dimanche 6 février 2011

CÔTE D'IVOIRE • L'aveu d'impuissance de l'Union africaine


Lors du sommet d'Addis Abeba le 29 janvier, l'organisation continentale a officiellement réitéré son soutien au président élu, Alassane Ouattara. Toutefois, les dissensions qui sont apparues font le jeu de Laurent Gbagbo.
31.01.2011 | La rédaction | L'Observateur Paalga
De gauche à droite : le chef de l'UA, Jean Ping, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, et le président nigerian Goodluck Jonathan, le 29 janvier 2011 à Addis Abeba.
De gauche à droite : le chef de l'UA, Jean Ping, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, et le président nigerian Goodluck Jonathan, le 29 janvier 2011 à Addis Abeba.
Rarement sommet africain aura suscité autant de frénésie et fait l'objet de tant de préoccupations. Ce XVIe sommet de l'Union africaine (UA) intervient dans un contexte de crises diverses et difficiles à l'échelle du continent. Le Maghreb s'embrase et, par endroits, flambe, Madagascar piétine, le Zimbabwe de Mugabe n'est pas au mieux, la bande sahélo-saharienne est devenue une zone de haute insécurité. Mais toutes ces crises peuvent sembler des broutilles en comparaison avec l'imbroglio ivoirien qui, de plus en plus prend l'allure d'un bourbier dont le plus, inquiétant est que personne ne semble vraiment pouvoir trouver la solution qui fasse consensus et permette de mettre fin enfin à cette cacophonie politique qui focalise depuis si longtemps tous les regards et toutes les attentions.
La décision de l'UA de commettre un panel de cinq Chefs d'Etat à la résolution de l'équation ivoirienne laisse quelque part perplexe. On a comme une fâcheuse impression que personne ne veut (ne peut ?) courageusement prendre la décision qui s'impose quant à la résolution de cette crise qui, de jour en jour, ne fait que s'enliser. Car, enfin, on peut légitimement se demander quelle solution extraordinaire ledit panel, miraculeusement, saura trouver, là où d'autres médiateurs ont lamentablement échoué. ce panel, de quelles chances dispose-t-il en réalité ? Puisqu'il dispose d'un mois pour livrer ses conclusions, que fait-on entre-temps ? Et dans l'intervalle, que fait-on de l'enlisement du problème ivoirien ?
Alors, faute de décision courageuse, on se la passe à la ronde, comme une véritable patate chaude. A tel point qu'il n'est pas saugrenu de se demander déjà quel comité sera celui de la nouvelle « dernière chance », s'il s'avérait que l'actuel panel devait, lui aussi et à son tour, piteusement échouer. On a quelque part l'impression que toutes ces pérégrinations diplomatiques à l'infini procèdent d'un aveu d'impuissance tout bête, mais qui refuse de dire son nom.
A la vérité, et en toute objectivité, on s'y attendait quelque peu. Ils sont très peu nombreux, les Chefs d'Etat membres de l'UA qui peuvent se targuer de droiture politique au point de se sentir en mesure de taper du poing sur la table et d'imposer une conduite à tenir pour la résolution de l'imbroglio ivoirien.
Plus que jamais, il faut alors le reconnaître, la question ivoirienne se révèle difficile et le nœud gordien, impossible à trancher. Gbagbo, en fin stratège, et à l'instar du joueur d'échec chevronné, l'avait sans doute prévu. Il peut à loisir se vanter d'avoir vu juste. L'équation qu'il a posée à l'ensemble du continent africain s'est révélée un véritable casse-tête chinois. Jusqu'à présent, même illégitime, il réussit l'exploit de diriger une partie de la Côte d'Ivoire et ne voit pas à ce jour qui le délogera de son moelleux palais présidentiel, ni comment. La chose n'honore pas l'Afrique ? Et Alors ? Le continent est désormais coutumier de moult turpitudes du genre. Et c'est bien là le véritable problème, dans toute sa laideur. Et à la vérité c'est triste. Triste à en pleurer.

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