vendredi 24 décembre 2010

A la Une : la crise ivoirienne et notamment la marche prévue par le camp Gbagbo

Charles Blé Goudé a évoqué cette marche tout à l’heure sur notre antenne. Les propos du ministre de la Jeunesse et de l’Emploi de Laurent Gbagbo sont également rapportés parL'Intelligent, à Abidjan: « Allez fêter Noël et le mercredi 29 Décembre, on va en finir avec cette histoire ». 29 décembre, date donc, d'un grand rassemblement des partisans de Laurent Gbagbo, place de la République, censé mettre un terme à la crise ivoirienne selon Charles Blé Goudé. Objectif: demander le départ des forces étrangères.
Le camp Ouattara « envisage-t-il de perturber la marche des patriotes ? » s'interroge le quotidien abidjanais. Oui, si l'ont en croit les propos des jeunes du Rhdp, rapportés par Le Nouveau Réveil. « S'il marche le 29 décembre, tous les jeunes du Rhdp doivent se retrouver aussi dans la rue », assure l'un d'entre eux. Après la tentative de prise de la télévision d'Etat, cette marche parallèle serait « un autre pari risqué », juge L'Intelligent.

Fonctionnaires : les salaires payés par le Mali ?

« Le Mali (…) vole au secours de Gbagbo », titre Le Nouveau Réveil. C'est  grâce à un « coup de pouce » d'Amadou Toumani Touré que les fonctionnaires ont finalement pu être payés hier, assure le journal ivoirien. Il croit savoir que « démarché par Gbagbo, [le chef d'Etat malien] a accepté » de « faire alimenter » les deux banques qui hébergent les comptes des salariés du secteur public. « Y a-t-il un deal entre Gbagbo et ATT ? » s'interroge alors Le Nouveau Réveil.Pourquoi cet officier-général de l'armée malienne, qui a donné une leçon de démocratie à toute l'Afrique, choisit-il de ramer à contre-courant de la communauté internationale ? »
La presse pro-Gbagbo préfère évoquer un complot des banques françaises. Pour le journal Le Temps, les deux banques « ont préféré baisser leurs rideaux métalliques. Boycottant ainsi la décision gouvernementale alors qu’un jour avant, les services du ministère (...)  avaient fait acheminer les états aux différentes banques (...) afin d’alimenter les différents comptes des fonctionnaires ». Dans L'Intelligent, Charles Blé Goudé revient sur cet épisode. Pour lui, la faute revient à certaines filiales des banques françaises qui, je cite, « refusent de payer le salaire des Ivoiriens ». « Après Noël, chacun va résilier son compte dans les banques françaises », affirme le leader des Jeunes patriotes. Cet appel au boycott est relayé dans le journal Le Temps, pour qui ces banques ont choisi de « jouer le jeu de l'Elysée ».

Un conflit qui divise la communauté internationale

Dans les deux camps, celui d'Alassane Ouattara et celui de Laurent Gbagbo, « chacun compte précieusement ses partisans et adversaires dans une guerre médiatique sans précédent », jugeSoir Info. « Mais, si l’unanimité se dégage au sein de la communauté internationale pour le soutien au camp Ouattara, note le quotidien d'Abidjan, le mur commence à se lézarder depuis que la France a tenté un passage en force, avec l’ultimatum d’une semaine du président français à Laurent Gbagbo afin qu’il quitte le pouvoir ». « Certains pays prônent de plus en plus l'usage de la force » et pour Soir Info, cela ne fait pas l'unanimité. Résultat, assure le quotidien, « la France comme les Etats-Unis ont décidé d’opérer en arrière plan sous le couvert officiel des pays africains ». L'idée est de « leur faire porter la responsabilité du recours à la force dont les conséquences imprévisibles et certainement désastreuses sont à craindre ».

De quelles armes disposent la Cédéao ?

Tous les regards se tournent donc vers la Cédéao, la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, qui se réunit aujourd'hui à Abuja, au Nigeria.Cette Cédéao, « poussée dans le dos, selon Soir Infopour [franchir] le rubicond que les Etats occidentaux ne veulent pas officiellement franchir ». Elle se réunit en sommet extraordinaire aujourd'hui. Le mot d'ordre des chefs d'Etat, rappelle L'Observateur au Burkina: « Examiner les derniers développements en Côte d’Ivoire et voir comment ils peuvent y apporter une réponse collective ». « Quelle sera l'arme secrète de la Cédéao ? » titre Le Pays, au Burkina. « C’est le deuxième sommet en moins de dix jours. Preuve que le régime ivoirien est vraiment devenu dérangeant pour tous », croit savoir le journal. La Cédéao a déjà suspendu la Côte d'Ivoire de toutes ses instances. « A l’issue du sommet d’aujourd’hui (...), Frappera-t-elle encore plus fort ? » s'interroge L'Observateur. « On n’écarte pas la possibilité d’une force d’interposition (...), et peut-être que l’ECOMOG, créée en 1990 (...) pour (...) contrôler le cessez-le-feu dans la guerre civile au Liberia, reprendra du service. » Cette éventualité inquiète, à Abidjan. Soir Info rapporte les propos de Stéphane Kipré, le premier responsable de l'Union des nouvelles générations. Pour lui cette opération serait « périlleuse », pour la Côte d'Ivoire, mais pas seulement. «Toucher à Gbagbo, c’est embraser la sous-région », juge-t-il. « La force, on le sait, est bien inopérante et pourrait braquer davantage Gbagbo, juge pour sa part L'Observateur au Burkina. L’organisation (...) gagnerait (...) à taper là où ça peut faire le plus mal : [c'est à dire] au portefeuille ».

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