samedi 2 avril 2011

Côte d’Ivoire: Les origines de la fortune d’Alassane Dramane Ouattara


SAMEDI, 02 AVRIL 2011 10:26

Alassane Dramane Ouattara aux côtés des chefs d’Etat de la Cedeao et de l’UA, le 03 janvier 2011 à l’hôtel du Golf d’Abidjan.Le 04 janvier 2011 par IvoireBusiness – Comme Charles Konan Banny qu’il a précédé au poste de gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), Alassane Ouattara est aujourd’hui détenteur d’une importante fortune amassée dans des circonstances quelquefois irrégulières. Incursion dans le jardin secret des avoirs du président du Rassemblement des républicains à travers le monde.
Alassane Dramane Ouattara fait son apparition sur la scène politique après février 1990. A part quelques cadres ivoiriens dont l’ancien chef de l’Etat, Henri Konan Bédié, feus Diaby Aboubacar Ouattara et Lamine Diabaté, ancien ministre d’Etat, et ancien directeur national de la BCEAO, peu d’Ivoiriens connaissent celui que Houphouët Boigny avait fait venir de Dakar pour sauver son pouvoir en déliquescence. La lutte pour la restauration du multipartisme battait son plein et le front social était en ébullition au moment où Ouattara dépose ses bagages sur les bords de la lagune Ebrié. Président d’un comité interministériel chargé de réfléchir sur les maux qui minent le pays et lui apporter des solutions, il devient six mois plus tard le Premier ministre de Côte d’Ivoire. Ce après la réélection d’Houphouët Boigny pour un autre mandat de cinq ans qui sera dirigé d’une part par Alassane Ouattara (3 ans) et d’autre part par le dauphin constitutionnel Henri Konan Bédié (2 ans soit de 94 à 95). En effet, à partir du 7 décembre, date officielle du décès de Félix Houphouët Boigny, c’est le président de l’Assemblée nationale d’alors qui devient le nouveau chef de l’Etat. C’est lui qui est donc aux commandes au moment où la dévaluation du franc CFA survient. L’ère Bédié venait de s’ouvrir. Mais pendant la première moitié du quinquennat d’Houphouët-Boigny, c’est Alassane Ouattara, en sa qualité de premier ministre, qui dirigera le pays. En l’absence du  »vieux » très affaibli par la maladie et qui suivait des soins dans un hôpital de l’Hexagone. Le Bélier de Yamoussoukro ne pouvait donc rien contrôler et la gestion du pays revenait de fait à celui qui avait été appelé juste pour donner un coup de fouet à l’économie ivoirienne. L’appétit vient en mangeant, dit l’adage. Ouattara qui s’est fait entourer d’une équipe de politiciens et de technocrates ambitieux dont la plupart quitteront par la suite le PDCI pour donner jour au RDR dont il est le président rêve déjà de diriger le pays à la mort de son bienfaiteur. Il se mettra donc en tête d’occuper officiellement le fauteuil de chef de l’Etat de Côte d’Ivoire à la mort d’Houphouët Boigny.  »Président par intérim », c’est par ce titre redondant, qui dépeint pourtant avec exactitude la réalité du pouvoir pendant cette période, que ceux qui profitaient du  »règne » de l’ancien gouverneur de la BCEAO aimaient à le désigner. C’est en réalité au cours de cette période au cours de laquelle il a cumulé les postes de Premier ministre et de ministre de l’Economie et des Finances du poumon économique de l’UEMOA que Ouattara a constitué son immense fortune. Par des pratiques contraires aux règles de la bonne gouvernance qu’il a toujours revendiquée parlant de sa gestion des affaires de l’Etat.
De son passage à la Primature
Alassane Dramane Ouattara a longtemps travaillé à la Banque centrale de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) où il a occupé de hautes fonctions. D’abord en tant que vice-gouverneur pour le compte de la Haute Volta (Burkina Faso), puis gouverneur de l’institution bancaire pour la Côte d’Ivoire. Dès 1990, il rentre en Côte d’Ivoire où il est coopté au poste de premier ministre six mois plus tard. Une responsabilité qu’il assumera trois années durant, avant de déposer ses valises à New York afin d’y occuper le poste de directeur général adjoint du Fonds monétaire international (FMI). Au terme d’une telle carrière professionnelle, l’époux de Dominique Nouvian Folleroux a pu se constituer un trésor. Quoi de plus normal ! Mais un retour sur le parcours de l’homme, surtout des faits qui ont lieu lors son passage à la Primature, finit de convaincre le plus incrédule que l’essentiel des avoirs d’Alassane Ouattara a été acquis de façon frauduleuse. Alors qu’il était le locataire de la Primature en effet, Alassane Ouattara avait mis sur pied un mécanisme de gestion qui lui permettait de pomper les ressources publiques. La trouvaille est de taille car le Trésor public qui était censé recueillir les recettes de l’Etat en provenance des régies financières est purement et simplement mis à l’écart. Le seul maitre à bord, de surcroit ministre de l’Economie et des Finances, avait préféré à la caisse officielle de l’Etat de Côte d’Ivoire une régie interne à la Primature. Tous les fonds en provenance des régies financières que sont les Douanes ivoiriennes dirigées en son temps par Doua Bi Kalou, les Impôts, le Port d’Abidjan, et même le Trésor public qui en était réduit à collecter des ressources insignifiantes, convergeaient ainsi vers la Primature. Bien évidemment, le président Houphouët Boigny qui était miné par la maladie et qui avait une confiance en Ouattara avait abandonné la machine étatique dans la main de l’économiste qui ne rêvait pas mieux. La caisse de l’Etat en vient petit à petit à être totalement confondue avec les biens privés de Ouattara. Par ce procédé, il arrive à faire main basse sur des ressources financières énormes transportées en Europe à chaque déplacement du premier ministre au chevet du président Houphouët Boigny qui suivait des soins médicaux en France avant d’être transféré en Suisse. Sous le prétexte des visites donc au Bélier de Yamoussoukro dont l’état de santé préoccupait la nation tout entière, Ouattara fera sortir du pays des fonds énormes. Sans avoir à rendre compte à qui que ce soit. Chaque semaine, il prenait la destination de l’Europe où il planquera son butin dans les paradis fiscaux. Des personnes qui ont participé à ces opérations de transferts de fonds et que nous avons pu rencontrer dans le cadre de nos investigations sont convaincues que ce sont des centaines de milliards qui ont été ainsi emportés entre 1993 et 1994. Le général Abdoulaye Coulibaly, qui était le pilote d’Houphouët Boigny, à en croire ces témoins des faits dont certains travaillaient à CODIVAL, est bien placé pour dire la destination de ces fonds. Décembre 1993, Houphouët Boigny décède. Moins d’un mois après, la dévaluation du franc CFA contre laquelle il s’était longtemps battu devient effective. Le jour même de son inhumation. Il n’a pas réussi à s’imposer aux Ivoiriens comme il le souhaitait, en se proclamant comme le président par intérim de la Côte d’Ivoire, mais Ouattara peut désormais jouir de la manne importante dont il dispose, logée dans les banques suisses, dans la principauté de Monaco, au Luxembourg… Avec la dévaluation, les montants emportés deviennent deux fois plus importants. Du simple au double. Dans sa tentative de faire main basse sur le pouvoir par tous les moyens, y compris les coups d’Etat, il n’hésitera pas à s’en servir. La suite, on la connaît. Des actions subversives à répétition depuis la mort de Houphouët Boigny : contre Bédié, puis Guéi Robert et enfin Laurent Gbagbo.
Le patrimoine d’ADO à l’étranger
En dehors des fonds emportés des caisses de l’Etat, qui ont permis à Alassane Ouattara d’ouvrir des comptes dans les paradis fiscaux, Ouattara dispose de biens immobiliers et autres à travers le monde. Des biens acquis pour la plupart avec l’argent volé dans les caisses de l’Etat. Au nombre des biens immobiliers dont il dispose, on note entre autres un immeuble sis au Plateau, jouxtant la direction du Trésor public. Avec le concours de Mme Dominique Nouvian Folleroux, la patronne de l’Agence internationale de la commercialisation immobilière (AICI) qui deviendra plus tard son épouse, de nombreuses réalisations du patrimoine de l’Etat passeront aux mains de Ouattara. Contre un franc symbolique ou moyennant des sommes en deçà de la valeur des biens ainsi frauduleusement acquis. Hors de la Côte d’Ivoire, il faut dire que le leader du RDR a acheté à des millions de dollars en Haiti une vaste plantation de canne à sucre. Cela, sur conseil de son parrain, feu Grégoire Yacé Philippe. Aussi possède-t-il des bateaux commerciaux qu’il s’est offerts après son départ de la primature, qui lui rapportent énormément. Au Burkina Faso, il détient une cimenterie rachetée et qui n’est pas le seul bien à son actif dans ce pays. Mais c’est au pays d’El Hadj Oumar Bongo que se concentrent la plupart de ses biens. Un parc maritime et des biens de natures diverses à son nom sont dans ce pays de l’Afrique centrale où le chef de l’Etat qui se présente comme son parrain lui fait de nombreuses faveurs. Vu la couverture dont il bénéficie et les largesses dont il est l’objet dans l’acquisition des marchés publics dans ce pays, il ne faut vraiment pas s’étonner d’entendre dire que Ouattara a décidé de bitumer sur fonds propres plus de 1000 km de voie de ce pays. Cela, gratuitement. Par ailleurs, le fonctionnaire international qui a des liens solides dans le milieu de la haute finance depuis Dakar se livre au blanchiment d’argent. Ayant une parfaite maitrise des flux financiers à travers le monde, l’ancien premier ministre se sert de structures écrans pour se livrer à des activités pour le moins répréhensibles. Ainsi, derrière les actions de haute portée humanitaire dont l’ONG Children’s of Africa, qui est une propriété de son épouse peut se vanter, circule de l’argent sale. Le circuit que suit ce réseau est tellement complexe et bien pensé qu’il serait impossible à n’importe quel spécialiste de la lutte contre le blanchiment d’argent d’épingler l’ONG. De nombreuses sociétés exerçant dans les secteurs les plus divers, donc beaucoup d’affaires et de sous, se cachent en tout cas derrière le choix des Ouattara de s’adonner à une activité humanitaire. Outre Children’s of Africa, il y a Jacques Desange. Et une autre structure comme l’International institute for Africa (IIA) basée à Washington, avec collusion entre Ouattara et cette société. Elle a été mise sur pied depuis son passage à la Primature et a pour mission essentielle de financer de façon subtile les activités subversives du leader politique et de faire du lobbying à son profit dans certains cercles. Mais bien entendu, cette structure de droit américain tire ses revenus du recyclage de l’argent sale en provenance de pays sous embargo. A l’image du Liberia et de la Sierra Leone où la vente de diamant et d’or a été longtemps interdite par le conseil de sécurité de l’ONU. Au pays où il a vécu de longues années en tant qu’étudiant puis directeur général adjoint du FMI, il a pu intégrer les réseaux mafieux de vente d’armes et c’est par des sociétés écran telles l’International institute for Africa (IIA) qu’il a armé sans discontinuer les auteurs des coups d’Etat à répétition qui déboucheront sur une rébellion après un énième échec en septembre 2002.
Les comptes de Ouattara à l’étranger
Comme nous l’avons signifié plus haut, le président du RDR dispose de plusieurs comptes dans les paradis fiscaux et des pays comme la France et les Etats-Unis où il a des intérêts. En Suisse et à Luxembourg particulièrement, on dénombre au total six comptes où s’effectuent des opérations de diverses natures. Selon qu’il s’agisse d’une activité lucrative ou d’une autre se rapportant à ses activités politiques ou subversives. Dans ce dernier cas, c’est l’International institute for Africa (IIA) qui est actionnée. Cette structure qui est sa propriété comme nous l’avons déjà indiqué plus haut, détient un compte à la Dexia Banque international à Luxembourg sise à 69 rue d’Esch, L-2953 Luxembourg.  »Dexia Banque Internationale à Luxembourg est une banque à vocation résolument eruopéenne. Nous recherchons des nouveaux talents pour épauler nos 5000 collaborateurs implantés dans 16 pays afin de contribuer activement à notre mission au sein du groupe Dexia : le développement international des métiers de gestion d’actifs, de banque privée et d’administration de fonds d’investissement. Nous voulons pouvoir compter sur des collaborateurs capables de relever tous les défis et bien décidés à grandir au rythme de notre entreprise. Grâce à nos activités variées et nos filiales implantées en Europe et en Asie, la mobilité interne et internationale sont des réalités au sein de la Dexia BIL. En tant qu’entreprise socialement responsable, Dexia a mis en place de nombreuses mesures visant à améliorer le bien-être de son personnel, que ce soit sur son lieu de travail ou en dehors. Gestion de carrière, formation, égalités des chances, santé, équilibre travail/Vie de famille, autant de domaines dans lesquels Dexia BIL est fière de pouvoir offrir à ses collaborateurs des solutions innovantes », lit-on sur le site internet de la banque. Le compte d’Alassane Dramane Ouattara dans cette banque date de juillet 1999. Et le fait qu’il porte le nom de la société de droit américain ne doit pas étonner car il s’agit d’une société écran. Le vrai propriétaire du compte est bel et bien Alassane Ouattara comme ont pu le confirmer des hauts cadres de l’établissement bancaire qui ont requis l’anonymat pour des raisons de confidentialité. De même, la déontologie de notre métier ne nous autorise pas à rendre publiques certaines informations en notre possession sur le sujet. A en juger par sa date de création, on se rend bien compte que c’est au moment où il démissionnait de son poste de directeur général adjoint du FMI. Il annonça dans la même période son désir de renter en Côte d’Ivoire pour y prendre part à la vie politique. Surtout, il envisageait de se présenter à la présidentielle. Quelques mois après, soit en décembre 1999, alors qu’il venait de dire publiquement qu’il allait attenter à la sureté de l’Etat, une banale mutinerie emportera le pouvoir Bédié.
Les scandales qui ont émaillé sa Primature Son passage à la tête de la primature a en outre été marqué par plusieurs scandales financiers. Au lendemain de sa nomination au poste de premier ministre, il se signale par l’affaire des 19 tonnes d’effets personnels non dédouanés. L’affaire fera grand bruit mais n’inquiètera pas le gouverneur venu de Dakar qui ne s’arrêtera pas à ce forfait. Il prend gout à la mal gouvernance et il est très difficile de l’arrêter, surtout que Houphouët Boigny est agonisant. Eclate alors l’affaire  »Ouattara vend et rachète ». Le chef du gouvernement brade à tout vent le patrimoine de l’Etat ivoirien. Le hic, c’est qu’il se trouve être à la fois vendeur et acquéreur. Un délit d’initié. La clameur publique dénonce ce pillage en règle du patrimoine de l’Etat. Une action dont lui seul était le bénéficiaire, vu qu’il cédait à vide prix les structures dont certaines étaient très sensibles à des proches et amis. Des sociétés écrans bien sûr étaient déjà dans le jeu. Des contrats juteux sont passés entre le Port autonome, la SODECI, la CIE, et des entreprises françaises telles que Bouygues et Bolloré, moyennant des francs symboliques pour la plupart. Sans les Français, il ne restait plus à la Côte d’Ivoire qu’à déclarer faillite, voulait-on faire croire. Pour toutes ces actions en faveur de la France, Ouattara percevra des pots de vin qui s’élèveront à des milliards. Des ristournes déposées dans des banques françaises particulièrement. Déjà à la BCEAO, il aurait conçu un réseau digne d’une mafia pour ses activités illégales. En accédant au poste de gouverneur de la banque centrale, il s’ouvrait la voie pour venir faire main basse sur la Côte d’Ivoire. Dix sept ans après son arrivée dans le paysage politique ivoirien, l’homme qui a bien planifié son affaire était à deux doigts à la mort d’Houphouët de s’emparer de la magistrature de l’Etat. Avec l’argent des Ivoiriens.
Par Safiatou Ouattara
Sources : Survie (lepost.fr)

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