16/01/2014
Vital Kamerhe, président de l'UNC, le 20 août 2013 à Paris. © Vincent Fournier/J.A.
Au lendemain d'une affaire ambiguë d'interdiction de quitter le territoire, Vital Kamerhe est poursuivi désormais pour "dénonciation calomnieuse" par une députée de la majorité.
Un "acharnement" estime le parti de l'opposant, une "stratégie de victimisation", selon les autorités congolaises.
Il fut un temps où Vital Kamerhe était un proche du pouvoir. Mais cette époque est bel et bien révolue. Aujourd'hui, l'ancien président de l'Assemblée nationale de la RDC joue dans le camp adverse, celui de l'opposition.
Depuis, il est souvent à couteaux tirés avec certains de ses anciens "camarades" de la majorité. Dernier couac en date, la résurgence, le 13 janvier, d’une affaire judicaire qui date de 2011, l’opposant à la députée Wiwine Moleka, membre de son ancien parti, le PPRD (Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie, principale formation de la majorité au pouvoir).
"Vital Kamerhe a sali Wiwine Moleka"
Dans l’entourage de l’élue de Kinshasa, on s'empresse de préciser qu'il ne s'agit nullement d'un quelconque règlement de comptes. "C’est juste une affaire d’imputation et de dénonciation calomnieuses", explique un membre du PPRD. Vital Kamerhe a sali Wiwine Moleka. Cette dernière a droit de se plaindre pour obtenir justice et réparation."
Il ne s'agissait pas d'une accusation, mais plutôt d'une alerte.
Me Sate, avocat de Vital Kamerhe
L'affaire remonte au lendemain des élections présidentielle et législatives du 28 novembre 2011. Un rapport d'observation du déroulement des scrutins, signé par Vital Kamerhe - dont le parti a déployé des témoins dans des bureaux de vote à travers le pays - relève des cas de fraude notamment à Mbudi.
En cause dans cette banlieue de la capitale congolaise : Wiwine Moleka, soupçonnée notamment de bourrage d'urnes. "Il ne s'agissait pas d'une accusation, mais plutôt d'une alerte envoyée aux observateurs nationaux et internationaux pour que ces derniers vérifient s'il y avait eu fraude, ou pas", nuance Me Sate, avocat de Vital Kamerhe.
Début décembre 2011, Wiwine Moleka saisit le tribunal de paix de Kinshasa – Ngaliema (où Kamerhe aurait une résidence). Contestant la procédure engagée, la défense interjette appel.
L'affaire est désormais portée auprès du tribunal de grande instance, la juridiction supérieure. Une année et plusieurs audiences plus tard, le verdict tombe : le dossier est renvoyé au premier juge pour instruction.
Rebelote, la défense fait opposition. "Depuis, l'affaire était restée pendante au tribunal de grande instance", soutient Me Sate.
"Acharnement" ou "stratégie de victimisation" ?
"Des discussions étaient même engagées entre les deux parties pour boucler l'affaire à l'amiable", selon une source proche du dossier.
"Vital Kamerhe devait présenter des excuses à Wiwine Moleka et payer tous les honoraires de l'avocat de la députée, en échange du retrait de la plainte", ajoute-t-elle.
Mais finalement, la plaignante a décidé de saisir le tribunal de paix de la Gombe. "Là où Vital Kamerhe a son juge naturel, puisqu'il affirme y avoir une résidence", souligne Me Ledi, l'avocat de Wiwine Moleka. "Mais l'affaire est en cours devant une autre juridiction", objecte la défense.
À l'Union pour la nation congolaise (UNC), le parti de Vital Kamerhe, on n'y voit qu'un "acharnement" orchestré par le pouvoir contre son leader.
"Pourquoi cette affaire ressuscite quelques jours seulement après la tentative du pouvoir d'interdire à Kamerhe de sortir du territoire", interroge un cadre de l'UNC.
En effet, dans un communiqué publié le 10 janvier, l'UNC se disait "préoccupée par la mesure de restriction de liberté de mouvement prise contre Vital Kamerhe", joignant une circulaire de la Direction générale de migration (DGM), signée quatre jours plus tôt, laquelle instruisait "les services de sécurité" à empêcher toute sortie de l'opposant du territoire national.
"C'était un faux [document]", explique à Jeune Afrique Richard Muyej, ministre congolais de l'Intérieur, qui dit avoir déjà "rassuré" Vital Kamerhe. "Mais plus on lui dit que c'est un faux, plus il amplifie", déplore le ministre.
Pour lui, c'est une "stratégie de victimisation" adoptée par un "Vital Kamerhe [qui] n'a plus de discours, (…) totalement épuisé sur tous les plans", cherchant à "créer l'événement" à tout prix.
Une enquête a été ouverte au niveau de la DGM pour tenter d'élucider cette affaire de "faux document". En attendant, l'entourage de Vital Kamerhe reste convaincu qu'il s'agit d'un "coup du pouvoir".
Celui-ci "cherche à réduire au silence une voix importante de l'opposition", dénonce un proche de l'opposant.
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Trésor Kibangula
Jeune Afrique
Vital Kamerhe, président de l'UNC, le 20 août 2013 à Paris. © Vincent Fournier/J.A.
Au lendemain d'une affaire ambiguë d'interdiction de quitter le territoire, Vital Kamerhe est poursuivi désormais pour "dénonciation calomnieuse" par une députée de la majorité.
Un "acharnement" estime le parti de l'opposant, une "stratégie de victimisation", selon les autorités congolaises.
Il fut un temps où Vital Kamerhe était un proche du pouvoir. Mais cette époque est bel et bien révolue. Aujourd'hui, l'ancien président de l'Assemblée nationale de la RDC joue dans le camp adverse, celui de l'opposition.
Depuis, il est souvent à couteaux tirés avec certains de ses anciens "camarades" de la majorité. Dernier couac en date, la résurgence, le 13 janvier, d’une affaire judicaire qui date de 2011, l’opposant à la députée Wiwine Moleka, membre de son ancien parti, le PPRD (Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie, principale formation de la majorité au pouvoir).
"Vital Kamerhe a sali Wiwine Moleka"
Dans l’entourage de l’élue de Kinshasa, on s'empresse de préciser qu'il ne s'agit nullement d'un quelconque règlement de comptes. "C’est juste une affaire d’imputation et de dénonciation calomnieuses", explique un membre du PPRD. Vital Kamerhe a sali Wiwine Moleka. Cette dernière a droit de se plaindre pour obtenir justice et réparation."
Il ne s'agissait pas d'une accusation, mais plutôt d'une alerte.
Me Sate, avocat de Vital Kamerhe
L'affaire remonte au lendemain des élections présidentielle et législatives du 28 novembre 2011. Un rapport d'observation du déroulement des scrutins, signé par Vital Kamerhe - dont le parti a déployé des témoins dans des bureaux de vote à travers le pays - relève des cas de fraude notamment à Mbudi.
En cause dans cette banlieue de la capitale congolaise : Wiwine Moleka, soupçonnée notamment de bourrage d'urnes. "Il ne s'agissait pas d'une accusation, mais plutôt d'une alerte envoyée aux observateurs nationaux et internationaux pour que ces derniers vérifient s'il y avait eu fraude, ou pas", nuance Me Sate, avocat de Vital Kamerhe.
Début décembre 2011, Wiwine Moleka saisit le tribunal de paix de Kinshasa – Ngaliema (où Kamerhe aurait une résidence). Contestant la procédure engagée, la défense interjette appel.
L'affaire est désormais portée auprès du tribunal de grande instance, la juridiction supérieure. Une année et plusieurs audiences plus tard, le verdict tombe : le dossier est renvoyé au premier juge pour instruction.
Rebelote, la défense fait opposition. "Depuis, l'affaire était restée pendante au tribunal de grande instance", soutient Me Sate.
"Acharnement" ou "stratégie de victimisation" ?
"Des discussions étaient même engagées entre les deux parties pour boucler l'affaire à l'amiable", selon une source proche du dossier.
"Vital Kamerhe devait présenter des excuses à Wiwine Moleka et payer tous les honoraires de l'avocat de la députée, en échange du retrait de la plainte", ajoute-t-elle.
Mais finalement, la plaignante a décidé de saisir le tribunal de paix de la Gombe. "Là où Vital Kamerhe a son juge naturel, puisqu'il affirme y avoir une résidence", souligne Me Ledi, l'avocat de Wiwine Moleka. "Mais l'affaire est en cours devant une autre juridiction", objecte la défense.
À l'Union pour la nation congolaise (UNC), le parti de Vital Kamerhe, on n'y voit qu'un "acharnement" orchestré par le pouvoir contre son leader.
"Pourquoi cette affaire ressuscite quelques jours seulement après la tentative du pouvoir d'interdire à Kamerhe de sortir du territoire", interroge un cadre de l'UNC.
En effet, dans un communiqué publié le 10 janvier, l'UNC se disait "préoccupée par la mesure de restriction de liberté de mouvement prise contre Vital Kamerhe", joignant une circulaire de la Direction générale de migration (DGM), signée quatre jours plus tôt, laquelle instruisait "les services de sécurité" à empêcher toute sortie de l'opposant du territoire national.
"C'était un faux [document]", explique à Jeune Afrique Richard Muyej, ministre congolais de l'Intérieur, qui dit avoir déjà "rassuré" Vital Kamerhe. "Mais plus on lui dit que c'est un faux, plus il amplifie", déplore le ministre.
Pour lui, c'est une "stratégie de victimisation" adoptée par un "Vital Kamerhe [qui] n'a plus de discours, (…) totalement épuisé sur tous les plans", cherchant à "créer l'événement" à tout prix.
Une enquête a été ouverte au niveau de la DGM pour tenter d'élucider cette affaire de "faux document". En attendant, l'entourage de Vital Kamerhe reste convaincu qu'il s'agit d'un "coup du pouvoir".
Celui-ci "cherche à réduire au silence une voix importante de l'opposition", dénonce un proche de l'opposant.
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Trésor Kibangula
Jeune Afrique
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