La bonne foi des délégués du Gouvernement abusée par les desseins cachés du facilitateur. A Rutshuru, Sultani Makenga tente d’imposer une marche de la population contre la Brigade spéciale.
C’est par respect pour la CIRGL qui supervise les négociations de Kampala entre le Gouvernement et les rebelles pro-rwandais du M23, que la délégation de Kinshasa s’est à nouveau rendue dans la capitale ougandaise.
La raison est la convocation, en urgence, par le Président ougandais Kaguta Yoweri Museveni, de la reprise des pourparlers. En s’y rendant, les Congolais étaient convaincus que ce serait une question des heures, pas des jours, toutes les questions ayant été examinées et le M23 ayant fait savoir qu’il avait élaboré un document de 23 pages reprenant les détails nécessaires de sa vision sur la sortie de crise.
C’est plus pour prendre connaissance de ces réponses que les délégués de l’Exécutif ont répondu à l’invitation de Museveni.
Sur place, désagréable surprise, hormis la séance protocolaire de reprise des travaux présidée par le facilitateur ougandais Cyprus Kiyunga le lundi dernier, il n’y a eu aucune autre rencontre.
Pas plus que le M23 n’a soumis à la médiation son soi-disant document de 23 pages qui, en réalité, n’est que du bluff. Par contre, chaque jour les rebelles se mettent en vedette en proférant des menaces verbales contre certains membres du gouvernement congolais, celui-là même avec lequel ils sont en négociations.
Ces scènes manichéennes sont devenues le lot du quotidien des délégués Congolais à Kampala où décidément leur place ne se justifie plus à l’heure qu’il est.
Pourquoi alors le Président Museveni avait-il convoqué dare-dare cet ultime round des négociations à quelque 3 semaines du déploiement de la Brigade spéciale de l’Onu pour traquer le M23 ?
Il y a visiblement un dessein caché qui est d’annihiler le qualificatif de forces négatives collé au M23 et lui donnant un statut recommandable de partie qui traite d’égale à égale avec le gouvernement.
Cette astuce équivaut à une nouvelle légitimation de la rébellion après le changement de donne intervenu dans la crise de l’Est de la RDC, avec la reddition de Ntaganda et son incarcération à la CPI. Mais surtout aussi la Résolution 2098.
Par cette convocation aux motivations floues, Yoweri Museveni en tant que Médiateur de la CIRGL s’acharne à faire percevoir par la Communauté internationale le M23 comme un interlocuteur incontournable du gouvernement dans la recherche de la paix à l’Est de la Rdc. C’est cela la nouvelle bourde de Kaguta Museveni qui semble déterminé à maintenir le flambeau du M23 contre vents et marées.
Il s’est arrangé pour que pendant 4 mois de négociations, qu’il n’y ait jamais de solution acceptable parce que sa philosophie demeure le non-Etat à l’Est de la Rdc. Pour y parvenir, il a mené les Congolais en bateau avec des négociations élastiques. C’est assez.
Les Congolais ne doivent plus continuer à être des dindons de la farce du Président ougandais. Ils ne l’ont jamais choisi comme Médiateur mais il s’est retrouvé à lamanœuvre par la force des choses en tant que Président en exercice de la CIRGL.
Son bilan en tant que Médiateur est des plus décevants. Pas un moindre accord signé entre les deux parties sous son égide. Ce qui devrait pousser la Rdc en tant que pays membre de la CIRGL à demander la convocation d’un Sommet extraordinaire de l’organisation pour faire le point de cette médiation de son Président en exercice sur la crise à l’Est de la Rdc.
Le Sommet des chefs d’Etats devrait aussi constater que les négociations que la CIRGL avait imposées au lendemain de la prise de Goma par les rebelles du M23 le 20 novembre 2012, sont actuellement en contradiction avec l’Accord-cadre d’Addis-Abeba et la Résolution 2098 du Conseil de sécurité autorisant la création d’une Brigade spéciale de la Monusco chargée de pacifier le Kivu par la force en traquant toutes les forces négatives.
Il y a un hiatus entre la Résolution de la CIRGL de novembre 2012 et la Résolution 2098 du Conseil de sécurité.
Par ailleurs, les Résolutions du Conseil de sécurité étant au-dessus des actes nationaux et régionaux, c’est la 2098 qui a primauté sur toutes autres dispositions comme celle de la CIRGL avalisant les négociations politiques de Kampala.
Le Président de la CIRGL doit s’y soumettre et arrêter toutes affaires cessantes Kampala afin de se conformer à la 2098.
Quant à la délégation congolaise dont la bonne foi est abusée par le Médiateur ougandais, sa place n’est plus à Kampala par cet argumentaire qui veut que ni l’Accord-cadre ni la Résolution 2098 du Conseil de sécurité de l’Onu n’ontre tiré au M23 sa qualité de force négative pour en faire un mouvement fréquentable.
Pourquoi alors Ban Ki-Moon, le secrétaire général de l’Onu s’était-il, autant dépensé pour convaincre le Conseil de sécurité de la nécessité de renforcement du mandat de la Monusco avec en ligne de mire les rebelles du M23 et tous les autres groupes armés de l’Est de la Rdc.
Sur quelle base logique le Président Museveni s’est-il fondé à décréter que le M23 n’est pas une force négative et qu’il doit continuer à négocier avec le gouvernement congolais ? C’est de l’arbitraire.
RUTSHURU : SULTANI MAKENGA IMPOSE UNE MARCHE CONTRE LA BRIGADE D’INTERVENTION
Pendant ce temps, hier mercredi dans le territoire occupé par le M23, principalement Rutshuru, Sultani Makenga a imposé une marche de la population pour protester contre le déploiement de la Brigade spéciale de la Monusco. La marche a fait flop.
Car déjà la veille, il y a eu un vaste mouvement de la population se cachant dans des villages environnants ou en brousse pour n’avoir pas obéir au chef militaire rebelle et marcher contre la Brigade.
Mais ne s’avouant pas vaincu, SultaniMakenga a reprogrammé la même marche pour ce dimanche fait la fuite en avant en tentant d’utiliser cette même population que ses hommes terrorisent, pillent et violent au quotidien, au nom de leurs parrains rwandais et ougandais.
Cette population que Makenga a prise en otage ne peut changer l’agenda du déploiement de la Brigade attendue d’ici à la fin du mois. Même si la population marchait, cela ne changerait ni la Résolution 2098 qui est déjà votée ni la détermination des pays contributeurs comme les Sud-Africains, déjà à pied d’œuvre.
Une telle marche imposée par la « Kalach » des rebelles n’aura aucune retombée sur le cours des événements. Makenga et ses hommes finiront bien par être chassés par la force des armes. Comme des Djihadistes du Nord-Mali…
Kandolo M.
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