Pour la grande majorité des Congolais de la diaspora et ceux restés au pays, une «victoire» du président sortant «Joseph Kabila» sera tout simplement «imbuvable».
La Commission électorale nationale indépendante entend tordre le cou aux "rumeurs" en circulation sur le "Net". Des activistes de la communauté congolaise de Belgique ont organisé vers la fin de l’après-midi de vendredi 2 décembre une «caravane motorisée» sur quelques artères de Bruxelles.
But : célébrer la «victoire» d’Etienne Tshisekedi wa Mulumba à l’élection présidentielle du 28 novembre. Au début de la soirée, on apprenait la décision de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) d’amorcer la publication des «résultats partiels» de l’élection présidentielle. Jeudi 1er décembre, le secrétaire général de l’UDPS a revendiqué la victoire de Tshisekedi. Le même jeudi, le secrétaire général du parti présidentiel PPRD qualifiait de «fantaisistes» les «projections en circulation».
Ambiance.
Des coups de klaxons saccadés ont fait sortir, vendredi, les commerçants du quartier Matonge de leurs magasins et boutiques. «Tshisekedi président !», «Tshisekedi président!» scandaient des jeunes congolais juchés sur une dizaine de voitures. «Nous célébrons déjà la victoire du candidat n°11 à l’élection présidentielle, dit un manifestant. Le secrétaire général de l’UDPS a annoncé l’avance et la victoire d’Etienne Tshisekedi».
A 17 heures, la nouvelle est tombée. Dans une déclaration faite à l’AFP, Mathieu Mpita, le rapporteur de la Ceni, a annoncé que la Commission va débuter, dès ce vendredi 2 décembre, la publication des «résultats partiels» de l’élection présidentielle du 28 novembre. Selon le calendrier électoral, les résultats provisoires étaient attendus le 6 décembre.
Pourquoi maintenant? Selon Mpita, le but est de «couper court aux rumeurs qui circulent sur l’Internet». Des rumeurs qui, selon lui, sont «propagées par des personnes non autorisées». «Nous n’allons pas donner un résultat global, mais par provinces. On y va progressivement», a-t-il ajouté.
La Ceni a décidé enfin d’exercer le ministère de la parole au moment où elle fait face à une grave crise de confiance. Une crise de confiance entre elle des citoyens échaudés non seulement par la proximité existant entre le président de cette institution et le président sortant mais sutout par le "chaos quasi-organisé" ayant caractérisé l’organisation matérielle des consultations politiques du 28 novembre.
«Il faut espérer que la Ceni ne nous fera pas le même coup que la Cei d’Apollinaire Malu Malu lors de l’élection présidentielle de 2006, commente à chaud un analyste. Les premiers résultats partiels étaient favorables à Jean-Pierre Bemba. Deux ou trois jours après, Joseph Kabila a pris de l’avance grâce au «réservoir des voix» venues de l’Est...». Au centre de compilation de la Fikin, les observateurs ont relevé des bulletins de vote jetés à même le sol.
Des observateurs européens parlent des «irrégularités graves» qui ont été constatées. C’est le cas notamment des bulletins de vote pré-marqués et l’absence de secret de vote. Les mêmes observateurs ont émis des réserves sur l’indépendance de la Cour suprême de justice. Celle-ci doit statuer sur les contentieux électoraux. Dix-huit nouveaux magistrats viennent d’y être nommés par le président sortant.
L’annonce précipitée faite ce vendredi par la Ceni confirme bien qu’il y a péril en la demeure. Le camp kabiliste et les forces de l’opposition pro-Tshisekedi sont sur pied de guerre. Qui dégainera le premier?
Chaque camp antagoniste a apparemment le doigt sur la gachette. Au cours d’un point de presse qu’il a animé jeudi 1er décembre à Kinshasa, le secrétaire général de l’UDPS, Jacquemain Shabani Lukoo, a annoncé la «victoire» d’Etienne Tshisekedi wa Mulumba. Selon lui, l’écart entre celui-ci et le président sortant serait impossible à rattraper. Et ce, «en dépit de la fraude».
Taquin, Shabani d’ajouter que «forte de cette victoire», l’UDPS se concentre désormais sur «la passation du pouvoir». Au nom de son parti, Shabani a lancé une «mise en garde» au « pouvoir sortant» « contre toutes les manœuvres et tentatives en cours visant à frustrer l’expression populaire et à détourner la victoire du peuple congolais à des fins inavouées en préparant un coup de force par une répression sanglante à grande échelle».
Le même jeudi, le secrétaire général du PPRD, Evariste Boshab, a fait une «déclaration politique» au cours de laquelle il a qualifié de «fantaisistes» les «projections» qui circulent sur l’élection présidentielle et les législatives. Il a invité les membres du parti présidentiel à «demeurer confiants en leur candidat n°3 (…)», en l’occurrence «Joseph Kabila». Boshab de conclure : «Que l’on ne se leurre point, ceux qui ont passé tout leur temps, non pas à préparer les élections, mais plutôt la contestation, ne renonceront pas à leur logique. Ils plantent déjà le décor de faire couler au peuple eau et sang.».
En tous cas pour la grande majorité des Congolais de la diaspora et ceux restés au pays, une «victoire» du président sortant «Joseph Kabila» sera tout simplement «imbuvable». «Ce serait la confirmation que notre pays est occupé par la maffia internationale qu’il faudra combattre par tous les moyens…», martèle un activiste politique.
Baudouin Amba Wetshi
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