mardi 21 décembre 2010

Les Dictateurs africains tirent déjà les leçons de la crise ivoirienne et prennent des dispositions pour ne pas subirent à l’avenir les mêmes pressions que Gbagbo


Si tous les pays africains pouvaient avoir des élections aussi transparentes que celles tenues en Côte d’Ivoire pour le compte des Présidentielles, nous aurions fait des progrès énormes dans le cadre de la consolidation des processus électoraux en Afrique. Malgré la capitalisation des ressources humaines compétentes, des ressources matérielles et financières appropriées à la hauteur de l’enjeu, la finition en queue de poisson de ce processus électoral hors du commun dans l’espace francophone d’Afrique tout comme celle de la RDC interpelle plus d’un sur l’avenir électoral en Afrique.
Du jamais vu dans le concert des nations : une pression endogène et exogène pour réclamer le respect du verdict des urnes.
Si on demandait à Monsieur Laurent Koudou Gbagbo de recommencer à l’occasion d’une prochaine élection, il réfléchira par deux fois avant d’opérer son choix. Gbagbo ne s’attendait pas à une telle mobilisation internationale pour condamner la forfaiture devenue sport favori de tous les dictateurs africains : la banalisation de la vérité des urnes. Ce regard de la Communauté internationale fixée sur la Côte d’Ivoire en cette période électorale, réconforte le camp adverse de Gbagbo qui n’est non plus une pression nationale à négliger. C’est justement à cause de la caution de la communauté internationale et au respect de la vérité des urnes que les stratégies de répressions des contestations nationales sont mesurées et a conduit à une guerre froide où les deux camps particulièrement le camp de Gbagbo ayant actuellement les leviers du pouvoir y compris l’armée hésitent à prendre l’initiative de réprimer le camp adverse comme cela se passe généralement partout en Afrique, surtout au TOGO, depuis plus de 20 ans, où les élections sont fraudées. D’ailleurs depuis ce 16 Décembre, la tournure que prend ce conflit politique commence à amplifier les risques d’affrontements physiques entre les deux camps adverses.
Gbagbo se pose mille et une question et se dit actuellement, qu’est-ce que j’ai fait pour que même la CEDEAO, et l’UNION AFRICAINE soient aussi fermes dans leur condamnation alors que selon les clauses secrètes du syndicat des chefs d’Etat africains, les félicitations pour sa « brillante réélection » devrait affluer de partout l’Afrique. A dire vrai, les Chef d’Etat africains en se cachant derrière les institutions régionales et panafricaines pour condamner publiquement le hold-up électoral, décrochent leur téléphone pour soutenir dans les coulisses leur frère et ami Gbagbo mis en difficulté par la communauté internationale. Actuellement, Gbagbo serait encouragé par ses pairs africains de tenir bon et que finalement l’option de dialogue serait préconisée pour sortir le pays de la crise par la même communauté internationale : c’est la particularité de la Diplomatie africaine.
Les chefs d’Etat africains procèdent ainsi car étant presque tous convaincus que sans le coup de force électoral, ils ne pourront pas s’en sortir et par conséquent, pendant qu’ils condamnent publiquement Gbagbo, ils le réconfortent de tenir bon au risque de créer un précédant qui augurerait les lendemains incertains des autres chefs d’Etat qui se connaissent en la matière. Beaucoup de Chef d’Etat Africains soutiennent que la pression de la communauté internationale serait vive à cause de son soutien financier énorme à ce processus électoral et de ses interêts mafieux en Cote D’Ivoire et opteraient pour l’avenir à la mobilisation des ressources nationales dans le cadre du financement des processus électoraux afin de tordre le coup aux éventuelles pressions futures de la communauté internationale.
L’option du financement des élections futures par des fonds nationaux propres serait désormais le choix de la plupart des chefs d’Etat Africain.
Pendant longtemps et surtout à partir des années 90, les Chefs d’Etats africains et leurs Gouvernements ont toujours affirmé et soutenu l’inexistence des moyens financiers pour organiser des élections en Afrique. Ainsi pour tenir une élection en Afrique, les budgets de nos élections sont généralement pris en charge, environ 80% par l’aide publique au développement.
La crise ivoirienne et la tournure que prennent les pressions de la communauté internationale ont suscité des débats de financement des élections dans les sphères des Etats africains. Ils estiment que pour empêcher la communauté internationale à ce qu’ils qualifient désormais d’« Ingérence dans les affaires internes de leur pays » sans avoir le courage de le déclamer tout haut à l’exception du Président Gambien qui a eu le culot de condamner la pression de la communauté internationale sur Gbagbo, de mobiliser des fonds nationaux pour financer à l’avenir les élections.
Alors on peut véritablement se demander pourquoi pendant longtemps les gouvernements africains ont –ils entretenu l’hypothèse de leur incapacité à prendre en charge les processus électoraux en Afrique. D’où trouveront-ils désormais des fonds nationaux propres pour relever se défi d’organiser des élections qui constituent en réalité des entreprises coûteuses à nos Etats ? Que cachent-ils désormais derrière cette volonté à préserver la souveraineté de leurs Etats et empêcher par conséquent la communauté internationale d’avoir un regard attentif au déroulement des élections en Afrique ?
En effet, la crise ivoirienne conduit irrévocablement le processus démocratique en Afrique à la croisée des chemins. La réussite ou non de la pression internationale déterminera l’avenir démocratique en Afrique en ce sens que la réussite de cette pression signifierait une nouvelle donne dans le concert des nations quant à la validation des processus électoraux. Dans le cas contraire, la toute puissance des cours et conseils constitutionnels qui se placent pour ce qui concerne la gestion des affaires électorales parfois au-dessus de la loi en cautionnant l’arbitraire, entretient et pérennise la culture de la contestation des élections en Afrique.
Et pourtant la contestation des élections est un phénomène récurent et d’actualité en Afrique.
Comment venir à bout de ce défi électoral qu’est la contestation des élections pendant que le Juge Constitutionnel en charge du contentieux électoral est aussi partisan que son refus de dire le droit dans un contexte où les Chefs d’Etats africains jurent désormais mobiliser des fonds propres pour financer les opérations électorales ? Au-delà, c’est la problématique de la crédibilité et de la transparence des élections en Afrique qui revient. En effet, si les gouvernements africains optent pour le financement des élections par des fonds propres ce qui est une bonne chose en réalité, cela ne doit pas cacher une volonté inavouée de rétrécir le champ de transparence des élections. Cette option en étant fondée par l’orgueil national interpelle par la même occasion les acteurs électoraux nationaux à redéfinir le cadre institutionnel des élections et à fixer de nouveau les attributions et les mandats des acteurs nationaux impliqués dans les cycles électoraux dans les pays africains. Il s’agira d’organiser au niveau de chaque pays africain, des assises nationales visant à faire l’état des lieux des processus électoraux, et à définir de nouvelles perspectives devant éviter à l’essentiel la contestation des résultats. Tellement le phénomène est devenu si récurrent qu’aucun pays africain ne saurait être exclu de cette dynamique même si certains parmi eux sont cités comme des exemples à suivre. Il faut absolument recentrer le débat électoral sur la contestation des résultats électoraux et définir par conséquent des stratégies qui permettront à l’avenir de préserver la paix dans les pays africains en offrant aux peuples africains des élections justes et honnêtes. Le débat est ainsi lancé et ce défi est particulièrement adressé aux Organisations sous régionales (CEDEAO, CEMAC, SADEC, LIGUE ARABE etc..) et aux institutions régionales africaines (UNION AFRICAINE) afin d’accompagner les pays africains à relever le défi de la contestation des résultats électoraux en vogue en Afrique et en mode tropical.
Les partenaires traditionnels d’appui à la démocratie en Afrique devraient si les pays africains parvenaient à prendre désormais en charge les opérations électorales, réorienter les fonds d’appui aux processus électoraux à la formation des agents électoraux, puis à la professionnalisation de l’observation nationale des élections.
Il s’agira de contribuer à faire des machines électorales, notamment les commissions électorales, des institutions professionnelles puis non partisanes et à développer des contre poids sociologiques pour le contrôle de la neutralité des acteurs électoraux. La communauté internationale devrait reposer la problématique de la crédibilité et de la transparence des élections au cas où les gouvernements africains venaient à prendre effectivement en charge les coûts des opérations électoraux en Afrique en aidant à développer des stratégies et des mécanismes nationaux devant contribuer à des élections transparentes aux résultats acceptables pour tous.
Cela passe à notre point de vue par le renforcement des capacités institutionnelles et des ressources humaines des acteurs électoraux nationaux. Le programme BRIDGE (« Building Resources in Democracy, Governance and Elections (Création de Ressources dans le domaine de la Démocratie, de la Gouvernance et des Elections). C’est un programme modulaire professionnel avec un accent particulier sur les processus électoraux ») serait l’outil pédagogique à préconiser et à implémenter périodiquement dans tous les pays africains avec des réadaptations aux différentes réalités propres aux Etats africains.
Tout au plus, le cadre institutionnel des élections en Afrique offre des occasions d’expression et de participation citoyennes aux processus électoraux en Afrique que nous devons cultiver davantage et ensuite entretenir périodiquement pour une participation des citoyens à tous les niveaux des étapes techniques des opérations électorales. Cela va s’en dire, qu’en plus de l’éducation, de la sensibilisation, de la dissémination de l’information électorale, l’observation nationale des élections devient en n’en point douter l’un des points cardinaux de la garantie de la transparence des élections en Afrique. Cela passe d’une part par l’observation électorale par les représentants des partis politiques et des candidats indépendants et d’autres parts par la mobilisation et la coordination des réseaux de la société civile nationale indépendamment des pouvoirs publics et des organisations politiques. Il est temps que les Organisations de la société civile nationale s’organisent dans ce sens pour documenter l’observation électorale à tous les niveaux dans le seul but de contribuer à la manifestation de la vérité des urnes en Afrique. Il faut dans le cas du continent africain qu’on en arrive avec l’appui de la technologie à l’observation électorale sur la base des supports mathématiques à la centralisation statistiques et arithmétiques des résultats électoraux à un temps record afin de dissiper les doutes et les suspicions qui entourent les élections en Afrique.
CONCLUSION
L’un des éléments fondateurs de la transparence des élections est la « bonne foi » des acteurs impliqués à commencer par les Etats africains, qui ont la première responsabilité d’offrir des gages nécessaires de transparence des élections en Afrique. En plus, les acteurs électoraux se doivent de rester mobilisés à tous les niveaux pour faire imposer la transparence des élections aux acteurs nationaux. Au-delà de la mobilisation nationale le concours des Nations Unies pour la certification des résultats dans un cadre bien défini et consensuel serait une option à promouvoir afin de contraindre le juge du contentieux électoral à dire le droit et à ne plus l’offrir l’occasion de se placer au-dessus de la loi par le caractère sans appel de ses arrêts et décisions et qui sont malheureusement des décisions arbitraires foulant au pied le droit électoral. La crise politique ivoirienne doit offrir une occasion exceptionnelle d’abord à la communauté internationale à redéfinir un nouvel ordre international en appui à la démocratie en Afrique et dans tous les pays sous développés et aux nationaux à faire le bilan des processus électoraux pour définir de nouvelles perspectives électorales où le défis de la contestation des résultats devrait être pris en charge. Plus jamais, que la crise ivoirienne ne se reproduise plus dans aucun pays africain.
Fait à Lomé, le 19 décembre 2010
JOHNSON Kwassi Assiba Biova
Source: Togocity

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