lundi 4 février 2013

RDC : Les nouveaux rebelles du Sud-Kivu

Une nouvelle rébellion a vu le jour à Bukavu, dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC).

L'Union des Forces Révolutionnaires du Congo (UFRC) se présente comme une coalition de 12 groupes rebelles avec pour objectif "le départ de Joseph Kabila" et "la défense du territoire national". Qui sont-ils ? Portrait.



Le retour de la guerre dans l'Est de la République démocratique du Congo, depuis l'apparition du M23 en avril 2012, a provoqué la multiplication de nombreux groupes rebelles ou d'auto-défense.

Le dernier en date vient de se créer à Bukavu (Sud-Kivu) sous le nom d'Union des Forces Révolutionnaires du Congo (UFRC). Il ne s'agit pas d'un mouvement armé supplémentaire, mais d'une coalition d'une douzaine de groupes déjà constituée.

Renverser Joseph Kabila

Les revendications de l'UFRC sont clairement orientées contre le régime de Joseph Kabila dont la réélection en novembre 2011 est toujours contestées. La coalition demande le départ du président Kabila, l'organisation "d'élections démocratiques", la création "d'organes nationaux de transition" et enfin "la réforme du système de défense et de sécurité".

Ce mouvement assure être soutenu "par la Société civile" ainsi que "par d'autres formations politiques". (Voir la déclaration de l'UFRC envoyée aux Nations unies).

Contre la "balkanisation"

Dans la ligne de mire de cette coalition, il a bien sûr le conflit qui oppose la rébellion du M23 (soutenu par le Rwanda) et les autorités congolaises. Mais il y a surtout le rôle du voisin rwandais, une "puissance étrangère" accusée de vouloir "balkaniser" les deux Kivus (Nord et Sud) riches en minerais.

Contacté par Afrikarabia, le colonel Maké Silubwe, un des responsables de la coalition, estime que l'UFRC "n'est pas un allié du M23". D'ailleurs une des raisons de la création de cette rébellion, est le nombre "trop important de rwandais" dans les FARDC, l'armée régulière congolaise.

Selon Maké Silubwe, il y a "une trentaine d'officiers rwandais au sein des FARDC". On a donc bien compris que si l'UFRC est "anti-Kabila" comme le M23, la comparaison s'arrête là avec les rebelles du mouvement du 23 mars. Maké Silubwe prend la peine de préciser : "il n'y a aucun étranger dans notre mouvement… à la différence du M23".

En contact avec "Gédéon"

A la tête de l'UFRC, on trouve Gustave Bagayamukwe Tadji, le président du comité de coordination. Candidat malheureux à la députation, en novembre 2011 dans la ville de Bukavu, il avait fortement dénoncé la "non-conformité du scrutin". Le colonel Silubwe n'a pas souhaité nous donner un chiffre sur le nombre d'hommes que représente les 12 groupes armés membres de l'UFRC.

Selon lui, l'ensemble des groupes armés de la province du Sud- Kivu serait désormais sous commandement de l'UFRC.

La coalition regroupe les Raïa Mutomboki dans les territoires de Shabunda, Mwenga et Kalehe ainsi que les Maï-Maï de Bunyakiri, Kalehe, Walikale, Masisi et Lubero. Maké Silubwe nous a ensuite affirmé que son mouvement était en connexion avec le groupe de Kyunga Mutanga, alias Gédéon, un chef rebelle qui sévit au Nord du Katanga, la province voisine.

"Gédéon ne fait pas partie de l'UFRC, mais nous sommes en contact et poursuivons le même objectif, le départ de Joseph Kabila" a précisé le colonel Silubwe. Toujours selon ce responsable de l'UFRC, "si on regroupe notre coalition avec les autres groupes rebelles du Nord-Kivu (M23 excepté, ndlr), on arriverait à un chiffre total de 20.000 hommes". Un chiffre bien sûr invérifiable.

Christophe RIGAUD - Afrikarabia
Photo : Gustave Bagayamukwe Tadji en campagne électorale en 2011 © DR

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