samedi 4 mai 2013

Dans « L’Ecole trahie », le père Ekwa dresse le bilan sombre de l’éducation nationale

vendredi 3 mai 2013


Aussi longtemps que le secteur de l’éducation nationale continue à dégringoler au rythme du pays, l’ouvrage de Père Ekwa garde encore sa saveur. L’auteur ne s’érige pas en témoin gênant pour le secteur de l’éducation, plutôt, il dénonce la déperdition de l’école.

Aussi longtemps que l’Etat n’apportera pas des reformes pour le développement de l’école, les élèves subiront l’irresponsabilité de leurs tuteurs.

A ce sujet, le Père Ekwa a dressé dernièrement un bilan sombre de l’éducation nationale à travers sa nouvelle publication intitulé « L’école trahie ». « A quoi sert l’école puisque l’Etat, le plus important employeur de la nation, demeure inopérant pour l’utilisation du produit de l’école.

La non-utilisation judicieuse de son produit, le manque d’attention aux soins qu’il faut opérer à la détourner de ses objectifs ne serait-ce pas de la part de ceux qui ont mandat de gérer l’Etat, de gouverner la nation et de la part de nous tous qui avons une certaine responsabilité dans la trahison de l’école ? C’est autour de ce questionnaire que le Père Ekwa de penche dans les grandes lignes de son nouvel ouvrage.

Un bref aperçu du livre

A travers 237 pages, sous le label des Editions Cadicec, l’écrivain dresse un bilan alarmant de la démobilisation de l’école par ceux qui devaient la gérer. Le Père Ekwa démontre dans ces analyses que l’Etat congolais ne semble plus savoir la maison terminée, il décide d’y abriter une usine.

« C’est trop petit, constatera-t –il je ne peux rien faire de ce bâtiment. Démolissez-le ». Face à cette irresponsabilité de l’autorité publique de gérer comme il se doit ce secteur de la vie nationale, Père Ekwa crie à la trahison de l’école.

Toute la société est interpellée quand elle déplore la crise du système éducatif, quand elle s’acharne sur les enseignants, sur les élèves qui arrivent à l’enseignement supérieur sans avoir maîtrisé les mécanismes de la lecture, de l’écriture.

L’ouvrage est charcuté en huit chapitres qui éclairent les lecteurs sur la problématique et les enjeux de l’éducation en République Démocratique du Congo. Les lecteurs peuvent se renseigner du long parcours de l’enseignement en Rd Congo. De l’âge d’or de l’enseignement au Congo à sa dérive.

L’auteur rassure que la bataille pour revaloriser l’enseignement au Congo est possible. Le Congo a su le faire à l’époque précoloniale, à l’époque coloniale et dans l’immédiat après l’indépendance pour son système scolaire. Père Ekwa brosse par des données chiffrées l’âge d’or de l’enseignement à son déclin.

Et dans le même registre, il souligne également des causes de cette dérive. En moins de 20 ans, le Congo alphabétisait 86,4% de ses enfants de 6 à 11 ans, 96,8 % des garçons et 77,1 % des filles.

La scolarisation des enfants de 12 à 17 ans avait fait un bon niveau en avant 22,8%. Les effectifs globaux avaient quant à eux plus que doublé en moins de l5 ans ; 3.500.000 élèves étaient sur les bancs de l’école des 1974, alors que l’auteur du livre termina son mandat de coordinateur du Bureau National de l’Enseignement Catholique (Bec).

C’est donc l’âge d’or de l’enseignement au Congo de la période après l’indépendance où tous les partenaires ont conjugué leurs efforts pour la formation de la jeunesse congolaise pour un pays à unifier par l’école.

Et peu après survient le déclin en 1975, le pouvoir en place avait étatisé le système scolaire avec sa remorque de malheurs, les taux bruts de scolarisation ont progressivement baissé. Ils ne sont plus que de 59 à 60 % à l’heure actuelle.

Les causes sont à tirer dans la part allouée à l’éducation dans le budget de l’Etat. Elle connaît une régression considérable de 30 % en 1960 ; 19% en 1970 ; 16,8 en 1983 ; 0,5% en 1994 et 0,8 % en 1996 atteignant à peine 1% du PIB.

Raison pour laquelle actuellement les poids financiers reposent sur les étroites épaules des parents puisque l’Etat a démissionné de ses responsabilités. Et de fil en aiguille, la qualité de l’enseignement s’est détériorée.

Attention, cet ouvrage se situe dans le temps de son édition. Il ne fait pas allusion à certaines reformes apportées ces dernières années dans le secteur de l’éducation en RD Congo.

Saint Hervé M’Buy
Père Ekwa Martin, « l’école trahie », Editions Cadicec, 2004, p. 237

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