"Joseph Kabila" au look inquiétant d’un "camé"
Intimidation. Répression. Tricherie. Corruption. Ce sont les quatre "armes" de prédilection de "Joseph Kabila" pour se maintenir au pouvoir au-delà du 19 décembre 2016.
La province du Katanga se trouve en "état d’urgence" de fait. La ville de Lubumbashi est quadrillée par des militaires au service non pas de l’intérêt général mais d’une oligarchie.
Des paisibles citoyens sont brutalisés par des éléments de la garde présidentielle pour avoir porté un tee shirt aux couleurs des équipes de football Tout-Puissant Mazembe et Lupopo.
Tous les responsables locaux des grands corps de l’Etat ont été remplacés. Les remplaçants ont reçu mission de "neutraliser" Moïse Katumbi Chapwe. Décidément, celui-ci semble obséder le "raïs".
On apprenait dans la soirée du dimanche 11 janvier que le président de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku, a reçu, à l’hôtel "Venus" à Kinshasa, des députés de la "majorité présidentielle".
Il a exhorté ces parlementaires à voter le projet de loi électorale au cours de la séance plénière prévue ce lundi 12. En contrepartie, chacun d’eux recevra un montant de 100.000$ US. Les intéressés auraient exigé 200.000$US.
Le même dimanche, une manifestation pacifique de l’opposition a été réprimée par des policiers commandés par le "général" Célestin Kanyama. Bilan : plusieurs blessés graves. Nous y reviendrons dans un prochain article.
Etat d’urgence de fait à Lubumbashi.
Après une vingtaine de jours "de repos" passés dans la province du Katanga, "Joseph Kabila" a regagné la capitale le samedi 10 janvier. Un retour qui coïncide avec le vote, lundi 12 janvier, du projet de loi portant loi électorale.
Obnubilé par la soif du pouvoir pour le pouvoir, le "raïs" est prêt à tout. Et ce y compris le recours aux méthodes dignes du "banditisme d’Etat".
A Lubumbashi, des paisibles citoyens portant les tee shirt aux couleurs des équipes de football Tout-Puissant Mazembe et Lupopo sont passés à tabac, au quotidien, par ...des membres de la garde prétorienne de "Kabila" déguisés en policiers. Ces faits se passent respectivement au centre-ville et dans la commune de Kenya.
La ville est quadrillée par des éléments armés. On se croirait dans une situation d’état d’urgence. "Au lieu d’envoyer des militaires à Beni et à Mitwaba, Joseph Kabila déploie ceux-ci dans la paisible ville de Lubumbashi, commente un observateur.
A partir de 21 heures, toute la ville est quadrillée du camp militaire Kimbembe à Ntumbwe. Des chars avec lance-missiles circulent dans l’agglomération urbaine".
Comme nous l’écrivions précédemment, tous les responsables provinciaux de l’ANR (Agence nationale de renseignements), de la DGM (Immigration), de l’ex-Demiap (renseignements militaires), de la police et de la garde présidentielle ont été relevés de leurs fonctions.
Au motif qu’ils seraient "acquis à la cause" de l’actuel gouverneur du Katanga qui passe désormais pour "le meilleur ennemi" du "clan kabiliste".
Il leur est particulièrement reproché d’avoir laissé la foule des Lushois réserver un "accueil triomphal" à Moïse Katumbi lors de son retour le 23 décembre dernier.
Cette "épuration" devrait toucher bientôt les responsables locaux des Régies financières. La mission a été confiée au... Premier ministre Augustin Matata Ponyo.
Selon des sources, celui-ci serait attendu à nouveau ce lundi 12 janvier au chef-lieu du Katanga. "Joseph Kabila a quitté le Katanga en y laissant un climat de terreur", estime, pour sa part, un avocat lushois joint au téléphone dimanche soir.
Loi électorale et corruption.
"Joseph Kabila" est rentré à Kinshasa samedi 10 janvier. Juste à temps. Les manœuvres politiciens ont aussitôt repris.
On apprenait que le président de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku, s’est entretenu, dimanche 11 janvier, avec des députés de la majorité. A l’ordre du jour, le vote, lundi 12, du projet de loi électorale.
Selon un participant, Minaku aurait été introduit par le ministre chargé des Relations avec le Parlement, Tryphon Kin-Kiey Mulumba. "Vous devez voter cette loi, aurait dit Kin-Kiey. C’est la volonté de l’autorité morale de la majorité présidentielle".
Il semble que cette introduction a suscité des huées. "Aubin", qui porte également le casque de secrétaire général de la majorité présidentielle, a exhorté ses interlocuteurs à voter ce texte avant de remettre à chacun un montant de 500$US. Il a promis à chacun un montant de 100.000 $US après l’adoption du texte.
Les parlementaires, eux, ont exigé 200.000$US par personne. "Ce n’est pas la première fois qu’on nous promette monts et merveilles sans tenir parole", auraient dit plusieurs députés. Il semble que "Joseph Kabila" recevra les chefs de groupes parlementaires ce lundi 12.
L’enjeu est de taille. La nouvelle loi électorale "en chantier" stipule dans une de ses dispositions que les consultations politiques seront organisées à l’issue du recensement général. Une opération qui pourrait prendre trois à quatre ans.
Des opposants tant à la révision constitutionnelle qu’au "glissement" du calendrier électoral ont promis de manifester ce lundi 12 janvier au Palais du peuple.
But : empêcher ce vote. "Nous sommes déterminés à empêcher cette tricherie en préparation, a martelé l’avocat Jean-Claude Muyambo. Le pouvoir n’aura qu’à nous arrêter ou nous tuer".
Découpage territorial
L’opinion congolaise a suivi non sans surprise la rapidité pour le moins tardive avec laquelle l’Assemblée nationale a voté, vendredi 9 janvier, le projet de loi relatif aux modalités d’installation de nouvelles provinces.
Selon une dépêche de l’ACP, l’assemblée plénière "avait mis en veilleuse" certains articles du projet de loi portant fixation des limites des provinces "suite aux amendements" de certains députés sur le statut notamment de la ville de Kolwezi. Et ce en attendant une "harmonisation des vues entre leurs auteurs".
On a appris qu’il a été finalement décidé que la ville de Kolwezi restera partie intégrante de la Province de Lualaba, tandis que la cité de Lusambo, chef lieu du district du Sankuru, devient la capitale de cette province.
Depuis le 29 décembre dernier, le député honoraire, élu de Kolwezi, Vano Kalembe Kiboko est embastillé à la prison de Makala pour avoir exprimé sa volonté en faveur de l’érection du district urbano-rural de Kolwezi en province à part entière.
Président de l’Asbl "Lwanzo Lwa Mikuba" qui regroupe les membres de la communauté ethnique Sanga, "Vano" est accusé d’"incitation à la haine tribale".
En cas de vote de ce projet de loi organique, le nombre de provinces au Congo-Kinshasa passera de onze à 26.
A savoir : Bas-Uélé, Equateur, Haut Lomami, Haut Katanga, Haut-Uélé, Ituri, Kasai, Kasai Oriental, Kongo central, Kwango, Kwilu, Lomami, Lualaba, Kasai central, Maindombe, Maniema, Mongala, Nord Kivu, Nord-Ubangi, Sankuru, Sud Kivu, Sud-Ubangi, Tanganyika, Tshopo et Tshuapa.
Une question reste, pour le moment, sans réponse : quelle est la cause de l’empressement du pouvoir kabiliste à appliquer enfin le découpage territorial prévu dans l’article 2 de la Constitution?
Dans son article 226, la loi fondamentale promulguée le 18 février 2006 stipule que la nouvelle configuration territoriale du pays devait entrer en vigueur "endéans trente-six mois qui suivent l’installation effective des institutions politiques prévues par la présente Constitution", soit en 2009. Le Parlement accuse un retard de cinq années.
Il va sans dire que le Katanga sera divisé en quatre entités. "L’empressement de Joseph Kabila à mettre en œuvre le découpage territorial cache mal des arrière-pensées politiciennes pour fragiliser l’actuel gouverneur du Katanga", fait remarquer un opposant politique.
Cocaïne
Dans une lettre ouverte adressée à "Joseph Kabila" en date du 20 octobre 2006, Golden Misabiko, alors président de l’Asadho/Katanga, écrivait notamment : "Monsieur, vous devez cesser d’être le Président de ce pays et d’en avoir l’ambition de le devenir un jour. Je vous le rappelle c’est une honte pour le peuple".
Et de poursuivre : " (...) vous vous droguez chaque jour. En effet, vous prenez la COCAINE par la voie intraveineuse chaque jour, une fois le matin et une fois le soir. Cette pratique non seulement qu’elle rend le Congolais ridicule, pour ceux qui vous connaissent, mais elle met toute la nation en danger de mort. Nous courrons le risque de vous voir un jour, sous l’effet de la COCAINE, tuer les gens à volonté. Il sera trop tard".
Golden Misabiko sait de quoi il parle. L’activiste des droits humains venait de passer, à l’époque, plusieurs semaines de détention dans l’immeuble "GLM" à Kinshasa. Il a eu, en ce lieu, l’occasion de converser avec des "kadogos" ayant fait route d’Uvira à Kinshasa avec un certain "commandant Hyppo", alias "Joseph Kabila".
Le Congo-Kinshasa est dirigé non seulement par un "malade du pouvoir" mais par un "malade" tout court. L’homme a, à maintes reprises, démontrer sa folie furieuse par son grand mépris de la vie et de la dignité de la personne humaine.
Les Congolais doivent se lever, comme un seul homme, pour signifier à l’énergumène, nommé "Joseph Kabila", qu’il doit renoncer à son ambition de tripatouiller la Constitution et la loi électorale pour briguer un troisième mandat. Sinon?...
Le dernier mot revient à un parlementaire de l’opposition joint dimanche soir à Kin : "J’ai du mal à comprendre l’apathie des Congolais à mettre en œuvre l’article 64 de la charte fondamentale pour faire échec à toute dérive dictatoriale.
Les Congolais doivent faire usage de tous les moyens pour faire échec à la dérive dictatoriale qui se passe sous leurs yeux. Une dérive qui menace gravement l’intégrité territoriale du pays, la paix et la sécurité nationale.
Et pourquoi pas, en guise d’ultime solution, lancer une lutte armée contre ce pouvoir illégitime?".
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Baudouin Amba Wetshi
© Congoindépendant
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