Y a-t-il un risque d’embrasement ?
Pour l’instant, le bain de sang a été évité. Kinshasa, la capitale, a été placée sous surveillance militaire, et les rassemblements sont vite découragés par les hommes en armes qui quadrillent la ville. Les autorités ont même obtenu des opérateurs téléphoniques la suspension des sms. Dans plusieurs autres villes, notamment à Lubumbashi (sud-est), Goma ou Bukavu (est), des marches pacifiques de protestation à l’appel de Tshisekedi ont été violemment dispersées. A Mbuji-Mayi, dans le Kasaï-Oriental (centre), fief de l’opposition, 150 personnes ont été arrêtées. Tout le monde attend avec appréhension l’annonce, aujourd’hui, des résultats définitifs par la Cour suprême.
Qui conteste la régularité du scrutin ?
Tout le monde. Même Kabila a fini par reconnaître des «erreurs». La commission électorale a promis qu’elle allait poursuivre ses propres agents qui auraient couvert des irrégularités. Des aveux d’échec qui s’ajoutent aux critiques du Centre Carter, de l’Union européenne et de Washington, qui ont dénoncé les fraudes. Sans pour autant indiquer clairement si elles sont de nature à remettre réellement en cause la victoire de Joseph Kabila. En imposant un scrutin à un seul tour, ce dernier avait de toute façon un avantage sur l’opposition, qui n’a pas su s’unir pour ne présenter qu’un seul candidat lors des élections du 28 novembre.
Quelle est la stratégie de l’opposition ?
Une fois de plus, elle est désunie. Etienne Tshisekedi, qui maintient être le vainqueur, semble prêt pour l’affrontement. Le vieil opposant, qui avait déjà combattu le maréchal Mobutu, sait qu’il joue, à 78 ans, sa dernière bataille. Il a annoncé qu’il prêterait lui aussi serment. Arrivé troisième selon les résultats officiels, Vital Kamerhe est le seul opposant à avoir introduit une requête en invalidation auprès de la Cour suprême. Mais jeudi, la première séance s’est déroulée de manière houleuse et a tourné court. Enfin, trois autres opposants, dont l’actuel président du Sénat, Kengo Wa Dondo, ont pour leur part demandé la formation d’un gouvernement de transition pour organiser un nouveau scrutin. Pendant ce temps, le camp de Kabila joue la montre, en attendant une éventuelle explosion.
Source : Liberation.fr
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