dimanche 30 janvier 2011

Quelle pensée spirituelle nous faut-il pour réaliser notre rêve africain ?

Par  Le Potentiel
Ce texte fait suite à un autre extrait qui a été publié dans l’édition de vendredi 28 septembre 2011. 

Chez le Luba, comme d’ailleurs dans d’autres coins de l’actuel territoire compris dans la RDC ; ces qualités, nullement considérées comme innées mais que tout le monde peut acquérir en s’y exerçant, sont également quatre, à savoir : - Maîtriser son raisonnement, - Avoir la ténacité, la persévérance, la perspicacité, - Etre une personne d’action, - Etre une personne de solidarité responsable.
L’énumération de ces qualités revient à dire que le premier effort à faire ou à fournir par les membres de la population locale elle-même, à commencer par les leaders, effort requis pour la solution des problèmes de sortie et d’entrée, consiste à se maîtriser eux-mêmes au dedans d’eux-mêmes, à maîtriser leur tradition jusque dans ses défauts ; à parvenir à bien penser de soi-même et des autres à ne conserver dans son esprit aucune amertume ou tristesse ; à avoir un esprit suffisamment détaché et l’intellect suffisamment libre ; à vivre sereinement dans la vision de ses ancêtres ; à librement échanger et partager avec qui elle veut et qui veut, à compter sur elle-même, sur ses paysans, sur sa fraction urbanisée, sur sa jeunesse et sur ses cadres Marcus Carvey dit la même chose quelque part :
« Si vous n’avez pas confiance en vous-mêmes, vous perdez deux fois la course de la vie. Si vous avez confiance en vous-mêmes, vous avez gagné avant même le départ ».
L’approche envisagée, à cet effet par ainsi de la culture locale et de son système de connaissances, de l’histoire et de l’expérience de la population locale. L’apport extérieur sera, dans ces conditions, apprécié selon la maxime de chez nous qui dit ‘ici en Kikongo) : - Wa longua ngangu : si tu veux acquérir de (nouvelles) connaissances - Wanuka ye ngangu : aies déjà des connaissances.
Il s’agit d’une approche inverse de celle jusqu’ici prônée par les cadres modernes. Ces derniers viennent d’échouer dans leur gestion de la société parce que, justement, leur présence au pouvoir a consisté à importer les manières de penser, de faire et de vivre des autres, à reproduire la colonie, c’est-à-dire, à exclure la population locale et son potentielle de la gestion et du développement du pays, et à piller le pays.
Pour résoudre maintenant les problèmes politiques, économiques, sociaux et techniques, il nous semble que cinq types d’action distincts mais synchronisables s’imposent à l’évidence comme programmes de base, fondement, point de départ du développement du pays structurés autour de l’idée de partage qui est l’idée de base de la philosophie africaine, les cinq programmes peuvent certainement garantir à chacun et à tous un minimum de conditions de vie, sans discrimination, et ce dans les secteurs-clés de la vie, à savoir, la santé, le savoir, l’économie, le pouvoir et la culture ce sont des programmes destinés à permettre à chacun et à tous de poursuivre l’effort de maintien et de promotion de la vie, conformément à l’ontologie africaine.
En fait, nous reprenons ici le programme traditionnel de support de la vie et du mieux-être, mais actualisé ou rapporté et articulé aux conditions de vie d’aujourd’hui.
Partage de la santé
La proposition de partage de la santé envisage de reconnaître comme jadis aux temps de nos ancêtres, le droit à la santé de chaque membre de la société. La santé, la bonne santé étant un droit primaire, élémentaire, de base ; une condition des conditions que la société se doit de respecter, un droit pour lequel elle doit entreprendre des démarches nécessaires suffisantes ; un droit avec une préoccupation incessante pour l’assurer à tous et à chacun des concitoyens.
Bien plus, on doit voir la santé non seulement comme un droit mais aussi comme un investissement un pays ne peut se développer économiquement si ses habitants sont en mauvais état de santé. Il ne s’agit donc nullement d’une question de charité ni d’une idée utopique impossible à réaliser à cause de son coût élevé soit-il en termes politiques c’est une question capitale qui est à la base même de la démocratie, c’est-à-dire, d’un régime dans lequel le pouvoir est d’abord dans la santé de chacun.
Dans un pays où la population n’a pas accès aux soins de santé, ou dont seuls les riches peuvent se faire soigner en allant en Europe, ou en Afrique du Sud, est un pays d’inégalité dans la distribution du pouvoir, puisque la santé est un pouvoir donc ce pays-là ment, trompe l’opinion Publique, Démocratie, multipartisme, élections libres ne veulent rien dire.
Même le respect des droits de la personne : ces mots ne sont que des slogans creux s’il n’ya pas la santé. Avec la santé on a la vie, premier pouvoir, pouvoir source des autres pouvoirs ; et avec la vie on peut avoir le reste.
Signalons enfin que la thérapie traditionnelle répond encore aujourd’hui aux besoins sanitaires de plus de 80% de la population africaine sinon plus. La conclusion s’impose donc : il faut revaloriser cette médecine et en faire la matrice de l’éducation de base en matière des soins de santé. Cela ne veut pas dire de mettre la médecine moderne dans la poubelle, mais de l’appliquer aux soins de santé là où elle est disponible et applicable. En ce sens, il ne sert à rien d’inventer absolument d’autres méthodes ou d’autres plans en matière de santé pour l’amélioration des conditions de santé de la population, au cas où il existe dans le pays des méthodes ou des plans fort intéressants qu’il faudrait simplement mettre en œuvre (voir le plan actuel de l’OMS).
Partage de la connaissance
L’acquisition des connaissances par la formation initiatique devrait se poursuivre dans les villages et être étendue dans les villes, à côté de la formation moderne. Celles-ci s’appliquerait à faire connaître les symboles, signes et codes pour la connaissance du monde d’aujourd’hui, monde qui n’est pas maîtrisé par la population de chez nous justement parce que celle-ci n’a pas la connaissance de ces symboles, signes et codes, ne sait pas lire ou déchiffrer. Cette situation fait de notre population une population analphabète.
Le programme proposé est donc double : d’une part reprendre le chemin de la connaissance de nos sources spirituelles, autant que, d’autre part, pouvoir évoluer aisément dans le nouveau monde où notre population vit depuis. Alors que pour le premier axe. Il s’agit simplement de remettre sur les rails l’institution initiatique de jadis en l’améliorant par de meilleures conditions de prise en charge, pour permettre à la population de se ressourcer continuellement dans ses traditions, il est question dans le deuxième axe d’instituer un partage des connaissances modernes par l’alphabétisation, la scolarisation et la formation rurale.
Alphabétisation
Un pays d’analphabètes comme c’est le cas du Congo ne peut aller loin dans le développement de surcroit, les quelques rares personnes lettrées qui y vivent ne peuvent que très difficilement se comporter honnêtement envers leurs compatriotes illettrés. Ces derniers, simplement parce que ne sachant ni lire ni écrire, finalement comparables à des aveugles, sont constamment voués à se laisser tromper et manipuler l’accès à la lecture et à l’écriture grâce à l’alphabétisation est au contraire une source importante de pouvoir pour la personne. La société a donc le devoir de l’assurer à ses membres. Et les dirigeants des sociétés dont les membres ne sont pas alphabétisés devraient avoir honte de leur mandat ; ils ne devraient pas s’appeler dirigeants ; et surtout pas « guides » ; car ne sachant ni lire ni écrire, leurs semblables à des perdus dans la forêt ; pendant qu’on cherche village. Le travail de s’occuper des humains consiste à veiller sur leur vie et s’accomplit à l’endroit d’une population intelligente, qui comprend, donc qui a un pouvoir non seulement il s’agit ici aussi d’un problème de droits de la personne, il s’agit également d’un grand investissement aussi bien pour la personne qui y accède que pour sa communauté. Ne dit-on pas que l’avenir appartient aux nations qui tireront le meilleur parti de l’intelligence de chacun de leur population ? Une vaste, dure et longue campagne d’alphabétisation systématique est possible. Il faudrait, pour ce faire, créer un service communautaire d’alphabétisation dans chaque région. Ce service utiliserait les ressources humaines et culturelles de la région.
Scolarisation
Sans doute, l’un de ces programmes fruits de fortes critiques admettra que la scolarisation des jeunes doit être l’une des priorités dans les prochaines années, en vue de permettre à chaque membre de la société d’accès à l’information, à l’instruction et à l’éducation selon la capacité de chacun dans le sens même de l’initiation africaine : hier comme aujourd’hui, la mission dévolue à l’initiation est de former le caractère et la volonté ; d’informer sur le cœur, le monde, l’organisation et l’origine de la société ; d’introduire les jeunes à la culture africaine ; de leur donner des recettes pratiques en rapport avec les possibilités du marché de l’emploi d’aujourd’hui, car nous voulons créer une société de bien-être et non seulement de consommation.
Une gamme de métiers, aussi bien au niveau secondaire qu’à celui de l’enseignement supérieur et universitaire, peut ainsi être mise en place, courant à la fois des tâches de gestion, d’entretien, de correction et de service, en même temps que des tâches visant à réfléchir, inventer ou réinventer et que exigent beaucoup d’esprit de créativité et d’entreprise, d’initiative et de risque, de sacrifice et d’endurance. C’est dans ce sens que l’école est à se définir comme une stratégie pour le développement, pour la promotion des ressources humaines. Ici faudrait créer un service communautaire de formation, chargé spécialement de cette question dans chaque région du pays avec une éducation gratuite pour tous.
Formation des paysans
Parmi ses tâches il devra être en mesure de susciter chez les paysans l’effort incessant d’auto-éducation, d’auto-animation, d’autosensibilisation qui permet à des sujets humains se rendre conscients de leurs valeurs de vie et aussi de rester réceptifs aux changements qu’ils ont opérer pour s’adapter aux exigences de la vie de leur temps, pour accepter et savoir utiliser les nouvelles connaissances scientifiques, techniques et pratiques dont ils ont besoin. Amener les paysans et leurs organisations à développer entre eux une solidarité capable de se prendre en main dans la solution des problèmes qui se posent à eux et qu’ils doivent résoudre en mettant en pratique tous les mécanismes et techniques clés à l’encadrement des paysans.
Partage des biens
Ce programme vise à fonder une économie articulée à la tradition tout en conservant les éléments essentiels de l’économie de marché, en vue d’une économie de liberté d’initiative, de solidarité entre partenaires, de partage des services et biens et d’appui de l’Etat. Et pour réaliser cet idéal de partage nous avons besoin « d’une Afrique et une pensée nouvelle » où l’amour altruiste doit être notre outil principal pour refaire notre continent, Kä Mana estime que l’enjeu c’est la construction d’un modèle de pouvoir ésotérique qui rendait ces africains libres comme dans l’Egypte de Pharaon avec Osiris comme guide spirituel. Une philosophie qui s’harmonisera avec les autres philosophies du monde contemporain comme la christologie ou autre.
Il pense aussi que c’est grâce à la connaissance ésotérique que l’on acquiert par le haut savoir initiatique, on devient un homme d’intelligence responsable du destin de sa communauté, c’est-à-dire, de la qualité des liens que cette communauté devra entretenir avec sa propre humanité, le monde entier dans ce sens, doit fournir un effort exceptionnel de vulgariser la métaphysique à la portée de tous.
Célébration de trop d’accessoires
Notre système traditionnel ou coutumier est en perte de vitesse partout au Congo car il ne sait plus répondre à la réalité actuelle : dans un pays où on célèbre trop d’accessoires, on vit trop dans les intérêts immédiats. Dans un pays, ajoute Mgr Monsengwo, où nous voyons à la radio et à la Télévision des danses Ndombolo à longueur de journée comme si le pays était dans un état d’euphorie, un Etat pacifique ; dans un pays où les gens vivent de rien mais emportés, par contre, par la spoliation, l’inflation spirituelle, la corruption et l’impunité à outrance. Une société largement structurée autour des plaisirs du corps ne fonctionne pas au même niveau qu’une société fondée autour des plaisirs de l’âme. Tôt ou tard, celui qui vit rencontre le mystère de cette étonnante contradiction : la vie ne cesse de multiplier ses formes et de les diversifier ; l’âme humaine, au contraire, cherche à refaire son unité. Le mental, le garde-fou, doit être préparé à intégrer ce que nous n’avons même pas osé imaginer auparavant, sinon, la folie est possible. Par conséquent, il faut donc une préparation pour aborder certains niveaux de compréhension.
C’est pour cela que l’initiation existe et c’est pour la même raison qu’elle a été répartie en différentes étapes. L’initiation qui va permettre la conversation des mentalités via l’encadrement de l’enfant congolais, des responsables politiques avec un cœur généré par la grâce comme par ailleurs le vrai destin d’un leader qui, après sa mort, devient le symbole d’inspiration de tout un peuple.
Nous devons nous souvenir de notre passé douloureux caractérisé par notre inconscience et irresponsabilité pour en tirer la leçon de l’histoire car si réellement nous aimons notre pays, nous ne seront pas là où nous sommes maintenant comme disait Dr. Spencer Lewis que « l’’homme est la plus glorieuse création de Dieu et sa faiblesse mêmement en relief la grande divine ».

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