samedi 21 mai 2011

Les détectives privés fouillent le passé de la femme de chambre

Anciens procureurs, ex-enquêteurs, retraités du FBI, ils vont tenter de dénicher des informations pouvant discréditer la femme de 32 ans originaire de Guinée qui accuse Strauss-Kahn.
Une feuille est apposée sur la porte d'entrée du domicile de la femme de chambre du Sofitel, le 17
Une feuille est apposée sur la porte d'entrée du domicile de la femme de chambre du Sofitel, le 17 mai dans le quartier du Bronx à New York (© AFP photo AFP) 

Des détectives privés chevronnés au service de Dominique Strauss-Kahn ont commencé à enquêter sur la vie de la femme de chambre qui l'accuse de crimes sexuels dans l'espoir de discréditer son témoignage et ainsi innocenter l'ex-patron du FMI.
Celui-ci a engagé l'avocat, très médiatisé, des stars américaines, Benjamin Brafman. Mais l'embauche de détectives privés - des anciens procureurs, d'ex-enquêteurs et des retraités du FBI - est passée relativement inaperçue.
Selon le New York Times, la société Guidepost Solutions, qui offre des services de sécurité et de renseignement, travaille pour le compte de Me Brafman. Un avocat travaillant pour Strauss-Kahn a refusé de commenter cette information, mais selon des spécialistes en la matière, l'embauche de détectives privés est courante pour des clients fortunés.
Ces détectives ont pour mission de trouver les failles dans la version des faits avancée par le procureur. Ils vont devoir dénicher des informations pouvant discréditer la femme chambre de 32 ans originaire de Guinée qui accuse Strauss-Kahn d'agression sexuelle et de tentative de viol le 14 mai au Sofitel de Manhattan.
Les détectives vont tenter «d'en savoir plus sur la plaignante. Qui est-elle? Personne ne le sait à ce stade», explique Todd Henry, d'un cabinet d'avocats qui travaille avec des enquêteurs privés. «Ils vont probablement essayer de découvrir quels jours et à quelles heures elle travaillait, savoir s'ils (M. Strauss-Kahn et la jeune femme) ont eu des contacts par le passé, sexuels ou non» afin de prouver éventuellement qu'ils se connaissaient au moins un peu, décrypte-t-il.

«Ils ratissent partout où ils peuvent»

Les détectives de DSK vont aussi tenter de savoir si la jeune femme a déjà été arrêtée, si elle consomme de la drogue, si elle boit beaucoup, des éléments «qui pourraient miner sa crédibilité», ajoute Todd Henry.
Selon Frank Bress, professeur de Droit à la New York Law School, les détectives de Strauss-Kahn pourraient même aller en Guinée, pays d'origine de la jeune femme. «Ils voudront en savoir le plus possible sur son profil. Vous ne savez jamais ce que vous pouvez trouver, souligne-t-il. Si vous avez les ressources, et il (Strauss-Kahn) les a, alors ces détectives ratissent partout où ils peuvent.»
Mais Benjamin Brafman sera limité par les lois new-yorkaises qui protègent les victimes présumées de viols. Par exemple, il ne sera pas autorisé à parler des relations sexuelles que la jeune femme a pu avoir par le passé. Mais ses enquêteurs peuvent lui fournir des munitions pendant un procès et même avant, s'il tente par exemple de négocier une peine.
L'avocat pourrait tenter de convaincre le procureur d'abandonner les accusations si des informations très compromettantes sont débusquées. Si les détectives de DSK établissent que la victime présumée a déjà menacé de faire chanter des hommes pour leur extorquer de l'argent, «cela pourrait clore» l'affaire, estime Beau Dietl, un enquêteur respecté de New York.
L'équipe de DSK pourrait aussi recourir à des médecins légistes pour étudier toutes les données disponibles comme des échantillons de sang, de salive, éventuellement de sperme, ou des traces de blessures. «Il est rare que des clients aient les meilleurs détectives et experts au monde à leur service», remarque Matthew Galluzzo, un ex-procureur devenu avocat.
Mais le pire scénario pour l'équipe de défense serait de découvrir que la victime présumée est telle que son avocat la présente: une jeune immigrante, humble, qui travaille honnêtement pour se faire sa place au soleil en Amérique. «Elle pourrait tout à fait être normale. Il n'y a peut-être rien à trouver sur elle», souligne Todd Henry.
(Source AFP)

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