mardi 23 avril 2013

RDC : les civils oubliés du "Triangle de la mort" katangais

23/04/2013 
 
Sur plus de 17 000 hommes que compte la Monusco, seuls 450 sont déployés au Katanga.  
Sur plus de 17 000 hommes que compte la Monusco, seuls 450 sont déployés au Katanga. © AFP
 
Dans un rapport publié le 22 avril, l’Ocha lance un cri d’alarme sur la "crise oubliée du Triangle de la mort" au Katanga où, entre les territoires de Manono, Mitwaba et Pweto, miliciens et certains éléments de l’armée régulière congolaise tuent, pillent et violent en toute impunité. Quasiment sous les yeux d’une mission onusienne aux effectifs réduits dans cette partie de la RDC.

Silence, on viole ! « Cinquante femmes et vingt filles ont été séparées de leur famille pendant deux jours par les soldats des FARDC [armée congolaise, NDRL], et violées à plusieurs reprises ».

Cette scène rapportée dans le dernier rapport de l’Ocha (Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU), publié le 22 avril, remonte au 29 février 2012 à Shamwana, dans la province du Katanga. Une parmi tant d’autres, qui reflètent selon l’ONU le quotidien des civils pris en otage dans le « Triangle de la mort », zone du Katanga située entre les territoires de Manono, Mitwaba et Pweto.

Dans cette partie « instable » de la RDC, « une population qui ne s’est pas enfuie pendant ou après une attaque des Maï-Maï [les miliciens locaux, NDRL] ne manquera pas de s’enfuir quand les forces armées congolaises essayeront de rétablir l’autorité, car les civils ont peur d’être pris pour des sympathisants des [miliciens] et, par conséquent, d’être pris pour cible », remarquent les acteurs humanitaires cités dans le rapport.

FARDC : "un danger pour les civils" 

Des exactions que l’armée régulière tente souvent de ranger dans la catégorie « dommages collatéraux » de la guerre contre les miliciens. Mais aujourd’hui, souligne l’Ocha, « des informations faisant état d’attaques indiscriminées contre les civils, de viols, de pillages et d’incendies des maisons prouvent que certains éléments des FARDC constituent un danger pour la population civile ».

L’agence onusienne reconnaît cependant que ce sont les anciens combattants du seigneur de guerre Kyungu Mutanga alias « Gédéon », arrêté, puis condamné à mort pour crimes contre l’humanité en 2007 et aujourd'hui en cavale, qui sont les « principaux facteurs d’instabilité » dans le nord du Katanga.

Sans compter les Kata Katanga, ces autres miliciens sécessionnistes qui réclament l’indépendance de la province minière. Ces derniers, armés d’un AK 47, de flèches et de couteaux, sont même parvenus, le 23 mars, à entrer dans la ville de Lubumbashi, avant de se rendre à la base de la mission onusienne sur place.

Explosion du nombre des déplacés 

Une situation qui a une nouvelle fois mis à nu l’incapacité des forces gouvernementales, mais aussi de celles de la Monusco, à sécuriser les populations dans la partie sud de la RDC. Une région où, paradoxalement, malgré les « plaidoyers » des humanitaires qui appellent depuis 2012 à un renforcement de la présence des troupes onusiennes, « [leur] déploiement total a été réduit au Katanga de 750 à 450 Casques bleus » depuis 2010. Dans le même temps, le nombre des déplacés internes n’a, lui, cessé d’augmenter.

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Ils seraient aujourd’hui « près de 354 000 » dans la plus riche province congolaise. « Une augmentation de 452 % » par rapport aux données de fin 2011, indiquent les Comités de mouvement de population (CPM) chargés de recueillir les données des agents humanitaires travaillant dans les zones affectées.

De son côté, la Monusco reconnaît n’avoir pas d’« effectifs conséquents » dans le Katanga. « 94 % de nos hommes sont déployés dans la partie est du pays où une quarantaine de groupes armés sèment chaque jour la terreur dans les villages du Kivu », se justifie le lieutenant-colonel Félix Basse, porte-parole militaire de la mission onusienne en RDC.

Difficile, visiblement, pour les quelque 17 000 Casques bleus d’être sur tous les terrains dans un pays-continent, quatre fois plus grand que la France.
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Par Trésor Kibangula
Jeune Afrique

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