dimanche 18 mars 2012

Nouveau gouvernement ivoirien: Rien ne change…à un Soro près !

Depuis hier (mardi) dans la matinée, les ivoiriens connaissent le nom de leur Premier ministre: Me Ahoussou Kouadio Jeannot. Dans la foulée de l’annonce officielle de sa nomination, la nouvelle équipe gouvernementale a été présentée. Surprise des surprises: aucun changement. Enfin, presque.

Il n’y a, en effet, que le Premier ministre Guillaume Soro qui manque à l’appel. C’est qu’il est devenu quelqu’un d’important maintenant : le deuxième personnage de la République de Côte d’Ivoire, le Président de l’auguste Assemblée nationale.

Au titre des entrées, l’on note une Ministre déléguée auprès du Premier Ministre, Garde des Sceaux, Ministre de la Justice, chargé de la Justice : Mme Loma CISSE MATTO.

Pour la petite histoire, cette magistrate avait condamné, en février 1992, l’ex-président Laurent Gbagbo à deux ans de prison suite à la marche de protestation du FPI contre la descente musclée des militaires à la cité universitaire de Yopougon en mai 1991.

Laurent Gbagbo avait été finalement remis en liberté en août 1992 après le vote d’une loi d’amnistie par l’Assemblée nationale…

Revenons à notre nouveau/ancien gouvernement. Qu’en pensent les ivoiriens ? Dans l’ensemble le mot le plus récurrent dans les commentaires est déception. A un degré plus ou moins important.
« Nouveau gouvernement : rien de surprenant. Avait-on besoin de perdre 6 jours pour ça ? », s’exclame Silver, journaliste.
Car, durant toute la semaine qu’a duré ce « suspens », s’irrite-t-il, tous les potentiels investisseurs, tous les financiers, qui devraient être reçus par un ministre ont pu retourner chez eux avec leurs sous. Puisque tous les actes liés à la signature d’un premier (ou autre) ministre, ont été reportés.

Déçu, Hamma N’diaye, chef d’entreprise, l’est aussi. Le choix du Premier ministre le laisse dubitatif, de même que la reconduction de certains autres qui trainent derrière eux des casseroles :
« Je suis déçu de la nomination d’un Premier Ministre dont les capacités de management ne me convainquent pas et de la présence de certains ministres mêlés à des affaires au gouvernement. »
Mais il se résout, tout de même, à garder un peu d’optimisme pour lui, histoire d’avaler la pilule :
« Maintenant chacun doit assumer sa responsabilité politique, il faut comprendre qu’un PR accepte parfois des compromis (sions). Jugeons au résultat. Le référentiel existe (plan d’action des ministères) et c’est un progrès. N’oublions pas ce qu’était la CIV il y a un an avant de porter la critique. »
Pour Patrick N’gouan, président de la Convention nationale de la société civile (Csci), cette reconduction de l’ancien gouvernement est le signe que le Chef de l’État n’a pas encore rompu avec son statut de vainqueur de la présidentielle, pour embrasser celui de Président de tous les ivoiriens. Dans le quotidien L’Expression de ce mercredi, il indique :
« Je conclus que c’est la récompense qui continue. Nous en prenons acte. (…) nous attendons le jour où nous aurons un gouvernement restreint, technocrate et qui prend à cœur dossiers techniques, pour relancer l’économie. Nous avons demandé un gouvernement de 25 membres. Jusqu’à 30 membres, nous aurions accepté. L’effectif actuel est trop élevé. »
Rien ne change … pour que tout change
Au « nouveau » Gouvernement ivoirien de prouver, donc, qu’il mérite encore que les ivoiriens espèrent en des lendemains meilleurs. Pour ce faire, chaque ministre devra s’atteler à résoudre les difficultés qui parsèment le quotidien des ivoiriens.

L’un des plus gros défis qui attend le nouveau gouvernement est sans conteste, le défi sécuritaire, du fait de grandes quantités d’armes déversées sur le sol ivoirien depuis la crise. Un accent devra également être mis sur l’ouest du pays et les frontières.

Au défi sécuritaire est étroitement lié celui du sort des ex-combattants démobilisés et autres forces associées qui s’inquiètent pour leur avenir. Quelles solutions concrètes pour eux ?

Un autre chantier non moins important, reste celui de la réconciliation nationale.

Quelle réconciliation veulent les ivoiriens ?  Q

uel  sort pour les pro-Gbagbo dont beaucoup sont accusés d’avoir commis des tueries et des actes abominables ?

Quel dédommagement pour les victimes de guerre : orphelins, mutilés, etc… ?

Et enfin, la vie chère. L’inflation consécutive à la relance économique bat son plein au grand dam des consommateurs. Vivement une solution à la hausse des prix des denrées de première nécessité que les populations ivoiriennes supportent de plus en plus difficilement.

Autant d’urgences qui attendent le nouveau gouvernement qui n’a, d’ailleurs, plus de round  d’observation (c’est le bon point de cette reconduction !).

Ghislaine ATTA
SlateAfrique

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