question, proférant injures et menaces à l’endroit des Tanzaniens, Malawites et Sud-africains la composant.

Actuellement, cette brigade dont le tiers de l’effectif est déjà arrivé à Goma a commencé à patrouiller dans cette ville stratégique du Nord-Kivu occupée par les rebelles pendant une dizaine de jours à la fin du mois de novembre 2012. Et le M23 n’en croit pas ses yeux.

Interrogé le 28 mai dernier sur le blocage des pourparlers de Kampala entre le gouvernement congolais et la rébellion du M23, le coordonnateur du Mécanisme national de suivi de l’accord-cadre d’Addis-Abeba, François Mwamba, avait estimé que ce blocage ne pouvait pas être attribué à Kinshasa.

« Si blocage il y a, ce n’est pas le fait de la République démocratique du Congo », avait-il assuré, expliquant que le gouvernement attend la proposition finale de la médiation devant mettre fin aux discussions.

En effet, comment Kinshasa dirait-il une chose et son contraire, appuyant les négociations en hommes et payant ses factures du reste très onéreuses ?

A quoi auraient donc servi toutes ces dépenses si l’intention était de bloquer les négociations, et de fil en aiguille pérenniser l’instabilité sur le sol congolais ?

Comprendre Penangini Touré

Le porte- parole civil de la Mission de l’ONU pour la Stabilisation du Congo (Monusco), M. Penangini Touré a déclaré dernièrement que le M23 ne sera pas attaqué s’il reprend les négociations de Kampala.

Comment comprendre cette affirmation ? La question fait débat. La première tendance prête à l’onusien les sentiments de ne pas soutenir l’attaque des rebelles.

« Si les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) retournent effectivement à Kampala pour continuer les négociations, la brigade d’intervention de l’ONU n’ira pas les attaquer là où ils sont », a déclaré mercredi Penangini Touré.

Mais d’aucuns comprennent, à sa juste valeur certes, que la Brigade n’a pas pour mission de s’attaquer ni à Kampala, ni aux rebelles à la table de négociations de Kampala. Ce qui va de soi. Mais que fera la brigade face aux rebelles du M23 (pas la délégation) et à d’autres mouvements du genre ?

"La brigade est là encore une fois pour neutraliser ces forces qui vont s’en prendre à la population civile", a indiqué M. Touré. Mais là où le bât blesse dans ses propos, c’est lorsqu’il ajoute que "s’ils (les rebelles) restent cantonnés là où ils se trouvent et ils ne dérangent personne, je ne vois pas pourquoi la brigade d’intervention ou la force de la Monusco chercherait à les déloger".

C’est là que la Monusco devra jouer franc jeu : négocier n’a rien à voir avec la balkanisation du pays, en consacrant la tranquillité aux forces négatives alors que la Brigade qui est déployée est censée les neutraliser.

Mais ce qui compte, c’est le port où devra accoster le bateau de ces pourparlers. Le plus tôt serait le mieux. Quant à ce qui se dit à la Monusco, Kinshasa doit encore ouvrir l’œil, et le bon.

Les propos de Penangini Touré ne sont pas fortuits. D’ailleurs, comme il n’y a pas de fumée sans feu, c’est par inadvertance qu’il aurait donc livré ce secret des dieux. Peut-être que l’avenir pourra nous révéler beaucoup de secrets.

[L’Avenir]