Lundi, 23 Septembre 2013
Le Président et ses proches collaborateurs ne peuvent pas être aussi myopes au point d’enclencher, au même moment, deux débats, sur deux fonts, à Kinshasa et à Kampala, sans avoir mis les verrous nécessaires pour l’emporter.
Reste à trouver les artifices pour éviter de faire cadeau aux opportunistes embusqués.
La RD-Congo remplit peu à peu les critères susceptibles de lui permettre de prendre la bonne direction sur la voie de l’émergence : le dernier rapport de l’agence d’évaluation financière Moody’s lui a décerné la note B, expliquant qu’aux faiblesses constatées dont la précarité des institutions se collent des perspectives positives, notamment la croissance soutenue, la maitrise de l’inflation et du taux de change. Le pays a donc pris la bonne voie.
Pourtant, les artisans de cette embellie, le Président de la République et son camp politique doivent négocier leur avenir face aux fronts politique interne et militaire et dans un contexte sous-régional explosif. Décodage.
A Kinshasa comme à Kampala, le temps va s’arrêter. Les deux Dialogues doivent pouvoir livrer leurs secrets cette semaine. Kabila et sa Majorité jouent leur avenir dans les deux capitales. Qui peut honnêtement croire que Kengo et ses amis participent aux Concertations nationales pour les beaux yeux du Président ?
Erreur ! En lançant l’idée d’un gouvernement d’union nationale, Kengo s’est adressé directement et simultanément à Kabila, aux partenaires extérieures, à l’Opposition et à la rue.
Fidèle à lui-même, le speaker du Sénat et membre du présidium des Concertations nationales, en même temps caution morale de ces assises, s’est présenté comme un dirigeant capable de jouer la carte du compromis.
C’est là-dessus qu’il a réussi à prendre Tshisekedi de vitesse en 1994, redevenant Premier ministre de Mobutu alors qu’il roulait déjà pour la chapelle Opposition.
Aujourd’hui encore, c’est là-dessus qu’il espère retourner à la Primature. Mais pour beaucoup, cette démarche de Kengo desservirait les intérêts de Kabila dans ce sens qu’elle favoriserait le retour en force définitif du clan mobutiste.
« Cette démarche restera peu efficace tant que l’UDPS et l’UNC, ces deux partis qui passent pour l’irréductible opposition à Kabila seraient en dehors du processus », commente un observateur.
Si Kengo et les siens envisagent de tout changer après près de deux décennies de règne des tombeurs de Mobutu, Kabila affiche la volonté de composer pour éviter le chao, tout en se montrant préparé au réfus des Tshisekedistes et des Kamerhistes.
A l’évidence, tout esprit lucide ne saurait croire que le Raïs a approché Kengo et son groupe pour leur offrir le pouvoir sur un plateau. Un compromis politique gagnant-gagnant aiderait les parties à s’accorder et apaiserait le front politique interne comme à l’issue du Dialogue de Sun-City, avec cette différence que, pour certains, la Primature ne serait peut-être jamais accordée à l’Opposition.
Une alliance avec Kengo ne devrait pas occulter pas la vérité selon laquelle la légion de Kengo est un groupe hétéroclite sur le quel tout stratège averti doit s’interroger ouvertement.
Dans un sondage publié pour la troisième fois consécutive, l’opinion continue d’afficher sa méfiance vis-à-vis de l’homme de la rigueur et de son idée.
Les verrous
Ce serait mauvais calcul de la part de Kabila d’abattre ses cartes, de gaspiller les énergies pour initier un processus pour le perdre.
Ce serait à l’évidence, mal connaître Kabila que de croire, un seul instant, qu’il est de nature à perdre un coup qu’il a personnellement initié et conduit. Mais cela suffirait- pour s’assurer le passage en 2016 ? C’est une autre partie.
Elle se joue sur le front militaire. Ici, le contexte est particulier : la sous-région des Grandes Lacs est minée par la guerre. Un conflit armé dans les frontières de la RD-Congo mais qui profite au Rwanda et à l’Ouganda, accusés d’alimenter des groupes armés en vue d’anéantir leurs rebellions respectives et d’empêcher Kabila de stabiliser la RD-Congo.
Si l’Ouest de la RD-Congo, Sassou a pu réduire l’Opposition au silence en fumant le calumet de la paix avec Pasteur Ntumi et Bernard Kolelas, depuis une décennie, Paul Kagame et Yoweri travaillent à leur pérennisation au pouvoir à la tête de leurs Etats respectifs. L’un et l’autre ont su géré leurs fronts internes.
Kagame a fait plus à ouvrant largement les portes du Parlement aux femmes espérant minimiser la contestation due à la présence massive des hommes dans l’appareil législatif.
Tous les trois peuvent contourner l’obstacle constitutionnel sans anicroche, à l’opposé de Kabila, contraient de vider l’équation de l’Est et rentrer dans la légende. Le Président Rd-congolais doit avoir approfondi la question.
Preuve : il est à la fois à Kampala via des délégués du gouvernement qui prennent part aux discussions avec le M23, il a fait le déplacement des Etats-Unis pour évaluer le niveau d’exécution de l’accord-cadre d’Addis-Abeba en même temps qu’il encourage la poursuite de l’offensive contre les rebelles par la Brigade spéciale de l’ONU et les FARDC.
Excellent tacticien, le Président a toujours su sortir la tête de l’eau au moment où tout le monde le pense affaibli. S
es proches et lui ne peuvent pas être aussi myopes au point d’enclencher, au même moment, deux débats, sur deux fronts, à Kinshasa et à Kampala, sans avoir mis es verrous nécessaires pour l’emporter. Ils savent que leur avenir politique dépend de l’issue des Concertations et du Dialogue de Kampala. Tout un challenge !
Quelles sont les meilleures opportunités et les meilleures stratégies pour relever le défi ? Les experts y ont travaillé, confie une source, évoquant la reprise, par les FARDC, le week-end dernier, de quatre villages jadis occupés par les rebelles rwandais des FDLR.
_______
Natine K.
Le Président et ses proches collaborateurs ne peuvent pas être aussi myopes au point d’enclencher, au même moment, deux débats, sur deux fonts, à Kinshasa et à Kampala, sans avoir mis les verrous nécessaires pour l’emporter.
Reste à trouver les artifices pour éviter de faire cadeau aux opportunistes embusqués.
La RD-Congo remplit peu à peu les critères susceptibles de lui permettre de prendre la bonne direction sur la voie de l’émergence : le dernier rapport de l’agence d’évaluation financière Moody’s lui a décerné la note B, expliquant qu’aux faiblesses constatées dont la précarité des institutions se collent des perspectives positives, notamment la croissance soutenue, la maitrise de l’inflation et du taux de change. Le pays a donc pris la bonne voie.
Pourtant, les artisans de cette embellie, le Président de la République et son camp politique doivent négocier leur avenir face aux fronts politique interne et militaire et dans un contexte sous-régional explosif. Décodage.
A Kinshasa comme à Kampala, le temps va s’arrêter. Les deux Dialogues doivent pouvoir livrer leurs secrets cette semaine. Kabila et sa Majorité jouent leur avenir dans les deux capitales. Qui peut honnêtement croire que Kengo et ses amis participent aux Concertations nationales pour les beaux yeux du Président ?
Erreur ! En lançant l’idée d’un gouvernement d’union nationale, Kengo s’est adressé directement et simultanément à Kabila, aux partenaires extérieures, à l’Opposition et à la rue.
Fidèle à lui-même, le speaker du Sénat et membre du présidium des Concertations nationales, en même temps caution morale de ces assises, s’est présenté comme un dirigeant capable de jouer la carte du compromis.
C’est là-dessus qu’il a réussi à prendre Tshisekedi de vitesse en 1994, redevenant Premier ministre de Mobutu alors qu’il roulait déjà pour la chapelle Opposition.
Aujourd’hui encore, c’est là-dessus qu’il espère retourner à la Primature. Mais pour beaucoup, cette démarche de Kengo desservirait les intérêts de Kabila dans ce sens qu’elle favoriserait le retour en force définitif du clan mobutiste.
« Cette démarche restera peu efficace tant que l’UDPS et l’UNC, ces deux partis qui passent pour l’irréductible opposition à Kabila seraient en dehors du processus », commente un observateur.
Si Kengo et les siens envisagent de tout changer après près de deux décennies de règne des tombeurs de Mobutu, Kabila affiche la volonté de composer pour éviter le chao, tout en se montrant préparé au réfus des Tshisekedistes et des Kamerhistes.
A l’évidence, tout esprit lucide ne saurait croire que le Raïs a approché Kengo et son groupe pour leur offrir le pouvoir sur un plateau. Un compromis politique gagnant-gagnant aiderait les parties à s’accorder et apaiserait le front politique interne comme à l’issue du Dialogue de Sun-City, avec cette différence que, pour certains, la Primature ne serait peut-être jamais accordée à l’Opposition.
Une alliance avec Kengo ne devrait pas occulter pas la vérité selon laquelle la légion de Kengo est un groupe hétéroclite sur le quel tout stratège averti doit s’interroger ouvertement.
Dans un sondage publié pour la troisième fois consécutive, l’opinion continue d’afficher sa méfiance vis-à-vis de l’homme de la rigueur et de son idée.
Les verrous
Ce serait mauvais calcul de la part de Kabila d’abattre ses cartes, de gaspiller les énergies pour initier un processus pour le perdre.
Ce serait à l’évidence, mal connaître Kabila que de croire, un seul instant, qu’il est de nature à perdre un coup qu’il a personnellement initié et conduit. Mais cela suffirait- pour s’assurer le passage en 2016 ? C’est une autre partie.
Elle se joue sur le front militaire. Ici, le contexte est particulier : la sous-région des Grandes Lacs est minée par la guerre. Un conflit armé dans les frontières de la RD-Congo mais qui profite au Rwanda et à l’Ouganda, accusés d’alimenter des groupes armés en vue d’anéantir leurs rebellions respectives et d’empêcher Kabila de stabiliser la RD-Congo.
Si l’Ouest de la RD-Congo, Sassou a pu réduire l’Opposition au silence en fumant le calumet de la paix avec Pasteur Ntumi et Bernard Kolelas, depuis une décennie, Paul Kagame et Yoweri travaillent à leur pérennisation au pouvoir à la tête de leurs Etats respectifs. L’un et l’autre ont su géré leurs fronts internes.
Kagame a fait plus à ouvrant largement les portes du Parlement aux femmes espérant minimiser la contestation due à la présence massive des hommes dans l’appareil législatif.
Tous les trois peuvent contourner l’obstacle constitutionnel sans anicroche, à l’opposé de Kabila, contraient de vider l’équation de l’Est et rentrer dans la légende. Le Président Rd-congolais doit avoir approfondi la question.
Preuve : il est à la fois à Kampala via des délégués du gouvernement qui prennent part aux discussions avec le M23, il a fait le déplacement des Etats-Unis pour évaluer le niveau d’exécution de l’accord-cadre d’Addis-Abeba en même temps qu’il encourage la poursuite de l’offensive contre les rebelles par la Brigade spéciale de l’ONU et les FARDC.
Excellent tacticien, le Président a toujours su sortir la tête de l’eau au moment où tout le monde le pense affaibli. S
es proches et lui ne peuvent pas être aussi myopes au point d’enclencher, au même moment, deux débats, sur deux fronts, à Kinshasa et à Kampala, sans avoir mis es verrous nécessaires pour l’emporter. Ils savent que leur avenir politique dépend de l’issue des Concertations et du Dialogue de Kampala. Tout un challenge !
Quelles sont les meilleures opportunités et les meilleures stratégies pour relever le défi ? Les experts y ont travaillé, confie une source, évoquant la reprise, par les FARDC, le week-end dernier, de quatre villages jadis occupés par les rebelles rwandais des FDLR.
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Natine K.
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