samedi 20 juillet 2013

Crise des Grands Lacs : Sassou en sapeur-pompier

Saturday, 20 July 2013




Retombées du séjour de J. Kabila à Brazzaville

« Même si on ne me le demande pas, je suis la situation en RD Congo de très près ». Cette phrase de Denis Sassou Nguesso exprime la volonté du président du Congo/Brazzaville d’apporter sa pierre à l’édification de la paix et de la stabilité dans l’Est de la RDC.

Le tête-à-tête de trois heures qu’il a eu hier vendredi 19 juillet à Brazzaville avec son homologue de la RDC, Joseph Kabila Kabange, donne la preuve de la profondeur des échanges et de la volonté d’une plus large implication du doyen de chefs de l’Etat de la sous-région à la résolution de la crise dans les Grands Lacs.

L’avion transportant le président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila Kabange, a foulé le tarmac de l’aéroport de Maya-Maya (Brazzaville) à 11h30 (heure locale).

A sa descente d’avion, Joseph Kabila, accompagné du speaker de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku, du ministre des Affaires étrangères, Raymond Tshibanda, et de l’ambassadeur de la RDC à Kigali, Me Nkulu, a été accueilli par son homologue Denis Sassou Nguesso.

Après l’accueil, le cortège s’est ébranlé vers la villa des hôtes, au quartier Plateau-ville, où les deux chefs d’Etat ont eu un tête-à-tête d’environ 3 heures.

C’est en début de soirée que Joseph Kabila a repris les airs pour Kinshasa, après un entretien fructueux avec son homologue du Congo/Brazzaville. Juste le temps de saluer un autre homologue, Alpha Condé, lui aussi en visite de travail à Brazzaville.

Les bons offices de Sassou

A l’issue des échanges, le président Denis Sassou Nguesso s’est déclaré « disposé » à assurer la médiation dans les concertations nationales en République démocratique du Congo, au cas où il serait sollicité.

« Les problèmes de la RDC nous concernent directement. Sollicités ou pas, nous les suivons en permanence. Si les autorités de la RDC souhaitent notre concours, comment pourrions-nous refuser », a déclaré Sassou Nguesso au cours d’une interview conjointe, à l’aéroport Maya-Maya de Brazzaville, avec son homologue de la RDC.

« Il s’agit de la recherche des solutions à nos propres problèmes. Nous serons toujours disponibles comme nous l’avons toujours été pour l’Afrique, notre disponibilité est donc totale », a déclaré Sassou.

La visite du président Kabila était la troisième en terre congolaise depuis le début de cette année. Les deux dirigeants, qui se sont félicités de « la régularité de leurs concertations », s’étaient déjà retrouvés en janvier à Brazzaville, puis à Oyo (Nord) en mars avec leurs homologues Paul Kagamé du Rwanda et Yoweri Museveni de l’Ouganda, pour débattre, notamment, de la situation de l’Est de la RDC.

S’agissant de la crise dans l’Est de la RDC et des concertations nationales, Joseph Kabila a relevé que « toutes les options étaient sur la table ».

En ce qui concerte la pacification de l’Est, notamment du Nord-Kivu, « les discussions sont en cours à Kampala. Sur le plan diplomatique, on est en concertation avec tous nos partenaires », a affirmé Joseph Kabila.

« On a décidé finalement de continuer de travailler ensemble pour un règlement de la situation dans l’Est ou de la situation politique de la RDC en général », a-t-il ajouté. Arrivé vendredi en matinée avec son ministre des Affaires étrangères, Raymond Tshibanda, et le président de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku, le président Kabila a regagné Kinshasa en début de soirée.

Mais avant de quitter Brazzaville à 18h00, le président Kabila s’est retrouvé avec Alpha Condé de la Guinée qui venait d’arriver, lui-aussi, à Brazzaville où il doit rester jusqu’à samedi. Il aura un tête-à-tête avec son homologue congolais, Denis Sassou Nguesso.

L’axe Kinshasa-Brazzaville qui s’étend également à Oyo n’est qu’une suite d’échanges entre les deux capitales sœurs. Il va de soi que la situation dans l’Est de la République démocratique du Congo a occupé l’essentiel du huis-clos de trois heures entre les présidents Joseph Kabila et Denis Sassou à la résidence du plateau.

La révélation est du chef de l’Etat Joseph Kabila lors de la brève conférence de presse animée par les deux hommes d’Etat à l’aéroport de Maya-Maya. « Nous avons abordé plusieurs questions qui intéressent nos deux pays.

D’ailleurs, ces concertations ont commencé à Oyo, elles se poursuivent. Nous avons abordé la question particulière de la situation à l’Est du pays, des questions sur les plans diplomatique, politique et la coopération ».

La présence insolite de l’ambassadeur de la RDC à Kigali, Nkulu, laisse penser que les derniers développements sur le terrain avec des accusations croisées au Conseil de sécurité auraient constitué le fond des discussions.

Certainement, soutient un membre de la délégation congolaise de Kinshasa, le président Kabila a expliqué sa stratégie pour la sécurisation effective de la sous-région. « Sans aucun doute aussi, poursuit notre source, il a évoqué l’éventualité de faire l’économie du sang qui coule inutilement dans les affrontements qui se déroulent en ce moment ».

Concernant la question des concertations nationales initiées par le président Kabila, et répondant à une question sur le souhait de l’Opposition congolaise de trouver un médiateur neutre, le président Sassou a été clair.

Il a indiqué sa totale disponibilité à assumer un tel rôle d’autant plus que la situation en République démocratique du Congo l’intéresse nécessairement.

Il a déclaré à ce sujet : « Les concertations sont régulières entre nos pays. Je ne peux pas m’en passer. Par exemple, lors de la célébration du cinquantenaire de l’Union africaine, il a eu également de fréquentes concertations entre chefs d’Etat, pas seulement de la région, mais de toute l’Afrique ».

Abordant spécifiquement la demande d’une éventuelle médiation du président Sassou dans les concertations nationales décidées par le président Joseph Kabila, Sassou Nguesso dit sa disponibilité : « Je ne peux pas refuser pareil rôle. La demande ne doit pas être celle de l’Opposition, elle doit venir des autorités également. La situation en RDC m’intéresse directement ».

Sassou Nguesso poursuit : « Solliciter ou pas, je suis totalement d’accord de jouer un rôle. Je le fais déjà pour la crise en République Centrafricaine. Pourquoi je ne le ferai pas pour la RDC ? ».

Le président Denis Sassou Nguesso considère, qu’invité ou pas, la crise congolaise le préoccupe naturellement et y apporter sa contribution ne serait que normal. Sassou Nguesso a ainsi saisi la demande venant de l’autre côté de la rive du fleuve Congo afin de promouvoir la paix dans l’ensemble de la sous-région.

Considéré comme le doyen de la sous-région, le président Sassou maîtrise toutes les questions de la région africaine. Le hasard du calendrier a voulu démontrer cette réalité avec l’arrivée du Guinéen Alpha Condé pendant que Joseph Kabila s’apprêtait à prendre l’avion pour Kinshasa.

Déjà, en mars dernier, le Rwandais Paul Kagame, le Congolais Joseph Kabila avaient effectué le déplacement d’Oyo où des échanges fructueux avaient eu lieu dans le sens du dégel.

Il n’est pas exclu que dans les tout prochains jours, le président Kagame se rende auprès du président en exercice de Conférence internationale des Grands Lacs, CIRGL, en vue d’un rapprochement avec Kinshasa.

Le terrain détermine les négociations

La situation sur le terrain des opérations militaires est déterminante. A ce jour, les Forces armées de la République démocratique du Congo montent en puissance. Elles infligent de lourdes pertes à la rébellion soutenue par Kigali et Kampala.

L’initiative qui revient désormais à Kinshasa ne devra pas donner lieu à un triomphalisme béat au point d’oublier que la guerre se termine toujours autour d’une table. Joseph Kabila l’a compris.

La RDC cherche ainsi à écrire de sa main, la suite des événements dans la sous-région et, particulièrement, dans le Nord-Kivu et l’Est de manière générale.

Kigali qui se trouve acculé devra apprendre à subir et à suivre les événements au lieu de les précéder, voire même de les régenter. La roue est en train de tourner, il faut savoir la manier avec dextérité pour atteindre les vrais objectifs, ceux de l’émergence et de la stabilité.

Sassou Nguesso peut mettre tout le monde d’accord. L’Opposition qui boude les concertations nationales, tout comme les autres Etats concernés par la crise, en faisant l’économie des vies humaines.

Le Potentiel

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