lundi 28 mars 2011

Libye : l’avancée des rebelles vers Syrte stoppée à l’est

 
Des rebelles libyens près de Ben Jawad, le 27 mars 2011 ©AFP
SYRTE (Libye) (AFP)

 L’avancée des rebelles a été stoppée lundi matin par les forces de Mouammar Kadhafi à 140 km à l’est de sa ville natale Syrte, bombardée dans la nuit par la coalition dont les opérations sont désormais commandées par l’Otan.
Lundi matin, les milices du régime patrouillaient dans Syrte, ville côtière d’environ 120.000 habitants située sur la route de Tripoli (360 km à l’est) mais toujours sous le contrôle des loyalistes.
Le calme règne, les rues sont désertes et les boutiques fermées, a constaté un journaliste de l’AFP.
Il n’y avait non plus aucun signe de la présence de rebelles qui avançaient rapidement vers l’Ouest depuis trois jours, aidés par les frappes aériennes internationales.
Syrte, de nouveau survolée lundi par des avions de la coalition, a été secoués par une série d’explosions dimanche soir et lundi matin, a constaté un journaliste de l’AFP ;
La défense anti-aérienne n’est pas entrée en action dans cette ville que des dizaines de familles ont fui dimanche.
Un responsable pro-Kadhafi a confirmé lundi à des journalistes, invités par les autorités à se rendre à Syrte, qu’aucun rebelle n’approchait la ville alors qu’un militaire a indiqué qu’il "partait pour le front à Ben Jawad", à 140 km de Syrte.
Les rebelles s’étaient emparés dimanche de Ben Jawad, après avoir repris le site pétrolier de Ras Lanouf au cours de leur avancée victorieuse.
Mais ils ont été pris lundi matin sous le feu de mitrailleuses lourdes des forces gouvernementales venues en pick-up sur la route menant de Ben Jawad à Nofilia, en direction de Syrte, située à mi-chemin entre Tripoli et Benghazi, fief de la rébellion dans l’Est.
Les rebelles ont alors reflué vers Ben Jawad, avant de répliquer à l’artillerie lourde.Les échanges intenses de tirs se poursuivaient à 08H00 GMT, a constaté l’AFP.
De nouvelles frappes aériennes ont visé dimanche soir Tripoli où des tirs de DCA ont été entendus, selon une journaliste de l’AFP.La télévision libyenne a confirmé les raids de la coalition sur Tripoli et Syrte.
Des véhicules blindés libyens et "un important dépôt de munitions" dans les régions de Misrata (200 km à l’est de Tripoli) et Zenten (145 km au sud-ouest de la capitale) ont été dimanche la cible de frappes aériennes, a annoncé l’armée française.
Samedi, la reprise d’Ajdabiya et du site pétrolier voisin de Brega avaient constitué la première victoire des rebelles depuis le début de l’intervention internationale le 19 mars, inversant la tendance après une longue reculade et une semaine de stagnation.
Depuis jeudi, les raids ont "préparé le champ de bataille" et des officiers et soldats ayant rejoint la rébellion ont joué un rôle majeur, coordonnant leurs attaques avec la coalition, selon un porte-parole rebelle à Benghazi, Chamseddine Abdoulmolah.
Selon les insurgés, les champs pétroliers des régions qu’ils contrôlent produisent actuellement 100.000 à 130.000 barils par jour.L’opposition projette d’exporter du pétrole d’ici "moins d’une semaine", a déclaré un porte-parole rebelle, Ali Tarhoni, ajoutant que la rébellion a délégué au Qatar la commercialisation.
L’Otan, déjà chargé de faire appliquer l’embargo sur les armes et la zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Libye, a décidé de prendre le commandement de toutes les opérations militaires en Libye.
"Nous avons demandé au haut commandement opérationnel de l’Otan de mettre en oeuvre l’exécution de cette opération immédiatement", a annoncé dimanche soir le secrétaire général de l’Alliance atlantique Anders Fogh Rasmussen.
A l’approche de la réunion du groupe de contact mardi à Londres, le président français Nicolas Sarkozy a annoncé une initiative franco-britannique en vue d’une solution politique.
L’Italie, ancienne puissance coloniale, a annoncé qu’elle présenterait elle aussi un plan, qui prévoit un exil du colonel Kadhafi."Même à l’intérieur du régime, il y a des gens qui travaillent à cette solution", selon le ministre des Affaires étrangères, Franco Frattini.
Trois embarcations transportant environ 800 migrants africains, surtout des Erythréens, des Ethiopiens et des Somaliens, en provenance de Libye, les premières depuis le début de la rébellion contre le colonel Kadhafi, sont arrivées dimanche en Italie, selon les garde-côtes et des organisations humanitaires.
Rome a affirmé craindre une vague d’au moins 200.000 à 300.000 immigrés en cas de chute de Mouammar Kadhafi qui a prévenu que des milliers de migrants pourraient rejoindre l’Europe.
Les cours du pétrole étaient de nouveau en hausse lundi dans les échanges électroniques en Asie, toujours soutenus par la situation au Proche-Orient et en Afrique du Nord, notamment en Libye, au Yémen et en Syrie, ont indiqué les analystes.
Dans les échanges matinaux, le baril de "light sweet crude" pour livraison en mai, gagnait 15 cents à 105,55 USD.Celui du Brent de la Mer du Nord pour livraison en mai gagnait 25 cents à 115,84 USD.

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