9/11/2014
Museveni demande une solution avant 2015
En imposant la capitale de la RDC comme siège pour la discussion sur la mise en œuvre des Déclarations de Nairobi, le gouvernement joue la carte de la surenchère contre l’ancienne rébellion.
Pour provoquer à long terme une nouvelle guerre et faire oublier aux Congolais qu’ils risquent de se retrouver avec un président à vie ?
En dépit des objections politiques et d’ordre sécuritaire portées par les responsables de l’ancienne rébellion du M23 qui devaient y participer, la réunion du Mécanisme national de suivi (MNS) pour la mise en œuvre des Déclarations de Nairobi, signées le 12 décembre 2013 par les délégations du gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) et des insurgés, est en train de se tenir à Kinshasa en absence de ces derniers.
Tous les envoyés spéciaux, dont l’ambassadeur algérien Saïd Djinnit, missus dominici du secrétaire général des Nations unies (SGNU) pour la région des Grands lacs, participent à cette rencontre d’évaluation qui a démarré hier, vendredi 7 novembre, pour se clôturer aujourd’hui avec l’épuisement de l’ordre du jour.
Au menu du débat, deux points. Un, l’état des lieux de l’amnistie pour les anciens rebelles et les autres prisonniers politiques. Deux, les dispositions à prendre pour la démobilisation et le rapatriement des civils et des soldats ayant appartenu au mouvement politico-militaire et qui se trouvent à l’heure actuelle dans les camps en Ouganda et au Rwanda.
Il s’agit des deux clauses du protocole qui fâchent et cristallisent la matière du contentieux entre les deux parties. Les dirigeants du M23 soutiennent d’une part que les retards et les ambiguïtés dans la promulgation et l’application de l’amnistie ne leur permettent pas de se rendre dans la capitale congolaise où les conditions de leur sécurité ne seraient pas réunies.
Nombreux militants et combattants du mouvement croupissent dans les prisons, d’autres continuent d’être arrêtés dès qu’ils posent leurs pieds au pays et d’autres encore ne figurent même pas dans les listes des éligibles aux bénéfices de l’amnistie.
D’autre part, le deuxième point à l’ordre du jour semble confirmer les craintes des responsables du M23 que Kinshasa veuille traiter hors contexte des accords de Nairobi, c’est-à-dire sans avoir à tenir compte de l’ensemble des points établis dans les Déclarations signées alors, qui fixaient les conditions du processus de démobilisation des membres de l’Armée révolutionnaire congolaise (ARC), l’aile militaire du mouvement.
Une manière de liquider définitivement la rébellion tout en s’exemptant de respecter les accords pris avec elle. Comme lors de la Conférence de Goma en janvier 2008 et des Accords du 23 mars 2009, toujours à Goma. Des tours et détours de l’histoire qui alimentent la méfiance et… les guerres.
Dans un courrier daté 2 octobre et adressé à François Mwamba, coordinateur du MNS pour la RDC, son homologue pour le M23, René Abandi, précise ce qui suit : « S’agissant de la réunion d’évaluation de la mise en œuvre des déclarations de Nairobi, nous la voulons la plus urgemment possible et fructueuse. Pour ce faire, étant donné qu’aucune liste des amnistiés ne nous a été transmise, nous suggérons qu’elle ait lieu à Kampala pour permettre aux membres du bureau de la coordination du M23 d’y prendre part ».
Fin de non recevoir de la part des autorités de la RDC et nouvelle proposition du M23 d’établir comme siège du meeting Luanda, en Angola, pays qui assure la présidence de la Conférence internationale de la région des grands lacs (CIRGL).
Nouveau refus de part de Kinshasa, qui affirme pouvoir confier la sécurité de la délégation du M23 à la Monusco.
Cet argument ne change en rien l’attitude des anciens rebelles, car la Monusco a été, pendant la guerre terminée en novembre 2013, partie belligérante dans le conflit, contre le M23, et est toujours l’alliée déclarée du gouvernement de la RDC.
Selon une source diplomatique à Kinshasa, qui souhaite garder l’anonymat, « le gouvernement savait que le M23 n’aurait jamais accepté de se rendre en territoire congolais en ce moment et veut se servir de cette réunion pour l’accuser de la non application du protocole de Nairobi. Il veut se débarrasser de ses combattants et ignorer le reste des accords.
Et, si les enchères montent avec le M23, tant mieux, cela servira à faire oublier les questions importantes qui affaiblissent l’exécutif, comme les massacres de Beni ou la réforme de la constitution pour le maintien du Président Kabila au pouvoir après 2016, sujet de plus en plus sensible notamment suite aux événements du Burkina Faso ».
La Monusco ayant perdu son rôle classique de médiation et de facilitation à cause de son implication dans les combats contre le M23, la situation semble sans issue.
Surtout que la décrédibilisation de l’appareil onusien en RDC a atteint un degré élevé après l’octobre noir de Beni, où 120 civils ont été massacrés en des conditions horribles dans un territoire sous contrôle militaire des Casque bleus tanzaniens de la fameuse Brigade d’intervention.
Une passivité suscitant perplexités et questions, comme cela fut le cas lors d’une série d’arrestations extrajudiciaires, de disparitions forcées et d’exécutions sommaires de personnes considérées proches de l’ancienne rébellion de la part des services de sécurité du régime entre les mois de juillet et août derniers.
Ces violations flagrantes des droits de l’homme, dénoncées et détaillées dans un communiqué du M23, ne provoquèrent pas de réaction, ni d’enquête, de la part des officiels des Nations unies.
Par ailleurs, le refus du M23 de se rendre à Kinshasa pourrait aussi être motivé par des informations collectées par ses services de renseignement et concernant une tentative ourdie par le gouvernement de remplacer, par la force ou par la ruse, la figure de René Abandi en tant que coordinateur du mouvement avec un interlocuteur plus docile.
On évoque à ce propos qu’en intervenant à la séance du 27 octobre dernier du Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU), le patron de la Monusco Martin Kobler, a accusé René Abandi d’avoir refusé de collaborer à l’application des clauses du protocole de Nairobi.
Or, la bonne foi de l’envoyé du Secrétaire général adjoint des Nations unies en RDC ne fait pas partie des certitudes acquises par moult observateurs, l’un de ceux-ci nous faisant remarquer que le même Kobler n’était pas présent pendant la cérémonie organisée à Nairobi pour la signature des Déclarations.
Depuis, il a évité tout contact avec les représentants de l’ex-rébellion et n’a jamais plus fait allusion aux contenus des accords.
« Ceux-ci, souligne notre interlocuteur, ne se limitent pas aux problèmes de démobilisation et réinsertion dans la société congolaise des anciens combattants de l’ARC, mais concernent aussi les mesures à prendre pour le retour des tous les réfugiés, qui se trouvent dans les camps au Burundi, au Rwanda et en Ouganda, et pour démanteler la rébellion rwandaise des FDLR qui commettent des atrocités dans l’Est de la RDC et sont dirigées par des officiers qui ont trempé dans le génocide des Tutsi en 1994 au Rwanda. »
L’attitude de Kobler est considérée en syntonie avec celle des nombreux commandants français du département militaire de la Monusco, dont le seul intérêt apparent pour le dossier demeure dans le rapatriement des soldats de l’ancienne rébellion.
Le général brésilien Dos Santos Cruz, officiellement chef de l’ensemble des troupes de la Monusco, ne serait en réalité qu’un figurant aux côtés de ces haut gradés qui poursuivent l’agenda de la France dans la crise du Kivu, c’est-à-dire l’éradication pure et simple du M23 considéré comme une émanation de leur ennemi historique "tutsi" rwandais.
Le général brésilien Dos Santos Cruz, officiellement chef de l’ensemble des troupes de la MONUSCO, ne serait en réalité qu’un figurant face à ces haut gradés qui poursuivent l’agenda de la France dans la crise du Kivu, c’est-à-dire l’éradication pure et simple du M23 considéré comme un danger pour ses alliés, le président Joseph Kabila et les FDLR, et de surcroît une émanation de leur ennemi historique "tutsi" rwandais.
Quant aux autorités ougandaises, qui ont accueilli et hébergent dans les camps les civils et les militaires du M23, le temps n’est plus à la patience face aux atermoiements qui retardent l’application des accords.
Le président Yoweri Kaguta Museveni a déclaré, en début octobre, au Secrétaire exécutif de la CIRGL, disposer de trois mois encore pour entériner la présence des forces du M23 en territoire ougandais.
Au-delà du 31 décembre, a-t-il ajouté, il faudra éventuellement définir leur statut et les considérer comme demandeurs d’asile. Il a aussi fait part à son interlocuteur des problèmes du budget de l’entretien de cette force qui pèse sur les finances de l’Etat ougandais, ce qui ne sera plus soutenable, d’après lui, en 2015.
Museveni a plus récemment durci ses positions. Il a chargé son ministre de la Défense de communiquer aux responsables des instances régionales impliquées et aux ambassadeurs que, à la date du 31 décembre prochain, l’Etat ougandais ne sera plus comptable de l’attitude des forces du M23. Le même message a été adressé par les membres de ses services de renseignement aux attachés militaires de toutes les ambassades.
De côte de la direction politique du M23, l’attitude demeure également ferme : « Pas de rapatriement hors du contexte de Nairobi. »
Une situation bloquée, comme celles qui ne laissent pas prévoir des lendemains tranquilles.
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Museveni demande une solution avant 2015
En imposant la capitale de la RDC comme siège pour la discussion sur la mise en œuvre des Déclarations de Nairobi, le gouvernement joue la carte de la surenchère contre l’ancienne rébellion.
Pour provoquer à long terme une nouvelle guerre et faire oublier aux Congolais qu’ils risquent de se retrouver avec un président à vie ?
En dépit des objections politiques et d’ordre sécuritaire portées par les responsables de l’ancienne rébellion du M23 qui devaient y participer, la réunion du Mécanisme national de suivi (MNS) pour la mise en œuvre des Déclarations de Nairobi, signées le 12 décembre 2013 par les délégations du gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) et des insurgés, est en train de se tenir à Kinshasa en absence de ces derniers.
Tous les envoyés spéciaux, dont l’ambassadeur algérien Saïd Djinnit, missus dominici du secrétaire général des Nations unies (SGNU) pour la région des Grands lacs, participent à cette rencontre d’évaluation qui a démarré hier, vendredi 7 novembre, pour se clôturer aujourd’hui avec l’épuisement de l’ordre du jour.
Au menu du débat, deux points. Un, l’état des lieux de l’amnistie pour les anciens rebelles et les autres prisonniers politiques. Deux, les dispositions à prendre pour la démobilisation et le rapatriement des civils et des soldats ayant appartenu au mouvement politico-militaire et qui se trouvent à l’heure actuelle dans les camps en Ouganda et au Rwanda.
Il s’agit des deux clauses du protocole qui fâchent et cristallisent la matière du contentieux entre les deux parties. Les dirigeants du M23 soutiennent d’une part que les retards et les ambiguïtés dans la promulgation et l’application de l’amnistie ne leur permettent pas de se rendre dans la capitale congolaise où les conditions de leur sécurité ne seraient pas réunies.
Nombreux militants et combattants du mouvement croupissent dans les prisons, d’autres continuent d’être arrêtés dès qu’ils posent leurs pieds au pays et d’autres encore ne figurent même pas dans les listes des éligibles aux bénéfices de l’amnistie.
D’autre part, le deuxième point à l’ordre du jour semble confirmer les craintes des responsables du M23 que Kinshasa veuille traiter hors contexte des accords de Nairobi, c’est-à-dire sans avoir à tenir compte de l’ensemble des points établis dans les Déclarations signées alors, qui fixaient les conditions du processus de démobilisation des membres de l’Armée révolutionnaire congolaise (ARC), l’aile militaire du mouvement.
Une manière de liquider définitivement la rébellion tout en s’exemptant de respecter les accords pris avec elle. Comme lors de la Conférence de Goma en janvier 2008 et des Accords du 23 mars 2009, toujours à Goma. Des tours et détours de l’histoire qui alimentent la méfiance et… les guerres.
Dans un courrier daté 2 octobre et adressé à François Mwamba, coordinateur du MNS pour la RDC, son homologue pour le M23, René Abandi, précise ce qui suit : « S’agissant de la réunion d’évaluation de la mise en œuvre des déclarations de Nairobi, nous la voulons la plus urgemment possible et fructueuse. Pour ce faire, étant donné qu’aucune liste des amnistiés ne nous a été transmise, nous suggérons qu’elle ait lieu à Kampala pour permettre aux membres du bureau de la coordination du M23 d’y prendre part ».
Fin de non recevoir de la part des autorités de la RDC et nouvelle proposition du M23 d’établir comme siège du meeting Luanda, en Angola, pays qui assure la présidence de la Conférence internationale de la région des grands lacs (CIRGL).
Nouveau refus de part de Kinshasa, qui affirme pouvoir confier la sécurité de la délégation du M23 à la Monusco.
Cet argument ne change en rien l’attitude des anciens rebelles, car la Monusco a été, pendant la guerre terminée en novembre 2013, partie belligérante dans le conflit, contre le M23, et est toujours l’alliée déclarée du gouvernement de la RDC.
Selon une source diplomatique à Kinshasa, qui souhaite garder l’anonymat, « le gouvernement savait que le M23 n’aurait jamais accepté de se rendre en territoire congolais en ce moment et veut se servir de cette réunion pour l’accuser de la non application du protocole de Nairobi. Il veut se débarrasser de ses combattants et ignorer le reste des accords.
Et, si les enchères montent avec le M23, tant mieux, cela servira à faire oublier les questions importantes qui affaiblissent l’exécutif, comme les massacres de Beni ou la réforme de la constitution pour le maintien du Président Kabila au pouvoir après 2016, sujet de plus en plus sensible notamment suite aux événements du Burkina Faso ».
La Monusco ayant perdu son rôle classique de médiation et de facilitation à cause de son implication dans les combats contre le M23, la situation semble sans issue.
Surtout que la décrédibilisation de l’appareil onusien en RDC a atteint un degré élevé après l’octobre noir de Beni, où 120 civils ont été massacrés en des conditions horribles dans un territoire sous contrôle militaire des Casque bleus tanzaniens de la fameuse Brigade d’intervention.
Une passivité suscitant perplexités et questions, comme cela fut le cas lors d’une série d’arrestations extrajudiciaires, de disparitions forcées et d’exécutions sommaires de personnes considérées proches de l’ancienne rébellion de la part des services de sécurité du régime entre les mois de juillet et août derniers.
Ces violations flagrantes des droits de l’homme, dénoncées et détaillées dans un communiqué du M23, ne provoquèrent pas de réaction, ni d’enquête, de la part des officiels des Nations unies.
Par ailleurs, le refus du M23 de se rendre à Kinshasa pourrait aussi être motivé par des informations collectées par ses services de renseignement et concernant une tentative ourdie par le gouvernement de remplacer, par la force ou par la ruse, la figure de René Abandi en tant que coordinateur du mouvement avec un interlocuteur plus docile.
On évoque à ce propos qu’en intervenant à la séance du 27 octobre dernier du Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU), le patron de la Monusco Martin Kobler, a accusé René Abandi d’avoir refusé de collaborer à l’application des clauses du protocole de Nairobi.
Or, la bonne foi de l’envoyé du Secrétaire général adjoint des Nations unies en RDC ne fait pas partie des certitudes acquises par moult observateurs, l’un de ceux-ci nous faisant remarquer que le même Kobler n’était pas présent pendant la cérémonie organisée à Nairobi pour la signature des Déclarations.
Depuis, il a évité tout contact avec les représentants de l’ex-rébellion et n’a jamais plus fait allusion aux contenus des accords.
« Ceux-ci, souligne notre interlocuteur, ne se limitent pas aux problèmes de démobilisation et réinsertion dans la société congolaise des anciens combattants de l’ARC, mais concernent aussi les mesures à prendre pour le retour des tous les réfugiés, qui se trouvent dans les camps au Burundi, au Rwanda et en Ouganda, et pour démanteler la rébellion rwandaise des FDLR qui commettent des atrocités dans l’Est de la RDC et sont dirigées par des officiers qui ont trempé dans le génocide des Tutsi en 1994 au Rwanda. »
L’attitude de Kobler est considérée en syntonie avec celle des nombreux commandants français du département militaire de la Monusco, dont le seul intérêt apparent pour le dossier demeure dans le rapatriement des soldats de l’ancienne rébellion.
Le général brésilien Dos Santos Cruz, officiellement chef de l’ensemble des troupes de la Monusco, ne serait en réalité qu’un figurant aux côtés de ces haut gradés qui poursuivent l’agenda de la France dans la crise du Kivu, c’est-à-dire l’éradication pure et simple du M23 considéré comme une émanation de leur ennemi historique "tutsi" rwandais.
Le général brésilien Dos Santos Cruz, officiellement chef de l’ensemble des troupes de la MONUSCO, ne serait en réalité qu’un figurant face à ces haut gradés qui poursuivent l’agenda de la France dans la crise du Kivu, c’est-à-dire l’éradication pure et simple du M23 considéré comme un danger pour ses alliés, le président Joseph Kabila et les FDLR, et de surcroît une émanation de leur ennemi historique "tutsi" rwandais.
Quant aux autorités ougandaises, qui ont accueilli et hébergent dans les camps les civils et les militaires du M23, le temps n’est plus à la patience face aux atermoiements qui retardent l’application des accords.
Le président Yoweri Kaguta Museveni a déclaré, en début octobre, au Secrétaire exécutif de la CIRGL, disposer de trois mois encore pour entériner la présence des forces du M23 en territoire ougandais.
Au-delà du 31 décembre, a-t-il ajouté, il faudra éventuellement définir leur statut et les considérer comme demandeurs d’asile. Il a aussi fait part à son interlocuteur des problèmes du budget de l’entretien de cette force qui pèse sur les finances de l’Etat ougandais, ce qui ne sera plus soutenable, d’après lui, en 2015.
Museveni a plus récemment durci ses positions. Il a chargé son ministre de la Défense de communiquer aux responsables des instances régionales impliquées et aux ambassadeurs que, à la date du 31 décembre prochain, l’Etat ougandais ne sera plus comptable de l’attitude des forces du M23. Le même message a été adressé par les membres de ses services de renseignement aux attachés militaires de toutes les ambassades.
De côte de la direction politique du M23, l’attitude demeure également ferme : « Pas de rapatriement hors du contexte de Nairobi. »
Une situation bloquée, comme celles qui ne laissent pas prévoir des lendemains tranquilles.
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