vendredi 22 novembre 2013
Révocation du ministre Tchelo de l’ESURS
Tchelo Lotshima, ministre de l’Enseignement supérieur et Universitaire et Recherche supérieur, a été révoqué de ses fonctions pour un « manquement grave » dans l’exercice de ses fonctions.
Loin d’être un cas isolé, le limogeage de Tchelo est un signal fort lancé en direction de toutes les personnes qui ont des charges publiques : le nettoyage des écuries d’Augias ne fait que commencer.
Comme bien d’autres avant lui, notamment Modeste Mutombo Kyamakosa, Barthélemy Botswali et Philippe Undji, Tchelo Lotshima, ministre l’Enseignement supérieur et Universitaire et Recherche supérieur (ESURS) a été débarqué de l’Exécutif central avant terme.
Aux termes de l’ordonnance présidentielle qui le limoge, Tchelo Lotshima s’est distingué par un manquement grave dans l’exercice de ses fonctions.
D’aucuns notent que cette éviction est un message lancé à tous ceux qui exercent un mandat public à tous les niveaux des institutions publiques. Autant la révocation de Tchelo Lotshima est saluée dans l’opinion publique, autant il est attendu du chef de l’Etat qu’il poursuive son œuvre de nettoyage des écuries.
Il s’agit, même sur le tard, de moraliser la fonction publique qui a perdu de son honorabilité au regard de tous les scandales révélés dans la presse.
Vu sous cet angle, le cas Tchelo devrait sonner le glas de l’impunité et annoncer le travail de recadrage du mandat public. L’ordonnance présidentielle mettant fin aux fonctions du ministre de l’ESURS, le chef de l’Etat Joseph Kabila porte le contre seing du Premier ministre, Matata Ponyo Mapon.
A tout prendre, la décision de la révocation de Tchelo est d’une haute portée politique, dans la mesure où il avait été aligné dans le gouvernement Matata sur la liste du parti présidentiel, le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD).
Qu’un membre du PPRD, premier parti de la Majorité présidentielle, soit éjecté de cette manière du gouvernement, il y a de quoi se dire que des lignes vont bouger.
Des sources internes du gouvernement rapportent qu’au nombre de maladresses et autres légèretés retenues à l’endroit du ministre révoqué figure le fait d’avoir négocié des arrêtés portant mise en place au sein des établissements d’enseignement universitaire in tempore suspecto.
Il s’agit, en effet, de la période d’expédition des affaires courantes décrétée par le Premier ministre. Mais aussi, le ministre déchu s’est distingué dans l’art de distribuer à coup d’espèces sonnantes et à la pelle, des agréments à des institutions d’enseignement supérieur et de recherche scientifique.
Or, dans sa lettre adressée le jeudi 24 octobre 2013 aux membres de son gouvernement, le Premier ministre congolais Augustin Matata Ponyo leur demande d’« expédier les affaires courantes jusqu’à la formation du prochain gouvernement ».
Il interdisait alors « les recrutements, nominations, promotions et mouvements du personnel, la cession, le transfert et l’aliénation des actifs de l’Etat ».
Dans sa correspondance, le Premier ministre instruisait les membres de son gouvernement à « faire preuve de patriotisme en maintenant le même esprit de travail et finaliser les actions prévues dans leurs lettres de mission respectives ».
Mais, au-delà de tout ce qui alimente la spéculation, Tchelo Lotshima doit avoir été pris en flagrant délit. Sinon, rien ne saurait justifier la célérité avec laquelle le chef de l’Etat a procédé à sa révocation, alors que tout le monde attend le gouvernement de cohésion nationale, promis au terme des concertations nationales.
ETENDRE L’ONDE DE CHOC
A dire vrai, le cas Tchelo Lotshima n’est que la face visible du désordre dans lequel est exercé le mandat public en République démocratique du Congo.
Que ça soit dans les institutions publiques, dans les entreprises du portefeuille ou dans l’administration publique, d’autres « Tchelo » tapissent dans l’ombre, vaquant allègrement à leur basse besogne. En toute quiétude.
D’autres foulent ouvertement au pied les instructions de la hiérarchie, se couvrant derrière des parrains qui se recrutent à divers niveaux du pouvoir.
Le coup de balai devra donc être étendu à d’autres secteurs de la vie publique. Il y a certainement d’autres mandataires publics, de la pire race que Tchelo, qui profitent grandement de la largesse des dirigeants dans leur entreprise de dilapidation des biens publics.
Le cas le plus frappant est la manière dont sont gérées les entreprises du portefeuille.
Dans la plupart des cas, ces entreprises sont confiées entre les mains des mandataires publics qui, sous couvert de leur ancienneté à ces postes, posent des actes de toute nature - parfois suicidaire pour la survie de ces unités de production. Pendant ce temps, l’Etat-propriétaire, passif, assiste à la déconfiture de ce patrimoine national.
C’est aussi le cas pour l’administration publique où le degré de la corruption a atteint la gangrène. Là aussi, un travail de nettoyage est plus qu’indispensable pour remettre de l’ordre dans la boutique.
A cet effet, la révocation de Tchelo doit servir de déclic à une action de fond en vue de restaurer le moral dans l’exercice du mandat public. La liste ne devait donc pas se limiter au seul ministre de l’ESURS, d’autres, comme lui, narguent au jour le jour les pouvoirs publics dans l’exercice de leurs fonctions.
LES PROMESSES DE KABILA
Rendant compte de ses orientations, le 23 octobre 2013 à la clôture des concertations nationales, le président de la République notait que « quels que soient les efforts sur le plan du développement, notre économie ne saurait atteindre sa vitesse de croisière dans une ambiance de corruption, de détournement des deniers publics, de coulage des recettes publiques et d’enrichissement illicite ». « Une lutte continue s’impose dans ce domaine », avait-il alors promis.
Aussi, indiquait-il que « les mécanismes répressifs existants et des nouveaux sont à mettre en œuvre à court terme », se disant convaincu que « pour changer le Congo, nous devons d’abord nous-mêmes changer dans notre manière de vivre ensemble, de faire la politique, de gérer l’Etat et la communauté nationale ».
Le temps est arrivé pour nettoyer les écuries d’Augias qui rongent l’appareil de l’Etat.
_________
Le Potentiel
Révocation du ministre Tchelo de l’ESURS
Tchelo Lotshima, ministre de l’Enseignement supérieur et Universitaire et Recherche supérieur, a été révoqué de ses fonctions pour un « manquement grave » dans l’exercice de ses fonctions.
Loin d’être un cas isolé, le limogeage de Tchelo est un signal fort lancé en direction de toutes les personnes qui ont des charges publiques : le nettoyage des écuries d’Augias ne fait que commencer.
Comme bien d’autres avant lui, notamment Modeste Mutombo Kyamakosa, Barthélemy Botswali et Philippe Undji, Tchelo Lotshima, ministre l’Enseignement supérieur et Universitaire et Recherche supérieur (ESURS) a été débarqué de l’Exécutif central avant terme.
Aux termes de l’ordonnance présidentielle qui le limoge, Tchelo Lotshima s’est distingué par un manquement grave dans l’exercice de ses fonctions.
D’aucuns notent que cette éviction est un message lancé à tous ceux qui exercent un mandat public à tous les niveaux des institutions publiques. Autant la révocation de Tchelo Lotshima est saluée dans l’opinion publique, autant il est attendu du chef de l’Etat qu’il poursuive son œuvre de nettoyage des écuries.
Il s’agit, même sur le tard, de moraliser la fonction publique qui a perdu de son honorabilité au regard de tous les scandales révélés dans la presse.
Vu sous cet angle, le cas Tchelo devrait sonner le glas de l’impunité et annoncer le travail de recadrage du mandat public. L’ordonnance présidentielle mettant fin aux fonctions du ministre de l’ESURS, le chef de l’Etat Joseph Kabila porte le contre seing du Premier ministre, Matata Ponyo Mapon.
A tout prendre, la décision de la révocation de Tchelo est d’une haute portée politique, dans la mesure où il avait été aligné dans le gouvernement Matata sur la liste du parti présidentiel, le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD).
Qu’un membre du PPRD, premier parti de la Majorité présidentielle, soit éjecté de cette manière du gouvernement, il y a de quoi se dire que des lignes vont bouger.
Des sources internes du gouvernement rapportent qu’au nombre de maladresses et autres légèretés retenues à l’endroit du ministre révoqué figure le fait d’avoir négocié des arrêtés portant mise en place au sein des établissements d’enseignement universitaire in tempore suspecto.
Il s’agit, en effet, de la période d’expédition des affaires courantes décrétée par le Premier ministre. Mais aussi, le ministre déchu s’est distingué dans l’art de distribuer à coup d’espèces sonnantes et à la pelle, des agréments à des institutions d’enseignement supérieur et de recherche scientifique.
Or, dans sa lettre adressée le jeudi 24 octobre 2013 aux membres de son gouvernement, le Premier ministre congolais Augustin Matata Ponyo leur demande d’« expédier les affaires courantes jusqu’à la formation du prochain gouvernement ».
Il interdisait alors « les recrutements, nominations, promotions et mouvements du personnel, la cession, le transfert et l’aliénation des actifs de l’Etat ».
Dans sa correspondance, le Premier ministre instruisait les membres de son gouvernement à « faire preuve de patriotisme en maintenant le même esprit de travail et finaliser les actions prévues dans leurs lettres de mission respectives ».
Mais, au-delà de tout ce qui alimente la spéculation, Tchelo Lotshima doit avoir été pris en flagrant délit. Sinon, rien ne saurait justifier la célérité avec laquelle le chef de l’Etat a procédé à sa révocation, alors que tout le monde attend le gouvernement de cohésion nationale, promis au terme des concertations nationales.
ETENDRE L’ONDE DE CHOC
A dire vrai, le cas Tchelo Lotshima n’est que la face visible du désordre dans lequel est exercé le mandat public en République démocratique du Congo.
Que ça soit dans les institutions publiques, dans les entreprises du portefeuille ou dans l’administration publique, d’autres « Tchelo » tapissent dans l’ombre, vaquant allègrement à leur basse besogne. En toute quiétude.
D’autres foulent ouvertement au pied les instructions de la hiérarchie, se couvrant derrière des parrains qui se recrutent à divers niveaux du pouvoir.
Le coup de balai devra donc être étendu à d’autres secteurs de la vie publique. Il y a certainement d’autres mandataires publics, de la pire race que Tchelo, qui profitent grandement de la largesse des dirigeants dans leur entreprise de dilapidation des biens publics.
Le cas le plus frappant est la manière dont sont gérées les entreprises du portefeuille.
Dans la plupart des cas, ces entreprises sont confiées entre les mains des mandataires publics qui, sous couvert de leur ancienneté à ces postes, posent des actes de toute nature - parfois suicidaire pour la survie de ces unités de production. Pendant ce temps, l’Etat-propriétaire, passif, assiste à la déconfiture de ce patrimoine national.
C’est aussi le cas pour l’administration publique où le degré de la corruption a atteint la gangrène. Là aussi, un travail de nettoyage est plus qu’indispensable pour remettre de l’ordre dans la boutique.
A cet effet, la révocation de Tchelo doit servir de déclic à une action de fond en vue de restaurer le moral dans l’exercice du mandat public. La liste ne devait donc pas se limiter au seul ministre de l’ESURS, d’autres, comme lui, narguent au jour le jour les pouvoirs publics dans l’exercice de leurs fonctions.
LES PROMESSES DE KABILA
Rendant compte de ses orientations, le 23 octobre 2013 à la clôture des concertations nationales, le président de la République notait que « quels que soient les efforts sur le plan du développement, notre économie ne saurait atteindre sa vitesse de croisière dans une ambiance de corruption, de détournement des deniers publics, de coulage des recettes publiques et d’enrichissement illicite ». « Une lutte continue s’impose dans ce domaine », avait-il alors promis.
Aussi, indiquait-il que « les mécanismes répressifs existants et des nouveaux sont à mettre en œuvre à court terme », se disant convaincu que « pour changer le Congo, nous devons d’abord nous-mêmes changer dans notre manière de vivre ensemble, de faire la politique, de gérer l’Etat et la communauté nationale ».
Le temps est arrivé pour nettoyer les écuries d’Augias qui rongent l’appareil de l’Etat.
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Le Potentiel
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