vendredi 14 décembre 2012

Les musiciens Congolais chantent contre la guerre dans l’est

Prise de conscience collective ou opération séduction des musiciens Congolais? Ils chantent tous pour dénoncer la guerre dans l’est de la République démocratique du Congo.

Patriotisme musical collectif des artistes pour exprimer leur solidarité aux souffrances des populations de l’est de la RD Congo.

A l’étranger, ces musiciens sont accusés par d’autres Congolais d’être des Collabos du régime en place.



Depuis plus deux ans, la plupart d’entre eux, surtout les stars les plus en vue (Papa Wemba, Koffi Olomide, JB Mpiana, Werrason, etc.) sont interdits de concerts dans les grandes capitales européennes et américaines.

Décision des Combattants, mouvement des Congolais proche de l’opposition, pour sanctionner les choix politiques des musiciens lors des dernières élections de novembre 2011 en faveur en faveur du candidat au pouvoir.

Pour les Combattants ce qui arrive en RD Congo est à mettre sur le dos des mauvais choix des acteurs politiques.

Et lors des dernières élections congolaises, la plupart des musiciens avaient choisi de composer des chansons pour vanter les mérites de Joseph Kabila, président réélu, selon les résultats publiés par la Commission électorale nationale indépendante.

Mais, depuis presque un mois, ces musiciens Congolais chantent maintenant pour dénoncer l’insécurité, les viols et la guerre dans l’est de la République démocratique du Congo.

Comme s’ils voulaient redorer leur image. Papa Wemba a déjà composé Mode d’emploi, titre dans lequel il demande le mode d’emploi pour mettre fin à la guerre récurrente et cyclique au Congo. Des crépitements de balles sont entendus pour renvoyer à la guerre.

Deux autres titres collectifs lui emboîtent le pas. Les jeunes musiciens Congolais vivants en Europe ont composé Congo mon pays, pour se solidariser des populations de l’est du Congo.

A Kinshasa, d’autres musiciens qui étaient dans le viseur des Combattants ont aussi chanté Stop à une guerre injuste au Congo.

Les combattants reprochaient à ces musiciens d’avoir brader leur nationalisme pour quelques billets lors de la campagne présidentielle. Ces chansons patriotiques pour dénoncer la guerre pourront-elles harmoniser les relations entre les Congolais des capitales européennes et américaines avec leurs musiciens qui sont tombés en disgrâce?

La question reste posée. Malgré l’élan patriotique, certaines indiscrétions confient que ces musiciens ont touché quelques billets pour ces chansons. Une solidarité musicale qui se paie bien.

En écoutant ces chansons, l’on a comme l’impression que même ceux qui ont vanté la paix et la stabilité dans les chansons de campagne électorale en faveur de Joseph Kabila, reviennent pour dire le contraire.

C’est comme si cette guerre est en passe de devenir le fond de commerce pour des prochaines compositions musicales. Une chose est sûre, si ces musiciens ne font rien, ils seront critiqués pour leur passivité. S’ils font quelque chose, ils risquent d’être traités d’opportunistes ou de collabos.

Jacques Matand’
SlateAfrique

Susan Rice renonce au département d'état

14 décembre, 2012
 
Susan Rice restera ambassadrice de l'Onu aux Nations unies.

Susan Rice a adressé une correspondance au président américain Barack Obama et dans laquelle elle lui a demandé de ne plus considérer sa candidature pour une nomination au poste de secrétaire d'état.

Depuis plusieurs semaines, Susan Rice faisait l’objet de vives polémiques.

Elle a été accusée par la gauche américaine d'avoir soutenu des despotes africains et de protéger le Rwanda de Paul Kagamé dans ses incursions en RDC en bloquant les sanctions internationales à l’Onu.

Susan Rice était déjà sur la sellette depuis l'affaire de l'attaque contre le consulat des Etats-Unis à Benghazi. Les républicains l’accusaient d’avoir trompé le public américain sur la nature de l’attaque.

C'est désormais le sénateur démocrate John kerry qui est pressenti pour remplacer Hilary Clinton au secrétariat d’état.

Le président Barack Obama, proche de Mme Rice, a dit avoir pris acte de cette décision mais il dénoncé les attaques "injustes" contre celle qui restera,a-t-il précisé, à la tête de la représentation américaine aux Nations unies, un poste qu'elle occupe depuis 2009.

BBC Afrique

Comment les Belges ont fait disparaître Lumumba

Patrice Lumumba à New York en août 1960. Il est assassiné six mois plus tard au Katanga.
AFP

Va-t-on vers un procès des assassins de Patrice Lumumba ? La justice belge se dit compétente pour enquêter sur la mort du père de l’indépendance du Congo Kinshasa.

C’était il y a plus de 50 ans, le 17 janvier 1961. Mais qui peut encore être jugé ? En l’an 2000, le sociologue belge Ludo de Witte a publié chez Karthala L’assassinat de Lumumba.

L’affaire Lumumba sera le thème de notre émission Appels sur l’actualité, présentée par Juan Gomez, lundi 17 décembre 2012, à partir de 9h10 sur l’antenne Afrique et 10h10 sur l’antenne Monde (heures de Paris)

Vous écrivez : « La nuit est froide. Ce 17 janvier 1961 au Katanga, un commissaire de police belge prend Lumumba par le bras et le mène jusque devant un grand arbre. Un peloton d’exécution fort de quatre hommes se tient en attente, alors qu’une vingtaine de soldats, de policiers, d’officiers belges et de ministres katangais regardent en silence. Un capitaine belge donne l’ordre de tirer, et une salve énorme fauche Lumumba ». Ce sont donc des Belges qui ont tué Lumumba ?

De facto, dans l’administration, dans l’armée, dans l’économie katangaise, c’était tous des Belges qui commandaient. Et donc, formellement, il y avait un président, Moïse Tshombe. Et de facto, le commandant en chef de l’armée katangaise était un officier belge, qui pour cela, était formellement mandaté par le gouvernement belge. Et donc, ce sont ces officiers qui commandaient des soldats katangais, qui ont, plusieurs heures, frappé, torturé Lumumba et deux autres dirigeants nationalistes du Congo, et finalement, ils l’ont exécutés.

Et ce sont aussi des Belges qui ont fait disparaître son corps ?

Oui, exact. Il y a deux frères, les deux frères Soete, dont le plus important était un commissaire de police. Vous voyez, ils ont détruit les corps, ils les ont coupés en morceaux et les ont fait disparaître dans un fut rempli d’acide sulfurique.

Alors six mois avant sa mort, le 30 juin 1960, jour de l’indépendance, Patrice Lumumba est Premier ministre. Mais dès le mois de septembre, le chef d’état-major, Joseph Désiré Mobutu prend le pouvoir à Kinshasa et fait arrêter Lumumba. Quand Mobutu décide d’envoyer Lumumba au Katanga, est-ce qu’il sait qu’il l’envoie à la boucherie ?

On le savait très bien, parce que le contexte dans lequel on a pris la décision était un contexte de panique généralisée. Lumumba était enfermé dans une cellule dans la capitale. Mais les partisans de Lumumba étaient en train de reconquérir le pays, les armes à la main, à partir de l’est du Congo. Et même dans la garnison où on avait mis en prison Lumumba, il y avait une mutinerie qui avait éclaté. Et donc, on craignait la libération de Lumumba et son retour au pouvoir à n’importe quel moment.

Les Belges, les Américains et Mobutu savaient très bien qu’un envoi de Lumumba au Katanga signifiait sa mort, parce que les dirigeants au Katanga voulaient en finir avec lui.

Et donc, on ne voulait pas que Lumumba soit assassiné dans la capitale où il était gardé, parce que :

  • un, on craignait fort que l’assassinat, là, allait provoquer une mutinerie généralisée, dans et autour de la capitale, et que ça allait balayer le régime pro-occidental qu’on avait mis en place autour de Mobutu et autour du président Kasa-Vubu.
  • Et la deuxième raison était que le président Kasa-Vubu avait pris partie contre Lumumba et pour l’Occident, et on ne voulait pas que le sang de Lumumba aille tacher les mains de Kasa-Vubu, parce que Kasa-Vubu avait une certaine légitimité démocratique dans les instances internationales, comme les Nations unies. Et donc, c’est pour ça qu’on l’a envoyé au Katanga, sachant qu’il allait être tué là-bas. Et donc, comme ça, ils avaient trouvé un sous-traitant qui faisait le sale boulot.
A l’époque, le Premier ministre belge est Gaston Eyskens. Est-ce qu’il y a un conseil de défense, un conseil secret à Bruxelles, au cours duquel il consulte les autres ministres et donne l’ordre formel d’éliminer Lumumba ?
Non, pas Eyskens, mais le ministre des Affaires africaines de la Belgique. Il faut savoir que les têtes pensantes au Katanga, donc les Belges, ne voulaient pas accepter Lumumba, parce qu’ils savaient qu’ils devaient forcément l’éliminer. Et donc les Belges au Katanga disaient « non, on ne veut pas ». Alors ce qu’on a, c’est un télex du ministre belge des Affaires africaines, qui a ordonné aux Belges et aux Katangais d’accepter Lumumba.
A cette époque, le président des Etats-Unis est le général Eisenhower. Mais John Kennedy vient d’être élu et va prêter serment quelques jours plus tard. Est-ce qu’Eisenhower est au courant ? Est-ce qu’il donne un ordre formel ? Est-ce qu’il en prévient Kennedy ?
Non. Sur toutes les archives qu’on a vues, les Américains avaient, à un certain moment, envoyé un tueur professionnel de la CIA pour éliminer Lumumba. Mais dès que Lumumba a été mis en prison, les Américains ont retiré leur tueur professionnel. Et donc, on sait que la CIA était au courant. Mais dans le transfert et dans les dernières heures où Lumumba était encore vivant sur le sol du Katanga, il n’y avait aucune implication américaine. Tout était entre les mains des Belges.
Aujourd’hui, l’agence Belga de Bruxelles affirme que huit responsables belges de cet assassinat sont encore en vie et pourraient être poursuivis. Est-ce que vous confirmez ?
Oui, c’est exact. Il y a un peu plus d’un an, au moment où on a introduit la plainte, il y avait sur la liste, je crois, onze ou douze Belges qu’on a incorporés dans la liste pour être poursuivis pour assassinat de Lumumba. Donc, je crois qu’effectivement, aujourd’hui, il y a encore peut-être huit ou dix qui vivent encore, oui.
On parle d’un homme d’affaires qui était en 1960 un jeune diplomate. On parle aussi d’un ancien conseiller des sécessionistes katangais ?
Oui, oui. Il y a beaucoup de noms qui circulent. Il y a un juge de la paix, ici en Belgique, qui serait aussi sur la liste. Mais moi, je ne peux pas officiellement confirmer qui est sur la liste. C’est quelque chose que je laisse à la famille et aux avocats.
________________________
Source : RFI

RDC : la rébellion du M23 en embuscade aux portes de Goma

11/12/2012  Par Jeune Afrque


Un soldat du M23, près de Goma. © AFP

L'issue des discussions engagées à Kampala entre les rebelles du Mouvement du 23-Mars et les autorités de la République démocratique du Congo (RDC) s'annonce incertaine. Contrairement à ses engagements, sur le terrain, la rébellion a pris position à 3 km des portes de Goma, plongeant la capitale du Nord-Kivu dans l'inquiétude.

Le Mouvement du 23-Mars (M23) joue-t-il un double jeu ? Omar Kavota, vice-président de la société civile du Nord-Kivu, en est persuadé.

Et il se montre guère optimiste quant à l’issue des discussions « préliminaires », entre les rebelles et Kinshasa, qui ont commencé dimanche à Kampala, la capitale de l’Ouganda, pays médiateur dans la crise.

Des discussions d’ailleurs houleuses, et boycottées lundi par la délégation du groupe armé

"Une grande menace pèse sur Goma"

« Le M23 s’est engagé sur le plan diplomatique à des discussions avec Kinshasa, mais sur le terrain, il est en train de préparer une guerre. S’il n’obtient pas gain de cause à Kampala, alors il reprendra tout à zéro. Une grande menace pèse sur Goma », affirme Omar Kavota.

Selon le vice-président de la société civile du Nord-Kivu, le groupe armé repositionne des armes sur des collines proches de la capitale de la riche province du Nord-Kivu, faisant fuir les populations alentour.

Car si les mutins se sont retirés de Goma, ils ne s’en sont pas éloignés d’une distance minimum de 20km au nord comme prévu. « Ils sont à Munigi, aux portes de Goma, à côté d’une position de la Monusco [Mission de l’ONU pour la stabilisation de la RDC, NDLR], confie un officier supérieur de l’armée régulière.

Ils voient directement l’aéroport, et un peu tout Goma », où un bataillon d’environ 650 hommes a été déployé après le départ du M23.

« C’est de la stratégie basique. De même qu’ils ont pris Goma pour mettre la pression, ils restent à Goma au cas où, commente Thierry Vircoulon, directeur du projet Afrique centrale pour l'ONG de résolution des conflits, International Crisis Group (ICG).

On ne peut pas exclure à l’heure actuelle qu’il y ait de nouveau une offensive de l’armée congolaise, et donc on ne peut pas non plus exclure qu’il y ait une offensive du M23. »

Position de faiblesse

Dans un tel scenario, l’officier supérieur estime que les forces loyalistes – appuyées par plus de 1 500 soldats de la Monusco et ses hélicoptères – risquent fort de se retrouver une nouvelle fois en position de faiblesse.

« Nous avons un seul bataillon à Goma, insiste-t-il. C’est ça aussi le problème. Ce n’est pas avec un bataillon qu’on peut organiser une offensive. »

Le M23 revendique la pleine application de l’accord du 23 mars 2009 qui a régi l’entrée de ses hommes dans l’armée. Mais depuis, il a élargi ses doléances, qui touchent désormais à la politique, au social, à la santé, au développement

Pour Omar Kavota, c’est mauvais signe : « Il pourra toujours trouver un prétexte pour dire qu’on a répondu à tel aspect, mais pas à tel autre, et il va trouver des prétextes pour justifier sa guerre. »
___
Par Awa Diallo, à Kinshasa

L’armée rwandaise renforce ses positions autour de Goma

Mauvais augure sur les négociations de Kampala

Les nouvelles en provenance de Kampala ne sont pas rassurantes.  De profondes divergences persistent entre les deux parties.  Kinshasa préfère limiter les discussions autour du seul accord du 23 mars 2009, alors que le M23 attend des réponses à ses revendications qu’il revoie à la hausse au jour le jour.

Une situation qui n’augure pas de bonnes perspectives quant à la sortie de crise. Anticipant sur une éventuelle impasse à Kampala, l’armée rwandaise renforce sérieusement ses positions autour de Goma. Sans doute, pour faire plier Kinshasa aux exigences du M23.

Les discussions ouvertes le week-end dernier à Kampala entre la délégation de Kinshasa et celle du Mouvement du 23 mars (M23) tardent à prendre de l’envol. Des sources concordantes rapportent qu’il persiste de profondes divergences entre les deux parties, chacun préférant tirer la couverture de son côté pour trouver gain de cause au bout du dialogue.

Kinshasa se montre de plus en plus intransigeant sur sa ligne de conduite. Selon la délégation conduite par Raymond Tshibanda, ministre des Affaires étrangères, les discussions devraient se limiter juste à l’évaluation de l’accord du 23 mars 2009. Tout autre sujet non lié à cet accord serait-il, selon lui, mal venu.

Un point de vue qui n’est pas partagé par la délégation du M23 qui a formulé ses revendications bien au-delà du seul cadre de l’accord du 23 mars 2009 sur lequel, par contre, il avait justifié auparavant, la création de ce mouvement.

Ce n’est pas encore, certes, l’impasse mais, ce langage des sourds n’est pas de bon augure. Il ne rassure pas non plus au point que l’on craint de plus en plus la reprise des hostilités sur le théâtre des opérations.

A ce sujet, radio Okapi a livré jeudi sur son site l’information selon laquelle le Rwanda intensifierait sa présence militaire à la frontière avec la RDC. Des sources contactées par la radio onusienne signalent que des militaires de Rwanda Defense Forces (RDF), seraient entrés en RDC le mercredi 12 décembre, via les deux postes frontaliers de Kasizi et Kanyanja, au Nord de Goma, dans le territoire de Nyiragongo. C’est le  territoire actuellement occupé par les rebelles du M23.

Quant aux sources locales citées par radio Okapi, elles rapportent que les militaires rwandais ont d’abord été aperçus le mardi 11 décembre dans la matinée. Ils seraient arrivés à bord d’une dizaine de camions avec des munitions et autres effets de guerre. Cinq autres véhicules chargés de soldats de la RDF seraient arrivés le mercredi 12 décembre 2012 dans la matinée à Kibati, à une dizaine de kilomètres au Nord de Goma. 

Les mêmes sources ajoutent qu’une quarantaine d’hommes en tenue militaire et lourdement armés auraient aussi assiégé la localité de Mudja, avant de s’en retirer vers une destination inconnue.

Interrogée à ce sujet, la Société civile du Nord-Kivu a, par son porte-parole, confirmé ces informations. Lesquelles ont été vite réfutées un des responsables du Mécanisme conjoint de vérification des frontières.

Il a nié les faits, affirmant attendre un mot de sa hiérarchie, c’est-à-dire la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL).

La RDC prise en étau

L’attitude du Rwanda n’est pas étrange. Elle tient d’une démarche mûrement réfléchie qui ne vise qu’une seule chose : faire plier Kinshasa aux revendications du M23.

Parrain du M23 avec qui il partage des liens ombilicaux, le Rwanda ne semble pas prêt à lâcher du lest. Il continue à préparer le terrain à son poulain de sorte que le moment venu, la reprise de Goma soit facilitée.

En clair, la RDF se prépare à accompagner le M23 pour donnerun nouvel assaut sur la ville de Goma, au cas où Kinshasa gardera sa ligne de défense, c’est-à-dire celui limitant les discussions de Kampala au seul accord du 23 mars 2009.

Comme on le voit, Kinshasa semble pris en étau par des pyromanes qui se sont découvert la vocation de sapeurs-pompiers. D’aucuns n’hésitent à dire que Kigali tiendrait véritablement Kinshasa par les couilles.

Ployant sous le poids des pressions internationales, il se rabat sur Kinshasa dont il connaît les forces et les faiblesses pour l’avoir infiltré à tous les niveaux et depuis belle lurette.

Coincé, la partie congolaise aux négociations de Kampala pourrait finir par lâcher prise et faire de larges  concessions aux revendications du  M23.

Le plus évident est qu’en adhérant au schéma de Kampala, savamment concocté par Kigali et Kampala, deux capitales reconnues comme principal soutien du M23, Kinshasa devait s’attendre à ce genre de situations désagréables où il se verrait obligé de se détourner de sa ligne d’attaque.

C’est justement ce que vise Kigali. La présence de ses soldats autour de Goma n’est pas gratuite. Cela relève d’un schéma tracé en avance. Le M23 est convaincu d’y arriver – le Rwanda continuant évidemment à intensifier sa pression au front.

Ce qui a sans doute poussé son porte-parole à redoubler d’ardeur, en marge des discussions de Kampala. Malgré l’intransigeance de Kinshasa, le M23 affiche une sérénité sans pareille.

« Nous voulons discuter des questions relatives à la gouvernance du pays, mais également à la légitimité du pouvoir », a affirmé son porte-parole, Bertrand Bisimwa.

Briser la glace

Alors que les choses se précisent, Kinshasa peine à voir la réalité en face, se réfugiant derrière des contradictions qui n’ont pour seule finalité que ménager le plus possible Kigali.

Il est prouvé noir sur blanc que le Rwanda n’a jamais joué franc jeu, autant avec la RDC qu’au sein de la CIRGL où il a participé à toutes les négociations jusqu’à l’accord contraignant le M23 à quitter la ville de Goma.

Concernant l’implication du Rwanda dans la rébellion menée par le M23, Kinshasa n’affiche pas clairement sa position. Tantôt, il dénonce le régime de Kigali, parfois il le ménage jusqu’à couvrir ses forfaits sur le terrain.

Kinshasa doit avoir le courage de briser la glace et mettre fin à la naïveté qui continue à le caractériser dans ses rapports déséquilibrés avec Kigali et, dans une certaine mesure, Kampala.

La réapparition des troupes rwandaises aux frontières de la RDC devrait être dénoncée avec la dernière énergie, car le décor d’un nouvel assaut sur Goma est en train d’être planté. Il serait suicidaire de se voiler la face en méconnaissant cette réalité qui enlise les discussions en cours dans la capitale ougandaise.

Le Potentiel