vendredi 25 janvier 2013

La Chasse aux sorcières au détriment des dissidents politiques se porte bien en RDC

14 janvier 2013



LA CHASSE AUX SORCIERES AU MOYEN AGE

Mandat invalidé ou encore immunité parlementaire levée, les députés nationaux victimes desdites sanctions pensent être l’objet d’une cabale visant à neutraliser les soutiens politiques d’Étienne Tshisekedi: une moyennageuse chasse aux sorcières est ainsi ouverte par le regime Kabila.

Aujourd’hui plus qu’hier, les Congolais ont intérêt à faire bloc contre toute velléité séparatiste de nature à consacrer le schéma de la balkanisation si cher aux ennemis de la Nation. 

L’enjeu de la guerre du Kivu sur fond de l’incursion militaire rwandaise via le M23 impose un regain de patriotisme censé dérouter l’ennemi dans son projet de partition du pays. C’est à titre que Joseph Kabila avait, au cours de son dernier message de vœux à la Nation, lancé un vibrant appel à la mobilisation générale et appelé à la cohésion nationale pour mettre fin à la guerre de l’Est. 

Il avait promis l’organisation, « dès le début de l’année 2013, d’un cadre pour les échanges entre toutes les forces vives de la Nation ». En circonscrivant la cohésion nationale comme thème central sur lequel vont se cristalliser les échanges, Joseph Kabila sait que l’avenir immédiat de la RDC en proie aux groupes armés actifs dans plusieurs coins du pays en dépend.

Cette recherche du consensus national autour de ce qui devra désormais unir les Congolais impose des attitudes et des comportements aux antipodes de l’exclusion et de la haine pour construire un nouveau Congo bâti sur l’amour et la solidarité.

Force est de constater que ces valeurs n’ont pas prises à l’Assemblée nationale où la « chasse aux ‘traites’ et aux dissidents les plus actifs» ainsi décrétée semble avoir pris une tournure dangereuse. Tous les députés qui critique seriusement le regime ou bien soupçonnés de pactiser avec le M23 sont sur la sellette, pataugeant entre deux sanctions extrêmes, soit la levée de leur immunité soit leur exclusion pure et simple. 

Eugène Diomi Ndongala et Roger Lumbala en ont appris à leurs dépens. Accusé de viol sur mineure, sans aucune preuve à l’ appui, le premier est en attente d’être entendu par le magistrat malgré la legerté des accusations portées contre lui et surtout après avoir été enlévé pendant 100 jours par les services de sécurité. 

Il sied de souligner qu’Amnesty International avait lancé un appel afin d’obtenir sa libération. Son calvaire continue, à cause d’une machination politique évidente et engendrée par l’intolérance politique.

D’ailleurs, le député Diomi Ndongala vient de saisir la Cours Suprême pour attaquer en incostitutionnalité la décision de la majorité Kabiliste, irregulière et hative, de lever son immunité parlementaire ne respectant même pas le reglement d’ordre intérieur de l’Assemblée Nationale.

Siégeant sur ces cas précis au cours de sa plénière du 8 janvier, l’Assemblée nationale a jugé bon d’invalider le mandat parlementaire de Lumbala et lever l’immunité du député Diomi Ndongala.

La fameuse liste noire

Outre les deux précités, d’autres députés de l’opposition auraient également emprunté la même voie insurrectionnelle et seraient des potentiels candidats à l’invalidation, à l’instar de José Makila. 

Une liste des membres du M23 proposés aux mandats politiques en circulation à l’hémicycle et dont l’authenticité reste néanmoins sujette à caution, mentionnerait également le nom du président national des Forces novatrices pour l’union et la solidarité (Fonus) Joseph Olenghakoy. 

Dans les milieux proches de deux opposants, on ne cesse de crier à la manipulation et au complot, ou mieux à un règlement des comptes en niant toute collusion desdits leaders avec le M23.

En soins médicaux aux États-Unis d’Amérique, José Makila a promis de s’expliquer une fois de retour au pays sur ce qu’il qualifie, d’ores et déjà, d’acharnement sur sa personne.

Dans les couloirs du Palais du peuple, il se chuchote que la fameuse liste des « traitres » est longue et que le spectre de l’invalidation plane sur plusieurs députés nationaux.

Au-delà de toutes ces considérations, il y a lieu de s’interroger sur la pertinence des accusations portées contre les personnalités incriminées lesquelles ont comme trait d’union le fait d’appartenir à » l’opposition » et de soutenir Étienne Tshisekedi.

« Pour le moment, le pays a besoin de la cohésion nationale et non de la division, des accusations gratuites et non vérifiées », s’est plaint Émery Okundji, membre des Fonus. Tout fait croire à une stratégie montée pour mettre hors d’état de nuire certains cadres de l’opposition connus pour leur bagout.

Et un analyste d’indiquer que le fait d’adhérer au M23 est un engagement personnel pour ceux qui ont souscrit à cette démarche à l’instar de Roger Lumbala. 

« Le fait de dissoudre son parti politique met le gouvernement à porte-à-faux avec les aspirations de tous ceux qui l’ont élu à l’Assemblée nationale et qui ne partagent pas nécessairement les vues de leur leader. De toute façon, un parti politique est doté d’une personnalité juridique distincte de celle de ses cadres et sympathisants », a-t-il ajouté.

Un coup de pied dans l’eau ?

En fait, la cohésion nationale initiée par Joseph Kabila se donne l’ambition de rapprocher la majorité et l’opposition de sorte à dégager un consensus national susceptible de relancer le pays sur la voie de l’espérance.

« C’est tout de même contradictoire que de prôner la cohésion nationale et de jeter en pâture certains compatriotes en rupture de ban avec l’idéal politique incarné par les institutions issues des scrutins de 2011 », réfléchit-on dans certains cercles.

Le but des négociations de Kampala n’est pas d’exterminer les membres du M23 mais de chercher à vivre avec eux en tant que Congolais, et dans cette perspective, la chasse aux sorciers imprimée à l’Assemblée nationale risque de n’être qu’un simple coup d’épée dans l’eau. La politique étant l’art du compromis, il faudrait se garder de verser dans les extrêmes.

La Depeche de Brazza avec Democratiechretienne.org

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