samedi 27 août 2011

Un attentat suicide contre l'ONU à Abuja a fait au moins dix-huit morts

Des policiers et des secouristes inspectent le bâtiment de l'ONU frappé par un attentat le 26 août 2011 à Abuja AFP Henry Chukwuedo Un attentat  suicide qui a éventré le siège des Nations unies à Abuja a fait au moins dix-huit morts vendredi, selon la police, l'une des pires attaques de ce type menées contre l'ONU.
L'attaque a été revendiquée dans la soirée par un homme affirmant parler au nom de la secte islamiste nigériane Boko Haram.

L'explosion, selon des témoins et la police, a eu lieu après qu'une voiture eut forcé son passage à travers le dispositif de sécurité et percuté l'entrée de l'immeuble, dont la façade a été soufflée.

Le responsable de la police à Abuja, Mike Zuokumor, a indiqué que dix-huit personnes au moins avaient été tuées. "Pour l'instant, nous avons 18 morts et 8 blessés", a-t-il déclaré dans l'après-midi.

"Le kamikaze est mort sur le coup", a-t-il ajouté.

Une radio nigériane a rapporté qu'au moins 60 personnes avaient été admises à l'hôpital national d'Abuja.
"Je n'ai jamais rien vu de tel depuis 25 ans que que suis médecin", a déclaré un docteur sur place, jugeant la situation "accablante".

Des proches de victimes étaient à l'hôpital. Une mère dont la fille a été blessée a refusé de parler aux journalistes. "Nous devrions nous joindre à ses prières pour que sa fille survive à l'attaque", a dit une femme qui tentait de la consoler.

Un homme affirmant être un porte-parole de la secte islamiste nigériane Boko Haram, responsable de nombreuses attaques mortelles, essentiellement dans le nord du pays, a revendiqué l'attentat.
"Nous avons lancé l'attaque avec une précision absolue (...) Nous avons dit à plusieurs reprises que l'ONU est l'une de nos principales cibles", a déclaré cet individu disant s'appeler Abu Darda.
Ses propos ne pouvaient être vérifiés de source indépendante.

Il a averti que "d'autres attaques vont avoir lieu", en langue haoussa.

Les experts ont estimé récemment qu'une série d'indices faisaient craindre l'existence de liens entre Boko Haram et des groupes extérieurs, notamment la branche maghrébine d'Al-Qaïda, AQMI.

Boko Haram avait notamment revendiqué un attentat à la bombe en juin contre le QG de la police à Abuja, ayant fait deux morts.

De nombreux Nigérians et expatriés travaillaient au siège de l'ONU abritant plusieurs agences dont l'Unicef, le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Une Norvégienne de 30 ans compte parmi les morts, a indiqué le gouvernement norvégien.

Des blessés ont été évacués, à l'aide de grues et d'échelles, du bâtiment dont la façade en partie écroulée dévoilait l'intérieur des bureaux et un amas de câbles et barres métalliques.
A la tombée de la nuit, les secouristes ont interrompu leurs opérations, estimant avoir vidé l'immeuble des personnes qui y étaient restés enfermées des heures après l'attentat, a indiqué Vincent Owan, un responsable de l'agence nigériane de secours.

L'ONU a été frappée ces dernières années par plusieurs attaques sanglantes à travers le monde et celle de vendredi vient s'inscrire parmi les pires.

A New York, le secrétaire général de l'organisation Ban Ki-moon a condamné cet attentat "abominable", déclarant s'attendre à des pertes "considérables".

"C'est une agression contre ceux qui ont mis leur vie au service des autres. Nous condamnons vigoureusement cet acte abominable", a-t-il dit à des journalistes.

Du personnel de 26 agences de l'ONU se trouvait sur place lors de l'explosion, selon M. Ban.

Le président américain Barack Obama a "fermement" condamné l'attentat "horrible et lâche" et estimé que s'en prendre aux personnels de l'ONU illustre la "faillite de l'idéologie qui a conduit à cet acte de haine".

L'Union européenne, Londres, Paris et Alger ont également condamné l'attaque, tout comme le président nigérian Goodluck Jonathan qui a assuré que tous les efforts seraient déployés pour "traduire les auteurs devant la justice".

Interpol a proposé de déployer une équipe spécialisée dans l'identification de victimes.
Un agent de sécurité présent au moment de l'attentat a expliqué qu'"un homme au volant d'une Honda a forcé son passage à travers les barrières et a percuté le bâtiment. Une bombe a alors explosé".

"J'étais au rez-de-chaussée quand j'ai entendu une forte explosion", a raconté Ado Kbwala, un employé du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).
"J'ai couru me mettre à l'abri mais je n'ai toujours pas vu ma soeur qui travaille aussi pour le PNUD", a-t-il dit, devant le bâtiment.

Le siège de l'ONU est situé dans le quartier diplomatique d'Abuja, non loin de l'ambassade des Etat-Unis.
La sécurité y est en temps normal élevée. Les véhicules n'appartenant pas à l'ONU n'étaient généralement pas autorisés à s'approcher de l'entrée et le bâtiment lui-même est en retrait, à une centaine de mètres de la route.

Un porte-parole onusien à New York a indiqué que le kamikaze était parvenu à passer deux postes de sécurité, se demandant comment cela avait été possible. Il a ajouté que le responsable de la sécurité de l'ONU avait été dépêché à Abuja pour enquêter.

La secte Boko Haram a multiplié depuis un an les attaques meurtrières, essentiellement dans le nord du pays.
Elle veut instaurer un Etat islamique au Nigeria, nation la plus peuplée d'Afrique dont les 150 millions d'habitants vivent pour moitié dans le nord majoritairement musulman et pour moitié dans le sud à dominante chrétienne.

En 2003, le QG onusien à Bagdad avait été soufflé par un kamikaze. 22 personnes avaient été tuées dont l'envoyé spécial de l'ONU Sergio Vieira de Mello. En 2007 à Alger, 18 employés onusiens mouraient dans l'explosion d'une voiture piégée devant les immeubles du HCR et du PNUD.

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