mardi 11 janvier 2011

Otages tués : un assaut, des hélicoptères de combat et beaucoup de questions

11/01/2011 à 18h:42 Par Jeune Afrique
    
Sentinelle de l'armée nigérienne, à Niamey.Sentinelle de l'armée nigérienne, à Niamey.© Reuters
Alors qu’aucune revendication de l’enlèvement de deux Français au Niger, n’est encore intervenue, les détails de l’opération franco-mauritanienne qui a mis fin à la fuite des ravisseurs commencent à se faire jour. Mais les circonstances de la mort des otages restent floues.
Petit à petit, le voile se lève sur l’intervention conjointe franco-nigérienne qui a mis fin à la fuite des ravisseurs de deux otages français, samedi 8 janvier. Ce sont des hélicoptères de combat français qui ont arrêté les terroristes, présumés membres d’Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), embarqués à bord de plusieurs véhicules.
Puis les soldats français des forces spéciales sont descendus au sol pour neutraliser les terroristes. Parmi ces derniers, quatre ont été tués, deux ont été fait prisonniers et sont interrogés à Niamey, la ville où les deux Français, Antoine de Léocour et Vincent Delory, avaient été enlevés.
L’« assaut final a eu lieu à une quinzaine de kilomètres de la localité malienne de Tabankor (35 km au sud de Ménaka) », a révélé une source sécuritaire malienne, qui infirme donc que l’opération française ait eu lieu avant la frontière malienne, en territoire nigérien - après un premier accrochage entre les fuyards et l'armée nigérienne. En outre, les épaves calcinées de plusieurs véhicules ont été retrouvées à l’endroit de l’intervention française, ont affirmé différentes sources maliennes.
Uniformes suspects
Un 4x4 équipé d'un double réservoir lui permettant de rouler sur un millier de kilomètres aurait été en tête du convoi des ravisseurs, suivi par un pick-up. « On a ensuite retrouvé à bord du pick-up dix caisses de munitions calcinées et des armes », a déclaré la source sécuritaire malienne. « Parmi les véhicules retrouvés calcinés, il y a un gros véhicule 4X4 immatriculé au Bénin », a également déclaré une autorité administrative au nord du Mali. Une description qui correspond à celle qu’avait faite des témoins du rapt à Niamey.
Fait troublant, parmi les véhicules calcinés retrouvés sur les lieux de l'assaut, « il y avait aussi un véhicule de la gendarmerie nigérienne que les Nigériens sont venus chercher » dimanche, a ajouté la source administrative malienne. De fait, avec les otages et les terroristes tués, « des personnes portant uniforme de la gendarmerie nigérienne » avaient également été retrouvés sans vie. Des membres de l’armée nigérienne complices des ravisseurs, ou ces derniers étaient-ils déguisés ? « À l'enquête d'établir quelle était la raison de leur présence dans les véhicules que nous avons arrêtés », a simplement déclaré à Niamey, lundi, le ministre français de la Défense Alain Juppé.
Corps calcinés
En définitive, les circonstances exactes de l’assaut restent encore flous. Une source proche de la présidence nigérienne assure que « les corps [des deux Français, NDLR] étaient calcinés ». Et selon une source médicale à Niamey qui a pu voir les corps des deux hommes, ceux-ci « avaient été attachés, les mains dans le dos, et ils avaient des traces noires sur le corps ».
Selon les responsables français, les corps sans vie des deux otages avaient été découverts après l’assaut. Mais le Premier ministre français François Fillon a affirmé qu’ils avaient été « éliminés froidement » par leurs ravisseurs. Juppé a également réfuté toute « bavure » ou tir fratricide français envers les otages. « L'un d'entre eux est mort d'une balle dans la tête qui n'était pas une balle perdue », a précisé Juppé depuis N'Djamena, mardi. Une version qu’il reste à confirmer par une autopsie devant être pratiquée à l'Institut médico-légal de Paris, où les corps des deux Français devaient arriver mardi. (Avec AFP)

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