jeudi 4 août 2011

Electricité en RDC : Les réalités des communes de la capitale Kinshasa

03/08/2011
Kinshasa la nuit

Si l’obscurité était une pathologie, on l’aurait baptisée : « La maladie endémique de la capitale congolaise ». Que dire d’autre quand il se remarque que malgré toutes les promesses faites – aussi bien par le ministre de l’Energie que par les responsables de la Société nationale d’électricité (SNEL) – la quasi-totalité des communes de Kinshasa baigne dans le noir.

Devant cet échec cuisant, certains de nos responsables auraient dû – au nom de l’honneur et de la dignité – rendre le tablier comme on le fait sous d’autres cieux. De l’avis de l’opinion, le DG de la SNEL et tous les responsables de cette entreprise feraient mieux de démissionner. Car, incapables de répondre aux attentes du peuple.
KALAMU

De l’avenue Mpozo à Oshwe, dans le quartier Matonge 1, commune de Kalamu, les habitants ont marre de la fourniture du courant de la SNEL. Ce quartier bénéficie rarement du courant qui peut servir aux abonnés.

Ce qui oblige les habitants à s’accommoder des habitudes qui peuvent s’avérer dangereuses, telles l’utilisation de bougies pour éclairer les pièces de la maison et la cuisson des mets avec des braises dans la maison.

« Sur ces avenues, il y a beaucoup plus de coupures du courant. Parfois, on est servi mais avec un courant de si faible intensité qu’il ne peut servir ni chauffer la plaque de réchaud, ni à allumer un poste de téléviseur », témoigne M. François, habitant de ce quartier, désabusé. Et d’ajouter : « A quoi peut servir dès lors un tel courant ? »

Pour sa part, un autre habitant a indiqué que « le drame dans cette situation, c’est le fait que nous continuons malgré tout à payer les factures pour un courant qui n’en est réellement pas un ».
QUARTIER YOLO SUD

Le quartier Yolo Sud, dans la commune de Kalamu, vit dans l’instabilité de l’électricité. Ses habitants s’en plaignent tous les jours. A en croire quelques habitants interrogés, ce coin de la capitale souffre beaucoup de problèmes dus notamment au manque de câbles électriques. Pour eux, la SNEL ne s’en occupe pas. Ce sont les habitants du quartier qui se cotisent lorsqu’il s’agit de rétablir la fourniture d’électricité, en cas de panne d’électricité. On exige 1.000 francs congolais, soit un dollar US par parcelle pour un câble d’un mètre qui coûte 10 dollars américains. Et le montant varie selon la longueur du câble détérioré à remplacer.

Après l’achat du câble, on dépêche un agent de la SNEL pour le dépannage, a indiqué Thierry Mbuta, habitant Yolo Sud.

Selon Fortunat Bonginda, du même quartier, le problème de transformateur en panne est de la compétence de la SNEL. Les abonnés font une demande à la SNEL pour le dépannage ou pour le placement d’un nouveau transformateur.

Nous avons deux sortes de courant : aérien et souterrain. Les poteaux en bois sont pour le courant aérien. Ils sont placés par les agents de la SNEL mais aussi par le public, après avoir formule la demande à la SNEL. « Ces poteaux électriques constituent un danger, soit qu’ils sont en mauvais bois, soit qu’on a mal placé le fil qui peut se détacher et causer un court-circuit », témoigne Dayve Ibula.
LEMBA

La population du quartier Salongo, commune de Lemba, témoigne comment elle s’organise pour régler ses problèmes en rapport avec l’électricité, sans passer directement par la Société nationale de l’électricité qui constitue, pour elle, une longue démarche en cas d’une panne de câble.

Pour l’achat de câbles, l’on passe d’une parcelle à une autre pour solliciter une cotisation par personne qui revient au minimum à 1.000 Fc (un dollar). Le volume de l’enveloppe dépend du nombre de maisons par avenue bénéficiaire du câble électrique ligne du câble hors d’usage.

Avant de les acheter, la population fait appel à un agent de la SNEL pour faire le constat. Un mètre d’un câble coûte 4.000 Francs congolais au marché de Matete ou ils achètent auprès des agents de la Snel qu’ils enlèvent par-ci par-là. L’argent cotisé ne servira pas seulement à l’achat du câble mais aussi à motiver les agents SNEL, après le dépannage.

Autre problème relevé par les habitants du quartier Salongo : les coupures intempestives du courant électrique dues à la vétusté du réseau de distribution SNEL. Pour remédier à la situation, ces habitants se cotisent en faisant du porte-à-porte sans fixer un montant précis, au cas où un câble est hors d’usage.
BARUMBU

Dans la commune de Barumbu, l’électricité pose problème. Les avenues Bokasa et Kasaï sont continuellement confrontées à l’instabilité du courant électrique. A la base, avons-nous appris, un problème de disjoncteur qui ne répond plus.

Les inciviques profitent de cette situation pour commettre des forfaits. On signale beaucoup de cas de vol des téléphones portables, des bijoux et de l’argent dont sont victimes les passants. Sans oublier des cas de meurtre. Dans les quartiers Bas-Congo, Kabambare et Kalembe-lembe, signale-t-on, le courant électrique est instable. Les habitants de ces quartiers sont toujours dans le noir.
KINSHASA

Dans la commune de Kinshasa, il y a quelques quartiers qui sont dans le noir depuis belle lurette, notamment les quartiers : Pende, Boyoma, Djalo et Funa 1. Les quartiers Boyoma et Pende totalisent déjà quatre mois sans électricité. Selon un habitant de ce quartier, cette obscurité est causée par manquement de câbles électriques. Un autre cas dans le quartier Djalo, les abonnés alignent sept mois sans bénéficier des bienfaits du courant électrique, sous prétexte de manquement de disjoncteur. Quelques habitants de ce quartier ont dit qu’ils ont mené des démarches à cet effet, sans résultat.

Il convient de rappeler que pendant la pluie ou après, on court le risque de s’engager sur les rues et avenues des communes Kinshasa et Barumbu. Les câbles électriques étant pour la plupart des cas dénudés et à même le sol, il y a risque évident d’électrocution.
KASA-VUBU

Il y a environ une semaine, tous les quartiers de la commune de Kasa-Vubu, sont plongés dans l’obscurité la plus totale. Selon les agents de la Société nationale d’électricité, la commune de Kasa-Vubu compte dix-neuf cabines « Moyenne et Basse tensions ». Ils ont estimé que le manque d’électricité est dû à plusieurs perturbations sur le réseau électrique. Premièrement, à l’avarie des câbles « Moyenne tension » qui alimentent plusieurs cabines, aux surcharges qui entraînent les délestages enregistrés sur le réseau « Basse tension » qui alimentent plusieurs abonnés.

Pour pallier cette insuffisante, les agents de la SNEL suggèrent que les abonnés payent leurs factures pour permettre à la SNEL de répondre à leurs besoins. Sur le plan technique, ont-ils indiqué, il faut qu’il y ait un assainissement total du réseau SNEL. Cela avec l’acquisition de nouveaux transformateurs, la construction des cabines, la création de nouveaux départs « Basse tension ».
NGIRI-NGIRI

Une grande partie de la commune de Ngiri-Ngiri vit dans le noir depuis deux mois. Les habitants de l’avenue Kenge et celle de Bondo n’ont jamais été satisfaits de la qualité de service qu’offre la Société nationale d’électricité. Ils sont confrontés à l’insécurité et au vol de biens, œuvre des inciviques.

Selon les témoins, le transformateur de la station de Shaba avait connu une panne. La SNEL avait placé un nouveau transformateur, après deux mois de vie dans l’obscurité. Mais, constate-t-on, la situation est loin de s’améliorer. Les habitants sont toujours confrontés au problème d’électricité. Le courant n’est lancé qu’à 20 h pour être coupé à 6 h du matin.
NGALIEMA
La population du quartier Ngomba-Kinkusa et Nsanga-Mamba, dans la commune de Ngaliema, vit un sérieux problème d’approvisionnement en électricité. Les habitants de Ngomba-Kinkusa ont exprimé leur mécontentement à ce sujet.

Mme Elysée Kiumbu, 29 ans, célibataire, couturière, souhaite que la Société nationale d’électricité renouvelle ses câbles électriques dans toutes les communes de Kinshasa. A l’UPN, la SNEL avait timidement débuté l’opération de changer les câbles qui ont vieilli mais sans succès. « Les délestages et la baisse de tension persiste encore », a-t-elle affirmé.

« Pour mon boulot, il me faut un élévateur à cause de la baisse d’intensité électrique », a déclaré cette jeune couturière. Abordant le même sujet, Florence Sukami, ménagère, demande à la SNEL de prendre ses responsabilités dans la mesure où, selon elle, les agents de cette société collaborent avec les inciviques dans les vols des câbles la nuit. Elle renchérit en disant qu’à l’UPN un seul câble de « Basse tension » supporte deux à trois avenues. « Sous le règne Mobutu, nous ne connaissions pas le mot délestage. A présent, on le conjugue au quotidien. Nous n’utilisons plus le fer à repasser ou les appareils électroménagers suite au manque de courant», a-t-elle poursuivi. Au marché de l’UPN, nous avons constaté l’arrêt de moulin à manioc, pas de musique dans les terrasses, c’est le silence plat pendant la journée comme la nuit. On peut entendre les bruits des groupes électrogènes alimentant les boutiques, magasins et quelques maisons d’habitation. Voilà l’image que représente le quartier UPN.

Interrogé, un responsable de la SNEL qui traîne derrière lui huit ans de carrière et qui a requis l’anonymat, a recensé les causes majeures qui plongent la capitale dans le noir.

Pour lui, la première cause est le transport du courant électrique d’Inga vers Kinshasa et Zongo vers Kinshasa. Ce transport pose problème dans la mesure où ces lignes sont saturées par la surcharge due à une forte densité de la population dans la capitale de la RDC, a-t-il expliqué. La deuxième est liée à la demande sans cesse à la hausse durant la décennie. A une certaine époque, certains quartiers de Ngaliema étaient inhabités. « Ces quartiers sont actuellement surpeuplés, ce qui entraîne la surcharge des câbles électriques qui finissent par brûler et aussi le 500 mégawatts que fournit Inga deviennent insignifiant », a-t-il expliqué.

La SNEL a instauré le délestage par le fait que les câbles n’arrivent plus à supporter la charge et on doit les laisser au repos pendant un temps pour éviter d’endommager de la ligne Inga-Kinshasa.

La présence à Kinshasa des postes de transformations du courant électrique qui proviennent de Zongo et Inga. Il se fait qu’une fois ces postes tombés en panne, ce sont plusieurs communes qui sont dans le noir, a-t-il renchéri.

La quatrième cause est dû aux pannes matérielles (disjoncteur, réglette, jeu de barre, etc.) que contient la cabine prennent beaucoup d’heures voire des jours pour la réparation. La cinquième cause, a-t-il ajouté, c’est le bricolage des inciviques qui ont acquis la confiance de la population, n’ayant aucune qualification en la matière d’électricité. Ces gens détruisent le réseau et les matériels de la SNEL et créent ainsi des pannes ; situation qui laisse la population dans le noir, s’est-il indigné. La SNEL ne dispose pas de réseaux appropriés dans les quartiers nouvellement créés alors la population utilise le fil électrique 1/2 pour se connecter au réseau électrique de la SNEL, d’où les incendies qu’on déplore sans cesse.

A Zongo, sur cinq turbines, deux seulement fonctionnent. Pour l’UPN, ce cadre a expliqué que l’absence du courant est dû aux vols de câbles qui a atteint un record de plus de 90% et souhaite que la population travaille en collaboration avec les agents de la SNEL pour dénoncer les inciviques. Il émet le vœu de voir la SNEL créer de nouveaux réseaux et une nouvelle ligne du site d’Inga vers Kinshasa, et enfin de remplacer le réseau de distribution mis en place par la colonisation.

Stella Ngoma, Nicole Mansanga, Fabrice Pukuta, Dièse Mangaya, Stella Mulamba, Sarah Dunga, Mireille Mpoyi, Sandra Sifa, Agathe Sikisi, Lysa Osenge Paso (Stagiaires Ifasic) Marché des câbles électriques dans la ville de Kinshasa.

Au moment où la SNEL est incapable de répondre aux besoins de ses abonnés en câbles électriques, un marché de ces câbles fleurit à travers la ville. Sur ce marché, il n’est pas rare qu’on retrouve quelques mètres de câble qu’on aurait déterrés quelque part. La plupart des cas de vol câbles dans les quartiers sont opérés par les agents de la SNEL et en complicité avec les hommes en uniforme. Un autre fait notable à relever ici est que lorsqu’il y a avarie de câble dans le quartier, cela est à la charge de la population doit se cotiser pour son remplacement. Une enquête menée sur le marché de câbles électriques en dit long.
Vente de câbles voles : le marche Bayaka pointe du doigt

Les câbles électriques de la Société nationale d’électricité (SNEL) sont souvent volés dans les quartiers de Kinshasa. Fait qui vient aggraver une situation déjà préoccupante dans laquelle se trouvent nombreuses communes de la capitale confrontées au problème de délestage et de coupures intempestives d’électricité.

Le marché Bayaka, situé dans la commune de Ngiri-Ngiri à Kinshasa, a souvent été pointé du doigt dans la vente de câbles de seconde main dont la provenance demeure inconnue.

Selon un vendeur de câbles qui a requis l’anonymat, « plusieurs câbles vendus sur ce marché proviendraient des agents de la SNEL. D’autres, par contre, proviennent de la Chine, de Dubaï, de Congo-Brazzaville, de l’Angola ou encore d’autres pays de l’Europe ».

« Acheté à 5 dollars américains le mètre, un câble de type armé 4x16 est revendu à 12 dollars Us », a-t-il ajouté. D’autres câbles sont vendus selon leur qualité et grandeur. Un câble 4x120 est vendu à 80 dollars Us, celui de 4x95 à 50 dollars Us. D’autres dimensions, telle 4x35 se vend à 20 dollars Us.

Interrogé, un autre vendeur de câbles a, pour sa part, rejeté le vol attribué aux câbles électriques vendus dans les marchés de Kinshasa.
Au marche Tomba : des câbles de seconde main

Le marché Tomba à Matete est l’un des plus fréquentés de la ville de Kinshasa où sont vendus les câbles électriques. Vendeurs depuis 1977 dans ce marché, M. Ibrahim et « Fils » ont révélé au journal Le Potentiel que les câbles électriques qui y vont vendus proviennent de deux sources, notamment de l’importation. Dubaï et Chine sont notamment les pays de provenance de ces câbles. « Les câbles sont de deux sortes : souterrains et aériens », ont-ils ajouté, précisant que la population s’intéresse beaucoup plus aux câbles souterrains, dont le mètre coûte 3 dollars américains. Celui de 4x4 à 5 dollars Us et celui encore de 4x16 à 13 dollars Us. Parlant sous le couvert de l’anonymat, un père de famille a indiqué que la SNEL n’accorde pas beaucoup d’importance pour que la population bénéficie de l’électricité.

[Le Potentiel]
Published By www.KongoTimes.info - © KongoTimes! - All Rights Reserved.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire