Mercredi, 23 Mai 2012
Y a-t-il eu des avancées significatives à l’issue de la Grande Commission Mixte Rwanda-RDC tenue du 18 au 19 mai ?
Oui, répondent en chœur les membres de la délégation congolaise conduite par Raymond TSHIBANDA, ministre des Affaires Etrangères, Coopération Internationale et Francophonie qui, comme Ulysse, croit avoir fait un bon voyage au pays des Mille Collines.
En citant avec fierté un paragraphe du communiqué final de ces travaux qui se sont déroulés dans la capitale rwandaise :
« le gouvernement du Rwanda continuera à appuyer les efforts de la RDC visant à restaurer et maintenir la paix et la sécurité à l’Est de la RDC ».
Souveraineté de la RDC bafouée
Quant aux observateurs attitrés de la scène politique de la région des Grands Lacs, ils pensent que la souveraineté de la RDC a été vendue à vil prix.
Tout d’abord, soulignent-ils, le communiqué final utilise un terme générique pour faire mention des «mutins» du M23 en les traitant d’«éléments opportunistes et la propagande négative».
Ce, alors que plus de deux millions des Congolais sont des déplacés internes. Les viols massifs ne se comptent plus. Les tueries, les massacres, les destructions méchantes ont forcé des centaines de milliers de Congolais à fuir vers l’Ouganda et le Rwanda à cause de ces « mutins » du M23.
Dont les revendications sont à première vue indéfendables. Notamment en se présentant comme les seuls à pouvoir protéger les populations tutsi et la réclamation de voir les FARDC reconnaitre leurs grades.
Des individus à la nationalité douteuse à l’instar de leur véritable chef Bosco NTAGANDA, qui n’ont jamais mis leurs pieds dans une académie militaire et dont bon nombre n’ont jamais terminé l’école primaire.
Outre le fait que cette réunion semble banaliser les crimes perpétrés par ces « mutins » du M23, l’on se demande si les membres de la délégation congolaise qui ont engagé le pouvoir en place ont eu le temps de lire correctement certains passages révélateurs.
Notamment celui qui stipule que : « les ministres de la défense ont convenu d’étendre le mandat de la Commission conjointe des renseignements à la vérification conjointe de la situation sécuritaire le long des frontières ainsi qu’à l’intérieur de chaque pays ».
Une façon de préparer la reprise des opérations militaires conjointes de triste mémoire et qui n’ont rien arrangé car les FDLR sont devenus plus virulents et d’une sauvagerie sans commune mesure à l’endroit des populations congolaises non armées.
Ce, alors que les autorités rwandaises ne cessent de crier sur toutes les tribunes internationales que leur pays est devenu un havre de paix et de sécurité.
Y a-t-il souveraineté lorsque des éléments d’une armée d’un pays étranger peuvent venir à tout moment opérer sur une portion du territoire d’un autre Etat ?
Y a-t-il souveraineté lorsque des officiers des services de renseignements d’un pays voisin peuvent venir à tout moment inspecter une portion du territoire d’un autre Etat ?
Voilà les non dits de ce communiqué final conjoint qui va lier pour longtemps la RDC.
Nouveau piège de Kigali
Trois jours avant cette session ordinaire de la grande commission mixte, Kigali, comme d’habitude, avait pris à témoins les Congolais en déclarant tout haut l’objectif principal de cette rencontre des dupes.
Cette réunion n’aura comme ordre du jour un seul point, à savoir la question des FDLR. De même, les ministres rwandais de la Défense et des Affaires Etrangères avaient déjà fait comprendre aux Congolais que la solution militaire ne pouvait pas régler le problème des « mutins » du M23.
Kigali avait même offert ses bons offices pour faire la médiation entre le gouvernement de la RDC et ces « mutins » qui ne sont qu’une nouvelle tentacule de la fameuse pieuvre de ce prétexte fallacieux et sempiternel des FDLR.
Au moment où Kinshasa subit les évènements, Kigali les précède et communique avant, pendant et après les multiples rencontres que le gouvernement de la RDC s’efforce toujours de tenir secrètes.
Ainsi donc, à lire le communiqué conjoint rendu public, les deux délégations n’ont examiné que ce seul point à l’ordre du jour et pas un mot sur « les mutins » du M23.
Une victoire de la diplomatie rwandaise qui vient de prendre encore une fois les Congolais à témoins en leur faisant comprendre que tout ce qu’elle a déjà fait, qu’elle fait et fera demain, c’est en plein accord avec les autorités congolaises.
Prétexte sécuritaire sempiternel
La question des FDLR est au cœur de tout ce qui se passe en RDC depuis bientôt 20 ans. Elle a justifié l’agression du pays lors de la guerre dite des «Banyamulenge» pour recouvrer leur nationalité et qui a vu un officier général rwandais placé sur le siège du chef d’Etat Major Général de l’armée congolaise.
Elle a justifié l’occupation des territoires des provinces du Kivu, d’une partie de la Province Orientale et du Kasaï pendant cinq ans par des troupes régulières rwandaises aux côtés de celles du Rassemblement Congolais pour la Démocratie, toujours pour traquer ces éléments des FDLR.
Elle a justifié les fameuses opérations militaires conjointes rwando-congolaises de 2008-2009 et qui se sont soldées par le limogeage de Vital KAMERHE, coupable d’un crime de lèse-majesté pour avoir dénoncé la violation de l’intégrité et de la souveraineté du pays.
Que va-t-elle encore justifier ? Probablement la balkanisation du pays selon le schéma Sud-soudanais.
Kinshasa se met la corde au cou
Curieusement, en souscrivant aux prescrits de ce communiqué final, la RDC endosse la responsabilité de la traque de ces FDLR, alors que toutes ces opérations militaires conjointes ou non n’ont pas abouti à leur anéantissement total.
Dès lors que Kinshasa a accepté le principe de la traque, il devient comptable de tout ce qui adviendra. Il va donc être obligé d’affecter des ressources financières, humaines, matérielles, militaires, scientifiques à ces opérations et cela, au détriment des multiples chantiers de la reconstruction du pays.
De même, si hier, lors des opérations militaires conjointes, l’entrée des troupes régulières rwandaises était ponctuelle et limitée dans le temps, avec ce communiqué final des travaux de Kigali, la durée devient indéterminée.
C’est Kigali qui va désormais en fixer le temps et l’espace au gré de ses humeurs, intérêts visibles et invisibles.
L'Avenir
Y a-t-il eu des avancées significatives à l’issue de la Grande Commission Mixte Rwanda-RDC tenue du 18 au 19 mai ?
Oui, répondent en chœur les membres de la délégation congolaise conduite par Raymond TSHIBANDA, ministre des Affaires Etrangères, Coopération Internationale et Francophonie qui, comme Ulysse, croit avoir fait un bon voyage au pays des Mille Collines.
En citant avec fierté un paragraphe du communiqué final de ces travaux qui se sont déroulés dans la capitale rwandaise :
« le gouvernement du Rwanda continuera à appuyer les efforts de la RDC visant à restaurer et maintenir la paix et la sécurité à l’Est de la RDC ».
Souveraineté de la RDC bafouée
Quant aux observateurs attitrés de la scène politique de la région des Grands Lacs, ils pensent que la souveraineté de la RDC a été vendue à vil prix.
Tout d’abord, soulignent-ils, le communiqué final utilise un terme générique pour faire mention des «mutins» du M23 en les traitant d’«éléments opportunistes et la propagande négative».
Ce, alors que plus de deux millions des Congolais sont des déplacés internes. Les viols massifs ne se comptent plus. Les tueries, les massacres, les destructions méchantes ont forcé des centaines de milliers de Congolais à fuir vers l’Ouganda et le Rwanda à cause de ces « mutins » du M23.
Dont les revendications sont à première vue indéfendables. Notamment en se présentant comme les seuls à pouvoir protéger les populations tutsi et la réclamation de voir les FARDC reconnaitre leurs grades.
Des individus à la nationalité douteuse à l’instar de leur véritable chef Bosco NTAGANDA, qui n’ont jamais mis leurs pieds dans une académie militaire et dont bon nombre n’ont jamais terminé l’école primaire.
Outre le fait que cette réunion semble banaliser les crimes perpétrés par ces « mutins » du M23, l’on se demande si les membres de la délégation congolaise qui ont engagé le pouvoir en place ont eu le temps de lire correctement certains passages révélateurs.
Notamment celui qui stipule que : « les ministres de la défense ont convenu d’étendre le mandat de la Commission conjointe des renseignements à la vérification conjointe de la situation sécuritaire le long des frontières ainsi qu’à l’intérieur de chaque pays ».
Une façon de préparer la reprise des opérations militaires conjointes de triste mémoire et qui n’ont rien arrangé car les FDLR sont devenus plus virulents et d’une sauvagerie sans commune mesure à l’endroit des populations congolaises non armées.
Ce, alors que les autorités rwandaises ne cessent de crier sur toutes les tribunes internationales que leur pays est devenu un havre de paix et de sécurité.
Y a-t-il souveraineté lorsque des éléments d’une armée d’un pays étranger peuvent venir à tout moment opérer sur une portion du territoire d’un autre Etat ?
Y a-t-il souveraineté lorsque des officiers des services de renseignements d’un pays voisin peuvent venir à tout moment inspecter une portion du territoire d’un autre Etat ?
Voilà les non dits de ce communiqué final conjoint qui va lier pour longtemps la RDC.
Nouveau piège de Kigali
Trois jours avant cette session ordinaire de la grande commission mixte, Kigali, comme d’habitude, avait pris à témoins les Congolais en déclarant tout haut l’objectif principal de cette rencontre des dupes.
Cette réunion n’aura comme ordre du jour un seul point, à savoir la question des FDLR. De même, les ministres rwandais de la Défense et des Affaires Etrangères avaient déjà fait comprendre aux Congolais que la solution militaire ne pouvait pas régler le problème des « mutins » du M23.
Kigali avait même offert ses bons offices pour faire la médiation entre le gouvernement de la RDC et ces « mutins » qui ne sont qu’une nouvelle tentacule de la fameuse pieuvre de ce prétexte fallacieux et sempiternel des FDLR.
Au moment où Kinshasa subit les évènements, Kigali les précède et communique avant, pendant et après les multiples rencontres que le gouvernement de la RDC s’efforce toujours de tenir secrètes.
Ainsi donc, à lire le communiqué conjoint rendu public, les deux délégations n’ont examiné que ce seul point à l’ordre du jour et pas un mot sur « les mutins » du M23.
Une victoire de la diplomatie rwandaise qui vient de prendre encore une fois les Congolais à témoins en leur faisant comprendre que tout ce qu’elle a déjà fait, qu’elle fait et fera demain, c’est en plein accord avec les autorités congolaises.
Prétexte sécuritaire sempiternel
La question des FDLR est au cœur de tout ce qui se passe en RDC depuis bientôt 20 ans. Elle a justifié l’agression du pays lors de la guerre dite des «Banyamulenge» pour recouvrer leur nationalité et qui a vu un officier général rwandais placé sur le siège du chef d’Etat Major Général de l’armée congolaise.
Elle a justifié l’occupation des territoires des provinces du Kivu, d’une partie de la Province Orientale et du Kasaï pendant cinq ans par des troupes régulières rwandaises aux côtés de celles du Rassemblement Congolais pour la Démocratie, toujours pour traquer ces éléments des FDLR.
Elle a justifié les fameuses opérations militaires conjointes rwando-congolaises de 2008-2009 et qui se sont soldées par le limogeage de Vital KAMERHE, coupable d’un crime de lèse-majesté pour avoir dénoncé la violation de l’intégrité et de la souveraineté du pays.
Que va-t-elle encore justifier ? Probablement la balkanisation du pays selon le schéma Sud-soudanais.
Kinshasa se met la corde au cou
Curieusement, en souscrivant aux prescrits de ce communiqué final, la RDC endosse la responsabilité de la traque de ces FDLR, alors que toutes ces opérations militaires conjointes ou non n’ont pas abouti à leur anéantissement total.
Dès lors que Kinshasa a accepté le principe de la traque, il devient comptable de tout ce qui adviendra. Il va donc être obligé d’affecter des ressources financières, humaines, matérielles, militaires, scientifiques à ces opérations et cela, au détriment des multiples chantiers de la reconstruction du pays.
De même, si hier, lors des opérations militaires conjointes, l’entrée des troupes régulières rwandaises était ponctuelle et limitée dans le temps, avec ce communiqué final des travaux de Kigali, la durée devient indéterminée.
C’est Kigali qui va désormais en fixer le temps et l’espace au gré de ses humeurs, intérêts visibles et invisibles.
L'Avenir
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