mardi 24 juillet 2012

Balkanisation du Congo : Richard SEZIBERA déballe paul KAGAME

24/07/2012


Richard SEZIBERA

Ancien envoyé spécial de Paul Kagamé dans les Grands Lacs pendant l’agression rwandaise contre la République Démocratique du Congo en 1998, Richard Sezibera, actuel Secrétaire Général de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC), affirme avoir pris langue avec « certains responsables de l’Est » de la RDC pour une adhésion à cette organisation sous-régionale !

Ajoutée à sa lecture des causes profondes de la crise dans les Kivu, de nouvelles preuves viennent ainsi s’adjoindre aux visées de démembrement du pays de Lumumba que nourrit le régime de Paul Kagame.

Objectif : faire main basse sur les richesses de l’Est du pays. Ses préoccupations communautaires ne sont alors qu’un fallacieux prétexte et un leurre pour détourner l’attention de ses vraies visées de balkanisation de la RD Congo.

Le plan de balkanisation de la République Démocratique du Congo n’est plus une vue d’esprit. Après des dénégations qui ont fusé de par le monde à la suite de la dénonciation, par les Congolais, de ces projets macabres, des preuves se sont accumulés pour les étayer.

Et même des centres d’inspiration et de mise en exécution de ce plan ont commencé à être découverts et dénoncés. Il faut dire que les Congolais auront été, à ce jour, perspicaces et vigilants pour défendre et protéger l’intégrité de leur territoire dans ses frontières héritées de la conférence de Berlin.

Mais les soubresauts qui secouent encore l’Est de la RDC charrient encore cette démarche. Celle-ci cache, derrière elle, des ambitions expansionnistes de son voisin turbulent – le Rwanda – dont les différentes élites sont déployées à tous les niveaux afin de parvenir à ses fins.

On peut ainsi citer le cas de la dernière production médiatique de Richard Sezibera, sujet rwandais et Secrétaire Général de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC). Il en fait état, quoiqu’indirectement, dans une interview sur les progrès de cette communauté postée le 18 juillet sur le site jeuneafrique.com, interview intitulée : « Richard Sezibera : "Pourquoi nous, nous réussissons" »

Les preuves du plan rwandais de balkanisation de la RDC

Répondant à une question de savoir s’il y avait des demandes de nouvelles adhésions des pays de la région comme la RDC, Sezibera affirme ceci : « Certains responsables de l'Est du pays nous ont fait part de leur intérêt, mais il n'y a eu ni candidature officielle ni vraies discussions. »

Et pourtant, l’on sait très bien que les interlocuteurs officiels de toute organisation régionale ou sous-régionale ne peuvent être que les autorités étatiques du Congo au niveau national. Il y a donc lieu de s’inquiéter que l’EAC ait prêté l’oreille à « certains responsables de l’Est » jusqu’au point d’en faire état dans les médias, quoiqu’à travers une interview.

Ce propos est d’autant plus troublant que précédemment, des informations ont fait état de la considération du grand Kivu soit comme un futur Etat à part entière, soit comme faisant partie intégrante du Rwanda. Mais le trouble est d’autant plus grand dans ces propos de Richard Sezibera lorsque l’on considère son analyse sur la situation d’instabilité à l’Est de la RDC.

A la question suivante : « Il y a de nouveaux groupes rebelles, et la RDC accuse le Rwanda d'être derrière l'un d'eux... », Sezibera donne cette réponse : « Les deux pays continuent de débattre. Mais si la communauté internationale ne change pas de méthode en RD Congo, elle ne peut s'attendre à obtenir des résultats différents.

Les problèmes fondamentaux de celle-ci sont connus : questions de gouvernance, relations entre les différents groupes ethniques et présence des FDLR, qui, au-delà de leurs capacités militaires, propagent la haine et les divisions ethniques dans une région déjà fragile. Quand vous ajoutez à cela l'incapacité du gouvernement à gérer équitablement ses ressources, la persistance des difficultés n'est pas si étonnante. »

Pour Sezibera donc, la solution à la crise de l’Est de la RDC se trouve au niveau régional, laissant croire que lorsqu’on implique les Africains pour résoudre les problèmes des Africains les résultats sont bien meilleurs.

Ces propos de Richard Sezibera ne sont pas à prendre à la légère surtout si l’on considère sa lecture des « causes profondes » de la crise à l’Est. Il les situe dans la gouvernance en général et la gestion des ressources naturelles de la RDC, les problèmes ethniques et la présence des FDLR.

Bref, on croit entendre la voix du Rwanda dans cette lecture d’un responsable d’une organisation sous-régionale qui, manifestement, est-là en train d’être instrumentalisée par Kigali. Et pour cause.

Richard Sezibera, le « balkanisateur » de Paul Kagamé

Richard Sezibera n’est pas un personnage comme le commun des Rwandais. Médecins de formation, il est le prototype même de l’élite rwandaise formée dans le moule du Front patriotique rwandais (FPR), comme le décrit si bien Jeune Afrique. Après des études de médecine à Kampala, il s’engage dans ce qui fut alors la rébellion lancée à partir de l'Ouganda contre le régime de Juvénal Habyarimana.

Après la prise de pouvoir par le FPR, on le retrouve officiellement comme médecin personnel du Président Pasteur Bizimungu au moment où Paul Kagame est encore Vice-président de la République, mais en réalité le vrai détenteur du pouvoir.

En 1999, il est ambassadeur du Rwanda aux USA avant de revenir au pays en 2003 pour assumer les fonctions d’envoyer spécial de Paul Kagamé, devenu Président de la République entre-temps, pour la région des Grands Lacs (lisez pour la RDC).

Il occupera ces fonctions jusqu’en 2008 avant de réapparaître sur la scène sous régionale en avril 2011 comme Secrétaire Général de l’EAC. Et ce, après avoir été ministre de la Santé. Il faut souligner que pendant son mandat d’envoyé spécial de Paul Kagamé dans les Grands Lacs, Richard Sezibera faisait partie de l’équipe rwandaise au sein du Mécanisme Conjoint de Vérification entre la RDC et le Rwanda instaurée après l’agression de la RDC en 1998.

C’est donc cet homme qui outrepasse ses fonctions sous-régionales à l’EAC pour parler directement des rêves démesurés du Rwanda sur la RDC. En soutenant la version rwandaise sur les causes de la crise à l’Est de la RDC et en affirmant avoir pris langue avec des « autorités de l’Est » du pays quant à une éventuelle adhésion à l’EAC, Sezibera s’inscrit clairement dans la logique de ceux qui voudraient donc faire du Kivu un Etat à part entière.

Sa tactique consisterait donc à se servir de l’EAC pour assouvir ces visées avant que Kigali ne fasse définitivement main basse sur cette partie du pays qui, une fois, démembrée, passera sous la botte de Paul Kagamé.

Ntumba Luaba, sa neutralité trahit la subjectivité suspecte de Sezibera

Et au-delà du souci de l’homme fort de Kigali de trouver des espaces pour ses proches en attisant la haine et la séparation tribale dans la région des Grands Lacs, l’objectif ultime n’est certainement pas cette préoccupation faussement noble. Il s’agit clairement de s’aménager des espaces pour l’exploitation éhontée des ressources minières de la RDC.

On ne peut, en effet, tirer d’autre conclusion de la démarche de Richard Sezibera dont le parcours politiques donne des indications claires sur ce que peut être le fond de sa pensée. On a vu récemment le professeur Ntumba Luaba, Secrétaire Général de la CEPGL, tenir un discours totalement équilibré face à la recherche des solutions au nouveau conflit qui oppose la RDC au Rwanda.

Sujet congolais, il aurait pu également se laisser aller à ses sentiments personnels, mais Ntumba Luaba a eu un sens élevé de responsabilité pour ne pas jeter de l’huile sur le feu.

En choisissant de prendre ouvertement position dans une question où il se trouve en situation de subjectivité, Richard Sezibera a, en réalité, exprimé le fond de sa pensée qui rejoint, en fait, les visées profondes du Rwanda de Kagamé sur la RDC.

La communauté internationale devrait donc se saisir de ce nouveau cas pour le verser dans le panier de toutes les preuves qui accablent Kigali afin de lui réserver la sanction qui lui convient.

Jonas Eugène KOTA
© KongoTimes

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire