19/05/2011
«Ingratitude»
On ne pourrait s’empêcher de relever que le gouverneur Moïse Katumbi a brillé par un pragmatisme frisant l’autoritarisme. A titre d’illustration, il avait sommé les sociétés minières basées dans sa région de «faire du social» en cultivant un champ de maïs d’un minimum de 500 hectares. Il avait donné une date butoir : le15 janvier 2010. Passé ce délai, les «contrevenants» étaient interdits d’exporter leurs produits. «L’entreprise qui ne sera pas en ordre, n’exportera pas elle-même ses minerais», déclarait-il urbi et orbi. A l’instar de ses collègues gouverneurs de province, Katumbi ignore sans doute que toute décision des autorités politico-administratives doit avoir un fondement légal. N’est ce pas aux pouvoirs publics qu’incombe la mission de «faire du social»? Le même Katumbi avait "exhorté" les opérateurs miniers à exploiter «un champ de maïs dans le cadre de la lutte contre la faim».
Dans son entretien avec «J.A», « Moïse » semble regretter les petits coups bas chers au monde politique congolais en général et lushois en particulier. «Le monde politique est dur, il y a des hauts et des bas, a-t-il confié. La politique crée beaucoup de jaloux. Surtout parmi ceux qui n’ont pas réussi et qui ne supportent pas la réussite des autres.» Issu de la tribu des Bemba, Katumbi ne fait pas le poids face au "rouleau compresseur Lubakat". Il a dû livrer un combat épique face aux députés provinciaux balubakat lesquels se réclamaient de manière démagogique au «raïs». Ceux-ci ne manquaient pas l’occasion de dénoncer l’«insolence» autant que la «condescendance» du gouverneur à l’égard des Katangais du Nord. Katumbi qui se serait lancé à la conquête du gouvernorat du Katanga suite aux «encouragements» de «Joseph Kabila», semble reprocher à celui-ci ce qu’il appelle une certaine «ingratitude». Le soutien du «raïs» lui a manifestement fait défaut face à ses adversaires politiques. Quant à son bilan, le «Gouv’» se remet à la population. De peur qu’il soit «juge et partie». «Aujourd’hui, je veux reprendre mes affaires. Avec le boom minier, j’ai raté beaucoup d’opportunité qui m’auraient permis d’être milliardaire», conclut-il.
Baudouin Amba Wetshi
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Moïse KATUMBI - Le gouverneur du Katanga
«Moïse Katumbi» directeur de campagne de «Joseph Kabila» pour l’élection présidentielle de 2011, parle d’«ingratitude» et «d’incompréhension». Un reproche qui s’adresse sans aucun doute au "raïs" mais aussi à certains Balubakat de son entourage.
Dans une interview accordée à l’hebdomadaire parisien «Jeune Afrique» n°2627 daté du 15 au 21 mai 2011, le gouverneur sortant de la province du Katanga, le très médiatique Moïse Katumbi Chapwe, 46 ans, dit son dégoût de l’univers impitoyable qu’est le monde politique. L’homme n’est candidat à rien. Encore moins à sa propre succession. Les propos du gouverneur mettent à nu une frustration certaine. La frustration de n’avoir pu conduire le Katanga sur le chemin du progrès économique et social à cause notamment de la non-allocation par l’Etat des 40% des recettes destinés aux provinces. Dans cet entretien, «Moïse» qui était présenté comme le prochain directeur de campagne de «Joseph Kabila» pour l’élection présidentielle de 2011, parle d’«ingratitude» et «d’incompréhension». Un reproche qui s’adresse sans aucun doute au "raïs" mais aussi à certains Balubakat de son entourage.
Analyse
«Je ne veux pas me représenter, ce sera mon seul mandat». C’est un Moïse Katumbi plein d’amertume qui a prononcé ces paroles. Elu gouverneur de la «riche» province du Katanga en janvier 2007 sous le label du parti présidentiel, le PPRD, le frère cadet de Raphaël Katebe Katoto a décidé de regagner le monde des affaires. Une décision sans précédent dans le landernau politique congolais qui dissimule mal une déception personnelle.
Déception de n’avoir pas atteint ses objectifs pour relancer la vie socio-économique de la province. «A mon arrivée à la tête du Katanga, en mars 2007, j’ai trouvé une situation difficile, explique Katumbi. Les anciens gouverneurs avaient laissé beaucoup de problèmes, car ils avaient peu de moyens. Il fallait tout refaire, tout était prioritaire : l’éducation, la santé, les routes, l’eau, l’électricité…». En fait, Katumbi ignorait ce que ses prédécesseurs savaient depuis plusieurs décennies. A savoir que l’Etat central a délaissé l’arrière-pays au profit de la capitale. Et que chaque province vivait et continue à vivre dans une sorte d’autarcie en se tournant vers le pays frontalier.
En "bon manager", Katumbi, qui veut diriger «sa» province comme une entreprise, commence par élaborer un «plan triennal» qui est présenté à l’Assemblée provinciale. C’est ici qu’il bute à une réalité : la politique est synonyme d’action. Et il n’y a point d’action sans moyens. C’est le fameux triptyque : mission, moyens, résultats. Le gouverneur fait le constat avec amertume : «Nous sommes cependant limités par les moyens». Des moyens devant provenir essentiellement des 40% de recettes que l’Etat central doit rétrocéder aux provinces. «(…). Le gouvernement central n’a pas libéré la totalité des 40% de recettes budgétaires qui reviennent aux provinces.» Ce qui constitue un manque à gagner annuel de plus ou moins 300 millions $ US. Conséquence, l’ex-province du Shaba qui est aussi vaste que la France doit se contenter de ses «propres recettes annuelles» estimées à la modique somme de100 millions $ US. A titre comparatif, la ville de Bruxelles (englobant les communes de Laeken, Haeren, Neder-Over-Hembeek, l’avenue Louise et le quartier Nord - Pentagone) dispose d’un budget annuel de plus de 500 millions d’euros pour moins de 150.000 habitants.
«Avocat du diable»
De peur que ses propros soient mal interprétés par la «haute hiérarchie», Katumbi s’est mué en «avocat du diable» en trouvant des excuses au pouvoir central. Selon lui, le non-transfert des ressources financières destinées aux pouvoirs locaux serait dû «au remboursement de la dette publique et des sacrifices que le pays a dû consentir à cause de la guerre.» Dans son allocution prononcée le 7 décembre 2009 devant les deux Chambres du Parlement, réunies en Congrès, le chef d’Etat congolais déclarait pourtant : «Depuis bientôt douze mois, il n’y a plus, dans les provinces du Nord Kivu et du Sud Kivu, à proprement parler de guerre, sinon celle que nous faisons aux FDLR.» De quelle guerre parle Katumbi ?
Lors de la présentation du projet budgétaire pour l’exercice 2010, le Premier ministre Adolphe Muzito, abordant le volet «finances publiques et décentralisation» avait fait état notamment de «l’allocation aux provinces de 40% des recettes à caractère national sur base des critères combinés de capacité de mobilisation et de poids démographique sur la base du compromis avec les provinces.» C’était au mois d’octobre 2009. Ce n’était que bla-bla. La «plaidoirie» de Katumbi est ainsi battue en brèche quand il ajoute : «J’espère qu’en 2011, la population en tirera enfin profit, et que le gouvernement central fera un effort financier en faveur des provinces.» A mi-parcours de l’exécution du budget 2010 - si budget il y a -, on se demande bien par quel miracle le gouvernement central pourra remettre aux provinces leurs dus.
L’article 200 de la Constitution de la RD Congo institue une conférence des gouverneurs de province. Celle-ci est présidée par le président de la République. La conférence se réunit «au moins deux fois par an sur convocation du Président». Depuis l’élection des gouverneurs en janvier 2007, « Joseph Kabila» a présidé une seule réunion du genre. C’était le 24 juin 2009 à Kisangani. Les questions relatives à la mise en oeuvre de la décentralisation, à l’exécution des cinq chantiers de la République et à la problématique de la rétrocession de 40% des recettes de l’Etat furent abordées. Qu’en est-il du suivi? Silence radio. Une situation préjudiciable aux provinces dans ce Congo démocratique où le Premier ministre fait office de "super secrétaire général" d’administration publique alors que c’est lui que revient la conduite au quotidien de la politique de la nation. Face à un chef de gouvernement falot, tous les pouvoirs d’Etat sont concentrés entre les mains inexpertes du chef de l’Etat.
«Moïse Katumbi» directeur de campagne de «Joseph Kabila» pour l’élection présidentielle de 2011, parle d’«ingratitude» et «d’incompréhension». Un reproche qui s’adresse sans aucun doute au "raïs" mais aussi à certains Balubakat de son entourage.
Dans une interview accordée à l’hebdomadaire parisien «Jeune Afrique» n°2627 daté du 15 au 21 mai 2011, le gouverneur sortant de la province du Katanga, le très médiatique Moïse Katumbi Chapwe, 46 ans, dit son dégoût de l’univers impitoyable qu’est le monde politique. L’homme n’est candidat à rien. Encore moins à sa propre succession. Les propos du gouverneur mettent à nu une frustration certaine. La frustration de n’avoir pu conduire le Katanga sur le chemin du progrès économique et social à cause notamment de la non-allocation par l’Etat des 40% des recettes destinés aux provinces. Dans cet entretien, «Moïse» qui était présenté comme le prochain directeur de campagne de «Joseph Kabila» pour l’élection présidentielle de 2011, parle d’«ingratitude» et «d’incompréhension». Un reproche qui s’adresse sans aucun doute au "raïs" mais aussi à certains Balubakat de son entourage.
Analyse
«Je ne veux pas me représenter, ce sera mon seul mandat». C’est un Moïse Katumbi plein d’amertume qui a prononcé ces paroles. Elu gouverneur de la «riche» province du Katanga en janvier 2007 sous le label du parti présidentiel, le PPRD, le frère cadet de Raphaël Katebe Katoto a décidé de regagner le monde des affaires. Une décision sans précédent dans le landernau politique congolais qui dissimule mal une déception personnelle.
Déception de n’avoir pas atteint ses objectifs pour relancer la vie socio-économique de la province. «A mon arrivée à la tête du Katanga, en mars 2007, j’ai trouvé une situation difficile, explique Katumbi. Les anciens gouverneurs avaient laissé beaucoup de problèmes, car ils avaient peu de moyens. Il fallait tout refaire, tout était prioritaire : l’éducation, la santé, les routes, l’eau, l’électricité…». En fait, Katumbi ignorait ce que ses prédécesseurs savaient depuis plusieurs décennies. A savoir que l’Etat central a délaissé l’arrière-pays au profit de la capitale. Et que chaque province vivait et continue à vivre dans une sorte d’autarcie en se tournant vers le pays frontalier.
En "bon manager", Katumbi, qui veut diriger «sa» province comme une entreprise, commence par élaborer un «plan triennal» qui est présenté à l’Assemblée provinciale. C’est ici qu’il bute à une réalité : la politique est synonyme d’action. Et il n’y a point d’action sans moyens. C’est le fameux triptyque : mission, moyens, résultats. Le gouverneur fait le constat avec amertume : «Nous sommes cependant limités par les moyens». Des moyens devant provenir essentiellement des 40% de recettes que l’Etat central doit rétrocéder aux provinces. «(…). Le gouvernement central n’a pas libéré la totalité des 40% de recettes budgétaires qui reviennent aux provinces.» Ce qui constitue un manque à gagner annuel de plus ou moins 300 millions $ US. Conséquence, l’ex-province du Shaba qui est aussi vaste que la France doit se contenter de ses «propres recettes annuelles» estimées à la modique somme de100 millions $ US. A titre comparatif, la ville de Bruxelles (englobant les communes de Laeken, Haeren, Neder-Over-Hembeek, l’avenue Louise et le quartier Nord - Pentagone) dispose d’un budget annuel de plus de 500 millions d’euros pour moins de 150.000 habitants.
«Avocat du diable»
De peur que ses propros soient mal interprétés par la «haute hiérarchie», Katumbi s’est mué en «avocat du diable» en trouvant des excuses au pouvoir central. Selon lui, le non-transfert des ressources financières destinées aux pouvoirs locaux serait dû «au remboursement de la dette publique et des sacrifices que le pays a dû consentir à cause de la guerre.» Dans son allocution prononcée le 7 décembre 2009 devant les deux Chambres du Parlement, réunies en Congrès, le chef d’Etat congolais déclarait pourtant : «Depuis bientôt douze mois, il n’y a plus, dans les provinces du Nord Kivu et du Sud Kivu, à proprement parler de guerre, sinon celle que nous faisons aux FDLR.» De quelle guerre parle Katumbi ?
Lors de la présentation du projet budgétaire pour l’exercice 2010, le Premier ministre Adolphe Muzito, abordant le volet «finances publiques et décentralisation» avait fait état notamment de «l’allocation aux provinces de 40% des recettes à caractère national sur base des critères combinés de capacité de mobilisation et de poids démographique sur la base du compromis avec les provinces.» C’était au mois d’octobre 2009. Ce n’était que bla-bla. La «plaidoirie» de Katumbi est ainsi battue en brèche quand il ajoute : «J’espère qu’en 2011, la population en tirera enfin profit, et que le gouvernement central fera un effort financier en faveur des provinces.» A mi-parcours de l’exécution du budget 2010 - si budget il y a -, on se demande bien par quel miracle le gouvernement central pourra remettre aux provinces leurs dus.
L’article 200 de la Constitution de la RD Congo institue une conférence des gouverneurs de province. Celle-ci est présidée par le président de la République. La conférence se réunit «au moins deux fois par an sur convocation du Président». Depuis l’élection des gouverneurs en janvier 2007, « Joseph Kabila» a présidé une seule réunion du genre. C’était le 24 juin 2009 à Kisangani. Les questions relatives à la mise en oeuvre de la décentralisation, à l’exécution des cinq chantiers de la République et à la problématique de la rétrocession de 40% des recettes de l’Etat furent abordées. Qu’en est-il du suivi? Silence radio. Une situation préjudiciable aux provinces dans ce Congo démocratique où le Premier ministre fait office de "super secrétaire général" d’administration publique alors que c’est lui que revient la conduite au quotidien de la politique de la nation. Face à un chef de gouvernement falot, tous les pouvoirs d’Etat sont concentrés entre les mains inexpertes du chef de l’Etat.
«Ingratitude»
On ne pourrait s’empêcher de relever que le gouverneur Moïse Katumbi a brillé par un pragmatisme frisant l’autoritarisme. A titre d’illustration, il avait sommé les sociétés minières basées dans sa région de «faire du social» en cultivant un champ de maïs d’un minimum de 500 hectares. Il avait donné une date butoir : le15 janvier 2010. Passé ce délai, les «contrevenants» étaient interdits d’exporter leurs produits. «L’entreprise qui ne sera pas en ordre, n’exportera pas elle-même ses minerais», déclarait-il urbi et orbi. A l’instar de ses collègues gouverneurs de province, Katumbi ignore sans doute que toute décision des autorités politico-administratives doit avoir un fondement légal. N’est ce pas aux pouvoirs publics qu’incombe la mission de «faire du social»? Le même Katumbi avait "exhorté" les opérateurs miniers à exploiter «un champ de maïs dans le cadre de la lutte contre la faim».
Dans son entretien avec «J.A», « Moïse » semble regretter les petits coups bas chers au monde politique congolais en général et lushois en particulier. «Le monde politique est dur, il y a des hauts et des bas, a-t-il confié. La politique crée beaucoup de jaloux. Surtout parmi ceux qui n’ont pas réussi et qui ne supportent pas la réussite des autres.» Issu de la tribu des Bemba, Katumbi ne fait pas le poids face au "rouleau compresseur Lubakat". Il a dû livrer un combat épique face aux députés provinciaux balubakat lesquels se réclamaient de manière démagogique au «raïs». Ceux-ci ne manquaient pas l’occasion de dénoncer l’«insolence» autant que la «condescendance» du gouverneur à l’égard des Katangais du Nord. Katumbi qui se serait lancé à la conquête du gouvernorat du Katanga suite aux «encouragements» de «Joseph Kabila», semble reprocher à celui-ci ce qu’il appelle une certaine «ingratitude». Le soutien du «raïs» lui a manifestement fait défaut face à ses adversaires politiques. Quant à son bilan, le «Gouv’» se remet à la population. De peur qu’il soit «juge et partie». «Aujourd’hui, je veux reprendre mes affaires. Avec le boom minier, j’ai raté beaucoup d’opportunité qui m’auraient permis d’être milliardaire», conclut-il.
Baudouin Amba Wetshi
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