25/07/2013
Arrestation d'un homme accusé d'espoinnage en faveur du M23 à Munigi, le 16 septembre.
© Phil Moore/AFP
L'armée congolaise (Forces armées de RDC) rêve de
prendre sa revanche sur les rebelles du Mouvement du 23-Mars. Mais en
a-t-elle les moyens ?
Deux jours après la reprise des combats contre cette rébellion majoritairement rwandophone, près de Goma (Est), l'armée congolaise, qui a utilisé armes lourdes et hélicoptères, paraissait revigorée par sa progression.
Depuis son humiliante défaite dans cette même ville, en novembre 2012, elle est animée par un fort sentiment de revanche.
Et place beaucoup d'espoirs dans sa réorganisation en cours : trois bataillons (environ 2 000 hommes), dont ceux de la garde républicaine, sont arrivés sur le front ces dernières semaines, alors que trois « zones de défense », où elle concentrera ses moyens, sont en chantier.
Le M23 harcelés par des groupes armés
Mais c'est surtout l'affaiblissement du M23 qui donne à l'armée régulière un regain de motivation. Lors du conflit interne qui l'a déchiré, en mars dernier, le M23 a perdu plus de 600 hommes et n'en compterait plus aujourd'hui que 1 500 à 2 500.
Il est en outre de plus en plus régulièrement harcelé par divers groupes armés. Parmi eux, la rébellion hutue des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR, environ 1 500 hommes), qui, selon le dernier rapport du groupe d'experts de l'ONU sur la RD Congo, daté du 20 juin, reçoit des armes et des munitions de l'armée congolaise.
Selon ces mêmes experts, le M23 ne bénéficie plus du soutien de l'Ouganda et celui du Rwanda aurait fortement diminué (les deux pays ont toujours nié lui fournir de l'aide). En mai, il aurait échoué à reprendre des positions aux FARDC.
Au M23, on dément ces informations et on affiche sa sérénité : « Les militaires congolais sont peut-être plus nombreux, mais cela ne signifie pas qu'ils savent se battre. »
L'armée congolaise ralentie par ses travers
« Il n'est pas du tout certain que les FARDC parviendront à arrêter le M23 s'il lance une grande offensive soutenue par le Rwanda », estime également Jason Stearns, chercheur au Rift Valley Institute.
De fait, l'armée congolaise pâtit de ses éternels travers : chaînes de commandement parallèles, manque de discipline, corruption et détournements de fonds... La promotion de 106 militaires au grade de général, le 9 juillet, ne devrait pas simplifier la hiérarchie.
Quant à la réactivation, mi-juillet, d'une autre rébellion, celle des Ougandais des Forces alliées démocratiques (ADF-Nalu), 200 km plus au nord, elle risque d'ouvrir un nouveau front.
Le déploiement de la Brigade d'intervention de la Mission de l'ONU pour la stabilisation en RD Congo (Monusco) changera-t-elle le rapport de forces ?
Le mandat, inédit, de cette brigade de 3 000 hommes prévoit la neutralisation des groupes armés - dont le M23.
Mais ses futures troupes malawites, sud-africaines et tanzaniennes n'ont qu'une connaissance limitée du terrain, et leur degré d'engagement reste incertain.
Selon plusieurs sources, la Monusco ne sera pas pleinement opérationnelle avant septembre.
Or, d'ici là, la situation peut beaucoup évoluer.
Pierre Boisselet
Jeune Afrique
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